Les consequences socio-economiques et spatiales des inondations dans la commune d’arrondissement de guinaw rail nord

L’organisation spatiale du territoire sénégalais est un héritage de la colonisation. En effet, les politiques de développement coloniales étaient fondées sur l’exploitation et l’acheminement des matières premières vers la métropole. C’est ainsi que, les villes littorales et/ou portuaires, ont été privilégiées dans l’implantation des infrastructures économiques et sociales au détriment de celles orientales. Ce déséquilibre territorial instauré par les colons s’est exacerbé au lendemain des indépendances car l’orientation et les fondements des politiques de développement coloniales ont été maintenus. Dés lors, on assiste à une macrocéphalie du tissu urbain caractérisé par une capitale hypertrophiée qui concentre l’essentiel des services administratifs et la quasi-totalité des activités industrielles, commerciales et de formation. Cette situation caractéristique des villes africaines, s’est traduite au Sénégal par l’attractivité de la capitale dakaroise qui continue d’accueillir les populations de villes de l’intérieur du pays et de la campagne. Ces dernières chassées par la dégradation des conditions de vie, à la suite de la crise de l’agriculture consécutive à la péjoration climatique des décennies 70 et 80, ont trouvé refuge à Dakar. Arrivées à la capitale, généralement sans formation, ni métier, ces populations s’insèrent dans des activités peu génératrices qui ne leur permettent pas de trouver un logement décent. Elles s’installent alors, dans des taudis et des abris de fortune implantés en zone périphérique car à Dakar l’occupation de l’espace reproduit, à bien des égards, le niveau de vie des populations. Avec l’urbanisation galopante et l’insuffisance de l’offre en matière de logement, ce type d’habitat précaire avait proliféré autour du centre ville. Pour éponger ce trop plein de populations et ces habitats irréguliers qui altéraient l’image de marque de la capitale, l’autorité coloniale procéda à des opérations de déguerpissements. Les déguerpis ont été relogés à Pikine, créée de toute pièce à cet effet. Au lendemain de sa création, le caractère campagnard du paysage attire les citadins d’origine rurale, mal habitués au tumulte de la grande ville. De plus, les néo-citadins, s’appuyant sur des nœuds de solidarité, se sont installés à Pikine où le logement était plus accessible.

Ces flux migratoires, combinés au croît naturel, ont entraîné une augmentation fulgurante de la population et une forte pression foncière qui s’est traduite par l’extension de la ville. Cette excroissance de la ville de Pikine s’est faite dans des zones impropres à l’habitation sans le respect des règles urbanistiques. Pourtant, au Sénégal les dispositions règlementaires sont prises par la loi 88-05 du 20 Juin 1988, portant code de l’urbanisme, afin de promouvoir l’utilisation rationnelle de l’espace en harmonie avec les préoccupations d’ordre social, économique et écologique des populations surtout urbaines. C’est ce que traduit le code en son article premier qui stipule que, « « l’urbanisation a pour objet l’aménagement progressif et prévisionnel des agglomérations dans le cadre d’une politique de développement économique et social, d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement. Il tend notamment par l’utilisation rationnelle du sol, à la création pour l’ensemble de la population d’un cadre de vie propice à son développement harmonieux sur les plans physique, économique, culturel et social».

Malgré ces dispositions règlementaires, la capitale dakaroise et sa banlieue en particulier, sont confrontées à d’innombrables difficultés dont l’une des plus délicates à surmonter semble être celle des inondations successives au rétablissement de la pluviométrie ces dernières années. Les inondations sont très récurrentes dans les quartiers irréguliers de la banlieue dakaroise, implantés dans les bas-fonds asséchés à la suite des années de sécheresse. Des populations se sont installées sur un site dont la vocation première n’était pas d’être habitée. Dés lors, dans la banlieue dakaroise, il s’avère que le phénomène des inondations frappe davantage les quartiers d’habitats spontanés. L’occupation anarchique de l’espace, le manque de services sociaux de base et l’absence de système d’assainissement collectif, ont contribué à accentuer la vulnérabilité de ces quartiers aux inondations

le cadre physique

Guinaw Rail Nord est une commune d’arrondissement située dans la région du Cap Vert. Cette région se présente sous la forme d’un triangle s’étendant entre 16° 55’ et 17° 32’de longitude Ouest et 14° 25’ et 15° 05’ de latitude Nord. La région du Cap Vert dispose d’une morphologie loin d’être uniforme. Ainsi quatre régions naturelles qui tirent leur individualité des formes topographiques particulières ou des matériaux géologiques qui les composent s’y introduisent : la tête de la presqu’île à l’Ouest, le plateau de Bargny au Centre-Sud, le massif de Ndiass qui s’étend jusqu’à la falaise de Thiès et enfin la région des Niayes qui englobe notre zone d’étude. Ce faisant, d’une façon générale, notre zone d’étude fait partie de l’ensemble climatique, géomorphologique, pédologique qui caractérise la région des Niayes. De façon plus circonscrite, Guinaw Rail Nord qui s’étend sur une superficie de 0,7km2 , se trouve dans la zone des Grandes Niayes de Dakar qui est comprise entre les latitudes 14°43’55 et 14°47’10 Nord ; et les longitudes17°22’42 et 17°27’10 Ouest.

CARACTERISTIQUES CLIMATIQUES

Le relief :
La configuration d’ensemble du paysage laisse apparaître un relief incliné du Nord au Sud, ce qui fait que les eaux pluviales vont circuler des zones surélevées vers les zones dépressionnaires. Le relief est caractérisé par une pente qui diminue du Nord Ouest au Sud-Est, d’où une différence de profondeur entre les puits qui sont au Nord et ceux situés au Sud de la Commune. (DIA O, 2001) Cette pente favorise le ruissellement des eaux pluviales vers les zones de dépression inondant ainsi les  habitations qui y sont construites.

Le climat :
La climatologie de la zone intertropicale est caractérisée par une dynamique complexe liée à des transferts énergétiques qui sont essentiellement contrôlés par les centres d’action de Sainte Hélène (Atlantique sud), des Açores (Atlantique nord), celui de la zone saharo libyenne (Nord-Est africain) et de la zone de basse pression appelée FIT ou ZIC. Les deux centres d’action de Sainte Hélène et des Açores aboutissent à la convergence de deux masses d’air que sont l’alizé au nord et la mousson au sud dont l’épaisseur maximum est d’environ 3000m. Le contact au sol de la mousson et de l’alizé continental constitue le front intertropical (FIT) qui est très fluctuant au cours de l’année. Leurs affaiblissements ou renforcements respectifs déterminent la position du Front Inter Tropical (FIT), tracé au sol de la position de l’équateur météorologique (LEROUX, 1996). Le FIT se déplace entre les 20ème et 4ème parallèle Nord qu’il atteint respectivement en juillet et en janvier. Dans la frange sahélienne, ce sont les différentes positions du FIT qui sont à l’origine des saisons sèches et humides. Ainsi, situé entre 12°30 et 16°30 de latitude Nord et, d’une part et 11°30 et 17°30 de longitude Ouest, d’autre part, le Sénégal dispose d’un climat de type tropical subdésertique ponctué par une saison pluvieuse d’été qui dure 3 à 5 mois, suivie d’une longue saison sèche allant de Septembre à Mai. Par contre, Guinaw Rail Nord fait partie de la presqu’île du Cap Vert qui, de par sa situation de promontoire sur l’Océan atlantique, présente un microclimat de type sahélien côtier. Celui-ci est fortement influencé par les alizés maritimes et la mousson qui s’établissent respectivement de novembre à juin et de juillet à octobre suivant des directions N-NW et S-SE.

Les précipitations
Elles constituent un paramètre important dans cette étude car la cause naturelle des inondations reste la pluie. Les précipitations conditionnent aussi pour une large part la recharge des nappes phréatiques. La quasi-totalité des précipitations sont enregistrées au Sénégal pendant la saison des pluies. La mousson, constituée d’air chaud, humide et instable, génère ces précipitations estivales. A partir du mois d’Avril, la mousson envahit progressivement le territoire jusqu’au mois de Septembre. Le FIT subit une migration vers le Nord suivant une orientation SO-NE due à l’affaiblissement et au retrait de l’anticyclone des Açores (et de son émissaire, l’alizé maritime) et à la transformation de l’anticyclone du Sahara en zone dépressionnaire. Au même moment, la mousson issue de Sainte Hélène, renforcée, se propage progressivement du Sud-Est au Nord-Ouest. Cette migration de la mousson s’effectue sur le territoire sans obstacle du fait de la monotonie et de la faiblesse des altitudes du relief L’épaisseur et l’ampleur du front de mousson déterminent les types de précipitations durant la saison pluvieuse. D’après NDOUR.T (2001), trois phases peuvent être identifiées :
✓ la première, caractérisée par une faible épaisseur de la mousson (<1500 mètres), est la période des orages isolés, de faibles extensions et de faibles efficacités pluviométriques ;
✓ la deuxième est celle des orages organisés et des lignes de grains. Ces dernières balaient le pays d’Est en Ouest pendant cette phase où l’épaisseur de la mousson est >1500 mètres. Les lignes de grains déversent des précipitations de fortes intensités liées à la présence des cumulonimbus (nuages à grand développement vertical).
✓ La troisième phase durant laquelle la mousson dépasse 2000 mètres, se caractérise par une grande nébulosité et des pluies continues, de longues durées, abondantes et de caractères non orageux.

Par ailleurs, à l’échelle annuelle, la distribution des pluies est très zonale au Sénégal. Du Sud au Nord, la durée moyenne de la saison des pluies est respectivement de 5 à 3 mois, induisant un gradient latitudinal des précipitations, lié  la fluctuation saisonnière du Front Inter Tropical (FIT), auquel se surimpose un gradient Est-Ouest avec des pluies qui sont plus abondantes sur la côte qu’à l’intérieur. Au Sénégal, les précipitations sont marquées par une irrégularité interannuelle remarquable. Ainsi, la région du Cap Vert est située entre les isohyètes 500 et 200 mm.

Les vents

Les vents qui soufflent à Guinaw Rail dépendent en grande partie de l’anticyclone des Açores centré sur l’Océan atlantique. Le régime des vents est caractérisé par une variation saisonnière des directions dominantes :
✓ De Novembre à Juin, on assiste à une prédominance des vents du Nord, appelé alizés, issus de l’anticyclone des Açores ou des dorsales maghrébines et sahariennes. Ces alizés de par leur parcours et leur origine présentent des particularités différentes. Ainsi, on distingue :
● L’alizé maritime : il est issu de l’anticyclone des Açores. C’est un vent de direction nord à nord-ouest, humide, frais, de décembre à mars, marqué par une faible amplitude thermique diurne. Il souffle le long de la côte et ne peut être à l’origine de précipitations du fait de sa structure verticale qui bloque le développement des formations nuageuses. Mais, son humidité peut être déposée sous forme de rosée. Il s’assèche rapidement vers l’intérieur du pays en acquérant des caractéristiques proches de l’harmattan. Il est constant, efficace, rapide, avec une vitesse pouvant atteindre 40 km/h et est responsable de la migration des dunes littorales.
● L’alizé continental ou harmattan, de direction nord nord-est, sud sudouest, il se caractérise par sa grande sécheresse, à grand pouvoir évaporant, liée à son long parcours continental et par des amplitudes thermiques très accusées. Frais à froid la nuit, il est chaud et torride le jour. Il véhicule de fines particules de sable et de poussière qui constituent la brume sèche. A l’approche du littoral, l’harmattan s’élève au dessus de la couche d’air humide que constitue l’alizé et, en renforçant la sécheresse supérieure, contribue à empêcher les précipitations de l’humidité atlantique. Ce vent est plus important à l’intérieur du pays ; cependant, il a une influence non négligeable au niveau de la zone des Niayes entre février et mars et avant la saison des pluies entre mai et juin
✓ De Juin à Octobre, la mousson : provenant de l’alizé maritime issu de l’anticyclone de Sainte-Hélène, dans l’Atlantique sud, elle s’installe dans la zone des Niayes (en période d’hivernage). C’est un vent de direction sudouest. Son long parcours océanique la rend particulièrement humide. Ainsi, elle s’assèche progressivement au fur et à mesure qu’elle pénètre vers l’intérieur. Elle se caractérise par une faible amplitude thermique et des températures généralement plus élevées que celles de l’alizé maritime. Elle apporte des précipitations abondantes.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA CA DE GUINAW RAIL NORD CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN
CHAPITRE I : LE CADRE PHYSIQUE
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN
DEUXIEME PARTIE : L’ANALYSE SPATIALE DE LA CA DE GUINAW RAIL NORD
CHAPITRE I : L’HABITAT ET LES TYPES D’ASSAINISSEMENT
CHAPITRE II : LE NIVEAU D’EQUIPEMENT ET LA DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE
TROISIEME PARTIE : LES CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES DES INONDATIONS DANS LA CA DE GUINAW RAIL NORD
CHAPITRE I : LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES ET SPATIALES DES INONDATIONS
CHAPITRE II : LES STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LES INONDATIONS
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES MATIERES

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