L’autobiographie et bio scopie

QUI SUIS-JE?

   Pour vous donner un avant-goût de ma problématique, je voudrais passer par la poétique de ma vie, qui n’est que l’aperçu de celui que je suis. Ce poème est né à la suite des histoires de vie écrites au cours de nos différentes séances de rencontres. Ces écrits qui m’ont permis de scruter toute mon existence me font croire que r  individu est intimement lié à son milieu, sa culture, aux mouvements et contacts auxquels il est exposé.La vie est parsemée d’ embuches … Elle est aventure, remémoration, réconciliation. Je retiens encore de Diane Leger disant lors d’un cours magistral en janvier 2012:« La vie n’ est pas aussi tendre pour ceuxqui choisissent d’ être libres ».L’ aventure est aussi la recherche de soi, la reconstruction de son identité, de son passé … Dans cette perspective de reconstruction de soi, Jean Monbourquette dira: « Pour accélérer ta guérison, je t’invite à ne pas nier son mal, à le reconnaître sans fausse honte » (Monbourquette, 1994 : 12). L’ existence de l’individu est jalonnée par des événements, des rencontres, des échanges qui font de lui un être unifié, dispersé, compréhensif et compréhensible, sociable ou associable, ouvert ou fermé .La recherche de soi est une prise de conscience. C’ est avoir la certitude de ce qu’on est. Cette ouverture de soi devient une introspection de sa vie intérieure, de ses expériences personnelles et professionnelles. La recherche de soi, c’est aller au-delà de ce qui est caché en soi, qu’on ne voit pas mais qu’on exprime sans qu’on ne s’en rende compte. La reconstruction de son identité, c’est la réunification de ses éléments qui ont teinté sa vie. Elle est l’influence de ce qui nous a conduits à notre stade de développement. La reconstruction, c’est se souvenir, relier son passé du présent et tendre vers le futur. L’être humain ne peut se construire sans pour autant se détacher à un certain momentde ce qui le prive de l’ouverture vers son monde extérieur. La remémoration est aussi l’actualisation de son existence. Elle permet de rendre vivant ses forces et faiblesses, de dévoiler sa personnalité intime. C’ est redonner un sens à ce qu’on est.La réconciliation est en fait une prise de conscience et le désir d’ aller de l’ avant. Elle est pardon, l’intention de s’ouvrir, d’oublier ce qui nous empêche d’ être un être sociable. C’est s’examiner, analyser ses rapports avec soi-même, son entourage. C’ est l’ouverture, le dialogue. La vie est reliance. Elle est contact avec l’autre, avec son entourage immédiat.

Pertinence sociale

  Longtemps pratiquée par les Balantes, l’adoption n’a pas le même sens, la même signification que dans monde occidental. Pour les Balantes, l’acte d’adopter un enfant trouverait une signification sociologique. Pour mon peuple, adopter un enfant c’est venir en aide, au secours d’une mère, d’une femme qui aurait la malchance d’entener son ou ses enfants avant leur deuxième anniversaire de naissance. « Plus précieux que l’or, est de porter pour la femme, un enfant au dos » disent les sages Balantes. Procréer est un acte d’estime, mais garder longtemps un enfant installe confortablement toute femme dans son ménage. L’enfant constitue une grande fierté tant pour elle et son époux que pour la communauté. Pour que la femme en manque d’enfant puisse également jouir de la fierté d’en avoir un, la communauté en dérobe un, l’extrait des pieds de sa maman biologique pour le placer ailleurs, à la suite d’une concertation excluant les parents biologiques. Cette pratique, qui n’est pas scientifiquement documentée, semble occuper une place prépondérante dans la conscience collective de mon peuple. C’est de cette pratique dont je suis issu. Ainsi, dans mon village adoptif composé par une population de près de 1000 habitants, une quarantaine de femmes ont été soumises à cette pratique et 22 personnes âgées de 3 à 27 ans auraient été installées là à la suite de cette pratique, c’est -à-dire que ces perSOlmes sont originaires d’ailleurs (Mané, 2000). L’ ampleur de ce phénomène mérite d’être étudiée, surtout si l’on tient compte de la situation des enfants adoptés dans les familles d’accueil, de leur potentiel d’imagination et de leurs relations interpersonnelles dans le village, entre eux, entre les parents adoptifs et/ou biologiques, entre les frères et sœurs de sang. Combien sont-ils à ne pas avoir fréquenté l’école ? Combien d’enfants adoptés ont été dépossédés de leurs plantations, de leurs vergers par leurs frères adoptifs parce qu’ils n’appartiennent pas à la famille d’accueil? Combien sont-ils à avoir des difficultés à s’adapter une fois retournés dans leurs familles biologiques? Malgré tout, les difficultés, les injustices auxquelles ils sont souvent victimes, ils parviennent à exceller dans toutes les activités où ils sont présents, et cela à la grande surprise de leurs frères adoptifs. De telles préoccupations trouveront beaucoup de réponses au cours de mon développement, car notre expérience du phénomène constitue un laboratoire d’analyse et d’interprétation dans ma démarche de recherche. C’est pourquoi ma recherche voudrait comprendre ce phénomène culturel. Comment cette pratique a su me porter jusqu’au champ social et, ce faisant, essayer d’en dégager un modèle compréhensif. Mais avant d’aller plus loin, je voudrais d’emblée justifier la pertinence persoill1elle de ma recherche

Adoption

   La survie et la protection des enfants ont préoccupé à des degrés divers, en fonction des sensibilités religieuses, culturelles, économiques, gouvernementales. Cet état de fait impose aux personnes de bonne volonté de s’impliquer pour la cause de cette catégorie sociale en souffrance en vue de lui donner une chance de survie et de protection. Cette enfance en difficulté, celle qui nous intéresse, ce sont les enfants abandonnés à leur naissance, jetés à la poubelle ou aux dépotoirs d’ordures, aux entrées des églises ou des mosquées, des hôpitaux ou des services publics; des enfants orphelins totaux ou partiels, des enfants dont l’éducation est compromise et qu’ il conviendrait d’appeler dans le jargon juridique sénégalais « enfants en danger moral ». À cette liste s’ajoutent les enfants maltraités par leurs parents ou des tierces personnes, les enfants victimes d’abus sexuels. Cette situation s’accentue de plus en plus dans les grandes villes, agglomérations urbaines créant une désarticulation du tissu familial, social. Les frontières des pays sont ouvertes, favorisant le brassage culturel et des rencontres sexuelles occasionnelles. Des enfants naissent sans leur consentement. C’est fort de l’ampleur de la question de l’enfance qu’on commença à lui accorder une écoute patiiculière. À ce titre, la question de l’enfance en difficulté fait l’objet d’une abondante littérature dont je ne saurais aborder ici en toute son intégralité. Je me contenterai de jeter un coup d’œil sur quelques écrits.Aimé Aël M. Makutu (1997) souligne l’ébranlement de la ceU ule familiale du fait que le jeune, très tôt, perd son identité culturelle, phénomène qui est accentué par l’impact de la crise économique et des nouvelles fonctions sociales des outils des nouvelles techniques de communication et de l’information. Il affirme que la situation des enfants ayant changé de cercle familial pèserait lourdement sur le mental de cette couche sociale. Dans son introduction du rappOli d’enquête sur les conséquences des conflits armés sur les enfants, madame Graça Machel (1998) nous apprend qu’ils laissent chez les enfants des plaies béantes du fait des blessures physiques, morales, psychologiques, sanitaires et culturelles qu’ils subissent. Elle mentionne: «Les conflits armés compromettent le développement de l’enfant sur tous les plans: physique, mental et émotionnel » (1998). Bien que notre étude ne soit pas liée aux enfants issus de zones de conflits, retenons cependant qu’il s’agit de déplacements d’enfants de leur milieu familial à un milieu qui leur est étranger. À cet effet, la garde de l’enfance en difficulté, maltraitée, négligée devient l’affaire de la justice, de l’État. C’est ainsi que la notion de l’adoption apparaît, régie par des lois et dont l’objectif serait de donner protection et une survie à l’ enfance en difficulté. Cette noble volonté étatique s’enrichit de nouveaux vocabulaires. On parle ainsi d’adoption simple et d’adoption plénière, d’adoption ouverte. Nous reviendrons ultérieurement sur la définition de ces concepts. Ces adoptions sont toujours pratiquées dans le monde moderne surtout en Europe et en Amérique du Nord (Ouellette et Belleau, 1999).

Enfant adopté ou enlevé

  Par enfant, nous entendons toute persOlme qui n’a pas encore atteint la majorité,c’est-à-dire 19 ans (Législation sénégalaise). Ainsi, l’enfant adopté est un être humain qui est sous la protection et la surveillance d’une personne adulte. L’enfant adopté ou enlevé serait donc un être humain inconscient qu’on a détaché des soins maternels et/ou paternels de son milieu d’origine. Nonobstant sa tendre enfance, son jeune âge, l’enfant, bien qu’arraché à son milieu d’origine sans son consentement, reste toujours un être sensible. Sa vulnérabilité, son incapacité ne traduit pas nécessairement son insensibilité aux problèmes qui l’assaillent, qu’il subit. C’est cette forme de souffrance, de violence dont est victime l’enfant qu’Alphonse Tay (1983), en prenant les termes de Roger Daoun, écrit: L’ampleur du phénomène des enfants de la rue nous interpelle tous parce qu’il s’agit d’un grave problème moral, une forme de violence infligée par les plus forts aux plus faibles, violence qui, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, passe par moi, par toi, par lui, par nous, par tous partout. Pour le cas d’espèce, il ne s’ agit pas des enfants de rue mais de la situation d’enfants adoptés, d’ êtres fragiles à qui on n’a pas demandé s’ils désireraient vivre loin de leurs parents. Ce non-prise en compte de l’ enfant ne constituerait-elle pas une violence qui soit faite? La famille constitue la première cellule de base de la société. Et lorsqu’il ne trouve pas goût de vivre dans ce cercle familial, il finit par élire domicile dans la rue. Le développement de mon sujet de recherche le précisera.

L’attachement

  Dans le langage courant, attacher c’est lier ou relier quelqu’un ou une chose à quelqu’un ou à une chose. On notera alors l’ esprit de contact entre deux choses ou deux personnes.Dans le champ des sciences sociales, l’attachement serait le sentiment qui nous unit à une autre personne (Sillamy, 1980).Pour paraphraser les auteurs Marceline Gabel, Martine Lamour et Michel Manciaux de La protection de l ‘enfance: maintien, rupture et soins des liens (2005), l’attachement est le sentiment qui unit une personne à d’ autres personnes ou aux choses qu’ elle affectionne. Elles considèrent l’ attachement comme une relation ou le lien de dépendance ou d’ influence réciproque entre deux personnes. Encore plus loin, elles nous apprennent que la nature des liens d’attachement de l’enfant avec les figures parentales dépend également du rang social qu’occuperait l’enfant. Il est aussi noté que la coordination des actions en faveur du petit de l’ homme dans la famille est fondamentale pour lui. Il s’ agit de la participation, de l’organisation, de l’ attention focale et du contact affectif. Ils nous apprennent qu’il existe différents types de familles où les enfants peuvent éprouver d’énormes difficultés à vivre harmonieusement leur vie d’enfant. Il s’ agit de familles dites à problèmes, familles désorganisées, familles défaillantes, familles dysfonctionnelles (p.317). Dans le but de sauvegarder l’enfant, ils sonnent l’alerte: pour ces familles, l’ intervention précoce auprès des enfants apparaît comme une nécessité, et souvent dans l’urgence (p 318). Pour ma part, je m’interroge sur la raison pour laquelle les parents biologiques restent inactifs lorsqu’ils sont informés du calvaire que vit leur progéniture confiée ailleurs. suit : Prior et Glaser (2010) conforteront cette idée, le (attachement) définissant comme L’attachement aurait une connotation positive comme l’affection, la dévotion ou même l’ amour. .. Un attachement est lill lien ou un engagement entre un individu et une figure d’attachement … Un attachement est un lien basé sur le besoin de sécurité et de protection. (Prior & Glaser, 2010, p.19) Ils parlent notamment d’ attachement sécure où l’ attaché doit avoir confiance à l’ attachant manifestant sa disponibilité, répondant sensiblement aux besoins exprimés par la personne à protéger. Un effet de réconfort apparaît dans ce cas. Cependant, il nous paraît important de soulever que, pour que l’ attachement puisse réussir, le cadre d’accueil devra être un lieu où l’enfant serait à mesure de s’intégrer facilement.La qualité des premières expériences d’ un enfant en matière de relations proches va significativement influencer son développement et l’ environnement relationnel peut changer positivement ou négativement les sentiments des enfants à l’ égard d’ eux-mêmes ou des autres; cela peut influencer les enfants à devenir davantage sécures ou moins sécures (Schofield & Beek, 20 Il , p.9). Dans son document intitulé L’adolescent difficile et ses parents (2008, p.9), Kati Varga fait remarquer qu’en regardant les méfaits de comportements chez les adolescents, on se rend compte qu’ils sont l’ expression de règlements de compte avec les parents, appuyant que le rôle de l’environnement et de son impact sur la psyché sont déterminants, reconnus par les courants de pensée.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
RÉSUMÉ
ABSTRACT
AVANT -PROPOS
LISTE DE FIGURE
LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION GÉNÉRALE
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE
1.1 QUI SUIS-JE ?
1.2 CONTEXTE
1.2.1 Le peuple balante
1.2.2 La place de l’enfant chez les Balantes
1.3 PERTINENCES
1.3.1 Pertinence sociale
1.3.2 Pertinence personnelle
1.3.3 Pertinence professionnelle
1.3. Pertinence scientifique
1.4 PROBLÈME ET QUESTION DE RECHERCHE
1.5 OBJECTIFS
CHAPITRE II CADRE THÉORIQUE
2.1 CLARIFICATION CONCEPTUELLE
2.1.1 ADOPTION
2.1.2 Enfant adopté ou enlevé
2.1.3 L’attachement
2.1.4 Maltraitance
2.1.5 Estime de soi
2.1.6 Rupture de liens
2.1.7 L’éducateur spécialisé (cas du Sénégal)
CHAPITRE III MÉTHODOLOGIE
3.1 L’HEURISTIQUE
3.2 L’AUTOBIOGRAPHIE ET BIO SCOPIE
CHAPITRE IV LES RÉCITS AUTOBIOGRAPHIQUES
4.1 RÉCITS DE VIE
4.1.1 Les étapes de ma vie
4.1.2 Le Kasàla
4.1.3 Phase d’inconscience
4.1.4 Phase de prise de conscience ou questionnement
4.1.5 Ma troisième naissance
CHAPITRE V ANALYSE ET INTERPRÉTATION
5.1 D’où JE VIENS ?
5.2 LE LEGS INTERGÉNÉRATIONNEL
5.3 LA TRAJECTOIRE HISTORIQUE
5.4 L’ENFANT ADOPTÉ, L’ÉTERNEL RÉADAPTÉ
5.5 LES DISCOURS QUI ME FONT QUESTIONNER
5.6 QUAND NOTRE VÉCU CONSOLIDE NOTRE ENGAMENT PROFESSIONNEL 
CHAPITRE VI CONCEPTUALISATION OU MODÉLISATION
6.1 JE SUIS UN ENFANT ARRACHÉ, BRUTALISÉ, RÉADAPTÉ, HUMILIÉ 
6.2 L’ENFANT ADOPTÉ EST ENTREPRENANT, CRÉATIF, OUVERT, SENSIBLE, AVERTI
6.3 L’ENFANT ADOPTÉ OU ENLEVÉ DEVENU UN COMBATTANT, DÉFENSEUR DES OPPRIMÉS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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