Les concepts de l’agriculture de conservation dans le monde

Selon la FAO en 2015, les objectifs du développement durable visent à rendre l’agriculture, la pêche et la foresterie plus productives et plus durables, de réduire l’extrême pauvreté rurale, de favoriser la mise en place de systèmes agricoles et alimentaires plus ouverts et efficaces, également d’améliorer la résilience des moyens d’existence aux catastrophes naturelles, ainsi que de contribuer à éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Cependant, pour atteindre ces objectifs, les défis à relever sont importants. L’agriculture a évolué tout au long du XXème siècle, au fil de nouvelles technologies, de nouvelles politiques, de l’explosion démographique galopante avec toujours plus de bouches à nourrir et de la mondialisation. Le contexte est encore peu favorable. La croissance démographique et les revenus demandent plus de nourriture, d’énergie et autres produits issus de l’agriculture. En outre, la pauvreté, les inégalités, la faim et la malnutrition restent systématiquement plus élevées en zones rurales qu’urbaines. Actuellement, les ressources naturelles sont surexploitées et leur productivité croît moins vite que par le passé (PNUD, 2016). A cela s’ajoute le changement climatique, le taux d’inflation galopante des prix des produits des premiers nécessités qui affectent les populations les plus vulnérables. A Madagascar, le contexte agricole n’en est pas épargné. Le processus de transition démographique reste lent et le taux de croissance est encore à un niveau élevé de 2,8% pour la période 2010-2015 selon la projection du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement, 2014). La population continue toujours d’augmenter rapidement (avec une population qui double tous les 18 ans) malgré ce taux de croissance qui s’est quelque peu ralenti (3,0% dans les années 90), et en 2015 il aurait près de 700 000 personnes supplémentaires (Bélières, 2016). Les exploitations agricoles sont fortement concentrées dans certains bassins de production et demeurent de petites tailles. Près de 70% des ménages agricoles cultivent une superficie de moins de 1,5 ha et plus de 50% ont moins de 1ha (INSTAT, 2011), ce qui paraît paradoxal au regard des réserves de terres cultivables non mises en valeur. Selon une estimation de la Banque Mondiale, le coût annuel de la dégradation de l’environnement représente 9 à 10 % du PIB de 2005 (MEF, 2012) dont environ 75% proviendraient de la déforestation, 15% de la diminution de la productivité des terres agricoles et pastorales due à l’érosion, et environ 10% de l’augmentation des coûts opérationnels et de la diminution de la durée de vie des infrastructures selon les données PNUD en 2003. En ce qui concerne la dégradation des ressources en sol, selon les enquêtes EPM de l’INSTAT de 2001, plus de 50% des ménages estiment que la fertilité des collines (tanety) s’est détériorée en un espace de 10 ans avec plus de 25% affirmant que la dégradation a été significative et plus accentuée chez les ménages les plus pauvres (Minten B, 2003). Selon les chiffres de la FAO en 2004, 53% de la population malgache vivaient dans des zones avec une forte proportion de terres dégradées (Banque Mondiale, 2013). Cette dégradation rend de plus en plus difficile les efforts d’intensification agricole à l’échelle des exploitations agricoles.

Historique

Origine de l’Agriculture de Conservation

L’Agriculture de Conservation est née aux États-Unis vers les années 30 en réaction aux problèmes d’érosion éolienne qui frappait les grandes plaines aux Etats-Unis et au compactage du sol engendré par la révolution Agricole. L’alternance de sécheresse et des pluies, conjuguée à des vents violents, a provoqué le désastreux phénomène connu sous le nom de « Dust Bowl » (bassin de poussière). Cette expérience traumatisante a conduit les agriculteurs américains à faire évoluer leurs pratiques de manière très rapide, encouragés par des programmes gouvernementaux. Les techniques d’implantation des cultures en semis direct sous ont commencé à apparaître dans les années 50. Les agriculteurs enfoncent directement les semences dans le sol à travers les résidus de culture sans labourer. Grâce à la diffusion de l’herbicide totale parquat en 1960 et la création des premiers semoirs par Allis Chalmers en 1966, le semisdirect a connu un grand essor. La mise en œuvre de ces pratiques de protection des sols sur 37% des terres cultivées a permis de réduire drastiquement l’érosion des sols aux Etats-Unis. (Cerdeira et Duke, 2006) En Amérique Latine, des conditions similaires (érosion liée au travail du sol aux disques se développant massivement dans les années 1960, notamment dans le Paraná) conduisent à l’initiation du ‘no-tillage’ ou semis direct de maïs sur paillage en 1970. Avec l’inflation, les entrepreneurs agricoles ont cherché à réduire leurs coûts de production notamment le coût énergétique du labour, ce qui a favorisé l’essor du no-tillage (Dounias et Jouve, 2001). Ensuite en Amérique centrale équatoriale, une toute autre dynamique s’est produite. Dans les années 1970, des paysans pratiquant la culture itinérante de maïs sur brûlis ont spontanément adopté, sur une partie de leurs terres fertiles, une rotation maïs-mucuna. Or, le mucuna a déjà été introduit dans les années 1920 dans les plantations bananières industrielles pour l’alimentation des mules et sert aussi à l’amélioration des sols et au contrôle des adventices. L’adoption rapide (10 % des paysans en 1980, 66 % en 1990) a été favorisée par l’intérêt économique de cette solution dans le contexte commercial et d’occupation du sol local. (Buckle et al., 1998 ; Triomphe et al, 1999 ; Dounias, 2001) La prise de conscience sur les pertes en terres dues à l’érosion a été la principale cause d’adoption des systèmes de Semis Direct dans le reste du monde. Notamment en Australie l’adoption commence en 1971, avec la commercialisation de l’herbicide Spray Seed à base de paraquat et diquat.

Nouvelle vague de diffusion du Semis Direct vers un système SCV

Vers les années 1990, les travaux de recherche menés par Lucien SEGUY et Serge BOUZINAC du CIRAD ont contribué à une forte expansion du Semis direct dans le monde. Comme les techniques de semis-direct sur résidus de culture développés auparavant ne permettent pas une régénération rapide de fertilité, un recours à des biomasses supplémentaires s’avère nécessaire. Ainsi, le CIRAD a développé une technique qui allie semis direct et couverture permanente connue sous le terme de SCV. En Argentine, l’adoption du semis direct est favorisée par l’introduction des sojas et cotonniers transgéniques tolérants aux herbicides dès 1997 ; puis cette nouvelle technique s’est répandue dans les pays environnants. (Cerdeira et Duke, 2006). En effet, le fait de ne pas labourer favorise le développement des mauvaises herbes qui rend difficile les systèmes de non labour quand la couverture n’est pas suffisante, et l’utilisation des variétés tolérantes aux herbicides ont permis à l’essor des systèmes sans labour. En plus, la chute du prix du glyphosate et du paraquat s’ajoute aux facteurs qui ont favorisé une forte expansion des systèmes SCV. Le record mondial d’adoption appartenait aux EtatsUnis, Paraguay, au Brésil et à l’Argentine.   Les techniques de diffusion en Europe et en Afrique a pris de retard et n’a commencé qu’en 1990. Plus récemment, les problèmes environnementaux causés par l’agriculture conventionnelle ont amené la Chine, le Laos ou encore le Vietnam à adopter l’agriculture de conservation (GSDM, 2015). Les superficies occupées par le semis-direct au niveau mondial n’ont pas cessé d’augmenter . La situation actuelle n’est pas encore disponible.

Définitions et principes fondamentaux

Définitions

L’agriculture de conservation (AC) a été officiellement définie par la FAO en 2001, comme une méthode de gestion des agroécosystèmes reposant sur trois grands principes : couverture permanente des sols, absence de labour, rotations longues et diversifiées. En 2010, cette définition a été renouvelée comme une agriculture visant des systèmes agricoles durables et rentables et tend à améliorer les conditions de vie des exploitants au travers de la mise en œuvre simultanée de trois principes à l’échelle de la parcelle : le travail minimal du sol ; les associations et les rotations culturales et la couverture permanente du sol.

L’agriculture de Conservation se définit par des opérations culturales particulières dont l’objet est de favoriser ou restaurer l’activité biologique dans le sol, en vue de multiples bénéfices pour la santé des plantes, la réduction des risques, l’économie d’interventions culturales et d’intrants (Séguy et al., 2007). Selon L. Séguy (2001), l’Agriculture de conservation correspond au système de semis direct sur couverture végétale permanente (SCV) qui est un système conservatoire de gestion des sols et des cultures dans lequel la semence est placée directement dans le sol qui n’est jamais travaillé.

Les principes fondamentaux

Le système s’inspire directement du fonctionnement d’un écosystème forestier basé sur une forte activité biologique. De ce fait, l’agriculture de conservation se repose sur trois piliers cruciaux :
– Travail minimal du sol pour ne pas perturber la partie superficielle
– Couverture permanente du sol que le sol soit cultivé ou non durant toute l’année
– Rotation et association de culture avec des plantes améliorantes.

Travail minimal du sol

Il sera idéal si le travail de sol est totalement supprimé mais les agriculteurs pratiquent souvent un travail simplifié ou réduit particulièrement pendant les périodes de conversion de leur système en semis direct. Le labour systématique peut alors être remplacé par différentes pratiques :
• Labour occasionnel : impasse sur certaines parcelles ou avant certaines cultures pour positionner les labours avant les cultures qui sont les plus exigeantes vis-àvis de la porosité du sol ou de la finesse du lit de semence ;
• Pseudo-labour où le labour est remplacé par un travail profond, mais sans retourner le sol : décompactage ou sous-solage ;
• Travail du sol superficiel avec des outils à disques ou à dents (déchaumage ou strip-till par exemple) ; et
• Semis direct ou semis direct sous couvert végétal en l’absence de tout travail du sol (le sol n’est perturbé que sur la ligne de semis).

Ces différentes pratiques peuvent se succéder dans le temps, dans une trajectoire allant vers la suppression totale du travail du sol, ou bien coexister au sein d’une même exploitation en fonction des parcelles et des cultures.

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Table des matières

INTRODUCTION
Partie I : LES CONCEPTS DE L’AGRICULTURE DE CONSERVATION DANS LE MONDE
I. Historique
II. Définitions et principes fondamentaux
III. Principaux systèmes en semis direct sur couverture végétale permanente
IV. Importance de l’Agriculture de Conservation
Partie II : AGRICULTURE DE CONSERVATION À MADAGASCAR
I. Historiques de l’AC à Madagascar
II. Les différentes étapes marquantes
III. Zones concernées
IV. Contexte actuel de l’Agriculture de conservation à Madagascar
PARTIE III : ANALYSE DE LA SITUATION ET RECOMMANDATIONS
I. Analyse des données
II. Constat des problèmes
III. Propositions de solutions
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES

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