L’ENSEIGNEMENT DE LA REPRODUCTION BOVINE À L’ENVA

L’enseignement actif, indispensable dans la branche médicale

Dans le milieu médical, les connaissances à maîtriser sont incommensurables et les incessantes avancées dans ce domaine impliquent que les médecins comme les vétérinaires apprennent durant toute leur vie professionnelle, que ce soit de manière volontaire ou imposée. En effet, ces derniers ont l’obligation de se former en continue. Ceci est inscrit dans le code de déontologie, dans l’alinéa X de l’article R242-33 (Devoirs généraux du vétérinaire) du Code Rural, «Le vétérinaire acquiert l’information scientifique nécessaire à son exercice professionnel, en tient compte dans l’accomplissement de sa mission, entretient et perfectionne ses connaissances». [4]. Cette obligation est, depuis une vingtaine d’années, précisée et contrôlée par le Comité National Vétérinaire de la Formation Continue et Complémentaire.

En harmonie avec les recommandations de la Fédération vétérinaire européenne, il est demandé au vétérinaire d’acquérir 10 crédits de formation continue (CFC) sur cinq ans [5]. On comprend donc facilement que s’il est nécessaire de donner de bonnes bases à l’étudiant (celui-ci a besoin de sortir de l’école avec des connaissances théoriques solides), il convient de surcroît de le former à apprendre seul. Une citation d’André Gide résume bien l’état d’esprit à adopter par les enseignants en particulier dans le milieu médical « un bon maître a ce souci constant : enseigner à se passer de lui ». Les enseignants de l’ENVA doivent en priorité apprendre à l’étudiant à se former seul. Cette aptitude à l’autonomie est fortement favorisée par un enseignement actif. On comprend donc qu’il est primordial d’appliquer cette méthode dans les écoles nationales vétérinaires (ENV). En plus d’apprendre à l’étudiant à se former, l’enseignement actif encourage l’apprentissage en profondeur, ce qui donne de meilleurs résultats que l’enseignement passif en termes de connaissances et de compréhension [22]. Si cette méthode est réellement efficace, pourquoi ne pas fonder l’enseignement vétérinaire uniquement sur celle-ci ?

Les enseignements actif et passif, des méthodes complémentaires en particulier dans la branche médicale Plusieurs raisons limitent l’apprentissage actif et une en particulier : son coût. La conjoncture actuelle et notamment à l’ENVA, ne permet pas d’augmenter sans mesure les dépenses liées à l’enseignement. Cette méthode demande beaucoup de temps et une logistique parfois importante. On peut citer par exemple les visites d’élevage, qui nécessitent un, voire deux enseignants, du matériel échographique, un véhicule, un chauffeur, du carburant …

Ainsi, malgré tout l’intérêt de ces visites pour les étudiants [14], l’école n’a pas les moyens de les multiplier. Une autre limite à l’usage exclusif de l’enseignement actif est que son efficacité repose sur des bases solides préalablement acquises par l’étudiant lors des cours magistraux. L’enseignement passif apparaît donc lui aussi indispensable : il permet d’approcher l’exhaustivité alors qu’elle n’est nullement envisageable en apprentissage actif. Le contenu des cours magistraux, les polycopiés et les diaporamas constituent des références pour les étudiants. L’enseignement intégré résiderait donc dans une stratégie au cours de laquelle l’enseignant tenterait de jongler efficacement entre les cours magistraux et l’enseignement actif afin d’optimiser l’apprentissage en respectant les contraintes techniques et matérielles. Les hautes instances sont conscientes de cette complémentarité et de l’apport de l’enseignement actif. Ainsi dans les ENV, le quota d’heures d’enseignement magistral est réglementé, l’article 3 de l’Arrêté du 20 avril 2007 relatif aux études vétérinaires dit que « le volume horaire des enseignements magistraux sur la totalité du cursus ne doit pas dépasser celui des enseignements pratiques, cliniques et dirigés ».

Une passerelle entre la théorie et la pratique

Le jeune vétérinaire, lors de ses premières consultations, se trouve confronté à une réalité : il devra se débrouiller seul face à un animal et son propriétaire ou détenteur. C’est donc, en totale autonomie, qu’il doit faire un choix parmi les examens complémentaires, donner un pronostic ou décider d’un éventuel traitement. Il est responsable de ses décisions. Il est compréhensible que le stress et la pression envahissent les nouveaux praticiens. Pourtant tous les outils leurs ont été donnés pendant les différents enseignements de RB pour réussir lors d’une consultation de vache pour un problème lié à la reproduction, mais l’autonomie n’est pas forcement favorisée à l’école. En effet, l’étudiant, très encadré au sein de l’ENVA, ne se retrouve finalement seul face à ses problèmes que rarement. La simulation par internet, permet ainsi d’entraîner l’étudiant à avancer et prendre des décisions seul. Il est ici libéré du stress du terrain, ses décisions seront sans conséquence sur l’animal ou le propriétaire. Il pourra prendre une certaine assurance, en constatant que ses choix sont les bons, ou alors s’il se trompe, il pourra décider de travailler plus pour éviter de se confronter à de fâcheuses situations dans la réalité.

Par ces visites virtuelles en ligne, l’étudiant reste dans la théorie et son confort, tout en touchant du doigt à la pratique de son futur métier et à l’évaluation de ses décisions. Ces exercices constituent une étape entre la théorie enseignée à l’école et la pratique en tant que vétérinaire. Ils stimulent l’autonomie. L’entraînement à la pratique de la RB revêt deux aspects, d’une part l’acquisition de savoir-faire (maniement de l’échographie, cathétérisme du col, palpation transrectale (PTR), palpation vaginale…), d’autre part la mise en pratique de connaissances (interprétation de l’échographie, de la palpation vaginale et transrectale …). Les séances de TP et TC n’étant pas nombreuses (35 heures 30) face aux compétences à travailler et maîtriser, on comprend alors qu’il faut les axer au maximum sur les points ne pouvant pas être travaillés dans un autre contexte, à savoir les actes. Les enseignants sont d’accord pour dire que les séances de TP et TC, sont bien plus efficaces lorsque les étudiants maîtrisent le contenu de leur cours et savent le mettre en application.

Il est par exemple plus aisé de s’entraîner au maniement de l’échographe et de se situer par rapport à l’appareil génital de la vache quand on sait interpréter les images échographiques. Les cas cliniques virtuels, en simulant les suivis de reproduction, permettent à l’étudiant de mieux maîtriser l’aspect théorique et ainsi de pouvoir se concentrer davantage sur les actes au cours des TP et TC. Ils constituent donc aussi une passerelle entre la théorie des cours magistraux et les exercices pratiques. Bien sûr, cette passerelle existait déjà car la simulation de cas cliniques est traitée au cours de TD, mais peu d’heures y sont consacrées et la palette de cas rencontrés est restreinte. Notre outil présentera l’avantage supplémentaire de permettre aux étudiants de s’exercer peu de temps avant leurs séances de TD et ainsi d’arriver avec les bonnes problématiques, ce qui optimisera le travail en classe. Les cas cliniques virtuels interactifs et les exercices proposés dans notre nouvel outil pédagogique permettront donc d’accompagner l’étudiant dans son passage de la théorie de la reproduction bovine à sa pratique.

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Table des matières

LISTE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
UN NOUVEL OUTIL PÉDAGOGIQUE POUR L’ENSEIGNEMENT DE LA REPRODUCTION BOVINE À L’ENVA
Optimiser l’apprentissage de l’étudiant en combinant l’enseignement passif et actifL’enseignement passif
L’enseignement actif
L’enseignement actif indispensable dans la branche médicale
Les enseignements actif et passif, des méthodes complémentaires en particulier dans la branche médicale
Les cas cliniques interactifs, un supplément d’enseignement actif pour l’Unité d’Enseignement de reproduction bovine
L’enseignement de la reproduction bovine à l’ENVA
Les cas cliniques interactifs déjà présents dans de nombreuses Unités d’Enseignement à l’ENVA
Les cas cliniques interactifs, une aide à l’apprentissage efficace pour les étudiants
Une passerelle entre la théorie et la pratique
Une familiarisation avec la démarche diagnostique
Un outil d’auto-évaluation
UN PROJET MIS EN LIGNE SUR LE SITE INTERNET DE L’ENVA
Le e-learning (apprentissage par internet), un outil d’enseignement désormais incontournable
L’accès des étudiants à l’informatique et à internet
Les avantages de l’enseignement par internet
Moodle, un environnement d’apprentissage libre, adapté à notre projet
Présentation de Moodle
Les atouts de Moodle
Les limites de Moodle
ÉLABORATION ET PRÉSENTATION DES DIFFÉRENTS EXERCICES PROPOSÉS AUX ÉTUDIANTS
Production d’un support papier et recueil des données
Les objectifs d’apprentissage, une base pour construire les cas
Recueil des illustrations
Recueil des données
Architecture des cas
Construction des cas cliniques et tests sur Moodle
Construction d’un test
Elaboration d’une question
Insertion d’images et tableaux
Organisation des questions
LIMITES ET PERSPECTIVES DU PROJET
Les limites
La nécessité d’un accès à l’informatique
Un accès limité aux étudiants de l’ENVA
Des questions parfois trop faciles
Un support pédagogique ne pouvant se substituer au cours magistraux par son manque d’exhaustivité
Un support pédagogique ne pouvant se substituer aux travaux pratiques, indispensables pour l’apprentissage des gestes techniques
Les perspectives
Un questionnaire de satisfaction en ligne
Des mises à jour et l’ajout de cas cliniques
Ajout de cas cliniques de niveau supérieur, de vidéos et de liens vers des articles
Une exportation vers les autres écoles vétérinaires françaises
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES