L’Éducation à l’Environnement par la Nature (EEN)

L’Éducation à l’Environnement par la Nature (EEN)

Raison d’être de l’étude

« L’école en forêt » (expression proposée par l’association WWF3) est une pratique extramuros. Elle se réalise hors du bâtiment scolaire. Différentes disciplines scolaires peuvent être dispensées pendant ces temps en plein air (les sciences de la nature, la géographie, l’histoire, les activités créatrices & manuelles, les arts visuels, mais aussi le français, les mathématiques ou encore l’anglais et l’allemand). Ces sorties peuvent être plus ou moins régulières selon l’intention de l’enseignant-e. Dans l’idéal, cette forme d’enseignement implique une vie scolaire en extérieur toute l’année, comme le montre un reportage diffusé par la RTS (Radio Télévision Suisse) ayant pour titre « La classe verte »4. Ce dernier donne un aperçu réellement pertinent de cette pratique. Les élèves, essentiellement de petits degrés (1H-2 H) ou des crèches, apprennent, expérimentent et s’amusent toute l’année dans un environnement proche de la nature. Il est véritablement le point de départ de ma réflexion.

À l’issue de son visionnement, il a suscité mon intérêt et m’a portée sur l’école en forêt au Cycle II. Pourquoi cela ne serait-il pas envisageable avec les plus grands degrés ? Pourquoi ne pas sortir en extérieur avec des élèves de la 5e à la 8e HarmoS dans un but pédagogique ? Cette pratique est trop souvent imaginée exclusivement pour les plus jeunes élèves. Ici, l’école en forêt pourrait être qualifiée de « sorties régulières pédagogiques en forêt », car elle n’est pas une école à plein temps en extérieur comme le montre le reportage. Ces deux appellations sont étroitement liées. Elles ont toutes deux un but pédagogique et donc un apprentissage visé. L’expression « école en forêt » est la plus appropriée dans ce travail, car elle implique un enseignement en plein air et contient le terme « école ». Pour rappel, ce dernier vient du latin « schola5 » qui signifie « loisir consacré à l’étude ». Le loisir est associé au temps libre, cependant, au fil du temps l’école n’est pas devenue une activité facultative, mais belle et bien un droit dont dispose chaque être. Chacun, à tout âge, a également le droit d’apprendre ou de réapprendre à connaître la nature. « Nous et nos enfants n’avons plus besoin d’aller au monde puisque le monde vient à nous, vient à eux, livré, empaqueté, disponible dans l’instant même ». (Espinassous, 2010, p.13)

Aujourd’hui, différents moyens permettent aux élèves d’observer virtuellement leur environnement. L’apparition des MITIC6 dans le PER favorise l’utilisation de diverses ressources numériques. Ainsi un- e élève peut rapidement obtenir des images, vidéos illustrant des aspects de la nature environnante. La notion de réalité du monde, de la nature est quelque peu perdue. Le monde réel, médiatisé par de l’artificiel, modélisé et conceptualisé, y perd son réel. Le spectacle du monde, la « virtualisation », même sophistiquée du monde, ne remplaceront jamais le rapport réel au monde réel, la dureté et le superbe bonheur d’y vivre avec tout son être, corps, sens, intelligence mêlés et engagés. (Espinassous, 2010, p.41) Les nouvelles technologies ont certes de nombreux avantages. Elles permettent notamment d’aider certains élèves dans leurs apprentissages et d’apporter une plus-value à l’enseignement. Toutefois, il apparaît également important que les élèves puissent avoir un contact direct avec la nature, la forêt. Selon Lohri & Schwyter Hofmann (2004), les écoles primaires et les jardins d’enfants sont de plus en plus nombreux à proposer régulièrement des activités en dehors des salles de classe. Est-ce un effet de mode ou un élément de formation du futur ? Il n’est pas impossible qu’une telle pratique fasse, plus tard, partie des recommandations scolaires (PER).

Origine ou bref historique

En remontant dans le temps, l’un des points forts des classes nouvelles de 1945 est « l’étude du milieu » (Amiel & Ferrerons, 2013). C’est-à-dire que les élèves apprennent non seulement en classe (inmuros), mais aussi en dehors (extramuros). L’école s’ouvre sur l’extérieur. Elle se doit de ne pas oublier ce qu’il se passe de l’autre côté des murs. En effet, l’Éducation nouvelle prône la participation active des individus dans leur apprentissage. Ainsi, ce dernier ne doit pas seulement être une accumulation de connaissances, mais un facteur de progrès chez la personne. Il faut donc que l’apprenant cherche, essaie, se questionne, mais pas seulement ! Il doit aussi voir, sentir, toucher, goûter, entendre. De nombreux pédagogues ont déjà pu chercher des façons différentes d’enseigner aux élèves. Autrement dit, de diminuer l’enseignement frontal dans lequel un-e enseignant-e étale son savoir au profit d’un enseignement où « l’activité de l’enfant est au centre de la démarche » (Meirieu, 2011). L’adulte construit une situation dans laquelle l’apprenant se sent pris en considération et cherche des solutions, essaie. Il fera alors preuve de motivation, car la situation amenée attisera sa curiosité. Rousseau est, entre autres, le précurseur de cette pensée.

Le célèbre Suisse Johann Heinrich Pestalozzi s’en inspire en insistant sur la nécessité de lier toute connaissance à l’expérience. Il sera celui qui met en place l’Éducation nouvelle. Les principes de la Méthode, trouvés grâce à ses recherches effectuées sur la construction de formes cognitives, se fondent sur l’intuition, le passage du simple au complexe et la découverte de l’autonomie (Forster, 1996). En d’autres termes, l’adulte de référence doit partir du vécu de l’élève, de son expérience personnelle (intuition), il doit conduire l’enfant des intuitions abstraites à des notions plus précises (passage du simple au complexe) et finalement montrer le chemin, mais laisser les élèves marcher (autonomie). On ne peut parler de Pestalozzi sans sa célèbre triade : tête, coeur, main (figure en page suivante) soit l’intellect, l’affectif et les connaissances.

« Devenir soi-même, c’est développer l’être en soi dans toutes ces dimensions. On parle aujourd’hui de savoir, de savoir-être et de savoir-faire, de développement des compétences de vie » (Forster, 1996, p.7). Ces notions sont reprises dans le livre « L’école à ciel ouvert » (Barras, Henzi, Wauquiez, 2019) et appuient le fait que l’apprentissage dans son intégralité se fait en mobilisant tous les sens. Autrement dit, il fait appel à la triade mentionnée par le pédagogue suisse. C’est ainsi que d’autres pédagogues comme Montessori ou Freinet ont, à leur tour, revisité le rôle de l’enseignant-e dans l’apprentissage de l’élève. Tous deux mettent en avant l’aspect de liberté, de manipulation qui contribuent à la construction de connaissances de l’enfant.

Résultats de recherches, théories et synthèses

Une enseignante primaire (école Waldkinder de Saint-Gall) issue du reportage13 diffusé par la Radio Télévision Suisse (RTS) déclare que les élèves arrivant dans les classes « normales » (sous-entendu des classes traditionnelles, entre quatre murs) font partie des « bons élèves », ont de bonnes compétences sociales et font preuve de beaucoup d’imaginations. La fondation SILVIVA met en avant plusieurs effets bénéfiques des sorties régulières en forêt. En effet, l’un est notamment le fait qu’elles diminuent le stress et les agressions que peuvent provoquer des maladies psychologiques ou psychiques. Les thérapies par la nature ou les bains forestiers14 (Brambilla, 2018) pratiqués au Japon sont utilisés pour soigner certains troubles. Kuo & Faber-Taylor (2004, cité par Espinassous, 2014, p.16) proposent un remède qui est susceptible d’étonner plus d’une personne : les enfants qui seraient atteints de TDAH (Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité) devraient réaliser vingt minutes de marche dehors ! Les résultats sont les suivants : plus le chemin est « vert », plus les symptômes diminuent ; après cette étonnante recommandation, les enfants montreraient une capacité à se concentrer proche de celle des autres.

Louis Espinassous (2014) exprime d’une façon plus radicale, son point de vue à ce sujet, cependant il est intéressant de relater ce qu’il exprime, car cela amène une certaine réflexion : J’affirme qu’entraver les enfants dans leur corps et considérer que « remuer les mains et les pieds, se lever, courir, grimper partout, avoir du mal à se tenir tranquille, agir comme si l’on était monté sur ressort » sont des troubles mentaux, est monstrueux. Arrêtons d’enfermer et d’entraver les enfants dans leurs corps et leur sens, libérons-les : mettons-les dehors, dans la nature, le plus souvent possible. (Espinassous, 2014, p.17) L’ouvrage « Besoin de nature » d’Espinassous (2014) peut, à certains moments étonner, mais il invite le lecteur à réfléchir tout en étant critique. On l’entend bien, l’écrivain-éducateur prône une éducation dans laquelle les enfants expérimentent, vivent, apprennent. Nature et résultats scolaires Au Canada, des études montrent que les élèves qui participent aux activités d’éducations physiques voient leur note de lecture augmenter de 36 %, et en mathématiques de 24 % en l’espace de deux années. En Californie, des enfants ayant effectué des activités en extérieur sur des durées relativement brèves élevaient leurs notes de 27 % et augmentaient leur confiance en eux (Cardinal, 2010, cité par Espinassous, 2014, p. 118).

Controverses et ressemblances entre études

Il est intéressant de prendre connaissance du paragraphe « Débarrassez-vous des malles » (Espinassous, 2010, p.158) : Malles pédagogiques, mallettes, valises, valisettes et autres animations en kit pour animateurs VRP15, intervenants TGV16 ! Animateurs, éducateurs, c’est vous qui comptez avec vos cinquante ou quatre-vingts kilos de chair, de vécu, de rêve, de savoir et de générosité. C’est avec vous, c’est à travers vous qu’ils vont rencontrer, partager, apprendre, grandir. Ne vous mettez pas au service des malles pédagogiques, au service d’objets fabriqués et des programmes construits par d’autres. Offrez surtout votre passion, votre vécu, vos savoirs. Prenez éventuellement quelques programmes, quelques techniques, quelques objets réappropriés, déconstruits, reconstruits, devenus vôtres et à votre service. Le message de l’auteur est assez clair ici : rien ne vaut l’expérience et le partage de celle-ci pour sensibiliser les élèves à leur environnement ! Le besoin de quelconques outils pédagogiques n’est finalement qu’un extra qu’il convient d’utiliser à bon escient. Il ne suffit donc pas d’apporter des éléments en classe, il faut se rendre en extérieur ! Mais ce dehors peut engendrer des discussions sur les différents aspects évoqués ci-contre : la sécurité et le danger.

En effet, Espinassous (2010) expose le fait qu’aujourd’hui les enfants sont « surprotégés ». Les adultes ont peur, peur qu’il leur arrive quelque chose, peur qu’ils se blessent ou pire encore. Ceci pousserait certains-es enseignants-es à soustraire l’enfant à toutes activités à risque voire à les supprimer entièrement. Certains constats mis en avant par Bouchon, Gonnin Bolo & Pedemay (1989) mettent en évidence le point de vue de certains-es enseignants-es qui ne sont pas favorables à cette pratique en extérieur. Il en ressort que la sortie (liée à l’école en forêt) en elle-même est dénudée de sens et qu’elle « […] n’est qu’un prétexte pour « se promener » ; les élèves ne sont pas plus intéressés qu’en classe ; […] » (ibid, p. 27). Le manque de temps, car un horaire chargé et un programme à tenir posent également problème. Ce sont des aspects qu’il est notable de relever dans la mesure où, comme la notion du danger/sécurité, ils poussent à voir les potentiels freins des sorties en forêt.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1. PROBLEMATIQUE
1.1 DEFINITION ET IMPORTANCE DE L’OBJET DE RECHERCHE
1.1.1 Raison d’être de l’étude
1.1.2 Présentation du problème
1.1.3 Intérêt de l’objet de recherche
1.2 ÉTAT DE LA QUESTION
1.2.1 Origine ou bref historique
1.2.2 Champs théoriques et concepts
1.2.2.1 La pédagogie active
1.2.2.2 La pédagogie active dans la nature
1.2.2.3 La pédagogie en forêt
1.2.2.4 La pédagogie forestière
1.2.2.5 La pédagogie par l’expérience vécue dans la nature
1.2.2.6 La pédagogie par l’expérience
1.2.2.7 L’Éducation à l’Environnement (EE)
1.2.2.8 L’Éducation à l’Environnement par la Nature (EEN)
1.2.3 Résultats de recherches, théories et synthèses
1.2.4 Controverses et ressemblances entre études
1.2.5 Point de vue personnel à l’égard de la théorie
1.3 QUESTIONS DE RECHERCHE ET OBJECTIFS OU HYPOTHESES DE RECHERCHE
1.3.1 Identification des questions de recherche
1.3.2 Objectifs ou hypothèses de recherche
CHAPITRE 2. METHODOLOGIE
2.1 FONDEMENTS METHODOLOGIQUES
2.1.1 Recherche qualitative
2.1.2 Processus d’analyse déductif à visée heuristique
2.1.3 Démarche compréhensive et explicative
2.2 NATURE DU CORPUS
2.2.1 Observation et entretien
2.2.1.1 Observation
2.2.1.2 Entretien
2.2.2 Procédure et protocole de recherche
2.2.3 Échantillonnage
2.2.3.1 Profil
2.2.3.2 Région
2.2.3.3 Taille de l’échantillon
2.3 METHODES ET/OU TECHNIQUES D’ANALYSE DES DONNEES
2.3.1 Transcription
2.3.1.1 Transcription des observations
2.3.1.2 Transcription des entretiens
2.3.2 Traitement des données
2.3.2.1 Traitement des données de l’observation
2.3.2.2 Traitement des données des entretiens
2.3.3 Méthodes et analyse
CHAPITRE 3. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
3.1 LES ELEVES CREENT UN CONTACT RESPECTUEUX ENVERS LA NATURE GRACE A LA PRATIQUE DE L’ECOLE EN FORET
3.1.1 Des propos pas toujours en accord avec la réalité sur le terrain
3.1.2 Une différence avec les élèves qui ont l’habitude de sortir ?
3.1.3 Qu’en pensent les enseignants-es ?
3.2 LES ELEVES APPRENNENT ET RETIENNENT MIEUX LE SAVOIR, LIE AU THEME ETUDIE, GRACE AUX EXPERIENCES VECUES EN FORET
3.2.1 Les élèves apprennent mieux dehors, qu’en pensent les enseignants-es ?
3.2.2 La concentration est-elle différente en forêt ?
3.2.3 La coopération et la collaboration augmentées et plus travaillées ?
3.3.1 Encore quelques doutes de la part de certains enseignants-es
3.3.2 Les élèves éprouvent du plaisir !
3.3.3 Les parents en redemandent !
3.3.4 Et pour finir…
CONCLUSION
Synthèses des principaux résultats
Autoévaluation critique
Perspectives d’avenir
BIBLIOGRAPHIE

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *