Principe de l’enregistrement de l’activité électrique cérébrale

GENERALITES

DEFINITION ET EPIDEMIOLOGIE

La maladie d’Alzheimer (MA) est une maladie neurodégénérative entrainant la perte progressive et irréversible des neurones dans des zones localisées du cerveau. Cette perte neuronale est associée à un déclin cognitif progressif affectant en particulier la mémoire mais aussi l’attention, les fonctions exécutives et les fonctions instrumentales (Colette et al., 2003). Ce déclin cognitif provoque une atteinte des relations sociales et une perte d’autonomie dans la vie quotidienne. La MA toucherait d’avantage les femmes que les hommes (une femme sur quatre contre un homme sur cinq). Les zones géographiques les plus touchées sont la Chine, l’Europe de l’ouest et les Etats-Unis (Ferri et al., 2005). Cette maladie est la cause la plus fréquente de démence chez la personne âgée (environ 70% des cas de démence).  Une enquête Delphi a révélé que 24 millions de personnes souffraient de démences en 2001 dans le monde. Depuis, ces chiffres ne cessent de croître et pourraient atteindre une valeur de 42,3 millions en 2020 et de 81,1 millions en 2040 (Ferri et al., 2005). En 2010, 36 millions de personnes étaient atteintes de démences dans le monde et cela a engendré un coût économique global estimé à environ 605 milliards de dollars (Wimo et al., 2013). Actuellement, plus de 40 millions cas de MA sont mondialement recensés et ceux-ci incluent plus de 40 % de la population de plus de 85 ans (Thies and Bleiler, 2011 ; 2013). Environ 900 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer aujourd’hui en France. Ces chiffres pourraient atteindre 1,3 million en 2020, compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie.

ETIOLOGIE 

A ce jour, il n’existe aucun consensus concernant l’étiologie de la MA. Toutefois, différents facteurs de risques ont été décrits (Sindi, Mangialasche et Kivipelto, 2015):
♦ l’âge et le sexe (le risque d’apparition de la maladie est plus important chez les femmes de plus de 80 ans),
♦ les troubles vasculaires,
♦ le diabète,
♦ les troubles lipidiques,
♦ l’hypertension artérielle,
♦ le tabac et l’abus d’alcool.

ALTERATIONS COGNITIVES 

LES TROUBLES MNESIQUES 

MEMOIRE EPISODIQUE 

Les troubles de la mémoire, et plus précisément les troubles de la mémoire épisodique, apparaissent à l’avant-plan du tableau clinique de la MA. La mémoire épisodique fait référence aux processus d’encodage, de stockage et de récupération d’informations ou d’événements personnellement vécus (Tulving, 1972 ; 2002). Des études ont montré que les patients Alzheimer ont des performances déficitaires aux tests de mémoire épisodique (tâches de rappel libre, tests de reconnaissance, apprentissage de paires associées) (Salmon, 2000). La plupart de ces études ont rattaché les troubles de la mémoire épisodique à des perturbations de la consolidation mnésique et du stockage de nouvelles informations. Lors d’une tâche d’apprentissage d’une liste de mots (California Verbal Learning Test), les patients Alzheimer présentent des difficultés lors du rappel libre et lors de la phase de reconnaissance. Ces difficultés ont été d’avantage associées à la perturbation des processus de consolidation en mémoire plutôt qu’à des troubles de la récupération de nouvelles informations (Delis et al., 1991). Une sensibilité plus importante à l’interférence, liée à la diminution de l’efficience des processus d’inhibition, contribuerait également à la diminution des performances en mémoire épisodique. Cela pourrait par exemple mener à la production d’erreurs d’intrusion (le fait de donner un mot qui n’était pas dans la liste initiale) (Jacobs et al., 1990 ; Delis et al., 1991) et à l’utilisation d’informations sémantiques non pertinentes lors de la phase d’encodage (Dalla Barba et Goldblum, 1996). Les altérations de la mémoire épisodique peuvent également se caractériser par des difficultés à apprendre de nouvelles informations (Petersen et al., 1994 ; Jones, Livner et Bäckman, 2006). Au test « rappel libre – rappel indicé 16 items » (Grober et Buschke, 1987), les patients rappellent peu de mots lors du rappel immédiat et le bénéfice de l’indiçage est faible lors des rappels différés. De plus, il y a peu d’items cibles rappelés lors de la phase de reconnaissance. Les patients commettent également des erreurs d’intrusion à ce test. Ces patterns neuropsychologiques caractérisent l’atrophie hippocampique.  Avec l’avancée dans la maladie, la sensibilité à l’indiçage serait de plus en plus faible (Buschke et al., 1997) et constituerait un critère de diagnostic différentiel avec le vieillissement normal (Grober et Buschke, 1987 ; Grober et Kawas, 1997) et avec d’autres types de démences (Pillon, et al., 1993). Chez les personnes âgées saines, la diminution des performances en rappel libre (Jelicic, Craik et Moscovitch, 1996) peut être compensée par la présence d’indices sémantiques qui supportent la récupération de l’information en mémoire (Woo et Schmitter-Edgecombe, 2009). Les processus d’encodage et de stockage apparaissent perturbés à l’avant-plan dans la MA, cependant certains auteurs ont émis l’hypothèse que l’ensemble des processus de la mémoire épisodique (i.e. encodage, stockage et récupération) serait touché compte tenu de l’atteinte importante et précoce de la mémoire épisodique (Jones et al., 2006).

MEMOIRE SEMANTIQUE 

La mémoire sémantique regroupe la signification des mots ainsi que les connaissances générales des faits et des concepts acquis indépendamment de leur contexte (Tulving, 1972). Des difficultés dans les processus de récupération de connaissances sémantiques ont été reportées aux premiers stades de la MA (Hodges, Salmon et Butters, 1992 ; Salmon, Butters et Cahn, 1999). Ce déclin est progressif et se caractérise principalement dans la vie quotidienne par une difficulté à nommer des objets ou des personnes. Les atteintes de la mémoire sémantique se caractériseraient non seulement par un trouble de la récupération de l’information stockée mais aussi par une perte du stock mnésique (Moreaud, 2006).

Sur le plan neuropsychologique, les troubles de la mémoire sémantique se manifestent :
♦ par un discours approximatif,
♦ par des paraphasies sémantiques (i.e. chat au lieu de chien)
♦ par la présence de réponses supra-ordonnées (animal au lieu de chien) dans les tâches de dénomination d’objets (Martin et Fedio, 1983 ; Bowles, Obler, Albert, 1987)
♦ ainsi que par des performances déficitaires dans des tâches de catégorisation sémantique (Aronoff et al., 2006) et de fluences verbales (Henry, Crawford et Phillips, 2004).

Les perturbations en mémoire sémantique se caractérisent au début de la MA par la perte de la connaissance des attributs spécifiques des concepts (Flicker et al., 1987). Avec l’évolution de la maladie ces perturbations deviennent liées à la perte de la connaissance globale catégorielle des concepts (Martin et Fedio, 1983). Ces déficits seraient liés aux lésions dans les régions corticales temporales, frontales et pariétales associatives dans lesquelles les connaissances sémantiques sont stockées de manière diffuse (Hodges and Patterson, 1995).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CADRE THEORIQUE
CHAPITRE I : LA MALADIE D’ALZHEIMER
1. Généralités
1.1 Définition et épidémiologie
1.2 Etiologie
2. Altérations cognitives
2.1 Les troubles mnésiques
2.1.1 Mémoire épisodique
2.1.2 Mémoire sémantique
2.2 Les troubles des fonctions exécutives et attentionnelles
2.3 Les troubles des fonctions instrumentales
2.3.1 Langage
2.3.2 Aptitudes visuo-spatiales
2.3.3 Praxies
3. Physiopathologie
3.1 Altérations au niveau macroscopique
3.2 Altérations au niveau microscopique
3.2.1 Les plaques amyloïdes
3.2.2 Les dégénérescences neurofibrillaires
CHAPITRE II : LES TRAITEMENTS PHARMACOLOGIQUES DE LA MA
1. Les traitements pharmacologiques symptomatiques de la MA
1.1 Médicaments cholinergiques
1.1.1 L’hypothèse cholinergique de la maladie d’Alzheimer
1.1.2 Les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase
1.2 Médicament glutamatergique
1.2.1 Le rôle du glutamate dans la MA
1.2.2 La memantine : un antagoniste glutamatergique
2. Les limites des traitements symptomatiques actuellement commercialisés
3. Les nouvelles stratégies thérapeutiques en phase de développement clinique
3.1 Les stratégies thérapeutiques ciblant les neurotransmetteurs
3.1.1 L’acétylcholine
3.1.2 La sérotonine
3.1.3 La dopamine
3.1.4 Le GABA
3.1.5 L’histamine
3.2 Les stratégies thérapeutiques ciblant les mécanismes physio-pathologiques « Disease-modifying treatments »
3.2.1 Les stratégies thérapeutiques axées sur le peptide Aβ
3.2.2 Les stratégies thérapeutiques axées sur la protéine tau
3.2.3 L’immunothérapie
3.2.4 Autres alternatives thérapeutiques
4. Les nouvelles approches visant à affiner l’évaluation de candidats médicaments de la MA en phase de développement clinique
4.1 Généralités sur le développement clinique
4.1.1 Les différentes phases d’étude clinique
4.1.2 L’évaluation cognitive comme modèle actuel d’étude de l’efficacité clinique
4.2 Les modèles inducteurs d’un déclin cognitif
4.2.1 Le modèle pharmacologique de la scopolamine et ses limites
4.2.2 Les alternatives non pharmacologiques (Challenge models)
4.3 Les outils d’exploration cérébrale fonctionnelle
4.3.1 La Tomographie par émission de positons
4.3.2 L’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle
4.3.3 L’électroencéphalographie
CHAPITRE III : L’EEG COMME METHODE D’EXPLORATION DYNAMIQUE DES PROCESSUS COGNITIFS
1. Généralités sur l’électroencéphalographie (EEG)
1.1 Principe de l’enregistrement de l’activité électrique cérébrale
1.2 Avantages et inconvénients de l’EEG
2. Le traitement du signal EEG
2.1 La modélisation mathématique du signal EEG
2.2 La décomposition temps-fréquence du signal EEG
2.3 Analyse de l’activité évoquée
2.4 Analyse de l’activité induite
2.4.1 Analyse de la puissance spectrale liée à l’événement
2.4.2 Analyse du niveau de cohérence de phase
3. Les potentiels évoqués cognitifs
3.1 Différentes ondes
3.1.1 L’onde N100
3.1.2 L’onde P200
3.1.3 L’onde N200
3.2 L’onde P300
3.2.1 Généralités
3.2.2 L’onde P3a
3.2.3 L’onde P3b
3.2.4 Régions cérébrales impliquées dans la génération de l’onde P300
4. Implication des rythmes EEG dans les processus cognitifs
4.1 Présentation des différents rythmes
4.1.1 Le rythme delta
4.1.2 Le rythme thêta
4.1.3 Le rythme alpha
4.1.4 Le rythme bêta
4.1.5 Le rythme gamma
4.2 Electrogénèse des oscillations corticales
4.2.1 Neurophysiologie du thalamus et du cortex cérébral
4.3 Oscillations thalamo-corticales et vigilance
4.4 Implication des neurotransmetteurs dans la génération et la modulation des oscillations corticales
4.5. Phénomènes de synchronisation et de désynchronisation liée à l’événement
4.5.1 Généralités
4.5.2 Fondements neurophysiologiques
4.5.3 Signification des ERS/ERD dans les différents rythmes
CHAPITRE IV : EEG, TRAITEMENTS SYMPTOMATIQUES DE LA MA ET PRIVATION DE SOMMEIL
1. Les effets des traitements symptomatiques actuels de la MA sur l’activité EEG
1.1 Données chez l’animal
1.1.1 Effets sur la cognition
1.1.2 Effets sur l’activité EEG de repos
1.1.3 Effets sur l’activité EEG dynamique
1.2 Données chez l’humain
1.2.1 Chez le patient
1.2.2 Chez le volontaire sain
2. Les marqueurs EEG du déclin cognitif induit par une privation de sommeil : données chez l’animal et chez l’humain sain
2.1 Données chez l’animal
2.2 Données chez l’humain sain
2.2.1 En EEG resting-state
2.2.2 En potentiels évoqués cognitifs
CONCLUSION GENERALE

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