L’EROSION ET LES STRATEGIES DE LUTTE

L’agriculture

   L’agriculture occupe une place primordiale dans les activités économiques de la population de la Commune. Le Département de Kédougou en général dispose encore de vastes étendues de terres arables du fait de sa faible densité (12 hts/km2). L’agriculture est une activité très propice à Kédougou puisque la région enregistre au moins cinq mois de précipitations contrairement à celles de l’intérieur du pays. Elle bénéficie du soutien des programmes agricoles et de l’appui des partenaires financiers et techniques pour la revalorisation du secteur agricole. L’exploitation agricole dans la Commune est essentiellement une exploitation agricole familiale destinée à la consommation. Les cultures céréalières occupent une place centrale dans cette activité. Parmi, les espèces céréales les plus cultivées nous pouvons citer : l’arachide (Arachis hypogaea), le maïs (Zea mays),), le riz (Oryza glaberrima)… Les cultures de rente occupent une place non négligeable bien que les superficies destinées à ces cultures soient de loin inférieures à celle céréalière. La culture du coton domine dans cette activité. Elle bénéficie largement du soutien de la SODEFITEX qui fournit aux paysans des semences et des produits phytosanitaires. Dans la Commune l’agriculture est confrontée à d’énormes problèmes. Ces derniers sont liés à l’accès aux semences de qualité et en quantité suffisante, le retard et la gestion frauduleuse de la distribution des semences. La cherté des intrants et des fertilisants chimiques constitue un handicape dans la valorisation du secteur agricole dans la Commune. D’ailleurs, l’ancienneté du matériel agricole justifie l’usage important des charrues et des houes durant les travaux champêtres. Ces moyens limités de la population paysanne contrarient leur volonté de production et influencent les rendements agricoles. C’est pourquoi, toutes les initiatives agricoles de la Commune sont vouées à l’échec. En plus, le manque de matériels de conservation des produits agricoles constitue un problème majeur souligné par la population locale. Sans oublier le surpâturage car, il cause d’importants dommages aux parcelles agricoles. Cette situation est favorisée par le manque de sanctions sévères vis à vis des auteurs. La violence des crus du fleuve Gambie est aussi un problème majeur que sont confrontés les agriculteurs de la Commune.

Le besoin en énergie

   La cherté de la bonbonne de gaz et des autres sources d’énergie font que les ligneux constituent presque la seule source d’énergie accessible à toute la population locale. C’est pour cette raison que la principale source d’énergie de la majeure partie des familles repose sur l’usage du charbon de bois et du bois de chauffe. L’accès facile à cette ressource fait que la demande en bois ne cesse d’augmenter dans la Commune. En plus de cela, l’implantation ça et là des fours et des forges traditionnels vient accroitre de façon significative la demande en bois. Donc, pour répondre à la forte demande en bois, une bonne partie de la population soit 36% des personnes interrogées, opte pour une exploitation clandestine des ressources forestières. Parmi, les détenteurs de permis d’exploitation (20%), les 15% ne se conforment pas aux normes indiquées dans les permis. En conséquence, ce non respect des normes d’exploitation des ressources forestières a conduit à une forte diminution du couvert végétal dans la région en général et dans la Commune en particulier. La régression du couvert végétal dans la Commune est en effet approuvée à 98% par les différentes personnes interrogées lors de notre enquête de terrain. A l’heure actuelle, il est très difficile voire même impossible de trouver dans la Commune de grands troncs de bois pour alimenter les fours traditionnels

La pharmacopée

   La pharmacopée participe activement à la dégradation du couvert végétal dans la Commune. Avec la pharmacopée traditionnelle presque toutes les parties de la plante sont convoitées que ça soit les feuilles, les fruits les branches, les écorces et les racines. Cette activité n’est pour l’instant ni régie ni régularisée par une instance étatique dans la Commune. Pour cette raison, qu’elle compte un nombre important de tradipraticiens, venus d’horizons divers ces derniers pratiquent la pharmacopée dans la Commune sans contrainte. Ils exploitent de façon abusive les ressources forestières le plus souvent sans l’accord de l’IREF de Kédougou. Malgré, les impacts négatifs de la pharmacopée traditionnelle sur le couvert végétal aucune politique n’est mise en place pour assurer la pérennisation des plantes thérapeutiques dans toute la région voire dans tout le territoire national. Mais plus tôt, des tentatives de revalorisation du secteur visant à allier la médecine traditionnelle à la médecine moderne. Ce qui fait qu’à l’heure actuelle, il est difficile de trouver certaines plantes médicinales qui jadis étaient très nombreuses dans la Commune. En raison de l’absence de contrôle et de régularisation de la pharmacopée, il est très difficile d’obtenir des chiffres sur le tonnage annuel des plantes thérapeutiques exploitées par les tradipraticiens. Ce qui justifie l’absence de ces données à l’IREF de Kédougou car, la médecine traditionnelle échappe à leur contrôle.

La pratique des feux de brousse

   Ramade F (1978) écrivait : « Le passage du feu bouleverse les conditions écologiques du milieu et élimine de nombreuses espèces végétales et animales ». Cette pratique est très récurrente dans les périphéries des quartiers comme Gomba, Dinguessou, Dalaba, un peu à Togoro et à Dandé Mayo. Ainsi, en 2010 l’IREF de Kédougou a enregistré 42 cas de feux de brousse soit une superficie de 2552 ha (SRSD-Kédougou, 2010). Il est à signaler que le nombre de cas de feux de brousse non déclaré est très important dans la Commune et la région en général pour diverses raisons. Mais, de façon générale le Département de Kédougou se retrouve avec 40,4% des cas de feux de brousse soit une superficie de 1032 ha. Par contre, les Départements de Saraya et Salémata totalisent les 59,6% soit une superficie totale de 1520 ha SRSD-Kédougou (2010). Le nombre élevé de cas de feux de brousse enregistré dans le Département de Kédougou explique la continuité de cette pratique malgré, les énormes efforts de l’IREF et des ONG présentes dans le Département. Les feux de brousse favorisent la prolifération des espèces plus résistantes au détriment de celles qui sont plus vulnérables. Ils fragilisent le couvert végétal et affectent le bon développement de la faune. Par conséquent, ils réduisent la biodiversité et déséquilibrent les réseaux trophiques. Sur le plan pédologique, les feux de brousse sont très nuisibles aux sols. Car, ils détruisent sur leur passage les microorganismes du sol ce qui peut conduire à une perturbation de ses cycles biochimiques. Le feu rend le sol plus sec ce qui augmente les risques d’érosion éolienne en saison sèche surtout avec l’élimination du tapis herbacé et la réduction en cendre du feuillage des arbres. Outre cet impact, le passage répété des feux diminue la perméabilité des sols. D’ailleurs, la carbonisation de l’humus par les feux combinée à la réduction de la perméabilité du sol : ces deux facteurs conjugués augmentent la vulnérabilité des sols et accentuent les risques d’érosion hydrique. C’est dans ce contexte que Roose E J et Lelong F (1976) écrivaient : «Lorsque le sol est totalement dénudé, les phénomènes d’érosion deviennent catastrophiques : les pertes en terre sont multipliées par 1000 et le ruissellement par 20 à 50.».

Les pratiques agricoles

   Malgré, la pratique de l’orpaillage dans la région, l’agriculture occupe une place primordiale dans les activités de la population de la communale. Elle constitue presque la seule source de revenu pour bon nombre de la population locale. Par conséquent, l’agriculture participe par le biais des défrichements des parcelles agricoles à la dégradation du couvert végétal dans la région en général. En plus, les mauvaises pratiques agricoles notées dans la Commune contribuent à rendre les sols plus vulnérables à l’érosion. En ce qui a trait aux méthodes de cultures : 23% des personnes interrogées labourent leurs champs avec la charrue soit 175 ménages. A côté de cette méthode culturale 23 autres pourcent des paysans de la Commune utilisent la houe pour cultiver leurs parcelles agricoles. Alors que, 29% des agriculteurs de la Commune combinent la charrue et la houe pour les besoins des travaux champêtres. Ces différentes méthodes culturales sont représentées par le graphique n°11. Pour débrousser les parcelles agricoles, les paysans de la Commune utilisent fréquemment le feu. Nous retiendrons de nos travaux de terrains que 80% de personnes interrogées pratiquent cette méthode soit un chiffre total de 533. Cette pratique culturale combinée au ramassage de certains résidus de culture pour le fourrage des animaux perturbent les cycles biochimiques du sol. Les problèmes de disponibilité de parcelles libres soulignée par la population (60% soit 457 personnes) ont fait qu’elle ne peut exploiter chaque année que les mêmes parcelles agricoles. Et l’exploitation abusive des terres arables plus l’abandon de certaines pratiques traditionnelles de fertilisation des sols, se sont soldés par une baisse de leur fertilité de près de 40%. Il en résulte une grande vulnérabilité et une large exposition des sols aux différentes formes d’érosion. La mécanisation du secteur agricole combinée au déchouchement, facilite la mise en mouvement des particules du sol par les agents érosifs. Par exemple, lors du labour, les engins agricoles (charrues, tracteurs) creusent et retournent le sol. Ce retournement de la terre bouleverse la structure du sol, modifie le sens de l’écoulement des eaux pluviales. En revanche, la modification de la structure et le bouleversement de la cohésion du sol par les engins agricoles rendent plus aisé le détachement de certaines de ses particules une fois gorgées d’eau. Ce qui par la suite accroit les risques d’érosion d’hydrique. Il faut noter que les politiques de modernisation du secteur agricole prôné par l’Etat entre 1960-1980 ont aussi contribué activement à l’exposition des sols à l’érosion. Car, elles mettaient en avant un vaste plan de mécanisation et d’équipement des campagnes en matériel agricole moderne. Il s’en est suivi une augmentation considérable des défrichements, le déchouchement et une massive utilisation des produits et fertilisants chimiques à la place des fumures organiques.

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Table des matières

Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
Objectif principal
Objectifs spécifiques
Les hypothèses
Définition des concepts
Méthodologie
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE KEDOUGOU : CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN
Chapitre I: Aspects physiques
I Géologie et Relief
I-1 Histoire géologique
I-1-1 Le groupe de Mako
I-1-2 Le groupe de Dialé- Daléma
I-2 Le relief
I-2-1 Les glacis
I-2-2 Les inselbergs
I-3 Le climat
I-3-1 Les facteurs généraux du climat
I-3-2 Les éléments du climat
I-3-3 La vitesse et la direction du vent
I-3-3-1 Les vents d’Est
I-3-3-2 Les vents d’Ouest
I-3-4 Les températures
I-3-5 Les précipitations
I-3-6 L’évaporation
I-3-7 L’insolation
I-3-8 L’humidité relative
I-4 Les ressources hydriques
I-4-1 Les eaux de surface
I-4-2 Les eaux souterraines
I-5 Les sols
I-6 La flore et la faune
I-6-1 La flore
I-6-2 La faune
Chapitre II : Cadre humain
II-1 Histoire du peuplement
II-2 Les données démographiques
II-3 Répartition de la population
II-3-1 Structure par âge et par sexe
II-4 Les mouvements migratoires
II-4-1 L’émigration
II-4-2 L’immigration
Chapitre : III Les activités socio-économiques
III-1 L’agriculture
III-2 L’élevage
III-3 La cueillette
III-4 Le commerce
III-5 Le tourisme
DEUXIEME PARTIE : LES CAUSES ET LES MANIFESTATIONS DE L’EROSION DES SOLS 
Chapitre I : Les causes naturelles
I-1 Facteurs naturels de l’érosion des sols
I-1-1 Les facteurs topographiques
I-1-2 Les facteurs pédologiques
I-1-3 Les facteurs climatiques
I-1-3-1 Les facteurs aérologiques
I-1-3-2 Les facteurs thermiques et hygrométrique
I-1-3-3 Les facteurs pluviométriques
I-1-3-3-1 L’agressivité des précipitations
I-1-3-3-2 Le caractére contrasté des précipitations
I-1-4 Les facteurs biogéographiques
Chapitre II Les facteurs anthropiques
II-1 La pression démographique
II-2 L’exploitation des ressources forestières
II-2-1 Les besoins en énergie
II-2-2 Les besoins en bois d’œuvre
II-2-3 La pharmacopée
II-3 La pratique des feux de brousse
II-4 Les pratiques agricoles
Chapitre III Les différents types d’érosion
III-1 L’érosion éolienne
III-2 L’érosion hydrique
III-2-1 Le splash
III-2-2 Le ruissellement
III-2-2-1 Le ruissellement en nappe
III-2-2-2 L’érosion en rigole ou rills
III-2-2-3 Le ruissellement en ravin ou ravinement
TROISIEME PARTIE : LES CONSEQUENCES DE L’EROSION DES SOLS ET LES STRATEGIES DE LUTTE 
Chapitre I : Les impacts écologiques
I-1 Les impacts sur les eaux
I-2 Les impacts sur le sol
I-3 Les impacts sur la végétation
I-4 Les impacts sur la faune
Chapitre II : Les impacts socio-économiques
II-1 Les impacts sur l’agriculture
II-2 Les impacts socio-économiques
Chapitre III : Les stratégies de lutte contre l’érosion contre dans la commune 
III-1 Les stratégies mises en place par la population locale
III-1-1 Les cordons pierreux
III-1-2 Le paillage ou mulching
III-1-3 La méthode des tranchées
III-2 Les politiques étatiques de lutte contre l’érosion des sols
III-2-1 La politique d’établissement des permis de d’exploitation
III-2-2 La distribution gratuite des plants par bons
III-2-3 Le reboisement
Conclusion générale
Bibliographie

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