Évolution de la délinquance juvénile en Suisse

Evolution de la délinquance juvénile en Suisse

La situation de la délinquance juvénile en Suisse est pour le moins fluctuante. Alors qu’elle subissait un pic au début des années 2000, une demande avait été faite pour la construction d’une prison pour mineurs à Palézieux permettant d’accueillir ces jeunes. Mais le temps nécessaire à la mise en fonction de l’établissement des Léchaires ayant coïncidé avec une diminution progressive de la délinquance des mineurs, la prison est à moitié vide depuis son ouverture en 2014 (Burnier, 2016a). Ainsi, les statistiques fédérales sur la délinquance juvénile (Fig. 1) montrent que le pourcentage de jeunes jugés pour des causes pénales a particulièrement chuté depuis 2010 (OFS, 2016). Il convient toutefois de relativiser ces chiffres. Premièrement, l’Office fédéral de la statistique signale que certains jugements prennent parfois plusieurs années à être inscrits dans le casier judiciaire et ainsi, à figurer dans les statistiques, notamment en cas de recours éventuels.

En outre, le nombre de personnes qui portent plainte peut également varier au cours du temps. Il est également important de souligner le fait que la façon de juger les jeunes ayant évolué, les solutions éducatives sont désormais privilégiées au détriment de l’incarcération (Burnier, 2016a). Selon Bluette Chevalley, présidente de l’Association latine des juges des mineurs, la délinquance n’a pas réellement baissé, elle est restée stable ces dernières années (Burnier, 2016b). En outre, elle subit des pics et pourrait ainsi être amenée à augmenter à nouveau. La problématique actuelle tourne donc autour du sort qu’il convient de réserver à ces nouveaux établissements. Construire de nouvelles structures permettant d’apporter des solutions adaptées prend du temps, Mme Chevalley suggère ainsi de réaménager les structures existantes en repensant leur organisation (Burnier, 2016b). Anne-Emmanuelle Ambresin, médecin cheffe de la division interdisciplinaire de santé des adolescents du CHUV, part quant à elle du postulat que la délinquance a baissé, et que cela s’expliquerait par les efforts communs menés depuis 1995 par les structures socio-éducatives et les établissements de soin (RTS, 2016). Cette synergie au sein du réseau aurait ainsi porté ses fruits et permis de mieux prendre en charge les jeunes en rupture, avant qu’ils ne passent à l’acte. Si ces chiffres sont encourageants, la doctoresse Ambresin pense toutefois que la violence est toujours présente mais qu’elle se manifeste aujourd’hui sous une autre forme.

En effet, la technologie suscite une nouvelle problématique : les jeunes sortent moins et utilisent davantage leurs smartphones et autres dispositifs connectés, derrière lesquels il est désormais aisé de se cacher pour commettre des incivilités (RTS, 2016). Celles-ci s’avèrent moins visibles et ne sont pas forcément dénoncées, et donc moins facilement repérables et punissables par la justice. Par ailleurs, Mme Ambresin souligne le fait que les jeunes vont de moins en moins bien. L’absentéisme scolaire, qui est en augmentation, peut s’expliquer par une pression et un stress de plus en plus présents dans la vie des adolescents, pouvant même entraîner des troubles du comportement (RTS, 2016). Cela pourrait d’ailleurs expliquer la légère hausse de la consommation de stupéfiants depuis 2006 (Fig. 1), qui permet de se soustraire momentanément à une réalité difficile. Pour prendre en charge ce mal-être des temps modernes, Bluette Chevalley pense que la réponse à apporter doit être différente, et qu’il faudrait privilégier la mesure à la prison. Or, les structures adaptées à la problématique actuelle n’existent pas encore pour gérer ce type de situation (Burnier, 2016b) et traiter la cause du problème avant qu’il ne se traduise par des actes. Ainsi, certains jeunes ne bénéficient pas de l’encadrement nécessaire leur permettant de surmonter leurs difficultés.

Facteurs d’influence de la délinquance « Rarement une envie, la délinquance juvénile est souvent une survie » (Derivois, 2010, p. 53) Pour mettre en place un projet, il s’avère important de connaître le public auquel il est destiné. Dans le cas présent, il convient d’être conscient des difficultés que traversent parfois les jeunes délinquants. Pour appréhender ce chapitre, le point de vue de Daniel Derivois (2010) est celui qui a été choisi. Ce psychologue clinicien part du principe que si les jeunes qui ont commis des actes répréhensibles par la loi sont, à ce titre, des délinquants, ils seraient également victimes d’une situation familiale et socio-économique qu’ils n’ont pas nécessairement choisie et qui peut parfois entraver une évolution favorable. Il souhaite ainsi détruire l’antithèse victime-délinquant, en prenant le parti d’affirmer qu’il n’y a pas de différence entre le statut de délinquant et celui de victime : il s’agirait de la même personne, « observée en des lieux et temps différents » (Derivois, 2010, p. 43). Loin de vouloir excuser leurs actes, il nous invite simplement à considérer ces jeunes dans leur globalité, en adoptant ainsi ce qu’il appelle une approche clinique décomplexée qui prend en compte l’environnement interne et externe du jeune.

Celle-ci dénote d’une certaine bienveillance qui va dans le sens de ce que LIRE LIVE ainsi que l’équipe de Pramont souhaitent instaurer auprès de ces jeunes, partant du principe que pour les aider, il est nécessaire d’adopter une attitude empathique et de croire en leur capacité de s’en sortir. Ainsi, selon Daniel Derivois, l’origine de cette déviance remonte dans bien des cas à l’adolescence, voire à l’enfance. Cette période faite de multiples chamboulements, aussi bien biologiques que psychiques, est une phase de transition souvent déroutante qui n’est pas gérée de la même manière par chacun. Si la majorité des jeunes ont toutefois la chance de bénéficier d’un cadre leur permettant de sortir indemne de cette traversée plus ou moins tumultueuse, ce n’est pas toujours le cas. De manière générale, l’adolescence est une période où le jeune a tendance à vouloir se rebeller contre toute forme d’autorité (Boisaubert, 2014).

Parmi les découvertes qui jalonnent l’adolescence figure celle de la sexualité, qui est parfois vécue de manière traumatique. Par ailleurs, le rapport à l’autre, qui a une grande importance durant cette période de construction de l’identité, peut également être difficile à gérer pour le jeune qui ne parvient pas à trouver sa place et à se définir au sein d’un groupe. Sa volonté de se sentir accepté peut ainsi le conduire à se laisser parfois influencer. Toutes ces difficultés font partie du monde de l’adolescent et sont autant de rites de passage qui sont parfois mal gérés et peuvent laisser des séquelles. C’est ainsi que Derivois décrit premièrement ceux qui basculent dans l’acte délinquant : des jeunes qui n’ont pas bien réussi à prendre le virage de l’adolescence, faute d’un environnement adéquat. Ainsi, « trouver sa place dans une société, ce n’est pas forcément entrer dans quelque chose qui est déjà là, s’agréger. Paradoxalement, c’est un processus qui, pour beaucoup d’adolescents, commence par un saut en dehors, un geste de sortie » (Moreau, 2007, p. 111). Ainsi, certains adolescents, assaillis par la violence des émotions qui les habitent et l’absence de soutien adéquat pour les gérer, peuvent être amenés à dévier de leur trajectoire.

Réforme du Droit pénal des mineurs (DPMin) Jusqu’en 2007, en Suisse, il n’existait pas de loi spécialement conçue à l’intention des mineurs ayant commis des actes répréhensibles. Leur jugement se basait donc sur le droit pénal des adultes. Dès le milieu des années 80, des discussions autour de la révision de cette loi ont commencé à émerger. La hausse de la délinquance, au début des années 2000, a finalement poussé le Parlement fédéral à adopter le 20 juin 2003 une loi plus adaptée à la réalité de l’époque. Ainsi, le Droit pénal des mineurs (DPMin), qui est entré en vigueur le 1er janvier 2007, régit dès lors la situation des mineurs. Cette loi a marqué un tournant dans la façon dont les jeunes sont jugés en Suisse (OIJJ, 2006). Elle prend mieux en compte les différents cas de figure pouvant se présenter, distinguant les actes de vandalisme sans gravité des actes délinquants nécessitant une prise en charge du jeune. Le principe fondamental d’éducation est en outre accentué, la situation du mineur étant analysée en détail afin de décider de la meilleure solution pour lui. Les mesures sont privilégiées aux peines, dans le but de protéger le jeune.

Ainsi, la privation de liberté apparaît comme le dernier recours. Quant à la subdivision entre les enfants (7-14 ans) et les adolescents (de 15 à moins de 18 ans), elle n’a pas été maintenue par la nouvelle DPMin : une seule appellation existe dorénavant, celle de ‘mineurs’. En outre, le seuil d’âge minimal autorisant une intervention de la justice pénale est passée de 7 à 10 ans. En ce sens, cette nouvelle loi se veut plus protectrice que l’ancienne par rapport au jeune, mais également plus punitive pour les actes graves, la privation de liberté pour les plus de 16 ans pouvant s’étendre jusqu’à 4 ans pour la peine et aller jusqu’à l’âge de 25 ans pour la mesure. La notion de justice réparatrice a également été introduite, incluant par exemple des prestations personnelles à effectuer par le mineur. Enfin, la nouvelle loi autorise le juge à cumuler les sanctions (mesures et peines). Une enquête est menée sur la situation du jeune, afin de déterminer la meilleure solution pour lui. L’obligation de suivi est également instaurée, pour s’assurer que le jeune ne récidive pas. Le nouveau Droit pénal des mineurs s’inscrit donc dans une optique plus humaine. Au-delà de l’acte, il s’intéresse à la cause de l’acte, que l’on essaie de traiter en profondeur. Des outils sont fournis pour permettre au jeune d’évoluer en prenant conscience de la gravité de ce qu’il a commis et en évitant qu’il ne le reproduise. Pour répondre aux besoins suscités par l’entrée en vigueur de cette loi, de nouvelles structures ont été mises en place.

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Table des matières

Liste des figures
1.1 Problématique et contexte
1.2 Méthodologie générale et plan du travail
PARTIE 1: CADRE DU MANDAT
2 L’association LIRE LIVE
3 Le public cible
3.1 Evolution de la délinquance juvénile en Suisse
3.2 Facteurs d’influence de la délinquance K
4 La justice pour mineurs en Suisse
4.1La réponse à la délinquance : entre éducation et répression
4.2Réforme du Droit pénal des mineurs (DPMin)
4.3Le Centre éducatif fermé de Pramont
PARTIE 2: Lecture et création à l’adolescence
5 Les adolescents et la lecture
5.1Enquêtes sur les jeunes et la lecture
5.1.1L’Enfance des loisirs
5.1.2Children, Teens and Reading
5.1.3Le Centre National du livre
5.2Une nouvelle façon de lire
5.3L’importance du rôle de passeur
5.4Rapport à la lecture des jeunes en difficulté
5.5Besoins et attentes des jeunes de Pramont en matière de lecture
5.6Pourquoi les jeunes en rupture n’aiment pas lire et comment contourner ces difficultés
5.7La lecture : un outil d’aide à la (re)construction personnelle
5.7.1La bibliothérapie
5.8Créer et se créer : le pouvoir de l’art à l’adolescence
6 Etat de l’art des projets culturels existants en milieu carcéral
6.1Les bibliothèques de prison
6.2Les actions autour du livre « Tourner les pages pour mieux tourner la page » : projet de lecture destiné aux jeunes du Centre fermé de Pramont DEL NOSTRO, Laura v
6.2.1Le cercle de lecture
6.2.2La rencontre avec des écrivains
6.2.3La participation à une remise de prix littéraire
6.2.4La rédemption de peine par la lecture
6.2.5La lecture à voix haute
6.3Les ateliers artistiques
6.3.1Les ateliers d’écriture
6.3.2La création de bandes dessinées
6.3.3La fresque murale
6.3.4La création d’un magazine à l’interne
6.3.5Les ateliers de céramique
6.3.6La musique 9
6.3.7Les ateliers de théâtre
6.3.8La photographie
6.3.9L’animation de la chaîne de télévision interne de la prison
6.3.10La réalisation de courts métrages
6.3.11Les expositions hors les murs
TROISIEME PARTIE : LE PROJET
7Méthodologie du projet
7.1Explication du guide destiné à la mise en place du projet
7.1.1La grille de critères pour la sélection de livres
7.1.2Pistes d’ateliers et recommandations
7.1.3Mesure d’évaluation de l’impact
7.1.4Références pour alimenter le projet et développement de partenariats
8 Conclusion
8.1Regard critique et limites du projet
Bibliographie
Annexe 1: Entretiens avec l’équipe de Pramont
Annexe 2: Questionnaire et entretiens avec les jeunes de Pramont
Annexe 3: Mesure d’évaluation de l’impact du projet
Annexe 4: La sélection de livres
Annexe 5: Guide pour les bénévoles

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