Les conséquences de la politique de réconciliation franco-allemande : atermoiements rebondissements judiciaires

Le rôle des historiens

Les historiens peuvent-ils et doivent-ils contribuer aux procès ? Si oui, à quelle(s) condition(s) ? Quel rôle jouent-ils ? Quel est leur apport au procès ?
Le procès Barbie fut aussi l’occasion pour les historiens de poursuivre les interrogations en cours sur son rôle, son statut, dans la société, à travers la place qu’il occupait dans la micro-société que représentait le procès : fallait-il ou non y assister en simple spectateur, ou alors être partie prenante, « expert » comme la justice a coutume de dire, ou encore être un acteur de son temps, un témoin engagé etc., sans pour autant dénaturer le métier d’historien ? Marc Bloch nous l’a si bien enseigné : l’historien analyse les causes pour comprendre tandis que le magistrat juge en vue d’une sentence. Nous nous devions donc d’étudier tout particulièrement les causes qui ont amené à juger et à condamner Barbie pour crimes contre l’humanité. En d’autres termes, il nous fallait partir de la sentence pour crimes contre l’humanité pour remonter dans le temps et tenter de comprendre les tenants et les aboutissants des forfaits commis par celui qui fut le chef de la Gestapo de Lyon de 1943 à 1944. Si quarante ans après les faits, le temps peut paraître long pour la justice et la mémoire, l’histoire du procès a fait montre d’un écoulement certain pour son observation, sa mise en perspective et ses exégèses.

Sources

Sujet pluridisciplinaire, relevant à la fois du droit, de l’histoire, des sciences de la communication, d’une part et d’autre part événement en lui-même qui fait référence à d’autres faits, l’étude du procès Barbie nous a confrontés à des sources variées que nous pouvo ns regrouper en types.

Les archives nationales

Les archives écrites

En premier lieu, nous avons consulté les archives nationales situées à Pierrefitte qui ne contiennentque les transcriptions du procès Barbie de 1987 (à l’origine, les archives du procès se trouvaient à Lyon). Cependant, première surprise : tous les documents cités ou qui ont circulé auprès de la Cour en vue d’administrer les preuves d’inculpation du gestapiste Barbie, par exemple le fameux télex d’Izieu attestant de la rafle et déportation des 44 enfants juifs, ne figurent pas dans ces cartons d’archives alors qu’ils sont parties intégrantes du procès. Ainsi, les transcriptions ne correspondant qu’aux débats des procès, elles nous ont de ce point de vue-là paru incomplètes. Parfois même, de par leur présentation et leur style, les dialogues entre les différents protagonistes du procès ou du moins leurs transcriptions pouvaient s’apparenter à des scènes écrites de pièces de théâtre. Il est vrai, que les échanges entre les différents interlocuteurs étaient ponctués de remarques, telles des didascalies, du type : « Le télex circule auprès de la Cour » ou encore« Les jurés prennent connaissance du télex »… Néanmoins, il nous a été possible de les consulter et d’en tirer parti, en fonction des besoins et des manques des autres sources.Le mémorial de la Shoah

Le Centre de Documentation Juive Contemporain (CDJC)

Les archives privées de Serge Klarsfeld devenues publiques

Les archives personnelles devenues publiques de Serge Klarsfeld sont disponibles au Mémorial de la Shoah à Paris, notamment au Centre de documentation juive (CDJC) et elles nous ont permis de pallier ces carences archivistiques. La plupart des pièces à conviction citées dans le procès proviennent de ce fonds d’archives. Outre les pièces utilisées lors du procès, au CDJC, nous avons pris connaissance d’un nombre importants d’archives journalistiques, de coupures de presse sur le procès Barbie, collectées par Serge Klarsfeld. A plusieurs reprises, en tant qu’avocat des parties civiles au procès Barbie et victime directe de la Shoah, Serge Klarsfeld a bien voulu nous accorder de son temps pour nous donner de précieux conseils sur le procès lui-même pour lequel, il a été un véritable catalyseur. Dans les archives consultables au Mémorial de la Shoah, il s’agit pour l’essentiel de documents choisis par Serge Klarsfeld, évoqués, voire cités au procès car en lien avec le chef d’inculpation de crime contre l’humanité qui incriminait Barbie. Cependant, nous avons aussi cité en guise d’archives des documents que Serge Klarsfeld nous a remis en main propre lors des entretiens qu’il nous a accordés. Ces documents sont pour la plupart cités en annexes et portent sur la rafle d’Izieu.

L’exposition de 2017 sur le procès Barbie

L’année de la rédaction de ce présent mémoire coïncidant avec la célébration des 30 ans du procès Barbie, le Mémorial de la Shoah consacre une exposition sur ce thème qui a ouvert ses portes du 30 mars jusqu’au 15 octobre 2017. Plusieurs visites de cette exposition nous ont permis d’enrichir nos connaissances et d’accéder à des fonds d’archives grâce, par exemple aux panneaux d’affichage. Ces visites ont été nécessaires car à titre exceptionnel, l’exposition n’a pas donné lieu à un catalogue imprimé qui aurait pu aussi nous servir de source.
Ainsi, en référence à cette exposition, nous citerons des documents émanant des Archives du dépôt central d’archives de la justice militaire situées à Le Blanc, tout comme des archives historiques de la Défense situées à Vincennes. Là encore, dans le cadre de cette exposition, des archives personnelles de Beate et de Serge Klarsfeld ont été diffusées. Les extraits d’archives émanant de cette exposition nous ont apporté de précieuses informations dans la mesure où l’histoire du procès Barbie débute, comme notre sujet, dès la capitulation de l’Allemagne nazie en 1945. A travers ces archives, nous verrons que la France a, dès l’épuration, par le biais de sa justice militaire et encore une fois, grâce aux époux Klarsfeld, mené une enquête de longue date en vue de juger Barbie, notamment en raison des crimes de guerre qu’il avait commis en tant que tortionnaire de résistants.

L’Inathèque

Les archives audiovisuelles publiques

Soumises au départ à des textes législatifs qui compliquaient leur accessibilité, les archives audiovisuelles du procès Barbie sont désormais consultables à l’Inathèque. Elles constituent des documents bruts puisqu’il s’agit des productions effectuées sous contrôle d’un magistrat, comme la loi du 11 juillet 1985, le prévoyait.En complément de ces enregistrements audiovisuels numérisés, se trouvent aussi des archives filmiques, tels qu’un grand nombre de journaux télévisés, d’émissions, de débats etc. portant sur le procès Barbie. Pour autant, vu la profusion de ces documents filmiques, à l’exception de quelques débats ou documentaires visionnés analysant le procès, nous limiterons notre corpus aux archives audiovisuelles du procès . De la même manière, le procès en lui-même représentant dans son intégralité 185 heures, nous avons dû, temps imparti par le master oblige, limiter notre corpus à une consultation partielle des audiences du procès.

Les archives audiovisuelles semi-privées, semi-publiques

Pour faire un choix parmi les 37 audiences qui constituent le procès, disponibles aux archives audiovisuelles publiques de l’Inathèque, nous nous sommes référés en grande partie à la synthèse faite par les éditions Arte et de l’Ina et existant sous la forme d’un coffret de six DVD, qui représente une vingtaine d’heures des principales audiences du procès . Des compléments de programme figurant dans ce coffret ont également nourri nos travaux et permis d’avoir une approche plus complète et critique du procès dans la mesure où ils comportent des interviews d’historiens de renom et spécialistes de la question comme Henry Rousso, Camille Ménager, Laurent Joly ainsi que des acteurs de la société civile. Le point de vue de juristes et/ou journalistes ayant suivi de près ce procès et qui ont eu souvent à en faire l’exégèse tels que Denis Salas, Antoine Garapon, voire Serge Klarsfeld nous sont également livrés dans ces entretiens. Tous ces apports nous ont été précieux dans notre travail de recherche.

Les archives et sources numériques

Enfin, ère du numérique oblige, nous avons aussi été amenés à utiliser par commodité en guise de sources, des documents numériques où leur lecture nous était plus facilement accessible en ligne que via la version papier. Les sites en question sont : la Fondation pour la Mémoire de la Shoah à Paris ainsi que le site de Yad Vashem à Jérusalem, deux institutions qui oeuvrent pour la mémoire, sans compter que pour certains, les documents auxquels nous avons eu recours dans notre étude, sont rédigés par des historiens.

Bilan historiographique

L’histoire de la Seconde Guerre mondiale est riche par sa dimension planétaire et par sesthématiques abordées (univers concentrationnaire, Shoah, génocide etc.). Sans doute de par le nombre élevé de victimes, son caractère inédit, la nature des crimes perpétrés, en l’occurrence génocidaire, la Shoah fait partie des thèmes les plus étudiés . Son historiographie ne saurait être exhaustive d’autant qu’elle ne cesse d’intéresser les chercheurs. Néanmoins, il est possible d’esquisser quelques tendances générales en relation avec l’histoire du procès, sur Barbie et ses antécédents, celui-là même qui fut le chef de la Gestapo à Lyon de 1942 à 1944. Afin d’établir ce bilan historiographique, il importe de remonter à la période de l’immédiat après-guerre, quitte à élargir le champ d’analyse par une perspective transnationale.

Bilan historiographique transnational : Nuremberg et Tokyo, premiers jalons dans le récit de l’histoire des grands procès

Si, en France, le procès Barbie de 1987 constitue un précédent par le fait de juger un criminel nazi allemand et a fortioridans le récit de la France occupée, dans l’historiographie plus générale, nationale comme transnationale, de la Seconde Guerre mondiale, le procès du gestapiste Barbie tout comme l’étude de celui-ci s’inscrivent dans un contexte historique d’une longue série de procédures.

L’apport de l’histoire transnationale dans la recherche en France

Le procès Eichmann : un tournant dans l’écriture de l’histoire

Puis vient l’année 1961, celle du procès Eichmann en Israël, qui va à son tour marquer un tournant dans l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale en ce qu’elle sera davantage axée sur l’histoire des victimes juives . Comme le rappelle l’historienne Annette Wieviorka dans son article intitulé Justice, histoire et mémoire. De Nuremberg à Jérusalem : « Le procès Eichmann marque un véritable tournant dans la mémoire du génocide, en France, aux Etats-Unis comme en Israël, et dans les rapports entre justice, histoire et mémoire. »
De fait, d’une part, le terme hébreu de « Shoah » va être progressivement privilégié au vocable « Holocauste » ou encore au terme plus générique de Seconde Guerre mondiale. D’autre part, il place au centre des débats et a fortiori au cœur de l’écriture de l’histoire, la parole des victimes qui vont témoigner en grand nombre à la barre . De fait, dans le premier courant de l’historiographie portant sur les bourreaux, et sur l’héroïsme des résistants, des victimes non juives avaient davantage été mises en valeur au détriment des victimes juives. A partir du procès Eichmann, la mémoire du peuple juif est devenue publique de par la médiatisation du procès et son impact au delà des frontières. La notion de crimes contre l’humanité est une fois de plus à l’ordre du jour tout comme son imprescriptibilité mais contrairement aux procès de Nuremberg et de Tokyo, le crime contre l’humanité supplante le crime de guerre. Événement inédit et historique au retentissement mondial, le procès Eichmann constitue dès lors à son tour un jalon dans l’histoire de la Shoah dans la mesure où il fait prendre conscience à la société israëlienne, le programme génocidaire mis en œuvre par les nazis pour anéantir le peuple juif. Le caractère unique et spécifique de la Shoah est reconnu officiellement, sur le plan juridique mais aussi par la recherche historique.
Conséquence directe du procès Eichmann, cette seconde tendance historiographique ayant trait à l’histoire des victimes sera dans un premier temps le produit de nombreux historiens qui euxmêmes ont payé un lourd tribut lors des crimes de masse perpétrés par les nazis : il en va ainsi de Léon Poliakov, d’Emanuel Ringelblum, de Raul Hilberg, Saul Friedländer etc. Paradoxalement, cette mise en récit du passé émanant d’historiens au double statut, de victimes et de scientifiques, sera longtemps assez peu prise en compte. Toutefois, qu’ils soient historiens, philosophes, juristes, journalistes, nombre d’intellectuels s’emparent de cet événement historique, hautement médiatique tout en contribuant à l’évolution de l’historiographie de la Shoah, en particulier celle consacrée aux grands procès de criminels nazis. A ce titre, l’ouvrage qui fera couler beaucoup d’encre sur le procès Eichmann jusqu’à nos jours encore, est celui d’Hannah Arendt de 1962 et qui ne sera traduit en France qu’en 1966, sous le titre Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la banalité du mal.
Philosophe de formation, ayant couvert en partie le procès au titre de journaliste pour le journal américain New Yorker , Hannah Arendt s’inscrit dans le courant historiographique consistant à analyser le nazisme à travers le prisme des bourreaux mais aussi sous l’angle des origines du régime totalitaire que représentait le IIIè Reich. Ainsi, chemin faisant, le procès de Nuremberg, puis celui d’Eichmann posent les jalons de l’historiographie sur la Shoah. Même s’ils deviennent l’objet d’étude privilégiés des historiens – bien des années plus tard –, ils restent parmi les procès les plus étudiés. Suite à ces grands procès, l’inflexion que prend l’histoire de la Shoah de par le monde et dans l’Hexagone, va être déterminante dans l’ouverture du procès Barbie et par ricochet dans son écriture. Les incidences entre les grands procès et l’histoire sont déjà en ce sens perceptibles et considérables.

Nouvelle inflexion historiographique : l’effet Paxton

En France, dans la profusion des ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale, il convient de souligner que l’apport des historiens américains influencera les perspectives des historiens. Dès le procès Eichmann et dans l’indifférence générale, Raul Hilberg, pionnier en la matière, publie à partir de 1961 sa trilogie portant sur La destruction des Juifs d’Europe, alors que ses travaux de recherche sont devenus désormais notoires et font office de référence dans la compréhension des mécanismes du processus génocidaire.
L’influence de l’historien américain, Robert Paxton sera tout autre. En 1973, dans un ouvrage iconoclaste, intitulé La France de Vichy 1940-1944, l’universitaire bouleverse l’historiographie en traitant désormais de la France occupée sous l’angle de la responsabilité de la France dans la déportation et l’extermination des Juifs dans les camps de la mort.

Sur les audiences du procès Barbie consacrées à la rafle de l’UGIF

Lors du procès Barbie, les audiences consacrées à la rafle de l’UGIF sont abordées en premier, car dans la chronologie des faits historiques reprochés à Barbie, elle intervient avant celles de la rafle d’Izieu du 6 avril 1944 et du dernier convoi du 11 août 1944. A quelques différences près, la rafle de l’UGIF de la rue Sainte Catherine du 9 février 1943 présente beaucoup de similitudes avec celle de la rafle des enfants d’Izieu, ou du moins elle est abordée au procès Barbie en commun avec celle des enfants d’Izieu. Pourquoi ? D’une part, parce que dans les deux cas, il s’agit de personnes raflées, en raison de leur identité juive. D’autre part, ces deux rafles ont été ordonnées par Barbie, sous la forme de télex en vue de déportation et d’extermination des Juifs . Elles présentent donc communément l’emblème de la « Solution finale » et constituent en ce sens des « crimes contre l’humanité » puisque toutes les personnes appréhendées l’ont été parce qu’elles sont nées juives, selon l’expression chère à André Frossard.

Le traitement de la rafle de l’UGIF au procès Barbie : polémique autour de la théorie du faux par la défense

En effet, lors de ces audiences consacrées à la rafle de l’UGIF et à l’instar de celles concernant la rafle d’Izieu, la défense contestera également l’authenticité des télex qui accablent Barbie et qui attestent une fois de plus qu’il est l’ordonnateur des rafles et l’exécuteur de la « Solution finale », symbole du crime contre l’humanité. Non seulement, cette stratégie de la défense vise en filigrane à véhiculer la théorie du complot mais aussi à ne pas aborder les questions d’histoire, du moins à les nier, comme s’il s’agissait de s’inscrire dans la continuité de la rhétorique des négationnistes. A ce sujet, lors de la 34è audience du 30 juin 1987, le procureur Pierre Truche rappelle dans quelle mesure l’authenticité des documents afférents à la rafle de l’UGIF sont eux aussi incontestables de par leur nature même, puisqu’ils constituent des preuves matérielles. De fait, si au dossier ne figure aucun télex daté du 9 février 1943, jour de la rafle, le premier télex du 1
février 1943 est bien signé de la main de Barbie et adressé à la « BdS de Paris » . S’en suivent d’autres télex et rapports signés aussi de la main de Barbie et à l’attention du SIPO-SD de Paris, service IV B, chargée des affaires juives pour informer du suivi des 84 Juifs raflés dans les locaux de l’UGIF . Dans un ouvrage intitulé La rafle de la rue Sainte Catherine,Serge Klarsfeld relate également l’historique des faits relatifs à la déportation des 84 Juifs de l’UGIF et ce, avec documents authentiques à l’appui . Pour rappel, l’authenticité de ces documents a été contestée par la défense pendant le procès alors que certains d’entre eux avaient déjà été fournis au tribunal de Nuremberg et qu’ils n’avaient pourtant pas fait l’objet de la moindre suspicion quant à leur valeur juridique . En annexe 13, nous avons reproduit sous forme de tableau le déroulé des écrits, notamment les télex et rapports signés de la main de Barbie en renvoyant aux documents numérotés par Serge Klarsfeld.

Au cœur de la Résistance juive

Les particularités de la rafle de la rue Sainte Catherine : crimes de guerre et/ou crimes contre l’humanité ?

Ainsi, à la lumière de ces éléments d’histoire et de justice, il ressort que l’une des particularités de la rafle de la rue Sainte Catherine, c’est d’avoir trait à la thématique de la Résistance juive en France, de son rôle, de ses ramifications et son efficacité. Le chercheur Michel Laffitte abonde dans cette approche en nous livrant cette analyse : « Parler de l’UGIF face aux mesures antisémites de l’année 1942, c’est s’interroger au sujet des capacités de réaction et d’action des dirigeants juifs. C’est aussi poser la question de la part de responsabilité des institutions juives officiellement créées par l’occupant et par Vichy, dans la mise en œuvre de la Shoah. » 217 (p. 124)

Troisième étude de cas : le dernier convoi du 11 août 1944

Une déportation massive de résistants juifs et non juifs

Qu’en est-il du dernier convoi du 11 août 1944 ? Nous l’avons vu, au cours du procès le dernierconvoi du 11 août 1944, la Cour fait comparaître « pêle-mêle » les résistants juifs et non juifs dans la mesure où parmi les près de 700 déportés, les Allemands ont raflé aussi bien les uns que les autres. Pour autant, en dépit du grand nombre de déportés et d’exterminés, ce dossier n’est traité que durant deux audiences. A l’instar du procès, dans l’historiographie consacrée au procès Barbie, la rafle du dernier convoi du 11 août 1944 est moins abordée que celles d’Izieu et de l’UGIF. Sans doute parce que cette rafle comporte en soi davantage la particularité de rassembler à la fois des victimes juives et non juives.
D’aucuns s’accordent d’ailleurs à faire remarquer à ce propos que si la France avait considéré les crimes de guerre comme étant eux aussi imprescriptibles, les résistants n’auraient pas exigé de relever du crime contre l’humanité et demandé à se constituer parties civiles avec les victimes juives du procès Barbie de 1987. Car si nombre de résistants ont également dû périr sous les coups de la politique de répression allemande, dans l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale, l’unicité de la Shoah est à l’unanimité reconnue comme n’étant spécifique et applicable qu’aux Juifs du fait qu’ils ne pouvaient échapper à la persécution, dès l’instant où leur identité juive était révélée, dénoncée, bafouée.

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Table des matières
Remerciements
INTRODUCTION
A. Structure du mémoire
B. Problématiques du sujet
C. Sources
1. Les archives nationales
1.1. Les archives écrites
2. Le mémorial de la Shoah
2.1. Le Centre de Documentation Juive Contemporain (CDJC)
2.2. L’exposition de 2017 sur le procès Barbie
3. L’Inathèque
3.1. Les archives audiovisuelles publiques
4. Les archives audiovisuelles semi-privées, semi-publiques
5. Les compilations d’articles de presse et sources historiographiques
6. Les archives et sources numériques
D. Bilan historiographique
1. Bilan historiographique transnational : Nuremberg et Tokyo, premiers jalons dans le récit de l’histoire des grands procès
2. Bilan historique national : la période de l’épuration, deuxième jalon dans l’écriture de l’histoire des grands procès
3. L’apport de l’histoire transnationale dans la recherche en France
3.1. Le procès Eichmann : un tournant dans l’écriture de l’histoire
3.2 Nouvelle inflexion historiographique : l’effet Paxton
3.3. Retour sur la dénazification : les procès des criminels nazis en Allemagne
4. Avant le procès : émergence d’une historiographie embryonnaire sur Barbie
5. Après le procès : la fin des années 1980
5.1 Une historiographie journalistique et mémorielle sur Barbie
5.2 Une historiographie juridique autour de la notion de crime contre l’humanité
5.3 Une historiographie métahistorique sur les interactions entre histoire, prétoire et mémoire
5.4 Une nouvelle résurgence historiographique sur la Résistance juive
6. Conclusion : une historiographie hétérogène, polémique et en constante évolution
PREMIÈRE PARTIE LES CONTEXTES DU PROCÈS
Chapitre 1. Le contexte judiciaire international
1.1. Premiers constats : un lourd bilan
1.2. Taxinomie des crimes et essai de définition
1.3. L’élaboration d’une justice des crimes contre l’humanité
1.4. Les liens entre Nuremberg et Barbie
Chapitre 2. Le contexte judiciaire en France
Chapitre 3. Le contexte judiciaire franco-allemand
3.1. Les conséquences de la politique de réconciliation franco-allemande : atermoiements rebondissements judiciaires
3.2. Une justice d’amnisties contestée : vers une imprescriptibilité des crimes contre l’humanité
3.3. Prise de conscience en France de la nécessité de légiférer en matière d’imprescriptibilité
3.4 Lutter contre l’impunité des criminels nazis et des collaborationnistes
Chapitre 4. Le contexte politique
Changement de gouvernement et de régime en France et en Bolivie
Chapitre 5. Le contexte historique
5. 1 Les faits : arrestation de Barbie, début de la fin d’une cavale de plus de 40 ans
5.2 Expulsion vs extradition ?
5.3 Mais qui était Klaus Barbie ?
5.4 Extension des crimes contre l’humanité dans les faits reprochés à Barbie
5.5 L’instruction
Chapitre 6 : Les dimensions juridiques du procès
6.1 Sur les particularités du crime contre l’humanité
6.2. Sur les relations entre justice et histoire
DEUXIÈME PARTIE LE PROCÈS, PRÉSENTATION ET ÉTUDES DE CAS
Chapitre 7. Les principaux protagonistes du procès
7.1. Magistrats et greffiers
7.2. Le jury
7.3. Les parties civiles : avocats, experts et témoins
7.3.1. Les avocats des parties civiles
7.3.2. Les parties civiles : experts et témoins
7.4. La défense : les avocats, les témoins et l’accusé
7.4.1. Les avocats
7.4.2 Les témoins cités par la défense
7.4.3. L’accusé
7.5. Les médias
Chapitre 8. Études de cas
8.1. Première étude de cas : le télex d’Izieu du 6 avril 1944, une vraie fausse polémique ?
8.1.1. Le télex d’Izieu : emblème de la « Solution finale » et du crime contre l’humanité
8.1.2. La théorie du faux corollaire de la théorie du complot ?
8.1.3. Justice, mémoire et histoire (r)établissent la vérité
8.2 Deuxième étude de cas : la rafle de l’UGIF du 9 février 1943
8.2.1 Quelques rappels historiques sur l’UGIF
8.2.2 Les fonctions de l’UGIF : « entre soumission et Résistance » ?
8.2.3 La rafle de l’UGIF du 9 février 1943
8.2.4 Sur les audiences du procès Barbie consacrées à la rafle de l’UGIF
8.2.5 Le traitement de la rafle de l’UGIF au procès Barbie : polémique autour de la théorie du faux par la défense
8.2.6 Au cœur de la Résistance juive
8.3 Troisième étude de cas : le dernier convoi du 11 août 1944
8.3.1 Une déportation massive de résistants juifs et non juifs
8.3.2 Rappels historiques sur cette rafle : crimes contre l’humanité et génocide
TROISIÈME PARTIE ENJEUX ET IMPACTS D’UN PROCÈS HORS NORME
Chapitre 9. Enjeux et impacts idéologiques de la partie adverse
• Au sein et hors du procès : contexte révisionniste et négationniste de l’histoire en effervescence
Chapitre 10. Enjeux et impacts mémoriels
10.1. Pluralité et concurrence des mémoires, abus de mémoire ?10.2. De la mémoire juive à la mémoire collective
Chapitre 11. Enjeux et impacts politiques
11.1. Reconnaissance de la responsabilité du régime de Vichy et politiques mémorielles
11.2. Politique de réparation et d’indemnisation des victimes de la Shoah
Chapitre 12. Enjeux et impacts judiciaires
12.1. Les enjeux judiciaires lors du procès Barbie
12.2. Les impacts judiciaires consécutifs au procès Barbie
12.2.1. Sur le plan national
12.2.2 Sur le plan international
Chapitre 13. Impacts dans l’enseignement
13.1. Un procès pédagogique par lui-même
13.2. Analyse de quelques manuels scolaires
A. Les manuels scolaires au collège
B. Les manuels de lycée
Chapitre 14. Impacts dans le monde de l’histoire et des médias
14.1. Quatrième étude de cas : L’affaire Aubrac.« Stratégie de rupture », «stratégie de la suspicion»
14.2 Sur le traitement d’un matériau nouveau : le témoignage oral
14.3 Sur le rôle de l’historien : acteur social de son temps, expert ?
Chapitre 15. Un procès hors norme ? Pourquoi ce procès est-il inédit ?
15.1 Les faits nouveaux en matière de justice
15.2. Les faits nouveaux en matière de mémoire
15.3. Les faits nouveaux en histoire
CONCLUSION : CONTINUITÉ ET RUPTURE
SOURCES
BIBLIOGRAPHIE
FILMOGRAPHIE et ÉMISSIONS DE RADIO
SITOGRAPHIE
SIGLES
Index des noms de personnes
Index sélectif des noms de lieux, d’organisations et autres
LISTE DES ANNEXES

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