Le vieillissement: ou en sommes-nous ?

Le vieillissement: où en sommes-nous ?

Comment définit-on le vieillissement ? 

Le vieillissement peut être défini par certains auteurs comme « l’action du temps sur les êtres vivants » (Blain et Jeandel, 2003). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une personne entre dans la vieillesse à partir de 65 ans. Sur le plan social, la vieillesse correspond souvent à l’âge de cessation d’activité professionnelle (entre 55 et 65 ans). Selon une dimension plus biologique, le vieillissement est un processus complexe caractérisé par plusieurs éléments: des changements physiologiques et/ou psychologiques qui conduisent généralement à un déclin fonctionnel de l’organisme avec l’âge, une augmentation de la sensibilité à certaines maladies avec l’âge et une augmentation exponentielle de la mortalité avec l’âge. Le vieillissement peut donc être défini comme une détérioration progressive des fonctions de l’organisme (physiologiques, cérébrales, comportementales…), processus accompagné d’une perte de viabilité des fonctions vitales et d’une augmentation de la vulnérabilité (Figure 2).

Cependant, un certain nombre des fonctions de l’organisme ont été mesurées chez l’Homme au cours de l’âge, et plusieurs études comparatives montrent une différence dans la vitesse de vieillissement. Nathan William Shock a d’ailleurs été le premier gérontologue à étudier et comparer certaines fonctions de l’organisme au cours du vieillissement. La figure 3 montre d’une façon schématique les résultats d’une partie de ses études menées au National Institut of Health (NIH, Maryland, USA), montrant qu’il existe de grandes différences entre les vitesses de déclins des différentes fonctions « vitales » au cours du temps (voir pour revue, Shock et al., 1984). Les déclins les plus rapides concernent les organes respiratoires et circulatoires, notamment les vaisseaux sanguins et le cœur qui sont des organes riches en matrice extracellulaire et en particulier en tissu élastique (élastine). En effet, la quantité d’air maximale emmagasinée par les poumons lors d’une inspiration profonde et la vitesse de circulation du sang dans les artères sont affectées précocement. Au contraire, la baisse de la vitesse de la conduction nerveuse est très lente, suivie de près par celle du métabolisme de base (mesuré par la consommation d’oxygène d’une personne au repos) (Figure 3).

Vieillir: un processus universel 

Véritable problème de santé publique et de société, ayant des répercussions sociales, économiques et politiques, le vieillissement n’épargne personne, ainsi le nombre des personnes âgées dans le monde (de 60 ans et plus) va continuer d’augmenter, passant de 590 millions actuellement à 1,2 milliards d’ici l’an 2025. De manière plus générale, le vieillissement se distingue notamment par son caractère intrinsèque, sa progressivité et son universalité. Cependant certaines sociétés soulèvent la question du vieillissement en tant que telle : tout le monde ne s’en fait pas la même représentation. Ainsi les études anthropologiques mettent en évidence que l’expérience du vieillissement diffère d’une culture à l’autre, pas forcément identique à celle que l’on peut rencontrée dans nos sociétés occidentales. Ceci souligne l’opposition qui peut exister entre le vieillissement biologique qui est un processus universel et commun à l’ensemble des sociétés humaines et la construction de l’image que l’on peut s’en faire (vieillesse) selon les différents types de société. L’Homme a donc mis en place divers « indicateurs » de vieillissement qui ont permis de dresser un constat indéniable et objectif du vieillissement de la population mondiale quelques soient les sociétés et les cultures.

Les indicateurs de mesure de vieillissement 

L’espérance de vie est un indicateur bien connu de tous. Calculée à la naissance, elle permet d’estimer le nombre d’années qu’un nouveau-né « peut » espérer vivre. Mais cette durée est basée sur les statistiques de mortalité de la population de l’année où naît l’individu, donc concernant les individus beaucoup plus avancés en âge que le nouveau-né. Ce marqueur n’a pas grande signification quant à la « durée de vie » réelle des individus. La durée de vie moyenne traduit plus fidèlement le vieillissement des populations. Cet indicateur plus récent peut également se définir comme le nombre moyen d’années vécues par la population entre deux instants, en émettant l’hypothèse que cette population connaît un rythme constant de naissances et qu’elle subit la mortalité « réelle » du pays. L’espérance de vie se définit de manière similaire mais avec l’hypothèse que la mortalité (par âge) soit restée inchangée et identique aux taux observés entre ces mêmes instants. Ainsi, la durée de vie moyenne est un indicateur plus autonome, ne dépendant pas des structures par âge ou des conditions passées de migration ou de natalité et qui, en utilisant les seules données de mortalité, traduit beaucoup plus fidèlement le vieillissement des populations que ne le fait l’espérance de vie. Il existe d’ailleurs un « indice de vieillissement » de la population (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques ; INSEE). Cet indice représente le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus pour 100 personnes âgées de moins de 20 ans. Il permet de mesurer le degré de vieillissement d’une population. Plus cet indice est élevé, plus le vieillissement de la population est important. Ce facteur est directement impacté par les différents facteurs démographiques que sont l’espérance de vie des personnes les plus âgées et le taux de natalité. Beaucoup plus récemment, un nouvel indicateur a vu le jour, « l’espérance de vie sans incapacité » (EVSI) qui permet d’évaluer combien de temps on peut espérer vivre sans incapacité. L’EVSI est un indicateur qui évalue la survie et la qualité de vie, apportant des informations qualitatives importantes. L’EVSI prend en compte l’incapacité au sens large qui s’étend de la limitation à l’impossibilité de la réalisation des activités habituelles. L’EVSI est calculée annuellement pour tous les pays de l’Union Européenne depuis 2005. La France, qui affiche l’espérance de vie la plus longue pour les femmes en 2009 et en 2010 occupe la 10ème place en terme d’EVSI, illustrant ainsi un cas de figure où longue vie ne coïncide pas forcément avec limitation d’incapacités et d’activités usuelles. Les hommes français occupent respectivement la 8ème et 11ème place, sur 27, en termes de longévité et d’espérance de vie sans incapacité avec les valeurs de 2009 (Colvez et Robine, 2012).

Le vieillissement de la population mondiale

Ainsi, ces indicateurs permettent à chaque instant d’estimer le vieillissement d’une population, d’un pays et également le vieillissement de la population mondiale. Une étude de l’ONU, intitulée « Vieillissement de la population mondiale : 1950-2050 », montre que le nombre des personnes de plus de 60 ans aura triplé et représentera deux milliards de personnes à l’échelle de la population mondiale, dépassant ainsi la population jeune (http://www.unfpa.org/news/2002/pressroom/ageing.html) .

C’est déjà le cas dans certains pays développés comme le Japon depuis 1998. Mais ce phénomène concerne à la fois les pays développés et ceux en voie de développement qui sont d’ailleurs les plus concernés par ce problème puisqu’en 2050, 80 % des plus de 60 ans vivront dans ces pays. Globalement, avec un accroissement de 2% chaque année, les seniors (>65 ans) représentaient 8 % de la population mondiale en 1950, 10 % en 2000 et ils constitueront 21 % de l’humanité en 2050.

Parallèlement l’espérance de vie s’allonge. Depuis 1950, l’espérance de vie moyenne mondiale est passée de 46 à 66 ans. Parmi les personnes atteignant l’âge de 60 ans, les hommes peuvent espérer vivre en moyenne encore 17 ans (77 ans), et les femmes 20 ans (80 ans). Nous avions l’habitude des pyramides d’âges « classiques », avec une base importante de jeunes et une pointe effilée de personnes âgées, mais dans les années à venir, toutes les classes d’âge seront sensiblement égales en nombre formant des « tours » dont la base pourra même être plus étroite que le sommet pour les pays avec un taux de natalité décroissant. Ainsi il a fallu 115 ans pour que la proportion des plus de 60 ans double en France (Figure 5). Il n’en faudra que 27 en Chine…

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Table des matières

INTRODUCTION
AVANT-PROPOS
I) LE VIEILLISSEMENT: OU EN SOMMES-NOUS ?
1) Comment définit-on le vieillissement ?
2) Vieillir: un processus universel
a) Les indicateurs de mesure de vieillissement
b) Le vieillissement de la population mondiale
3) Le vieillissement chez l’Homme
a) Quels enjeux ?
b) Les bio-marqueurs du vieillissement
c) Un vieillissement, des vieillissements
II) ETUDIER LE VIEILLISSEMENT
1) Les théories du vieillissement
a) Les théories évolutionnistes
b) Les théories déterministes
c) Les théories stochastiques
2) Les différents types d’étude du vieillissement
a) Les études longitudinales
b) Les études de cohortes
c) Les études transversales
d) Les études comparatives
3) Les modèles d’étude expérimentaux
a) Les unicellulaires
b) Les invertébrés
c) Les poissons
d) Les rongeurs
e) Les oiseaux
f) Les primates non-humains
III) LUTTER CONTRE LE VIEILLISSEMENT
1) Dans quel contexte ?
2) Les protocoles anti-vieillissement
a) Les interventions génétiques
b) L’exposition à des stress modérés : la théorie de l’Hormesis
c) L’activité physique
d) L’hormonothérapie
e) Les interventions nutritionnelles
IV) LA RESTRICTION CALORIQUE
1) Effets physiologiques de la restriction calorique chez différentes espèces
a) Chez les invertébrés
b) Chez les rongeurs
c) Chez les primates non-humains
d) Chez l’Homme
2) Certaines limites à l’utilisation de la restriction calorique
V) MIMER LES EFFETS DE LA RESTRICTION CALORIQUE
1) Les mimétiques de la restriction calorique: définition et exemples
a) La metformine
b) L’AMPK
c) La rapamycine
d) La spermidine
2) Le resvératrol, composé phénolique naturel
3) Effets physiologiques du resvératrol chez différentes espèces
CONCLUSION

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