L’élevage des protées

L’élevage des protées

LE PROTEE (Proteus anguinus Laurenti )

Le protée fût le premier vertébré cavernicole remarqué, probablement à cause de sa grande taille . Il est l’unique vertébré troglobie européen et le cavernicole le plus anciennement connu

 Classification

Le protée est un amphibien urodèle. Il ne subit pas de métamorphose et conserve toute sa vie son aspect de larve. En particulier, il conserve ses branchies larvaires : c’est un pérennibranche. Les urodèles cavernicoles sont regroupés en trois catégories : les salamandres lucifuges, que l’on trouve aux entrées des grottes, les urodèles proprement cavernicoles et le type intermédiaire. Le protée appartient aux urodèles proprement cavernicoles .
Les urodèles sont regroupés en 8 familles; le protée appartient à la famille des Proteidae, qu’il ne partage qu’avec un autre genre, le necture ( Necturus maculosus ), vivant en Amérique du nord à la surface des lacs, des étangs et des cours d’eau [44, 47, 16] (Figure 7). Longtemps s’est posée la question pour ces deux espèces de savoir s’ils appartenaient à la même famille ou s’ils étaient les membres de deux familles ayant évolué parallèlement. Hecht et Edwards en 1976 [30] les classent, à partir de comparaisons anatomiques et ostéologiques, dans deux familles distinctes : les Necturidae et les Proteidae.

Mais on ne peut nier un pool génique commun et original, 2n = 38 [16], ainsi que de nombreux caractères communs chez la larve comme chez l’adulte. Nombreux sont les auteurs qui par la suite les classent dans une même famille. J.P Durand, en 1983, déduit des caractères morphologiques, ostéologiques, écophysiologiques, éthologiques, paléontologiques et paléoclimatiques que ces deux espèces appartiennent bien à une même famille, les Proteidae, et que les différences entre ces deux genres témoignent d’une évolution disjointe [16, 17, 44].
A l’intérieur de l’espèce Proteus anguinus, deux sous-espèces : Proteus anguinus anguinus ou Proteus anguinus Laurenti, ici étudié, et Proteus anguinus parkelj, découvert en 1993 dans les sources Doblicia et Bela Krajina en Slovénie et décrit comme sous-espèce nouvelle en 1994 [16]. Ces animaux sont très différents de la sous-espèce anguinus, puisqu’ils sont pigmentés en noir, présentent de petits yeux ainsi qu’un museau court (Figure 9). Dans cette étude, nous nous sommes limités à la sous-espèce anguinus Laurenti.

sa morphologie externe

« Pedibus posticis gradientibus, truco tereti elongato, candidissimo impini, apendiculis branchiorum corallinis ; cauda compressa, membrana cincta ; oculis nullis » (« Les pattes postérieures servent à la marche, le corps allongé, de section circulaire, du blanc le plus parfait, est boudiné, les appendices branchiaux sont semblables à du corail ; la queue aplatie, est entourée d’une membrane ; les yeux sont absents ») [46]. C’est ainsi que Josephi Nicolai Laurenti décrit le protée dans sa thèse « Synopsis Reptilium », publiée en 1768 .
Le protée présente une forme générale très allongée (Figure 10). Son corps est cylindrique et flexible, et mesure de 16 à 30 cm pour un diamètre de 2 cm. Ces dimensions font de lui un géant de la faune cavernicole, la plupart des cavernicoles européens ne mesurant que quelques millimètres de longueur [56]. Il possède plus de 38 vertèbres (jusqu’au sacrum) et de nombreux sillons costaux sont visibles.Les membres sont grêles, munis de 3 doigts pour les antérieures tandis que les postérieures ne possèdent que 2 orteils (Figure 11), et ne servent que pour des déplacements lents sous l’eau et, occasionnellement hors de l’eau où l’animal s’affaisse . En effet, les ceintures scapulaire et pelvienne ne permettent pas de soulever le corps du sol .
Sa peau présente une coloration blanche à rosée avec quelques taches mélaniques et laisse transparaître le contour des organes internes, ce qui rend le sexage aisé . Le corps est recouvert d’un mucus hyalin qui s’opacifie lors d’état de souffrance, ce qui donne un aspect terne à l’animal. Une pigmentation grise peut être induite par exposition à la lumière .
La tête (Figure 12) est aplatie dorso-ventralement et présente l’aspect cunéiforme d’un bec de canard : le crâne est allongé et sans orbite, large et tronqué au niveau des narines clairement visibles. Les yeux sont réduits (300 à 700 µm) et enfoncés sous la peau chez l’adulte où ils n’apparaissent plus que comme un petit point noir ; ils sont présents chez la larve et jusqu’à l’âge de 3 ans [16]. La bouche est fine et largement fendue, de petites dents ornent les mâchoires et le palais [52] : on compte environ 60 dents maxillaires et 50 mandibulaires [43]. En avant des membres antérieures, se situent trois houppes branchiales d’un rouge corallien, ainsi que deux fentes branchiales, et ce en dépit de la présence de poumons rudimentaires [33].
La présence d’une queue aplatie latéralement, mesurant le tiers de la longueur totale du corps et munie d’une membrane natatoire, lui permet de nager habilement.
En arrière des racines des membres postérieures, on peut observer ventralement une fente cloacale allongée longitudinalement. Les mâles sont plus petits que les femelles et peuvent être distingués de celles-ci durant la période de reproduction par leur cloaque plus large .
Au toucher le protée est froid, lisse et glissant.
La durée de vie du protée est de l’ordre de 50 années .

 la dépigmentation de la peau

La peau présente une dépigmentation caractéristique des cavernicoles (tout du moins à l’état adulte puisque les larves sont pigmentées) et laisse transparaître les capillaires sous-jacents, responsables d’une coloration rosée de l’animal.
Un protée placé à la lumière acquière une coloration gris foncé ou noirâtre, entremêlée de taches jaunes : le protée n’est donc pas atteint d’albinisme comme il est communément pensé, puisqu’il est capable de produire de la mélanine, grâce aux chromatophores présents dans le téguments et qui se multiplient en présence de lumière [54,56]. La mélanine se développe rapidement chez le jeune animal, plus lentement chez l’adulte et plus du tout chez l’animal âgé [55]. Les processus de pigmentogenèse ne sont donc point supprimés mais seulement affaiblis et peuvent aboutir si un facteur stimulant tel que la lumière entre en jeu [56].
Elevés sous une lumière voisine en intensité de la lumière du jour, les protées se développent normalement montrant que le facteur lumière n’est pas un facteur physiologique limitant exclusivement la vie du protée dans les grottes. En revanche sa photophobie prononcée est certainement le facteur comportemental qui induit le protée à fuir les habitats éclairés [16].

La régression oculaire

Chez l’adulte on trouve, enfoncé dans les tissus de l’orbite, un kyste oculaire tout à fait rudimentaire, cornée et cristallin ayant disparu et la peau recouvrant le tout. Les muscles oculaires persistent mais ils ne sont pas fonctionnels.
Les yeux se développent quasi normalement chez l’embryon et à l’éclosion, la larve naît avec une cornée et un cristallin transparents, une rétine très simple mais présentant les couches habituelles de neurones. On trouve également les indicateurs fonctionnels habituels de l’œil. Ce n’est que chez le jeune de 10-12 cm que les yeux dégénèrent de façon synchrone avec la dégénérescence des centres nerveux visuels de façon centripète.
En un mot, la structure si particulière de l’œil du protée est le résultat d’un arrêt du développement et de la dégénérescence du cristallin .
On peut se demander si l’organe visuel joue un rôle dans la vie du protée. Dubois en 1890 [13] avait affirmé que des protées adultes dont on avait recouvert les yeux d’un mélange de gélatine et de noir de fumée montraient une réaction à la lumière plus lente que des protées normaux. Hawes en 1946 [29] prouve que le comportement de protées chaussés de lunettes noires est identique à celui des témoins : les réactions du protée à la lumière sont déterminées par une sensibilité dermatoptique qui met en jeu les cellules sensorielles de la peau [55].
La régression de l’œil du protée est-elle la conséquence de la vie souterraine ? Lamarck, dans la Philosophie zoologique, publiée en 1809 [40], cite l’œil du protée comme exemple de réduction par effet du non-usage. En fait, cette conclusion n’est rien moins que certaine. Il est remarquable de constater que les Pérennibranches, vivant tous dans les eaux superficielles, à l’exception du protée, possèdent des yeux réduits et même parfois fortement régressés. On ne saurait invoquer dans ce cas l’absence de lumière. Par contre, on peut penser que néoténie et réduction de l’œil sont liés l’un à l’autre ou relèvent d’un même déterminisme. La néoténie résulte soit d’un hypofonctionnement thyroïdien, soit d’une insensibilité des tissus à l’hormone thyroïdienne. Or le développement de l’œil est lui aussi sous la dépendance de cette hormone. C’est donc dans l’insensibilité des tissus du protée à l’hormone thyroïdienne qu’il faut chercher le facteur de la régression oculaire [19, 55, 58].

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Table des matières

Table des illustrations
Introduction
I. PRESENTATION DU PROTEE
1. Histoire et mythologie
1.1 La découverte du protée
1.2 Mythologie
2. Le protée (Proteus anguinus Laurenti)
2.1 Classification
2.2 Un curieux animal
a) sa morphologie externe
b) la dépigmentation de la peau
c) la régression oculaire
2.3 Problématique de la néoténie
II. ECOLOGIE DU PROTEE
1. Localisation et habitat
1.1 Répartition géographique
1.2 Habitat
1.3 Le protée : une espèce protégée
2. La nutrition du protée
2.1 L’alimentation
2.2 Le métabolisme des protées
2.3 La respiration
III. ADAPTATIONS SENSORIELLES ET COMPORTEMENTALES
1. Détection des proies
2. Communication chimique et comportement social du protée
2.1 Interactions sociales entre protées adultes non actifs sexuellement
2.2 Interactions sociales entre congénères actifs sexuellement
2.3 Interactions entre jeunes et adultes
3. La magnétoréception
IV. LA REPRODUCTION DU PROTEE
1. L’élevage des protées
1.1 La grotte-laboratoire de Moulis
1.2 Les conditions d’élevage
1.3 Bilan de l’élevage
1.4 Le cycle vital du protée
2. Une reproduction ovipare
3. Développement et croissance
3.1 Développement embryonnaire
3.2 Développement larvaire
3.3 La croissance
Conclusion
Références bibliographiques

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