L’érosion des anses de la ville de Schoelcher

Les politiques environnementales

   Les politiques environnementales varient selon les pays et souvent les opinions des politiciens varient au sein même d’une société. Au cours de l’année 2013, des entretiens semistructurés approfondis ont été menés avec les membres de la communauté. Ces entretiens avaient pour but d’établir le point de vue de la population sur le rechargement de Portonovo Bay. Les résultats ont révélé que les perceptions, les valeurs et les intérêts, mais aussi leurs principaux objectifs étaient dissemblables. Nous avons trouvé des opinions polarisées concernant les systèmes antagonistes de valeurs partagées par les participants, qui ont été associés à des perceptions tout à fait opposées de l’existence, de la gravité du problème, de l’efficacité et de la nocivité du rechargement de la plage. Les perceptions des répondants ont été classées en deux grandes catégories qui reflètent deux points de vue philosophiques de la relation homme-environnement: c’est l’écocentrisme contre l’anthropocentrisme. Quatre catégories de stratégies de résolution de conflit proposées ont été identifiées (PRATI et al, 2016: II.H):
 les informations,
 le dialogue et le contact,
 les compromis,
 l’absence de solution.
L’adoption d’une approche participative et la mise en œuvre des compétences de gestion des conflits et de la technique peuvent être considérées comme des éléments non négligeables de la gestion du littoral. Il est nécessaire de comprendre comment la population perçoit les aménagements, car elle nous permet d’adapter une sensibilisation. Pour protéger un milieu il est important que l’ensemble de la population participe (PRATI et al, 2016: II.H). En France, face à l’érosion la politique suivante a été mise en place :
1) Développer l’observation du trait de côte et identifier les territoires subissant l’érosion pour hiérarchiser l’action publique :
– Il faut créer un réseau d’observation et un suivi de l’évolution du trait de côte à l’échelle nationale, en s’appuyant sur les acteurs locaux ;
– Il faut réaliser dès 2013 une cartographie nationale de l’érosion côtière et identifier des territoires à fort risque d’érosion.
2) Élaborer des stratégies de gestion de l’érosion côtière entre les acteurs publics et privés. Pour cela il faut :
– La mise en place de stratégies locales des risques d’érosion dans les territoires concernés avec l’adoption de mesures cohérentes d’urbanisme, de préservation des espaces naturels et de prévention des risques ;
– La meilleure utilisation des outils d’urbanismes et de préventions des risques : prise en compte explicite dans les plans locaux d’urbanisme (PLU) et les schémas de cohérences territoriales (SCOT) du phénomène d’érosion côtière ;
– Une évolution des modalités de gestion du domaine public maritime en délivrant des autorisations d’occupation du domaine public maritime en tenant compte systématiquement de l’impact des aménagements sur l’évolution du trait de côte ;
– Une élaboration d’un plan de sensibilisation des populations aux risques littoraux. Il s’agit notamment de développer une véritable « culture du risque » chez les populations littorales.
3) Favoriser la relocalisation des activités et des biens situés dans des zones à haut risque, tout en maintenant le dynamisme des territoires en faisant :
– Un lancement, auprès des collectivités locales intéressées, d’un appel à projets sur la « relocalisation » des activités dans les territoires fortement menacés par les risques littoraux. Son objectif est d’encourager, lorsque c’est nécessaire, la mise en œuvre de démarches pilote de relocalisation des activités et des biens.
4) Préciser les principes de financement pour la gestion du trait de côte, en identifiant ce qui est du ressort de l’État et des collectivités locales. Pour une meilleure gestion du littoral nous devons évaluer les paramètres importants de l’utilisation de la plage pour déterminer une gestion de la zone côtière. Une étude de BALOUIN, Y., REY-VALETTE, H., et PICAND, P. A. en 2014 a été réalisée. Le long des côtes de la Méditerranée, le tourisme représente l’une des principales ressources économiques des régions côtières. Dans le contexte de l’augmentation des risques côtiers, les grands projets de gestion sont actuellement menés et l’évaluation de l’utilisation de la plage est un paramètre important pour la gestion des zones côtières. Ils doivent le prendre en compte dans leurs stratégies pour réduire les risques et maintenir la capacité de loisirs de la plage. Pour l’observation détaillée de la plage, une nouvelle méthode automatique a été développée pour quantifier et localiser le nombre des visiteurs sur la plage, en utilisant des ensembles de données de surveillance vidéo. Un système ARGUS vidéo situé derrière la dune, à environ 60 m du rivage a été mis en place. Des images ont été acquises 3 fois par heure pendant la journée, ils ont présenté des instantanés et 10 min en moyenne d’images. Ces images vidéo ont été utilisées pour obtenir des informations sur la variation temporelle de l’intensité du tourisme sur la plage pendant toute l’année 2012. L’activité touristique était plus importante durant les week-ends. Les deux variations temporelles et spatiales de tourisme de plage ont été analysées (BALOUIN et al, 2014: II.H).

Causes Anthropiques

   Les actions anthropiques ont également joué un rôle important. L’Homme a un impact nocif sur les plages : les plages proches de grandes villes ou de villages ont déjà été largement développées pour leurs usages récréatifs, et sont soumis à une dégradation environnementale significative. Les autres plages ont été en conflit entre les possibilités récréatives, touristiques, et / ou d’exploitation de plus riches biodiversités. L’analyse de scénarios montre que les stratégies de gestion qui mettent l’accent sur la réduction de la nature invasive d’infrastructures de parcs et améliorent la restauration biophysique peuvent augmenter considérablement la valeur de la conservation de la plage, et déplacer des sites dans la zone de conservation (AMYOT et al, 2014: II.F.m).
• Le tourisme : Jusqu’aux années 50 la verdure en Martinique demeurait forte. Pour dynamiser l’espace, les décideurs locaux ont voulu miser plutôt sur le tourisme en implantant des hôtels. Mais le touriste a une vision déformée des plages de l’époque. Il espère trouver au Antilles de belles plages de sables blancs et des cocotiers. Les décideurs ont dû, pour satisfaire l’imaginaire des touristes, détruire la flore littorale. C’est le cas des patates bord de mer (Ipomea-pes-caprea) qui permettaient grâce à leurs racines de stabiliser le sable sur de longues distances. Les décideurs ont implanté à la place des cocotiers (faiblement pourvus en réseaux racinaires). On a également voulu remplacer le sable noir (vue par les touristes comme un sable « sale ») par du sable blanc. Or ces sables n’ont pas la même granulométrie ; ceci a donc entrainé une déstabilisation sédimentaire des plages (SAFFACHE, 1999: II.J).
• Les décideurs ont également aménagé l’avant-dune des plages. Les constructions en avant plage empêchent le transfert de va-et-vient (cross-shore) des sédiments, car ils empêchent le transfert des sédiments, provenant de la terre, d’atteindre la plage (SAFFACHE, 1999: II.J).
• Des prélèvements de matériaux ont été réalisés sur les plages par les habitants pour construire des maisons et par des carriers dans le lit des rivières. Ces prélèvements ont débuté au début des années 60 et se sont terminés vers la fin des années 90. Chaque année étaient prélevés environ 15000 à 30000 m³ de sédiments détritiques (SAFFACHE, 1999: II.J).
• Pollution de l’eau : de nombreuses maisons ne disposent pas de fosses septiques. Ces eaux sont déversées dans les rivières comme la baie de Fort-De-France. Ce qui favorise l’apparition d’algues filamenteuses qui étouffent les coraux. Cette pollution a pour conséquence de réduire les ressources halieutiques et d’augmenter le taux de mortalité des coraux. Les coraux sont importants pour l’approvisionnement des anses du sud de la Martinique (SAFFACHE, 2005: III). Leurs morts induiraient sur le long terme une diminution des apports en sédiments.
• L’absence de réaction de la part des politiciens peut aggraver la situation du littoral et la situation économique. C’est pourquoi il faut réagir au changement du littoral. La Martinique possède 55 km2 de récifs coralliens, 50 km2 d’herbe de mer et 20 km2 de mangroves. Ces trois écosystèmes produisent des services pour une valeur estimée à 250 millions € (M €) / an (valorisation récemment entrepris dans le cadre de l’initiative française Coral Reef Conservation-programme pour l’IFRECOR). Il est estimé qu’environ 60% de cette valeur provient d’usages directs tels que des activités de loisirs (plongée, excursions, activités de plage, etc.) tourisme et la pêche. Les services écosystémiques (utilisations indirectes) tels que la protection du littoral, la séquestration du carbone, la production de biomasse et de purification de l’eau sont importantes puisque leur valeur totale atteint 94 M € par an (38% de la valeur économique totale). Les valeurs de non-usage liées à l’amélioration de la santé des écosystèmes côtiers est estimé à 10 M € / an. Au niveau de l’écosystème, de l’herbe de la mer et de la mangrove qui contribuent le plus (par km2) à la création de richesse (2,16 M € / km2, 1,87 M € /km2, respectivement, contre 1,78 M € / km2 pour les récifs coralliens). Ils doivent, par conséquent, bénéficier de la protection et de gestion des mesures dans le même ordre de grandeur que les récifs coralliens. L’évaluation montre également que, en raison de l’inaction politique, la perte de valeur est d’environ 2,5 M € / an, ce qui pousse les politiciens à élaborer une politique rationnelle de la conservation (FAILLER et al, 2015: II.J).
• Le maintien de la biodiversité de la CRAE24 doit être considéré du point de vue évolutionniste. On cherche à préserver les espèces présentes. On veut protéger le potentiel de l’évolution future des entités vivantes et les fonctions des écosystèmes. Pour cela nous devons assurer le maintien de la capacité des processus vitaux. Il est donc fondamental d’adopter une approche concertée entre tous les acteurs de la zone côtière. En ce qui concerne les politiques publiques, ils doivent tenir compte de la protection de la CRAE et encore plus de leur valorisation à partir d’un point de vue qui combine l’utilitarisme économique et l’altruisme. La CRAE semble en effet faire partie de l’identité des populations côtières de la Martinique et, pour cette raison, doit être valorisée. Elle est également une source potentielle importante de l’emploi et du développement économique et mérite donc plus que la négligence inattentive actuelle (FAILLER et al, 2015: II.J).
• Enfin, les pressions actuelles exercées sur la CRAE, en particulier la destruction, la fragmentation et la dégradation des habitats, la surexploitation ou l’insertion d’espèces de poissons, introduisent la notion de coût de l’inaction publique. Estimé à environ 2M€ par an pour l’ensemble de la CRAE, ce coût montre que de ne rien faire a un prix: le prix de la perte économique, pour laquelle il est conseillé d’ajouter le prix de la restauration des écosystèmes endommagés. Dans ce contexte, la reconnaissance de la valeur économique totale de la CRAE est fondamentale pour l’optimisation de l’action publique, d’autant plus que les valeurs qui la composent montrent la très forte liaison entre les considérations économiques et les vivants (FAILLER et al, 2015: II.J).

Les vagues

   Les côtes connaissent une dynamique d’érosion et d’accrétion. Ces phénomène s’expliquent d’abord par des jeux de vagues, de marée et par des courants qu’elles engendrent (PASKOFF, 2012: III). La vague est une ondulation de la surface de la mer sous l’effet du vent Elle agit sur la surface de la mer calme et crée des oscillations. Cette oscillation se crée uniquement si le vent a au moins atteint une vitesse de 3 à 4 m.s-1 (PASKOFF, 2007: III). Leurs caractéristiques, c’est-à-dire la longueur d’onde, la hauteur, la période, la célérité, dépendent de la vitesse du vent, de la durée pendant laquelle il souffle, de l’étendue d’eau qu’il affecte. Là où le vent souffle, l’agitation de l’eau est anarchique et désordonnée, mais elle peut s’étendre au-delà de son aire de génération. Cela permet la formation de houles qui sont caractérisées par des vagues régulières, prenant l’aspect d’ondulation parallèle entre elle (PASKOFF, 2012: III). Les vagues formées par le vent subissent une modification qui affecte leur direction et leurs caractéristiques à l’approche des côtes. Dès que le fond marin est inférieur à la moitié de la longueur d’onde (H< ½), un effet de freinage s’amorce et modifie simultanément toutes les valeurs caractéristiques des houles. La vitesse diminue en même temps la longueur d’onde, ce qui génère un rapprochement des houles, une augmentation de la hauteur des houles et leurs profils deviennent de plus en plus dissymétrique. Pour terminer, le basculement de la vague vers l’avant produit un déferlement quand la profondeur est inférieure au 3/4 de la hauteur de cette vague. Quand le déferlement est projeté sur la côte on parle de jet de rive (uprush) ; à l’inverse quand il y a un retrait sous forme de nappe on parle de backswash (MIOSSEC, 2012: I).

Les courants de marées 

   Ils peuvent être provoqués par plusieurs facteurs : les astres, les tempêtes, les tremblements de terre, le volcanisme sous-marin… Les marées peuvent entrainer des courants, dont l’amplitude varie selon l’importance du marnage. La marée descendante se prénomme “jusant” et la marée montante, “flot”. C’est un mouvement horizontal de masse d’eau qui s’accompagne des marées et dont l’impact est réversible (PASKOFF, 2012: III). En Martinique, le marnage provoqué par les astres est relativement faible (il ne dépasse quasiment jamais les 1 m). Toutefois, le rythme des marées se fait surtout en fonction du rythme lunaire. Ainsi, durant les quartiers lunaires, nous pouvons avoir à Fort de-France des marées de morte-eau dont l’amplitude avoisine 0,35 m à 0,40 m et durant la pleine lune nous aurons plutôt des marées de vive-eau dont l’amplitude avoisine 0,70m sur la même commune. Les marées de tempêtes se déroulent lors de passages d’ouragans et engendrent de fortes manifestations érosives. L’ouragan agit comme une ventouse en raison de l’action du vent violent et de la baisse progressive de la pression atmosphérique. Nous aurons donc une surcote (gonflement du niveau océanique) perceptible en fond de baie ou sur des côtes concaves. Il y a eu un cas de surcote en Martinique lors du passage du cyclone du 18 août 1891, de 2,70 m. Les surcotes changent selon la trajectoire du météore, de l’œil et la configuration de la côte. Ainsi plus l’œil est proche de l’île et plus la surcote sera forte (SAFFACHE, 2005: III). La forte érosion qu’entraine ce type de marée a pu se faire ressentir lors du passage du cyclone Allen sur la Martinique en 1980. En effet, l’Anse Bagasse de Grand-Rivière a connu un recul de 3 m en une demi-journée, (recul normal de 0,25 à 0,55 m/an) (SAFFACHE, 2005: III). Enfin nous avons les Tsunamis, indépendants du vent : ils résultent de mouvements brusques sous-marins tels que les tremblements de terre de forte intensité, les éboulements ou des éruptions volcaniques sous marines. Ils se déplacent très rapidement à environs 700 à 800 km.h1 et forment des séries de vagues dont l’amplitude (5 à 40 m) et la période (5 mn à 2 heures) sont difficilement prévisibles sans matériels adaptés. Le 5 mai 1902, il y a eu un lahar, dont l’arrivée brutale en mer engendra un tsunami dans la rade de Saint-Pierre (SAFFACHE, 2005: III).

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Table des matières

INTRODUCTION
A/ Gestion environnementale
 Les politiques environnementales
 Les études préalables
 Méthode de lutte rigides/ souples
B/ La dynamique des littoraux martiniquais
 Causes Anthropiques
 Causes Naturelles
 Les vagues
 Les courants littoraux
 Les courants de marées
 La cellule sédimentaire ou cellule de dérive littorale ou encore hyprosédimentation
 Les eaux d’écoulement et d’infiltrations
 Les actions physico-chimiques
 Les actions biologiques (faunes et flores)
C/ Le littoral de Schoelcher et ses problèmes d’érosion
 Présentation brève de chaque plage
 Etude approfondie de la dynamique des plages de Schœlcher
D/ les perspectives de rechargement de plages à Schoelcher (Méthodes, efficacités…) 
2/ METHODOLOGIE : ESSAIS DE CARACTERISATION MULTISCALAIRE
A/ Cartographie du trait de côte : approche à long terme
B/ La surveillance topographique des plages : approche à moyen terme
 Le Tachéomètre et GPS ( Global Positionning System)
 Le DGPS ( Differencial Global Positionning System)
C/ mise en place des protocoles MNT
D/ Suivi par photographie fixes
3/ RESULTATS
A / Analyses photographiques
 Impact de la tempête Ericka
 Forte houle entre le 12 et le 16 /01/2016
B / Les tendances dynamiques identifiables à la travers la technique du DSAS
 Anse-Madame
 Anse Collat
 Fond Lahaye
 Madiana
C/ Etude du littoral schoelcherois à l’aide des profils de plage
 Dynamique de la plage de Fond Lahaye
 Dynamique de la plage d’Anse Collat-Lido
 Dynamique de la plage d’Anse-Madame
 Dynamique de la plage de Madiana
 Anse Collat
 Madiana
 Anse-Madame
D / MNT différentiel
 Anse Collat
 Madiana
 Anse Madame
DISCUSSION
CONCLUSION

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