L’effet Dunning-Kruger ou le biais cognitif

L’effet papillon

« Il arrive que les grandes décisions ne se prennent pas, mais se forment d’elles mêmes. » Henri Bosco, Malicroix .

L’heure des décisions approchait, mon année de terminale s’achevait et je devais choisir mon orientation. Mes résultats m’encourageaient à entreprendre des études scientifiques, pourtant mon attrait pour les sciences humaines m’incitait à choisir une autre voie, en continuité avec la filière économique et sociale dont j’étais issue. Passionnée par la psychologie, la sociologie et la biologie mais également interpellée par la philosophie; l’incertitude me saisissait…

Après quelques semaines de recherche et de questionnements je découvre le métier de psychomotricien sur internet. Ce dernier est défini par l’ONISEP comme « avoir le corps et l’esprit en harmonie pour dépasser les difficultés à la suite d’un accident ou d’une maladie, tel est l’objectif du psychomotricien. Il utilise le jeu et d’autres médiations pour rééduquer, notamment les troubles du geste, les problèmes d’orientation dans le temps ou dans l’espace, ou parvenir à mieux réguler ses émotions et s’adapter à son environnement. »  J’avais trouvé un métier qui réunissait mes matières de prédilection. C’était évident: ce métier était fait pour moi! Dès lors je me suis lancée dans cette aventure avec l’espoir de mieux comprendre la complexité du fonctionnement humain.

J’étais loin de me douter des remises en question provoquées par cette formation. Au début, la définition de la psychomotricité me semblait intelligible. Cette confiance a progressivement laissé place aux doutes et aux questionnements. Les réponses que j’étais venue chercher ont fait naître chez moi plus d’interrogations que de certitudes, il me fallait trouver un lien.

L’effet Dunning-Kruger ou le biais cognitif

Les étudiants sont avertis dès le début de leur cursus: ils vont devoir intégrer de nombreux savoirs théoriques, participer à des travaux dirigés et acquérir une expérience pratique pendant leurs stages. En effet, « former des étudiants au métier de psychomotricien implique de transmettre des savoirs, des savoir-faire et un savoir-être ». Afin de nous construire une identité professionnelle, nous sommes alors invités à tisser des liens, entre les connaissances que nous acquérons et notre pratique.

Malgré les échos qui me parvenaient sur les difficultés à élaborer une définition commune, sa spécificité me semblait évidente : elle mettait en lien le corps et l’esprit. Au cours de ma formation j’ai progressivement pris conscience des oppositions, au niveau théorique et pratique, entre professionnels. Je devais penser l’être humain de manière unitaire, comme la psychomotricité le revendique, tout en intégrant des savoirs séparant les sciences du corps et les sciences de l’esprit. Cela m’a amenée à m’interroger sur les notions de corps et d’esprit.

J’ai souhaité évoquer la théorie Dunning-Kruger de manière anecdotique car elle traduit mon vécu au cours de la formation. Cette étude a été menée par deux professeurs de psychologie, David Dunning et Justin Kruger. Leurs expériences montrent que les moins expérimentés ont tendance à surestimer leurs capacités et leurs performances, il s’agit d’un biais cognitif . L’explication de ce phénomène, qui a  été proposée par ses découvreurs, est que ces personnes ne détiennent pas les connaissances nécessaires pour s’apercevoir de la profondeur et la complexité d’un sujet donné. Force est de constater que ces contradictions interrogeaient la définition de la psychomotricité, j’ai commencé à m’intéresser à son histoire et à son évolution.

Tentative 

« Entre
Ce que je pense
Ce que je veux dire
Ce que je crois dire
Ce que je dis
Ce que vous avez envie d’entendre
Ce que vous croyez entendre
Ce que vous entendez
Ce que vous avez envie de comprendre
Ce que vous comprenez
Il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer.
Mais essayons quand même… »

Bernard Werber, encyclopédie du savoir relatif et absolu.

La psychomotricité 

Dualisme et monisme 

« Tout est en même temps yin et yang. Dans le bien il y a du mal et dans le mal il y a du bien. Dans le masculin il y a du féminin et dans le féminin il y a du masculin. Dans le fort il y a de la faiblesse et dans la faiblesse il y a de la force. Parce que les chinois ont compris cela il y a plus de trois mille ans, on peut les considérer comme les précurseurs de la relativité. Le noir et le blanc se complètent et se mélangent pour le meilleur et pour le pire. »

Bernard Weber, encyclopédie du savoir relatif et absolu.

Les différents courants philosophiques 

Exemple clinique 

Nous sommes en janvier 2018. La première partie de l’année est déjà derrière moi, les partiels sont terminés et ma maître de stage me laisse davantage de liberté. Elle m’offre la possibilité de proposer une séance à Anass.

Ce petit garçon de cinq ans, enjoué et souriant, souffre d’une malformation grave, le spina bifida , ce qui lui provoque une paralysie des deux membres  inférieurs. Un travail autour de la structuration spatio-temporelle, du schéma corporel, de la motricité fine et de la gestion des émotions est entrepris. J’aborde cette première séance avec hâte mais je ressens également de l’anxiété, de nombreuses questions surgissent : « Que vais-je pouvoir lui proposer? Va-t-il apprécier mes propositions ? Vont-elles être pertinentes? » Je me penche alors sur son dossier en relevant les axes thérapeutiques. Ils préconisent des expériences motrices au sol. Elles permettront à Anass de construire et d’intégrer une structuration spatio-temporelle, ainsi qu’une représentation corporelle satisfaisante. Je décide de proposer un parcours avec différents modules en mousse. J’apporterai un étayage corporel et verbal, précisant les localisations spatiales de son corps et des objets qui l’entourent, afin d’accompagner son exploration spatiale. Les images d’une histoire à reconstruire seront également cachées dans le parcours, elles permettront de travailler l’ordre et la succession des événements.

Le jour venu, nous allons chercher Anass dans son lit. Les yeux mi-clos, Anass se réveille doucement, ma maître de stage lui retire ses attelles et son corset pour le mettre dans son fauteuil. Une fois libéré de ses appareils, Anass nous suit dans la salle de psychomotricité. Je l’installe en décubitus ventral sur le tapis, en prenant les précautions nécessaires. Je lui explique ensuite les activités que j’ai prévues pour lui. En appui sur ses mains il me regarde par dessus ses lunettes tout en m’écoutant attentivement. A la fin de mes explications Anass m’exprime son désaccord « non, je ne veux pas faire ça! ». Me retrouvant démunie je lui demande ce qu’il veux faire et lui propose diverses activités: pâte à modeler, LEGO, dinette, sable, instruments de musique. Anass opte pour les LEGO. Qu’à cela ne tienne! Je sors la boîte sans vraiment savoir où cette activité allait nous mener. Des histoires de princesses, de dragons et de magiciens viennent s’ajouter et enrichir nos constructions. Anass m’amenait vers des chemins auxquels je n’avais pas pensé; en retour, j’alimentais et je structurais l’imaginaire qu’il apportait.

Cette séance a fait émerger de nombreux questionnements. Elle m’a permis de remettre en question ce que j’avais – ou plutôt pensait avoir – compris de la psychomotricité. Lors de mes premiers stages, je fixais des objectifs à accomplir au patient au travers d’exercices, cela me rassurait. Cette démarche donnait du sens à ma pratique, je me sentais « utile ». Néanmoins la spécificité de la psychomotricité me paraissait obscure. Cette discipline revendique sa capacité à prendre en compte la globalité du patient, en privilégiant la relation. Cette affirmation m’a toujours interpellée, elle négligerait la capacité d’un médecin, d’un ostéopathe, d’un kinésithérapeute ou d’un psychologue à entrer en relation et à considérer la globalité de la personne. Prenons l’exemple du kinésithérapeute, il peut également questionner le patient sur ses antécédents médicaux, ses habitudes de vie et son état psychologique (niveau d’anxiété par exemple) et en tenir compte dans sa prise en charge. De ce fait, il  considère également le patient dans son intégralité. Il peut aussi accorder une place centrale à la relation et à l’alliance thérapeutique.  Ajoutons que les réunions d’équipe pluridisciplinaire ont pour objectif de rassembler les différents points de vue, afin d’avoir une approche holistique du patient. Partant de ce constat je me suis demandée quel était le sens du terme de « globalité » pour un psychomotricien.

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Table des matières

Introduction
1. L’effet papillon
2. L’effet Dunning-Kruger ou le biais cognitif
3. Problématique
4. Tentative
Partie 1: La psychomotricité
I. Monisme et dualisme
1. Les différents courants philosophiques
1.1 Exemple clinique
1.2 Le dualisme corps-esprit
1.3 Le monisme
1.4 Conclusion de la partie I.1
II. Objectivité et subjectivité
1. Les différentes pratiques
1.1 Exemple clinique
1.2 Naissance de la psychomotricité
1.3 La psychomotricité par les preuves: les rééducateurs
Influence des neurosciences en psychomotricité
1.4 La psychomotricité relationnelle: les thérapeutes
Influence de la psychologie et de la psychanalyse en psychomotricité
1.5 Conclusion de la partie II.1
2. Histoire et évolution des sciences « dures » et des sciences « molles »
Conclusion de la partie II.2
3. Apport de la phénoménologie en psychomotricité
Conclusion de la partie II.3
4. Conclusion de la partie II
III. Simplicité et complexité
1. Les travaux dirigés
1.1 Exemple clinique
1.2 Déroulement et objectifs des travaux dirigés
1.3 Intuition : définition et intérêt
1.4 Conclusion de la partie III.1
2. Apport du bilan psychomoteur
2.1 Définition des troubles psychomoteurs
2.2 Items psychomoteurs évalués
2.3 Principes et enseignement des bilans psychomoteurs
2.4 Intérêts et limites des bilans standardisés
3. Complexité
3.1 Intégrer une vision complexe
3.2 Complexité et auto-organisation
3.3 Conséquences dans nos conduites thérapeutiques
4. Conclusion de la première partie
Partie 2: Identité professionnelle
I. Socialisation et identité
1. Socialisation primaire et secondaire
2. Définition de l’identité
3. Identité personnelle
4. Identité professionnelle
5. Etapes de professionnalisation dans la formation de psychomotricité
6. Conclusion de la partie I
II. Emergence d’une profession
1. Processus de professionnalisation et création d’un marché fermé
1.1 Découvertes à la base d’un besoin social
1.2 Les premières pratiques
1.3 L’organisation de la formation
1.4 Fermeture du marché du travail
1.5 Conclusion de la partie II.1
2. Organisation d’une profession: organisation, système, interrelations
Conclusion de la partie II.2
Discussion: Renforcer et développer l’identité professionnelle
I. Formations
II. Communication
III. Recherche
Conclusion générale
I. Limites du mémoire
II. Conclusion
Bibliographie
Annexe

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