L’engagement des jeunes dans ces élections municipales

La Décision : le processus de désignation du candidat  officiel de l’UMP et les prémisses d’une campagne  électorale locale perturbée

L’état du parti

La situation de l’UMP est en quelque sorte inédite. L’UMP n’a jamais perdu  une élection nationale depuis sa création en 2002 avant les élections présidentielles de  2012. Cela représente tout de même deux élections présidentielles en 2002 et 2007, deux  élections législatives les mêmes années et enfin deux élections sénatoriales en 2004 et  2008. La défaite lors de l’élection présidentielle de 2012, a été suivie dans la foulée par la  défaite attendue aux élections législatives. L’année précédente avait déjà vu la droite être  en difficulté lors des élections sénatoriales et la gauche dans son ensemble avait pour la  première fois de son histoire eu la majorité dans la Chambre Haute. Depuis lors, l’UMP n’a  cessé de tenter de se reconstruire sur les bases du parti laissé par Nicolas Sarkozy après  la défaite du 6 mai 2012. Cependant, Jean-François Copé, qui avait déjà réfléchi à sa  trajectoire politique depuis de nombreuses années se retrouve alors face à problème de  leadership. En effet, il n’est plus le seul a avoir des ambitions présidentielles et pas  seulement concernant le parti de droite républicaine. Lui qui pensait aux élections  présidentielles de 2017 en se rasant le matin depuis maintenant plusieurs années a du  partager le pouvoir puis s’est trouvé dans une impasse politique suite à sa démission de la  présidence de l’UMP. Le parti est secoué par différentes affaires politico-judiciaires, les  caisses sont vides, les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy n’ont pas été validés et  le fait d’être retourné dans l’opposition après autant de temps au pouvoir empêche le parti  de se reconstruire sur de nouvelles bases solides, et de se consacrer sereinement aux  prochaines échéances.
François Fillon, qui a été à la tête de tous les gouvernements qui se sont succé dés de  2007 à 2012 estime être le plus à même de gagner les présidentielles de 2017 et cela  passe par le rassemblement du parti autour de son projet en devenant Président de l’UMP  en 2012. Tout le monde connait la suite de cette affaire, le vote ne se fait pas dans de  bonnes conditions et chaque camp estime que la victoire est sienne. L’UMP propose alors  un piètre spectacle qui permet de voir éclater au grand jour les très importantes  dissensions au sein du mouvement créé par Jacques Chirac dans un souci de  rassemblement dix ans plus tôt. A partir de ces élections, les fillonistes représentent 50%  de la direction de l’UMP et les copéistes représentent l’autre moitié, autant dire que la  cohabitation est difficile et cela se ressent jusque dans les fédérations locales. Les Alpes  Maritimes, troisième plus grande fédération de l’UMP est elle aussi très divisée, entre les  fillonistes Eric Ciotti et Christian Estrosi d’un côté et Michèle Tabarot de l’autre, bras droit  de Jean-François Copé. Cette querelle est donc arrivée jusqu’à Cannes, sujet de ce  mémoire. Les deux candidats, membres de l’UMP depuis leur jeunesse, fidèles du parti,  se déchirent pour obtenir le sésame de l’investiture pour les élections municipales dans  leur ville d’origine. Mauvais timing pour eux, leurs affinités avec des ennemis politiques les  empêchent d’entamer leur campagne sereinement, sous les bonnes hospices de  l’appareil, et de la machine de leur parti politique. David Lisnard soutient François Fillon  dans la course à la présidence de l’UMP et l’inverse est aussi juste dans la course à la  mairie de Cannes. L’équation est la même concernant Philippe Tabarot et Jean-François  Copé.
L’organe interne du parti chargé des investitures aux élections est la Commission  Nationale d’Investiture, présidée par le même duo Copé Fillon et elle est composée de  soutiens des deux hommes politiques de façon égale plus quelques indépendants. Alors  que d’autres investitures se déroulent sereinement, que la règle du « sortant UMP reçoit  l’investiture » s’applique partout, Cannes fait elle, exception. Dans la commune de La  Roquette sur siagne, il n’y a pas eu de problèmes d’investiture pour l’UMP car le maire  sortant André Roatta se représente et que son principal concurrent, Christian Ortega ne  fait pas partie d’une formation politique, à la différence de quelques uns de ses colistiers.
La ville de Cannes est le parfait exemple des conséquences d’une querelle nationale  interférant dans un contexte local d’élections. Il est reportédans les quotidiens et auprès  des journalistes le fait que les réunions de la CNI se déroulent donc dans un climat  exécrable lorsque la situation de Cannes est évoquée dans les discussions. Le débat est  passionné, « les noms d’oiseaux volaient » et les deux camps ne lâchent surtout pas le  morceau, afin de ne pas paraitre affaibli au sein du parti. La décision est plusieurs fois  repoussée, un vote est proposé, notamment par Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand. Au  final, Christian Estrosi, président de la fédération des Alpes Maritimes propose de ne pas  choisir et de laisser ce rôle aux cannois, en espérant que le second du premier tour se  range derrière le gagnant. Il est en sera décidé ainsi, car cela permet aux deux candidats  de faire campagne et de se revendiquer de leur parti. D’ailleurs, aucun des deux candidats  n’a décidé de s’épancher sur ces péripéties de l’investiture. En effet, mentionner les  résultats de la Commission Nationale d’Investiture lors de la campagne cannoise n’aurait  pas profité aux deux candidats. Rappeler aux électeurs que leur parti connait des  dysfonctionnements importants n’est psychologiquement pas fédérateur. Il était donc  indispensable pour les deux camps de reléguer ces quelques mois de tractations et de  déchirement au placard afin de lancer la campagne sur des sujets locaux, cannois, hors  de toute influence nationale et partisane.

Une campagne électorale cannoise centrée sur  l’UMP

Le processus de désignation du candidat au sein du parti a donc eu pour  effet de voir s’intensifier la déjà « hargneuse » campagne cannoise. Philippe Tabarot  explique par exemple que son concurrent David Lisnard est « un élu virtuel spécialiste des  réseaux sociaux » . Il fustige l’habitude prise par le Président du Palais des Festivals et  des Congrès de poster chaque matin (ou presque) une photo de la vue de la baie de Cannes depuis son bureau. Il estime aussi que « l’investiture ne change rien, j’espère  rassembler au delà de l’UMP ». Mais voilà, même si Philippe Tabarot dispose du vote pied  noir grâce à l’aura de son père Robert Tabarot figure emblématique de l’OAS (Lisnard  mettant en avant le fait que lui n’est pas « un fils à papa de la politique » dans le même  article du Point) et de sa soeur qui fait des pieds et des mains auprès des sympathisants UMP pour faire élire son frère cadet, c’est David Lisnard qui aura réussi à attirer vers lui la  grande majorité des électeurs cannois de l’UMP, mais aussi des électeurs de droite et de  façon plus large encore des autres partis politiques (Apolline Crapiz, ancienne leader de  l’opposition socialiste de Cannes avait tenté de se rallier au candidat Lisnard). Enfin, à  l’opposé de Philippe Tabarot qui ne peut revendiquer que l’étiquette UMP, David Lisnard  peut se targuer lui, d’avoir reçu le soutien de l’UDI avec la présence sur sa liste de Gilles  Cima, figure du centrisme cannois à la 9ème place de la liste et du MODEM avec la  présence de Pascale Vaillant en 14ème position. Le rassemblement de la droite et du  centre s’est alors fait autour de la candidature de l’adjoint au maire sortant.Qu’en est-il alors des ténors du parti. Lors des élections, ils effectuent toujours un  tour de France des villes pour soutenir le candidat du parti. Mais pour Cannes, si un  membre du parti se déplace, c’est parce qu’il prend position ets’affiche avec Tabarot ou  Lisnard et se positionne de la même façon dans le débat national pour Jean François  Copé ou François Fillon. Du côté de David Lisnard il a reçu le soutien vidéo sous forme de  lettre de la part de François Baroin, Alain Juppé, Bernard Accoyer, Bruno Le Maire. Du  côté des personnes qui se sont déplacées, on retient Patrick Devedjian, Eric Ciotti et  Bernard Debré. De plus, le maire de la commune voisine de Mandelieu, Henri Leroy a  toujours été un fervent opposant de Bernard Brochand. Il a subitement changé d’avis lors  de cette campagne, ce qui a notamment été visible lors des réunions de la Communauté  d’Agglomération des Pays de Lérins où les relations entre les deux maires étaient au beau  fixe. Ce soutien a été très mal perçu pour des amis de longue date, les Tabarot qui ont  maintes fois exprimé leur étonnement. Il est néanmoins facile à comprendre que ce  ralliement de dernière minute a permis à Henri Leroy d’être positionné en position éligible  sur la liste UMP pour les sénatoriales dans les Alpes Maritimes à la place du sénateur  sortant Jean-Pierre Leleux. Cette entente était donc un choix politique clair. On peut  souligner qu’il a aussi été nommé début Avril 2014 Président du Conseil Portuaire de  Cannes, poste qu’occupait depuis 2001 Philippe Tabarot. Enfin, il est important de noter le  soutien implicite de Nicolas Sarkozy qui a rencontré David Lisnard et dîné en petit comité  pendant la campagne, accompagné notamment d’Eric Ciotti.

Cadre ou Héritier, le statut des candidats

D’ailleurs, les deux candidats ont la chance de se présenter dans un  département qui compte parmi les plus fournis en effectifs de jeunes de l’UMP, qui sont  eux-mêmes prêts et impatients de militer pour leur champion et de faire leurs classes  auprès de ces élites politiques locales. Il faut dire que les deux candidats qui se battent  pour les mêmes électeurs ont tous deux des arguments de poids en leur faveur. S’il  faudrait leur accoler des étiquettes, David Lisnard serait un « héritier » alors que Philippe  Tabarot serait lui un « notable » ou un « cadre » local.
Tout d’abord, après avoir dirigé la campagne de Bernard Brochand pour la mairie  de Cannes en 2001, David Lisnard devient second adjoint délégué au tourisme, au  développement économique, aux questions de proximité et aux cultes mais aussi député  suppléant en 2002. Il est aussi élu président du Conseil d’Administration du Palais des  Festivals et des Congrès de Cannes (SEMEC), coeur névralgique de l’attractivité cannoise  été comme hiver. Il devient aussi président du SICASIL, le syndicat intercommunal pour  l’eau potable. Il va donc se créer un profil de travailleur acharné, de travailleur qui obtient  des résultats aussi bien à la mairie qu’à la SEMEC ou encore au SICASIL. Il est remarqué  par son travail, sa rigueur, aussi bien par ses supporters que ses opposants. Il devient  alors une personnalité très importante de la vie politique, économique et sociale cannoise.  Bernard Brochand a donc placé aux endroits stratégiques son poulain et héritier désigné.
Ses bons résultats l’ont ensuite légitimé dans cette posture de futur candidat avec la  bénédiction, de l’homme providentiel qu’est à Cannes, BernardBrochand. La passation de  pouvoir s’est donc effectuée tout au long du mandat, David Lisnard devenant de plus en  plus omniprésent et attisant donc à la fois l’impatience de ses soutiens mais aussi  l’exaspération de ses opposants qui estiment que son tour n’est pas encore arrivé et qu’il  devra patienter avant d’exercer son pouvoir. Ce tandem Brochand-Lisnard est très critiqué  par Philippe Tabarot notamment, qui juge qu’ils considèrent la mairie comme étant leur  bien. Cet accaparement des instances liées à la mairie par DavidLisnard lui a permis de  disposer d’un bilan très complet dans tous les domaines qui touchent les cannois « dans  leur portefeuille », mais aussi l’attractivité du bassin cannois. Il annonce dans son  programme que sous sa présidence du SICASIL et de la SEMEC, le prix de l’eau pour les  cannois a baissé de 23%, et qu’il a réussi à désendetter le Palais des Festivals et des  Congrès de 97% en 10 ans. Il met aussi en avant l’obtention d’un grand nombre de  financement, de l’ordre de 4,8 millions d’euros de la part du Conseil Général par son  activité au sein de cette assemblée, et aussi peut être grâce à ses très bon rapports avec  le Président du Conseil Général Eric Ciotti qui l’a soutenu du début à la fin de la  campagne. Comme on a vu, il réussit à mobiliser autour de son bilan et de son  programme, mais aussi autour de sa personnalité. C’est donc à la fois son capital  politique, l’héritage de la bonne gestion de la ville par Bernard Brochand (et lui-même),  son profil travailleur qui lui permettent de faire une bonne campagne. Il détient en  quelques sortes une double ressource, à la fois professionnelle vis-à-vis de son travail à la  mairie mais aussi une ressource personnelle, par sa position dans le parti mais aussi au  travers de sa place dans la société cannoise dans laquelle il agrandi et où il est revenu  après avoir fait ses classes politiques auprès de Jacques Pelissard actuel Président de  l’Association des Maires de France.

La campagne de David Lisnard, portraits de militants

Après avoir assisté aux traditionnels voeux du candidat Tabarot le27 janvier,  je me rends cette fois aux voeux de David Lisnard dans la même salle, au Palm Beach,  haut lieu des évènements, soirées et cocktails cannois. La salle est comme pour Mr  Tabarot, comble, même si la disposition n’est pas la même. Il aété préféré plus de places  assises au rassemblement de Philippe Tabarot. Je m’assois donc au deuxième rang, où  les places sont réservées aux élus des villes alentours. Petite introduction sur l’expérience  du candidat Lisnard, puis s’en suit un bain de foule pour le candidat depuis le fond de la  salle jusqu’à l’estrade. La disposition de celle-ci est assez classique, le candidat fait les  cent pas sur le devant de la scène, il ne dispose pas de pupitre, alors que derrière lui sur  deux lignes de chaises sont assis au premier rang des personnes du troisième âge qui le  soutiennent et derrière eux des jeunes issus de la « Team Lisnard », le comité de soutien  officiel des jeunes cannois pour le candidat. La parité fille/garçon est bien évidemment de  rigueur sur la scène. Enfin, au dessus des drapeaux de la ville et du pays, se tient un  écran géant sur lequel a été projeté une vidéo « surprise » sur la campagne et le candidat. ! Au sein des jeunes choisis pour être sur l’estrade, je reconnais unami que j’avais connu il  y a une dizaine d’années, lorsque je faisais du football àl’Association Sportive de Cannes  (AS Cannes). Il s’appelle Sofiane et je suis étonné de le voir assis au milieu de ces jeunes.  Venant d’un milieu modeste, mes préjugés et souvenirs de notre période à l’AS Cannes ne  me laissaient pas penser à un engagement politique de sa part. A la fin du meeting, je me  suis alors dirigé vers lui afin de le saluer et de lui demander comment il a décidé de  s’engager. Je n’ai pas d’entretien retranscrit car je ne trouvais pas cet exercice important  dans ce cas de figure. Je voulais garder la conversation informelle et personnelle afin de mieux comprendre son engagement. Je n’avais plus eu de contacts avec lui depuis  presque dix ans et beaucoup de choses ont changé. Ses parents avaient repris un petit  restaurant dans le centre ville de Cannes la Bocca et les aidant depuis plusieurs années, il  avait été témoin de l’administration communale et du développement du secteur dans  lequel ses parents et lui travaillent. De plus, l’été, il travaille depuis maintenant trois ans  sur les plages de Cannes. Je pouvais donc sentir dans ses paroles qu’il aimait l’idée de  participer à l’attractivité de la ville été comme hiver. C’est dans ce cadre là, notamment le  travail saisonnier estival qu’il a rencontré quelques uns des membres de la « Team  Lisnard ». Il m’a raconté alors s’être rendu à plusieurs rencontres avec cette équipe qui se  tenaient généralement dans des pubs du centre ville. À l’une d’elles est venu David  Lisnard, au tout début de sa campagne afin de mobiliser ses jeunes troupes et Sofiane a  eu un bon « feeling », comme il le dit lui même, après cette première rencontre. Sportif  comme lui, ils ont un point commun dans « l’amour du maillot » de l’AS Cannes, club dans  lequel le père du candidat a joué professionnellement pendant plusieurs années,  évènement qu’il met souvent en avant dans ses prospectus, rencontres et discours.
Sofiane me raconte par la suite les diverses activités auxquelles il a participé, de la  collecte de cadeaux à Noël pour les « enfants dans le besoin » de la ville. Il me raconte  avoir connu cela dans son quartier lorsqu’il était petit et se mettre au service des  personnes dans le besoin avait été une vraie « fierté ». Il avait ensuite tracté plusieurs fois  et comptait bien continuer pendant la suite de la campagne. Je lui ai alors demandé s’il  comptait s’impliquer plus en politique après les élections. Ilm’a plutôt sèchement répondu  qu’il ne faisait pas de la politique, qu’il voulait aider son quartier, sa ville. Ça ne l’intéresse  pas de s’engager à l’UMP, l’UDI ou le MODEM (les trois partis qui soutiennent David  Lisnard), et il n’est donc encarté à aucun de ces partis, ni à un autre. Il a d’ailleurs plutôt  mauvaise opinion des politiques « en général », surtout de droite qu’il trouve souvent  racistes.! Il estime qu’il fait juste le nécessaire pour que sa ville continue de se développer et pour  aider les pauvres et les enfants de la ville. Il compte passer son Bafa et d’autres diplômes  pour pouvoir travailler dans les centres de jeunesse de la ville dans les prochaines  années.
Ce jeune engagé dans la campagne semble avoir un profil plus d’associatif que de militant  politique. Il ne soutient pas de parti en particulier, n’a jamais voté (même s’il est encore  jeune, 23 ans) et s’est enregistré sur les listes électorales pour la première fois l’année  dernière. Il s’est engagé avec la Team Lisnard car les idées du candidat lui plaisaient mais  aussi et surtout car c’était un moyen de rencontrer d’autres jeunes et d’autres générations  autour de projets « d’entraide » et aussi pour « faire la fête ». Comme le résume Stephane  Shazad, qui a lancé la « Team Lisnard », en parlant des activités mises en place, « ce  n’est pas de la politique, c’est de la citoyenneté ». Il ne faut pas oublier que nous sommes  dans un contexte général de rejet du politique, à droite comme à gauche, suite aux échecs  des présidents Sarkozy et Hollande à faire rebondir l’économie du pays mais aussi à  cause des nombreuses affaires judiciaires, Sarkozy, Balkany, Cahuzac.
Stephane Shazad a lui un parcours complètement différent, peut être plus  classique pour un militant de droite. Issu d’une famille « confortable », ingénieur de  formation, il dirige avec son père une société de construction BTP. Créée par son père, la  société est « prospère » selon ses dires. Stéphane travaille donc dans l’entreprise  familiale depuis quelques années déjà et compte bien en prendre les rênes par la suite. Il  a rencontré David Lisnard lors des élections présidentielles de 2012 et il me raconte la  façon dont il a été « impressionné par le caractère » de la personne dont il écoutait le  discours en faveur de Nicolas Sarkozy. Ils avaient ensuite échangé pendant quelques minutes, sur l’avenir de la ville de Cannes et les prochaines élections municipales.  Stephane était attentif à ce qui se faisait en mairie et il souhaitait se rapprocher encore  plus du centre de décision pour mieux connaitre et comprendre son fonctionnement et  pourquoi pas y participer. Il a donc rencontré David Lisnard plusieurs fois après cela dans  le cadre de réunions de quartiers, ou de militants et l’idéede la « Team Lisnard » a germé  petit à petit au cours de l’été 2012. Cette « équipe » devait être plus qu’un simple relais  des idées d’un candidat lors d’une campagne municipale mais devait représenter un  véritable « mouvement citoyen au service de la communauté cannoise ». C’est en quelque  sorte une association de cannois qui effectuent des actions desolidarité dans leur ville et  qui soutiennent officiellement un candidat. Ils cherchent par leur action à refléter le  caractère et l’engagement de leur candidat pour la ville, pour les cannois. C’est en  quelque sorte prouver aux électeurs que leurs actions au sein de la « Team » reflètent les  actions de David Lisnard pour Cannes. Être dynamique, présent sur le terrain, solidaire,  que les membres aient des profils de jeunes cannois actifs et entrepreneurs. C’était en  effet le cas pour une majorité des jeunes que j’ai rencontré lors des différentes  manifestations organisées par la « Team ». Etudiants, jeunes actifs, la plupart présentent  un CV intéressant et ne semblent pas être touchés par les maux français actuels. Il est  important de rappeler que l’attrait des jeunes pour le candidat Lisnard, bien plus notable  que pour le candidat Tabarot peut s’expliquer par son attitude très dynamique, c’est un  sportif mais aussi par la position de David Lisnard en tant que Président du Palais des Festivals et des Congrès de 2001 à 2014. Il a lancé ou aidé à lancer un grand nombre  d’évènements pour la jeunesse de la ville, des Plages électroniques qui est un festival  musical qui rencontre un franc succès chaque année depuis sa création en 2006. Il a  aussi favorisé le développement, au sein de la mairie précédente, du sport et de l’accès  aux sports toute l’année. Une compétition de Break Dance (Break the Floor) se tient aussi  chaque année au Palais des Festivals et des Congrès.

Le débat du premier tour et le bilan des réunions publiques

La prochaine étape de l’affrontement cannois ne se déroulera cette fois pas  « à distance » car Nice Matinet France Bleu Côte d’Azurorganisaient le 3 mars 2014 le  premier (et seul) débat de ces élections municipales dans une salle de la Licorne pleine,  qui est une salle de spectacle de Cannes la Bocca. Je suis moi même debout à l’arrière de  la salle entouré de quelques uns des jeunes et moins jeunes militants des deux camps qui  sont arrivés dans les derniers retardataires. Malgré la bonne volonté des journalistes qui  tentent de rendre le débat audible et compréhensible par tous, celui-ci se déroule dans un  climat de compétition acharnée. La scène du théâtre semble s’être transformée en un ring  de boxe sur lequel David Lisnard et Philippe Tabarot se rendent coup sur coup sous l’oeil  et les commentaires de leurs adversaires politiques qui n’ont existé à aucun moment de la  campagne et qui ont recueilli que peu de voix lors des consultations des 23 et 30 mars. La  seule candidate qui s’est démarquée en dépassant les 10% de voix exprimées au premier  tour (mis à part les deux candidats de l’UMP) est Catherine Dortendu Front National, avec  14,77% . Les deux listes de gauche n’ont même pas rassemblé 10% à elles deux (Parti  Socialiste 6,24% et Parti de Gauche 3,44%) et le débat du 3 mars ne présageait pas  meilleur avenir pour ces listes tant leurs interventions étaient mal accueillies par une salle acquise aux deux candidats de la droite et à la candidate du Front National. Ce débat n’a  donc pas apporté nombre d’éclaircissements sur les programmes des candidats. Lorsque  l’on suit de près une campagne, il faut s’habituer à entendre des répétitions de programme  et à écouter les mêmes discours plusieurs fois par semaine lors des réunions publiques.
C’était donc le cas ici, les programmes (ou le manque de programme) sont connus depuis plusieurs semaines déjà. Ce débat n’a malheureusement que peu« d’intérêt » concernant  cet aspect là, mais est très intéressant pour cibler les caractères et les tactiques des  candidats.
La tension est très vite montée, aussi bien sur la scène que dans la salle ou sur twitter, et  elle n’est jamais retombée. Les noms d’oiseaux fusent dans la salle et les candidats ne  veulent pas décevoir leurs soutiens et restent incisifs contre les attaques dirigées contre  eux. Les pauses publicitaires toutes les 15 minutes ont pour effet de rendre les  spectateurs impatients des joutes à venir. Il est intéressant d’être sur place pour ressentir  les tensions au sein de l’audience. Les spectateurs et spectatrices n’hésitent pas à  partager leur expérience entre eux, à s’invectiver sur tel ou tel sujet, sur un point de bilan  de la mairie actuelle, un point de programme ou une affaire judiciaire qui touche l’une ou  l’autre des équipes.
Le candidat du Front de Gauche cherche lui à dénoncer les grandes surfaces qui  s’implantent en périphérie de Cannes et qui selon lui font perdre de la clientèle aux  marchés locaux ou aux petits commerçants. Il est immédiatement coupé et invectivé par  un quadragénaire assis dans la salle. Il est issu de l’immigration maghrébine et habite en  logement social. A priori il ne dispose pas du profil type du soutien de candidat UMP et  pourtant il va s’en prendre au candidat du Front de Gauche en utilisant l’argument de  l’emploi, que ces grandes surfaces permettaient aux gens « des quartiers » de trouver un  emploi plus facilement et de pouvoir se nourrir à prix raisonnable.

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Table des matières

I.La Décision : le processus de désignation du candidat officiel de l’UMP et  les prémisses d’une campagne électorale locale perturbée
1. L’état du parti
2. Une campagne électorale cannoise centrée sur l’UMP
3. L’engagement des jeunes dans ces élections municipales
4. Cadre ou Héritier, le statut des candidats
II.La Campagne : le moment militant
1. Les outils de campagne : Du meeting à l’utilisation des réseaux sociaux et des jeunes
2. La campagne de David Lisnard, portraits de militants
3. Le débat du premier tour et le bilan des réunions publiques
4. Quelle place accorder aux sondages ?
III.L’Après élection, l’anti campagne ?
1. Les premiers mois d’essai de la « Méthode Lisnard »
2. L’usage de la presse quotidienne régionale par les hommes politiques locaux
3. Quelle opposition face au nouveau maire ?
Annexes
Bibliographie

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