Les banques à Dakar : Etude géographique

La distribution géographique des banques à Dakar a connu une forte évolution. D’un espace bancaire centré autour du noya u primitif urbain, on est passé aujourd’hui à un maillage systématique du territoire. A travers l’analyse du processus d’implantation des banques à Dakar, voire au Sénégal, on va essayer de comprendre la logique qui est derrière cette distribution. Au lendemain de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises d’Afrique, les premières banques virent le jour au Sénégal et en Algérie. La Banque Du Sénégal (BDS) qui avait pour siège Saint louis fut érigée en 1853. Elle devient la première banque française au Sénégal spécialisée dans l’escompte et le crédit à court terme. Après Saint louis la BDS a ouvert une première agence à Gorée qui sera ensuite transférée à Dakar, future métropole ouest africaine en 1884.

Dakar est fondée en 1857. C’est en 1902, que la capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF) fut transférée de Saint louis à Dakar. Ce dernier a été le principal réactif de l’essor de la nouvelle capitale. La ville est ainsi devenue en l’espace de quelques années le siège des pouvoirs politique, économique, administratif et culturel de la fédération coloniale. Elle demeura un lieu, un point d’où partent les décisions. Cette situation la propulsa à u n niveau supérieur et favorisa l’émergence d’équipements administratifs et d’infrastructures de base. Ce sont ainsi des infrastructures à rayonnement international comme la gare des chemins de fer, l’aéroport ou le port autonome qui firent de Dakar la métropole incontestée de l’Afrique de l’Ouest. Avec sa situation géographique stratégique, le port Dakar ne pouvait avoir qu’une dimension internationale.

Poumon de l’économie sénégalaise, le port est le principal outil de commerce du Sénégal et assure la quasi-totalité des exportations et des importations du pays. Or, c’est à côté de cette infrastructure structurant qu’ont été bâtis les grands établissements commerciaux et les principales unités de production industrielles du pays. Sa présence a favorisé le développement de multiples activités connexes: manutention portuaire, stockage, redistribution dans la ville, transport. Cette concentration des activités commerciales et industrielles s’accompagne d’une concentration des services (administration, banques, assurance, affaires immobilières) tout autour du noyau primitif urbain. C’est ce qui explique la localisation préférentielle des banques et établissements financiers à proximité du port et de la zone industrielle.

Cet espace, symbolisé par le Plateau, est aujourd’hui marqué par ses fonctions politiques, économiques, culturelles et administratives centrales qu’il occupe, mais aussi par une croissance urbaine générée tant par la croissance démographique que par une très forte concentration des activités humaines. Ce centre des affaires est « le lieu de rassemblement des activités qui informent, qui dirigent et qui rapportent, il est aussi celui qui vise à donner à la population le maximum de satisfaction de ses exigences sur le minimum d’espace et avec les plus grandes facilités » . L’espace restreint du Plateau est ainsi devenu le domaine des affaires, c’est l’aire géographique où se localisent les banques, les compagnies d’assurances et les établissements financiers. Ce centre est ainsi caractérisé par une intense fréquentation de services liés aux finances et aux affaires.

L’implantation des banques à D akar s’est d’abord faite dans le noyau primitif urbain c’est-à-dire l’espace compris autour de la Place Protêt (actuelle Place de l’indépendance) et vers l’avenue Albert Sarrault qui pouvait être qualifiée d’espace financier. En effet cette occupation stratégique de l’espace était fonction du centre administratif et économique (proximité du port) et de la spécialisation de la banque. Jusqu’aux indépendances, l’espace dakarois ne comptait que quelques rares banques localisées au cœur du noyau primitif urbain. La conquête se fera ensuite dans le temps et dans l’espace. La dynamique du développement urbain de l’espace dakarois résultant d’une double conséquence, une croissance démographique et une pression spatiale, a fait que le Plateau est devenu un espace saturé et difficile d’accès (totalité des fonctions commerciales, financières, politiques, etc. sur 1% du territoire).

Face à cette saturation du centre ville, la gestion de la mobilité urbaine devient problématique et de nouvelles centralités se sont créées vers les quartiers périphériques, SICAP, Almadies, VDN, Point E ou encore vers l’avenue Bourguiba voire la banlieue à l’instar des, des Parcelles Assainies. Aujourd’hui le fait le plus marquant de l’évolution du secteur bancaire dakarois reste le phénomène de délocalisation du centre vers les périphéries favorisant ainsi l’émergence de nouvelles polarités. L’intensité des activités commerciales pratiquées dans ces zones, des échanges générateurs de revenus et par conséquent du développement du tertiaire explique la forte présence des banques.

Dakar ; l’évolution de la ville et données éco-géographiques 

Situation et poids économique de Dakar

Sur les côtes occidentales de l’Afrique, une étroite bande de terre avancée dans l’océan Atlantique attire l’attention ; il s’agit de la presqu’île du Cap-Vert. Cet éperon étroit constitue la pointe la plus occidentale du bloc continental africain dépassant le méridien de Greenwich de 17°W. Il atteint 17°32’ à la pointe des Almadies. Découverte au XV siècle par les hollandais, la presqu’île n’a cessé de rayonner depuis cette date à cause de sa situation de bonne heure sur les routes maritimes. Elle constituait pour les navires venant du Nord de l’Europe, après plusieurs semaines de cabotage le long des côtes désertiques, un point de «rafraîchissement» à cause de son eau douce et sa nappe peu profonde. Egalement pour les navires venant du Sud, la tête de la presqu’île était le dernier point de ravitaillement facile avant le Sud du Maroc et les îles Canaries. Aussi, sur les principales voies de navigation atlantique entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud ou les Caraïbes, la tête de la presqu’île avait une position plus qu’avantageuse. C’est sans nul doute l’une des raisons fondamentales qui pousse le professeur Assane Seck  à affirmer que c’est « le plus occidental des finistères de l’Ancien monde ».

Aussi, avec le commerce triangulaire qui prenait de l’ampleur, la presqu’île du Cap-Vert offrait de grands avantages avec son arrière-pays ; ce qui a fait de lui le plus grand carrefour maritime en Afrique occidentale. L’Afrique était très inaccessible et hostile à t oute « pénétration », c’est pourquoi les échanges ne pouvaient aller en profondeur et donc se limitaient seulement à la bande côtière. C’est d’ailleurs pour cette raison que le site de Gorée a été choisi pour la création d’un  établissement fixe. Non seulement ce dernier répondait aux soucis de sécurité pour les navires qui trouvaient un excellent mouillage dans son anse, mais aussi l’insularité constituait un certain avantage pour la sécurité des occupants et leur commerce. C’est ainsi que l’île devient un entrepôt à captifs et donc un grand pôle pour le commerce triangulaire. Dès lors, la suppression de la traite en 1848 remettait en question tout le prestige du carrefour de la presqu’île qui devait s’adapter à de nouvelles situations. Mais l’industrialisation naissante de l’Europe gagnante du commerce triangulaire et celle de l’Amérique du Sud nécessitait un approvisionnement régulier en matières premières et de nouveaux marchés pour l’écoulement de produits manufacturés.

Il apparut donc très vite une autre forme de système de domination économique : la colonisation. D’autres types de commerces et d’exploitations virent le jour : l’arachide au Sénégal, le coton au Soudan etc. Ces nouvelles transformations orientèrent le carrefour maritime à d’autres fonctions.

Ainsi il devient un grand point de rencontre pour le ravitaillement sur la route de l’Amérique latine mais aussi pour le commerce des produits africains, matières premières dont avaient besoin l’industrie européenne en pleine expansion. Le site de Gorée était inapte devant ces nouvelles transformations et Dakar s’imposait face à la situation. Cependant, Gorée continuait à étendre son hégémonie et son prestige vis à-vis de Dakar malgré qu’elle ait perdue son poids économique.

En 1857, d ate de sa fondation par le colonel Emile Pinet-Laprade, Dakar n’était encore qu’une petite bourgade gravitant autour de Gorée. Elle connut cependant une évolution fulgurante. Son premier plan cadastral fut élaboré en 1858 et les travaux du port commencent en 1860. Un nouveau plan cadastral est élaboré en 1876 et deux ans plus tard Dakar compte environ 1 600 habitants. Le 17 juin 1887 Dakar devient une commune distincte. Elle ne dépend plus de Gorée et Jean Alexandre devient son premier maire le 9 décembre 1887. De gros travaux d’aménagement et d’assainissement sont entrepris. La population de Dakar atteint 8 737 hbts, alors que Gorée n’en compte que 2 100. En parallèle, notamment avec la construction de la gare et de la ligne de chemin de fer, la ville rivalise aussi avec Saint-Louis. Elle l’emporte pourtant en devenant en 1902 la capitale de l’AOF (Afrique occidentale française). C’est le point de départ de la fortune de la métropole dakaroise. Son premier gouverneur général, Ernest Roume, lance de gros travaux d’urbanisme, parmi lesquels figurent le Palais du gouverneur, l’actuel Palais présidentiel, ainsi que le marché Kermel. La promotion de Dakar comme capitale de l’A.O.F. en 1902 consacra l’avènement d’éléments ayant contribué à la mise en place de sa très forte centralité : gouvernement de la colonie, camps militaires, building administratifs, équipements de transports et de santé etc.

Trois éléments fondamentaux constituaient l’équipement de base du carrefour dakarois : la gare des chemins de fer, le port de commerce et l’hydrobase déclassée ensuite par l’aéroport. En effet un port militaire avait d’abord été édifié pour renforcer et pallier la faiblesse numérique de l’armée française face à cel le de la Grande Bretagne très imposante. Ce n’est que tardivement que les avantages et la situation du site portuaire ont été valorisés à la suite d’un choix et d’une décision du gouvernement général. Le port de l’anse de Dakar n’était qu’une simple escale sur les grandes voies de navigation. C’est après le transfert de la capitale que le port a subi des travaux d’agrandissement et de réaménagement. Ce dernier était désormais une ouverture aux grandes lignes transocéaniques mais aussi un débouché vers les grandes villes et pour l’acheminement des matières premières comme l’arachide, le coton, les phosphates, le café, le cacao etc.

Caractéristiques physiques

Le site de Dakar, depuis la loi sénégalaise N° 64-02 du 19 Janvier 1964 portant réforme du régime municipal, s’étend jusqu’au-delà de Sébikotane c’est-à-dire sur la presque totalité de la presqu’île du Cap-Vert. La partie concernant notre étude va de la tête de la presqu’île jusqu’à l’axe CamberèneHann. Cette presqu’île constitue en vérité un monde à p art au Sénégal avec notamment un relief compartimenté et un climat très particulier. A vue d’œil cet ensemble constitue un espace assez plat en général à part quelques élévations et accidents du relief notamment la colline des Mamelles. Les altitudes dépassent rarement 40mètres et sont d’une moyenne de 30mètres. Dakar se situe sur un ancien volcan – aujourd’hui surmonté par le phare des Mamelles – qui aura donné, après une longue érosion, le promontoire rocheux de la presqu’île du Cap-Vert (sur laquelle la ville est construite), l’île de Gorée au sud, les îles de la Madeleine à l’ouest et l’île de Ngor au nord.

On peut ainsi distinguer deux zones opposées du poi nt de vue topographique. La tête de la presqu’île est un domaine plus ou moins élevé par rapport au reste de l’ensemble. Il est matérialisé par le trapèze Yoff – Pointe des Almadies – Cap Manuel – Bel Air et constitue une grande muraille ou buttoir rocheux contre les attaques de la barre. C’est pourquoi cette partie ou bande présente de nombreux îlots, caps, pointes et anses témoignant de la violence de l’attaque de la mer. Ces parties bordières ont une altitude généralement faible sauf dans la partie nord-ouest de la tête de la presqu’île où l’on rencontre la colline des Mamelles haute de 105mètres et quelques plateaux dans le sud-est. Ensuite la partie restante est constituée de plaines non uniformes avec des dunes et des marécages, des dépressions inter – dunaires ou « Niayes ». Les dunes peuvent atteindre parfois 30mètres. Du côté de la presqu’île les côtes sont sablonneuses avec des cordons de dunes vives orientés sud-ouest, nord-est au nord.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
Méthodologie
PREMIERE PARTIE
Chapitre I : Dakar ; l’évolution de la ville et données éco-géographiques
I.1.1. Situation et poids économique de Dakar
I.1.2. Caractéristiques physiques
I.1.3. Le développement humain et spatial
I.1.3.1. La dynamique démographique de Dakar
I.1.3.2. L’évolution urbaine de Dakar
Chapitre II : Historique de l’implantation des banques à Dakar
II.2.1. De l’abolition de l’esclavage à la création de banques au Sénégal
II.2.2. Le secteur financier après l’indépendance du Sénégal
DEUXIEME PARTIE
Chapitre I : Définition et Typologie
I.1.1. Définition
II.1.2. Typologie
II.1.2.1. Les banques primaires
II.1.2.2. Les établissements financiers
II.1.3. Moyens de fonctionnement des banques
II.1.3.1. Les ressources
II.1.3.2. Emplois ou Crédits
Chapitre II : Le secteur bancaire : Etat des lieux
II.2.1. Etat des lieux
II.2.1.1. Le réseau bancaire au Sénégal
II.2.1.2. La densification du réseau
II.2.2. Caractéristiques du secteur bancaire
II.2.2.1. La prédominance des banques commerciales
II.2.2.2. Une faible bancarisation
II.2.2.3. Le développement du transfert rapide d’argent
II.2.2.4. Le développement des nouvelles technologies dans le système bancaire et la réforme des systèmes de paiement
TROISIEME PARTIE
Chapitre I : L’occupation de l’espace et la dynamique urbaine dakaroise
III.1.1. La répartition spatiale des banques et l’hypercentralité de Dakar
III.1.2. L’émergence de nouveaux pôles
III.1.2.1. L’espace autour de la place Sfax et de la Médina
III.1.2.2. L’ espace Ouakam, Almadies, Ngor, Yoff
III.1.2.3. Les Parcelles assainies – Patte d’Oie
III.1.2.4. Etude de cas sur l’avenue Bourguiba
III.1.3. Site et position bancaire par rapport au marché : Tentative d’une logique d’implantation
Chapitre II : les défis du secteur bancaire
III.2.1. la consolidation de la densification du réseau à l’échelle nationale
III.2.2. Relèvement du taux de bancarisation
III.2.3. Le financement à l’économie
Conclusion générale
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
GLOSSAIRE
Liste des cartes

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