Les bienfaits de la sortie « pédagogique »

Les bienfaits de la sortie « pédagogique »

Raison d’être de l’étude

La problématique dans mon thème est le fait que peu d’enseignants sortent de la classe dans le but de donner du sens aux apprentissages et de rendre les élèves acteurs. Pourtant, en tant qu’enseignants, nous devons amener nos élèves à pouvoir contextualiser les savoirs afin que ceux-ci soient ensuite transférables. Je souhaite, avec mon mémoire, expérimenter une séquence mathématique où la sortie prend une place principale. En effet, la sortie scolaire dans son terme général est un sujet d’actualité. Elle a longtemps peiné à entrer dans les moeurs, cependant, actuellement, elle est le sujet de nombreuses discussions et de nombreux débats. Après avoir lu plusieurs ouvrages concernant le thème de la sortie scolaire, je me rends compte que celui-ci regroupe un grand nombre de pratiques et attentes différentes, il y a moultes possibilités. Cependant, je distingue deux thèmes bien distincts : celui des sorties à orientation plutôt « récréative » comme les courses d’école et celui des sorties à orientation « pédagogique ».

Dans mon mémoire, je souhaite m’intéresser aux sorties « pédagogiques » qui ont pour but de faire acquérir des connaissances, et qui se définissent en termes de stratégies d’apprentissage (Bouchon, Gonin Bolo, & Pedemay, 1989, p. 30). Je souhaite donc expérimenter des sorties « pédagogiques » dans le domaine des mathématiques afin de rendre celles-ci plus explicites pour les élèves. Dans le Plan d’Etude Romand, on peut trouver la notion de « sortie scolaire » au travers de différents objectifs d’apprentissages tels que : – Arts 14 Arts Visuels — « Rencontrer divers domaines et cultures artistiques… en visitant sous conduite des musées, des espaces artistiques … en appréciant quelques éléments du patrimoine culturel de son environnement local. » (CIIP, Plan d’Etude Romand, 2003) – Mathématiques et Sciences de la Nature 18 — « Explorer l’unité et la diversité du vivant… en explorant divers milieux urbains et naturels et en visitant des expositions (musées, zoo, jardins botaniques,…) » (CIIP, Plan d’Etude Romand, 2003) Les Sciences Humaines et Sociales abordent aussi le thème des sorties scolaires.

Le Français nous propose également de visiter des « lieux de lecture ». À part ces quelques propositions le PER ne mentionne pas la sortie scolaire comme « outil scolaire d’apprentissage » ou « outil didactique ». J’entends par ces deux termes, des sorties liées aux apprentissages scolaires, permettant à certains élèves de ne pas être mis de côté, mais également, des sorties ayant des objectifs pédagogiques précis et qui prennent en compte l’affectif, le cognitif et le relationnel (Barth, 2013, p. 26). Cette pratique est peut-être considérée comme implicite, cependant, elle mérite une grande attention car elle permet d’accorder des rencontres avec le « réel » et le « concret » afin de rendre l’abstrait plus explicite pour certains élèves. Elle permet également une mise en rapport de l’élève avec l’objet de connaissance dans un contexte différent (Bouchon, Gonin Bolo, & Pedemay, 1989, p. 34). Ma première question est donc la suivante : comment mettre en place des sorties scolaires dans des séquences d’enseignement général pour qu’elles aient une fonction didactique utile pour les élèves ?

La sortie scolaire, un dispositif à relancer

En France, les sorties scolaires se sont accrues à partir des années 1950 avec les classes de découvertes. Jusqu’en 1997, les sorties n’ont cessé d’augmenter dans la durée et la régularité. Cependant, un nouveau texte de réglementation est apparu renforçant les conditions d’organisation et d’encadrement des sorties. Ceci a donc entraîné une baisse des sorties. De plus, deux accidents ont marqué les esprits en 1995 et 1998 (Chauvin, 2003). Aujourd’hui encore, les sorties sont en perte de vitesse bien qu’elles soient entrées dans les esprits et débats actuels (Thoraval, 2013). En effet, d’après une étude menée en Angleterre (House of commons, 2005) les sorties diminuent en quantité mais également en qualité ! Ce qui veut dire que les enseignants passent davantage de temps entre les quatre murs de la classe. Il est évident que, de nos jours, tout est maintenant aménagé pour que nous puissions tout réaliser en classe. De plus, à l’heure où grâce à internet, on peut voir en quelques clics le monde entier, à quoi bon sortir ? « Je pense que c’est paradoxalement, parce que les enfants ont accès à tous ces documents et ces informations virtuelles qu’il est aujourd’hui encore plus essentiel d’organiser ces sorties scolaires » (Ivanoff, 2013).

Je suis entièrement d’accord avec ces propos. En effet, à l’heure où tout est à portée de main via les écrans, les élèves peinent à être dans le concret. Il est de notre devoir, en tant qu’enseignant, d’amener les élèves à la rencontre du « vrai ». « Ce terme « vrai » est signifiant, car il recouvre quantité de perceptions, qui peuvent être partagées par le groupe ou très personnelles et intimes. … Mais, c’est aussi des perceptions kinesthésiques, d’espaces, de volumes, de couleurs, de sons, d’odeurs, d’ambiance » (Ivanoff, 2013). D’autres facteurs, freinant les sorties, sont aussi à prendre en compte tels que la peur des accidents, la charge administrative, l’horaire, le manque de formation des enseignants, le coût parfois… (Bouchon, Gonin Bolo, & Pedemay, 1989, pp. 23-24). Cette première problématique de la diminution des sorties ne pourra pas être réglée en un claquement de doigt. Cependant, ce que je constate à travers la pratique est que grand nombre d’enseignants n’osent pas sortir, par peur de ne pas savoir comment faire, quoi faire, où aller, comment les élèves vont se comporter… Des formations initiales et continues aideraient beaucoup afin de dédramatiser la sortie (Endrizzi, 2007)1

Les bienfaits de la sortie « pédagogique » Je vais aborder ici les bienfaits de la sortie pédagogique qui ont déjà été constatés par de nombreux auteurs et didacticiens. Ce type de sortie permet la réussite d’un plus grand nombre d’élèves. En effet, c’est une autre voie d’accès au savoir qui permet à certains élèves qui, en classe, ne trouvent pas leur place, de saisir le concept (Bouchon, Gonin Bolo, & Pedemay, 1989, p. 30). Dans l’enseignement, un des buts pour les élèves est d’arriver à conceptualiser les savoirs afin que ceux-ci soient ensuite transférables. Cependant, « à l’école, ce qui rend l’apprentissage difficile est qu’il s’agit d’un « monde sur papier ». Ce monde abstrait est sans relation directe avec l’expérience des apprenants. La difficulté consiste justement à savoir comment on peut relier le savoir empirique et le savoir conceptuel » (Barth, 2013, p. 55). Sortir peut donc être un moyen d’aider les élèves à conceptualiser en passant d’abord par le concret, le réel.

Sortir, peut également permettre à certains enfants de changer leur rapport à l’école, peut-être même se réconcilier avec celle-ci et donc d’être davantage motivés (Gonin Bolo, 2014). Cependant, les apprentissages ne sont pas tous pertinents à réaliser à l’extérieur. L’enseignant doit se demander si l’objet de savoir peut-être pertinent à enseigner à l’extérieur. Sortir n’apporte pas seulement au niveau des savoirs. Même si la sortie pédagogique a, avant tout des objectifs pédagogiques. Celle-ci a également un gain humain. « Elle favorise l’engagement de toute la personne de l’élève avec tous ses sens, pas seulement la vue et l’ouïe comme en classe, mais aussi son toucher, son odorat et encore sa sensibilité et son affect » (Amiel & Ferrerons, 2013).

La sortie favorise également la rétention des connaissances et renforcent les liens entre les dimensions affective et cognitive de l’apprentissage. Elle augmente la motivation, le sentiment de responsabilité et d’appartenance des élèves. Elle influe positivement sur les relations entre pairs2. Elle permet donc de travailler son rapport au monde, à soi et aux autres. Nous entrons donc dans le domaine de la Formation Générale (CIIP, Plan d’Etude Romand, 2003). Elle renforce également des domaines dans les capacités transversales tels que la collaboration et la communication (CIIP, Plan d’Etude Romand, 2003). Plusieurs compétences sociales et relationnelles sont donc développées. Les bienfaits des sorties « pédagogiques » sont donc notables mais cependant, à quoi ressemble réellement une sortie « pédagogique » et quels changements peut-elle provoquer sur les élèves dans l’enseignement des mathématiques ? En effet, je souhaite m’intéresser à la discipline des mathématiques car je constate que celle-ci est bien souvent abstraite pour les élèves et sortir peut donc être un moyen de la rendre plus explicite.

Historique de la sortie scolaire

Il est difficile de définir une date exacte de début des sorties scolaires, car il y a toujours des précurseurs dans le domaine. Cependant, on peut dater les premières « classes de découverte » dans les années 1950 (Chauvin, 2003). Initialement, cette forme d’enseignement été appelée « expérience ». Particulièrement en France, cette pratique commence à se développer ; elle prend la forme d’une matinée d’études scolaire puis d’une après-midi sportive. À partir de 1957, en France, ces sorties sont appelées officiellement « classes et écoles expérimentales ». Jusqu’en 1971, les séjours se déroulent principalement en montagne et en hiver. Mais, petit à petit, d’autres types de séjours se développent : les classes de mer, les classes de forêt, les classes vertes, les classes transplantées… Lors de ces débuts, je pense qu’on ne peut pas qualifier ces « sorties » comme récréatives ou pédagogiques. En effet, il est dit que « l’objectif était d’abord hygiéniste avec, au deuxième plan, l’idée que l’observation concrète de la nature renforcerait les acquisitions théoriques. » (Chauvin, 2003, p. 15). Ensuite, la réglementation demandant de partir un mois minimum s’abaisse à trois semaines seulement. En 1982, les classes sont autorisées à partir dix jours, par ailleurs un nouveau texte officiel est rédigé (cité dans Chauvin, 2003) : les réglementations sont simplifiées afin de favoriser les départs. Une progression des séjours est donc constatée. Dans les années 1994 à 1995, 12% des enfants scolarisés partent en classe de découvertes, alors que dans les années 1970, seulement 4% des élèves partaient (Chauvin, 2003, pp. 20, tableau 1).

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1. Problématique
1.1 Définition et importance de l’objet de recherche
1.1.1 Raison d’être de l’étude
1.1.2 La sortie scolaire, un dispositif à relancer
1.1.3 Les bienfaits de la sortie « pédagogique »
1.2 État de la question
1.2.1 Historique de la sortie scolaire
1.2.2 Concepts en lien avec la sortie scolaire « pédagogique »
1.2.3 Les changements que la sortie peut provoquer dans l’enseignement des mathématiques
1.2.4 Le rôle de l’enseignant et la motivation des élèves dans une sortie « pédagogique »
1.2.5 Mathématiques : la séquence et les figures géométriques
1.2.6 Point de vue personnel
1.3 Question de recherche et objectifs et hypothèses de recherche
1.3.1 À quoi ressemble réellement une sortie « pédagogique » ?
1.3.2 Objectifs et hypothèses de recherche
Chapitre 2. Méthodologie
2.1 Fondements méthodologiques
2.1.1 Type de recherche
2.1.2 Type d’approche
2.1.3 Type de démarche
2.2 Nature du corpus
2.2.1 Population
2.2.2 Choix de l’apprentissage
2.2.3 La séquence : forme et contenu
2.2.4 Récolte des données
2.2.5 Les postures des élèves selon D. Bucheton et Y. Soulé
2.3 Méthodes et/ou techniques d’analyse des données
2.3.1 Traitement des données
2.3.2 Méthode et analyse
Chapitre 3. Analyse et Interprétation des résultats
3.1 Analyse de chaque intervention
3.1.1 Analyse intervention 1
3.1.2 Analyse intervention 2
3.1.3 Analyse intervention 3
3.1.4 Analyse intervention 4
3.1.5 Analyse intervention 5
3.2 Analyse interventions intérieures et extérieures
3.3 Analyse des postures observées
3.4 Point de vue des élèves
3.5 Analyse de l’entretien
3.6 Synthèse de mon analyse
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 : La séquence didactique
Annexe 2 : Notes durant l’observation des interventions
Annexe 3 : La grille d’observation
Annexe 4 : Matériel pour intervention
Annexe 5 : Contrat de recherche
Annexe 6 : Guide d’entretien semi-directif
Annexe 7 : Retranscription de l’entretien

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