L’encyclopédie d’Éric Chevillard.

Articulation du sujet et approche générale

« Il y a des savoirs qui sont indépendants des sciences (qui n’en sont ni l’esquisse historique ni l’envers vécu), mais il n’y a pas de savoir sans pratique discursive définie ; et toute pratique discursive peut se définir par le savoir qu’elle forme. » C’est en ces termes que Foucault surpassait la dichotomie traditionnelle entre les notions de savoir et de science dans son entreprise d’élaboration et de description d’une méthode analytique qu’il nommait « archéologie » du savoir . Le savoir selon lui ne serait nullement réductible aux seules sciences expérimentales, car, écrit-il « il [le savoir] n’est pas investi seulement dans des démonstrations, il peut l’être aussi dans des fictions, des réflexions, dans des récits, dans des règlements institutionnels, dans des décisions politiques »  . Cet apport intéresse d’une manière ou d’une autre toute approche fondée sur les rapports entre disciplines en général et entre littérature et savoirs en particulier. Dans la tradition littéraire et critique, cette dualité trouve en effet un écho dans l’Antiquité avec la première esquisse du jeu entre poésie et vérité par Platon. Opposant le monde sensible au monde intelligible, le philosophe estime dans sa République que les poètes (imitateurs) produiraient un discours chimérique dont les énoncés,dénués de véracité ou de véridicité, se contenteraient d’imiter servilement la réalité. Aussi écrit-il : Notre thèse pose, à commencer par Homère, que tous les poètes sont des imitateurs mimant les simulacres de la valeur morale et des autres thèmes de leurs créations, sans atteindre la vérité. Ce que nous venons de dire du peintre […] s’applique donc au poète, et nous dirons de lui : ce sont des couleurs des métiers pris un à un que ses mots et ses phrases composent leurs couleurs, car il ne s’attend qu’à des imitations .

Exposition de la problématique centrale, enjeux et débats en cours

La littérature, au sens actuel du terme, s’établit en effet à partir du dix -huitième siècle au moment où elle se distingue des autres formes écrites telle que l’histoire. En ce sens, elle se constitue en discipline « autonome » donnant plus tard naissance à une « science » de la littérature, laquelle, à son tour, a donné lieu à un foisonnement des méthodes critiques et des écoles de pensée qui auront succédé les unes aux autres . Via ce cheminement, elle s’est vue assigner des spécificités épistémologiques portées par de grands courants qui l’ont selon les cas et à des degrés divers, rapprochée (la sociologie de la littérature, la critique psychanalytique ou encore l’épistémocritique de nos jours) ou éloignée des autres champs du savoir (le formalisme, le structuralisme). Devenue objet indépendant ˗ au sens où elle évolue tout en marquant sa singularité ˗, l’affirmation de son identité est aussi passée par plusieurs interrogations internes et/ou externes au champ littéraire. Au nombre desquelles : la question relative au rapport de la littérature à la connaissance. Celle ci permet de poser d’emblée les limites de la littérature, ses frontières avec les autres disciplines dans la mesure où elle renvoie aux réflexions portant sur le type de connaissance véhiculé par le texte littéraire. Aussi cette question pointe- t- elle le rôle et/ou la place de la littérature dans le vaste champ des sciences humaines et sociales d’une part et, d’autre part, dans tous les autres champs de la connaissance.

Pouvant paraître éculée, une telle interrogation a bien au contraire continué de nourrir les réflexions se rapportant aux liens extrinsèques de l’art littéraire. De Michel Serres et Michel Foucault à Laurence Dahan-Gaida aujourd’hui, en passant par Michel Pierssens, l’étude des rapports entre savoirs et littérature continue d’alimenter les recherches, donnant d’ailleurs lieu à un champ épistémique plus qu’élargi ; puisque, s’étendant désormais au champ des nouvelles technologies, aux sciences cognitives, aux humanités numériques etc.

Définition du corpus 

Ce qui importe ici ce ne sont guère uniquement les types de savoirs à l’œuvre dans une œuvre de fiction mais surtout le fait que celle-ci « prenne en charge beaucoup de savoirs » et qu’elle travaille, dirait Barthes, dans les interstices de la science. Il serait donc intéressant d’analyser par exemple non seulement la spécificité des savoirs, leurs modalités d’insertion, mais aussi leur portée dans des fictions dites fictions ‟singulières” de la littérature contemporaine française. En ce siècle en effet, au moment où la littérature survit à une époque fortement marquée par nombre d’esthétiques et par la crise de la représentation (de l’esthétique de la rupture à l’ère du soupçon), certains critiques ˗ nous pensons notamment à Dominique Viart ˗, estiment qu’il plane une forme d’imprécision ou d’indécision conceptualisante ; théoriciens et critiques ne proposant guère une catégorisation définitive et générale à laquelle serait restreinte la production romanesque contemporaine. Bien au contraire, les fictions contemporaines ˗ celles qui ont été publiées à partir des années quatrevingt notamment ˗, empreintes de cocasseries, de fantaisie, de loufoquerie, d’incongruité voire de bizarrerie, sont dites fictions particulières, singulières, indécidables, pour reprendre une formule de Bruno Blanckeman.

Il n’est en effet plus question, à l’aune des XXe et XXIe siècles ˗ chez la jeune génération de Minuit bien plus que chez toute autre ˗, de s’aligner béatement sur ce qu’il a souvent été convenu d’appeler modèle romanesque balzacien. Il s’agirait plutôt, selon Dominique Viart, de « renarrativiser » le roman dans la mesure où, poursuit-il, « c’est plutôt sur le mode parodique que des narrations virtuoses raffinent sur le souvenir et le savoir de la littérature» . Dans cette logique donc, plus envisageable « comme au temps de Sartre ou d’Aragon, d’ ‘‘engager’’ la littérature sous la coupe de quelque idéologie »  . En conséquence, se détournant des techniques narratives du roman traditionnel, ces auteurs nous donnent à lire des narrations qui se démarquent ou s’affranchissent des formes anciennes devenues presque caduques pour certains d’entre eux. Un Éric Chevillard par exemple, dont l’écriture éclot aux lendemains de l’ère du soupçon, n’a cessé de marteler son adversité farouche à l’égard du réalisme en littérature qu’il n’hésite pas, dit-il, à ‟contre-attaquer”. Cependant, Dominique Viart ne manque pas de préciser que « ces pratiques ludiques, avec leur vaste combinatoire des registres et des mondes, se prêtent admirablement aux théorisations parfois contradictoires de la ‘‘postmodernité’’ » .

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
§. 1 Articulation du sujet et approche générale.
§. 2 Exposition de la problématique centrale, enjeux et débats en cours
§. 3 Définition du corpus
§. 4 Justification du choix du sujet et positionnement de la thèse
§. 5 Méthode, démarche analytique et problématique
§. 6 Justification de la démarche générale et exposition du plan de rédaction
PARTIE I : DU CHOIX DES SAVOIRS ET DE LEUR SPECIFICITE
Chapitre I. Histoire naturelle et sciences de la Terre
I.1 La botanique
I.2 La zoologie
I.3 La géologie et la paléontologie
Chapitre II : Des sciences humaines
II.1 La préhistoire
II. 2 L’Histoire
II. 3 L’archéologie
Chapitre III : Histoire littéraire et dialogue des arts
III. 1 Chevillard et la littérature
III. 2 La référence à la peinture
III. 3 La référence à l’artisanat
Conclusion partielle
PARTIE II : DE LA MISE EN FICTION DES SAVOIRS
Chapitre IV : Distanciation des savoirs
IV. 1 « Figures de savants hypothétiques »
IV. 2 Description ludique du savoir : le risible scientifique
Chapitre V : Intertextualités savantes : réécriture et parodie des savoirs
V. 1 De l’usage de la citation
V. 2 « L’intertextualité intégrante »
V. 3 « L’intertextualité ouverte »
Chapitre VI : Savoirs et didactisme : entre sérieux et comique
VI. 1 Le manuel zoologique selon Chevillard
VI. 2 Le savoir positif des narrateurs
VI. 3 Le double emploi du dictionnaire
Conclusion partielle
PARTIE III. DE LA FONCTIONNALITE DES SAVOIRS
Chapitre VII. Une rhétorique de l’exotisme
VII.1 Mise en perspective de formes historicisées du savoir
VII.2 L’insertion des savoirs : une défiance du réel
Chapitre VIII. Un souci d’ouverture
VII.1 Une volonté de « concret »
VIII. 2 L’expérience encyclopédique à proprement parler
Chapitre IX. ‘‘Le grand déménagement du monde’’
IX. 1 Remise en cause de la prééminence de l’homme
IX. 2 Un tout-monde chevillardien ou la combinatoire des possibles
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE

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