Les autres outils de la politique monétaire à disposition

Les SOE retravaillées

Entre réformes et privatisations des SOE (Stated Owned Enterprises, entreprises contrôlées par le Gouvernement), l’État fit le choix des réformes. Selon lui, transmettre à des particuliers ses entreprises n’auraient en aucun cas résolu le problème complexe des SOE (Moore et Wen, 2006). Afin de résoudre ces problèmes, le Gouvernement mit en place ses réformes en 4 phases, concentrées essentiellement sur l’autonomie des entreprises et le retrait progressif de l’autorité centrale (Lin, Cai et Li, 1996). Ces phases regroupaient divers aspects : fiscalité, partage des bénéfices entre les gouvernements locaux et le gouvernement central, corrélation entre salaires et productivité et possibilité de prêts bancaires pour les investissements (Moore et Wen, 2006). Dès 1978, le Gouvernement expérimenta ces changements sur six entreprises pilotes. En juin 1980, c’est 6600 entreprises qui étaient concernées par les plans du Gouvernement et fin 1981, ce sont 80% des entités gouvernementales qui y étaient soumises (Chow, 2015).

Toutefois, tous ces changements n’auraient rien apporté si le prix des ressources auxquels les entreprises se fournissaient n’avait pas été déterminé par les lois de l’offre et de la demande. Afin d’habituer progressivement les entreprises aux forces d’Adam Smith, le Gouvernement introduisit le système du « two-tier price ». Concrètement, une partie des prix restait sous le contrôle de l’État alors qu’une autre était soumise aux lois du marché. Ainsi, les entreprises gouvernementales continuaient à se fournir en ressources à moindre coûts et revendaient les produits finis aux prix fixés par le Gouvernement. Les entreprises privées avaient également la possibilité de se fournir en ressources additionnels, de les transformer en produits finis et de les vendre aux prix du marché. Elles devaient ainsi optimiser les coûts de production dans l’optique de maximiser le profit. Dans les années 90, Pékin abolit les contrôles, car la majorité des prix était fixée par les forces du marché (Chow, 2015).

L’essor du secteur privé Le Pouvoir en place alors comprit que le secteur privé était la clé de la croissance. Jusqu’en 1979, aucune entreprise privée n’avait d’autorisation d’exploiter une quelconque activité de ce type puisque ces pratiques étaient illégales. Mais en 1988, le Gouvernement leva cette interdiction et autorisa la population à ouvrir de nouveaux commerces tout en gardant un oeil sur leurs diverses activités (Oxford Analytica Daily Brief Service, 2000). En 1992 une petite révolution s’en suivit avec le voeu du Gouvernement de transformer l’économie en « économie de marché socialiste ». Son but économique : développer la productivité indépendamment de la nature de l’entreprise. En 1997, ce souhait s’étendit jusqu’à la propriété publique de l’économie sous toutes ses formes. Les joint-ventures avec l’étranger étaient dès lors autorisées à la condition d’être réalisées avec le Gouvernement ou une SOE (Oxford Analytica Daily Brief Service, 2000). Ce modèle d’entreprises collectives fut le plus fructueux et contribua à l’envolée de la croissance économique. En outre, ce fut le modèle le plus répandu sur le territoire chinois puisqu’il permettait d’éviter les contraintes administratives, d’accéder rapidement aux sources de financement, d’acquérir facilement un terrain et de bénéficier de nombreux privilèges (Oxford Analytica Daily Brief Service, 2000). Néanmoins, l’État n’autorisa pas les entreprises privées à accéder à tous les secteurs d’activité. Il garda la main mise sur les industries de l’acier et du charbon, l’extraction et le raffinage du pétrole, le secteur bancaire ainsi que sur les transports. Le secteur privé se concentra sur la production de biens de consommation, de produits d’exportation ainsi que les services. En 1998, le secteur privé comptait pour 73.5% de la production industrielle, alors qu’il ne comptait que pour 57.3% de cette même production en 1995. De plus, en 1995, ce secteur occupait 4.5 millions de personnes, alors qu’en 1999 ce sont 81.3 millions de personnes qui étaient employés par ces entreprises privées (Oxford Analytica Daily Brief Service, 2000).

Intégration du Renminbi dans le panier des réserves de change du Fonds Monétaire International. Le 30 novembre 2015, le Fonds Monétaire International (FMI) a décidé d’inclure le Renminbi dans son panier de devises servant à fixer les droits des valeurs de tirage spéciaux (DTS). Ainsi, la monnaie chinoise rejoint l’Euro, le US Dollars, la Livre Sterling et le Yen dans le panier de « réserve » (Guélaud, 2015). Un DTS est une unité de compte qui peut être échangé, entre pays membres du FMI, afin de régler des comptes internationaux. Il peut aussi être échangé contre une autre monnaie librement traitée. Dans ce cas, un DTS serait utile si un pays venait à être en déficit et avait besoin de liquidité en monnaie étrangère afin d’honorer ses obligations extérieures (Heakal, 2003). Selon Guélaud (2015), pour être incluse dans ce panier de réserve, une monnaie de même que son pays émetteur doivent respecter deux conditions :

• Le pays doit être un acteur clé de l’exportation mondiale

• La devise du pays doit être librement utilisable

La première condition est remplie puisqu’en 2014, la Chine se classait au premier rang des pays exportateurs avec 12.3% des exportations mondiales devançant largement les Etats-Unis (WTO, 2015). La seconde condition est elle aussi respectée puisque pour qu’une monnaie soit dite « librement utilisable » elle ne doit pas forcément avoir un taux de change flottant, mais doit être largement utilisée pour le règlement des transactions internationales et couramment échangée sur les marchés des changes (Guélaud, 2015). Toutefois, le poids du Renminbi reste marginal dans les échanges internationaux, puisqu’il ne compte que pour 3% contre 43% pour l’US Dollars. Ainsi, la volonté du FMI d’inclure le Renminbi dans le panier est avant tout de souligner l’avancée de l’ouverture de la Chine au reste du monde (Guélaud, 2015). Selon Hiault et Ruello (2015), les conséquences de cette intégration du Renminbi dans le panier ne seront pas visibles dans l’immédiat. Mais, à terme, les banques centrales devraient augmenter leur exposition à la monnaie chinoise sous forme d’obligations publiques ou de produits du marché monétaire. Cette décision aura aussi des conséquences politiques et devrait encourager Pékin à ouvrir davantage son marché financier afin de poursuivre les efforts entrepris pour satisfaire le FMI (Mayeda, 2015).

Surcapacité

L’acier, fer de lance du projet d’industrialisation, est en train de faire renaître les vieux démons que la Chine a connus. Le système de promotion des fonctionnaires locaux, basé sur la croissance du PIB de leur juridiction et le plan fiscal ont enfanté une multitude de « zombie firms ». Ces entreprises se multiplient dans les secteurs industriels et entravent la croissance domestique et internationale (Hewitt, 2016). La construction intensive d’usines d’aciérie contribue à l’essoufflement économique. La production d’acier en Chine n’a cessé de croître pour atteindre la production combinée des quatre plus grands producteurs réunis, à savoir : le Japon, l’Inde, les États-Unis et la Russie (AFP, 2016). La baisse de la demande interne a forcé les entreprises chinoises à rechercher de nouveaux marchés et à exporter leur production dantesque. En découle une chute des cours de l’acier. Selon Stanway (2016), la surcapacité annuelle de production sidérurgique en Chine atteint 400 millions de tonnes avec une utilisation des infrastructures de production de seulement 67%. En Chine, il est désormais plus onéreux d’acheter un chou plutôt que de l’acier (Anderlini, 2014). Cette volonté d’exporter eu d’autres conséquences que de faire chuter le prix de l’acier. En effet, suite à l’effondrement des cours, certaines usines du Royaume-Uni ont dû fermer, forçant le Gouvernement de sa Majesté à envisager à une nationalisation partielle du secteur (Spence, 2016).

De plus, le géant indien de l’acier, ArcelorMittal accusant une perte de $8 milliard en 2015, annonce que la production chinoise est au coeur de leur tourment (AFP, 2016). Enfin, la communauté internationale commence à prendre des mesures contre cet impérialisme de la Chine. Une Délégation de sept pays a déposé à Bruxelles une lettre afin que la Commission Européenne prenne des mesures afin d’éviter l’effondrement du secteur (Oliver, Chassany, Politi et Pickard, 2016). Cette production complètement dé-corrélée de la demande a poussé les États-Unis à relever leurs frais de douane afin de freiner ce raz-de-marée (Hewitt, 2016). La question de la viabilité de ces aciéries n’est pas seulement une affaire étrangère. En effet, elles font l’objet de réforme de la part du Gouvernement Central, car ces entreprises ont été, en grande partie, financées par des prêts bancaires qui pourraient s’avérer très toxiques. Ainsi, les hauts fonctionnaires chinois ont se sont rendu compte de la situation et ont soumis des actions afin de réduire la production entre 100-150 millions de tonnes d’acier en fermant certaines entreprises. Toutefois ces fermetures pourraient avoir comme conséquence un accroissement du taux de chômage et mettrait à mal l’« harmonie » du pays (Stanway, 2016).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
1. Introduction
2. Passé : le développement de la Chine
2.1La période ante Mao
2.2Le développement par l’économie de marché planifiée (Maonomics 1948–1978)
2.2.1Définition de l’économie de marché planifiée
2.2.2Comment a-t-elle été mise en place à l’interne ?
2.2.2.1Développement du secteur primaire
2.2.2.2Développement du secteur secondaire
2.2.2.3Développement du secteur tertiaire
2.2.3Quel a été l’impact économique sur le pays ?
2.3Le développement par le libéralisme à la cantonaise
2.3.1Explication du concept
2.3.2Pourquoi ce changement ?
2.3.3Comment ce changement a été mis en place à l’interne ?
2.3.3.1L’agriculture « décollectivisée
2.3.3.2Les SOE retravaillées
2.3.3.3L’essor du secteur privé
2.3.4Quel a été l’impact économique sur le pays ?
2.3.4.1Evolution du PIB par habitant
2.3.4.2Adhésion à l’OMC
3. Présent : L’essoufflement économique de la Chine ?
3.1Dichotomies entre le régime politique chinois et le reste du Monde
3.1.1Transparence
3.1.1.1Définition
3.1.1.2Pourquoi y’a-t-il ce manque de transparence ?
3.1.1.3Classement
3.1.1.4La manipulation du PIB
3.1.1.5L’opacité de la réglementation
3.1.2La corruption
3.1.2.1Définition
3.1.2.2La corruption en Chine
3.1.2.3Les formes de corruption
3.1.2.4Les secteurs les plus touchés
3.1.3Contrôle appuyé du Renminbi
3.1.3.1Le Renminbi c’est quoi ?
3.1.3.2Définition d’une monnaie flottante
3.1.3.3Le Renminbi, une monnaie flottante ?
3.1.3.4Intégration du Renminbi dans le panier des réserves de change du Fonds Monétaire International.
3.1.4Omniprésence de l’État chinois dans les entreprises chinoises
3.1.4.1La Chine dans le Fortune Global 500
3.1.5Compatibilité de l’État chinois et des marchés financiers
3.1.5.1Différentes classes d’action
3.1.5.2Les problèmes liés aux entreprises cotées
3.2Les raisons du ralentissement économique
3.2.1Raisons du développement économique chinois
3.2.2Baisse des exportations
3.2.3Le plan fiscal de 2008
3.2.4Surcapacité
3.2.5L’immobilier en berne
3.2.6« Non Performing Loans »
3.3Les remèdes à l’essoufflement économique
3.3.1Assouplissement de la politique monétaire
3.3.1.1Pourquoi cette dévaluation ?
3.3.1.2Les impacts
3.3.1.3Les autres outils de la politique monétaire à disposition
3.3.2Politique fiscale
3.3.2.1L’imposition en Chine
3.3.2.2L’accroissement des dépenses gouvernementales
3.3.3Les subventions
3.3.4Rachat d’entreprises hors Chine
3.3.5L’exil vers l’Afrique
4. Futur : La Chine de demain, qui sait ?
4.1Les prochains défis de la Chine
4.1.1Mutation de l’économie domestique
4.1.2L’émergence de la classe moyenne
4.1.3Le Communisme peut-il survivre ?
4.1.4Le développement des énergies vertes
4.1.5Le Shadow Banking
4.2Les scénarii envisageables
4.2.1La matrice SWOT
4.2.1.1De l’émergeant au développé
4.2.1.2Les services ne se consomment pas / scénario alternatif
Petit guide économique de la Chine TROCCON-HERBUTÉ Pierre vi
5. Conclusion
Bibliographie
Annexe 1: Démarche d’obtention d’autorisations boursières
Annexe 2: Évolution du taux de croissance des principaux partenaires commerciaux de la Chine
Annexe 3: Différence entre un dépôt et l’achat d’un Wealth Management Product

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *