Le travail de groupe en classe d’arts visuel au gymnase

L’individu, Le groupe, Le collectif 

Qu’est-ce qui peut pousser les individus à travailler ensemble ? On retrouve le groupe dans différentes organisations sociales. Par exemple, au niveau politique, dans le monde du travail communiste, l’autre est vu comme un camarade et dans le monde du travail capitaliste, l’autre est vu comme un collaborateur. Ces termes impliquent tous deux le travail en commun, sur un même ouvrage, sur de mêmes préoccupations. De Vecchi expose la question du travail de groupe en relation avec le contexte professionnel : «Une enquête demandait à des responsables de secteur de l’industrie et de l’administration, de définir les principales qualités de leurs futurs collaborateurs ; les deux réponses les plus fréquentes furent : ”savoir travailler en équipe” et “être créatif”.» Mais est-ce que savoir travailler en équipe, c’est savoir être rentable pour une industrie ? Elton Mayo (1880-1949), psychologue industriel, a fait des découvertes intéressantes lors d’une recherche dans une entreprise à Philadelphie.
L’étude dura six ans, de 1927 à 1933, avec comme contexte la crise mondiale suite au crash boursier de 1929. Un groupe d’ouvrières avaient été choisies en tenant compte de leurs affinités. Cette étude a démontré que le travail en petit groupe permettait une augmentation du rendement individuel par le biais de six facteurs : « Le commandement : les ouvrières travaillaient avec des libertés accrues par rapport aux conditions générales de travail dans l’entreprise, notamment la liberté de converser. D’autre part, elles étaient parfois consultées sur les changements projetés et avaient établi des relations permanentes avec l’observateur bienveillant.
Le statut social : en leur demandant leur coopération, on avait distingué ces ouvrières ; cette position privilégiée était assortie d’un certain prestige.
La cohésion de groupe : l’équipe était avant tout constituée par affinité ; les relations interpersonnelles étaient bonnes et les objectifs individuels recoupaient les objectifs collectifs.
Le but du groupe : il s’agissait d’aider l’entreprise à résoudre un problème. Ce but était clairement perçu par les ouvrières.
Le leader informel : on observa l’influence très importante dans ce groupe d’un leader, rôle exercé par une jeune ouvrière italienne dont le poids fut sans doute considérable dans la dernière période de l’expérimentation
La sécurité de l’emploi : en pleine dépression économique, on peut supposer que ces ouvrières éprouvaient un certain sentiment de sécurité d’emploi ; ce qui n’empêcha pas l’entreprise de les licencier lors du licenciement collectif de 1932.»

L’idée, Le projet 

Comment construire un projet ensemble, en groupe de travail ? Le groupe réunit des membres qui ont quelque chose en commun. Ce quelque chose peut être un statut, des intérêts, des convictions etc. C’est tout ce qui est en lien avec l’identité et les caractéristiques de l’individu. Pour que le projet soit défini, il y a des idées qui en nourrissent d’autres et qui fonctionnent comme un réseau entre les membres du groupe. L’ensemble des idées rassemblées forme un «magma» qui est affiné, précisé par les actions du groupe. Ce «magma», cet ensemble de «possibles» devient un seul projet ; les essais et les expérimentations du groupe permettent d’éliminer des pistes. C’est comme une démarche scientifique, pour agencer la meilleure stratégie et créer le meilleur projet. Pour les membres du groupe, c’est un enrichissement réciproque. Qu’en est-il de l’individu au sein du groupe ? L’individu ne va pas disparaître, mais il va s’intégrer et mettre ses compétences au service du travail de groupe. S’il n’y a plus d’individu, il n’y a plus de groupe, il n’y a plus d’idées, il n’y a plus de projet. Cela signifie que les idées font partie du groupe, mais aussi que les idées du groupe appartiennent toutes à chaque individu. On retrouve ce système de partage et d’appropriation des idées dans le programme «Aulabierta» : «Aulabierta est une structure d’échange de savoirs et d’auto-enseignement qui s’est développée il y a cinq ans au sein de l’université de Grenade, en Espagne. Aulabierta conçoit l’université comme un bien public, un lieu ouvert, en mesure d’accueillir des actions visant l’appropriation collective et la création de nouveaux espaces de socialisation, d’apprentissage et d’expérimentation».

La Hiérarchie, Le rôle 

La hiérarchie et les rôles permettent d’organiser le fonctionnement d’un groupe. John Rice décida pour son établissement, le Black Mountain College, d’instaurer une politique de «démocratie athénienne». Ainsi les enseignants et certains élèves délégués se réunissaient-ils ensemble pour échanger sur les enseignements et le fonctionnement du Collège. Tout comme pour la gestion d’un collège, on peut déduire, que pour réaliser un projet il faut un chef qui dirige le groupe ou un leader, mais il faut aussi plusieurs membres qui ont tous des rôles distincts et complémentaires. Comment créer cette complémentarité ? David W. Johnson parle de l’importance de l’hétérogénéité des membres d’un groupe d’apprentissage coopératif, dans le contexte de la classe. L’hétérogénéité permet d’éliminer au maximum l’exclusion sociale et la compétition entre les élèves, mais aussi de se rapprocher d’un rôle complémentaire pour chaque membre d’un groupe. Des rôles doivent émerger au sein du groupe pour que celui-ci puisse s’articuler et fonctionner. Ceci implique que chacun ait un niveau de compétence différent et des capacités diverses, par conséquent non homogènes. Dans le collectif Koerner Union, les rôles étaient répartis de la façon suivante:
«Pour chaque projet, nous avions au départ un ”chef” de projet qui déterminait le nombre de personnes dont il avait besoin pour réaliser la commande, et aussi s’il était nécessaire d’engager des professionnels pour certaines opérations spécifiques.
Ensuite, nous regardions aussi avec nos amis et connaissances, en fonction des choses à réaliser. – Et ce chef de projet, par quoi était-il déterminé ? – Il était déterminé en fonction des envies de chacun et du temps. Si le temps était limité, ça allait plus vite de fonctionner par rapport aux spécialités de chacun. Tarik était plus efficace en studio, Sami en montages vidéo et moi en graphisme».

La contrainte, La liberté 

Roger Cousinet, pédagogue français, inventa dès les années 1900 ce que l’on appelle «L’éducation nouvelle». De quoi s’agit-il ? «Elle consiste en une attitude nouvelle de compréhension, fondée sur l’amour et le respect de l’enfant, préconisé par Rousseau et le learing by doing suggéré par Dewey» .Dans ses théories de l’éducation nouvelle, Roger Cousinet parle de : «La solidarité enfantine : L’autorité du maître dans sa classe, La méthode de self-government, La pédagogie expérimentale». Mais aussi de «travail libre par groupes». Cousinet repense le fonctionnement du ”groupe classe” au XXe siècle. Il avance vers une pédagogie de l’autonomie de l’élève et de son respect ; en tant que personne douée de pensée et qui est en voie de développement intellectuel et émotionnel.
Comment instaurer le travail de groupe, tout en respectant le développement de l’élève et la dynamique de groupe, son autonomie ? Pour permettre les apprentissages, il est fondamental d’instaurer des contraintes et de maintenir des exigences, tout en laissant la liberté au groupe de : «développer ses propres possibilités créatrices, expérimenter différents modes d’expression et explorer des solutions nouvelles». Le projet doit être un espace où le groupe a la place et le droit de créer et de développer ses propres stratégies de travail, ses expérimentations. Comme le souligne De Vecchi : «Un ”projet” ne doit pas être le projet… de l’enseignant ! Celui-ci peut proposer d’entrer dans un projet en présentant aux élèves son cadre et son intérêt (en s’appuyant sur le fait qu’ils en ont besoin, comme nous l’avons vu précédemment). Mais ce sont les apprenants qui doivent le définir, avec son aide, au moins pour une partie. Le fait de s’impliquer dans la conception du projet fait que celui-ci devient leur projet ! ».

L’apprentissage, La communication 

Un des aspects négatifs du travail de groupe est que les personnes qui se réunissent, peuvent le faire par défaut. Si l’enseignant détermine un nombre de personnes par groupe, l’individu peut être amené à ne pas choisir, mais à subir ce mode de travail. Comme amorce au travail de groupe, De Vecchi suggère : «Pour que les obstacles se manifestent nettement (n’oublions pas que ”former” c’est commencer à faire émerger les problèmes, afin de mieux les résoudre !) nous vous proposons de constituer des groupes de six ou sept personnes (ce qui est mal adapté pour des sujets qui ne savent pas travailler ensemble !). À l’issue de ce travail, sans l’avoir annoncé au préalable, vous distribuez à chacun un outil-miroir se rapportant à la manière dont le groupe a fonctionné. (Un miroir qui renverse le pouvoir)».
Cette suggestion montre qu’il faut d’abord que les élèves saisissent les enjeux de la communication en groupe avec une expérimentation, un essai. Puis après cette expérimentation, ils seront prêts à identifier les critères qui favorisent la communication et le fonctionnement dans le groupe. Si le groupe fonctionne bien à l’interne, il produira un climat favorable au développement du projet, qui sera formulé par la contribution de tous. Chacun sera à même de communiquer le projet à l’extérieur du groupe; aux enseignants, aux pairs, aux autres personnes. Cette communication est possible, puisqu’il y aura eu un travail d’échange et d’argumentation en amont. Comment se transforme le groupe, dans l’articulation du projet ? Irit Rogoff, professeure de «culture visuelle» à Londres, parle de «désapprentissage» dans son analyse From Criticism to Critique to Criticality : «Pour elle, la culture visuelle ne peut pas être un processus accumulatif. On ne peut simplement ajouter de nouvelles découvertes à des structures existantes. Il faut «désapprendre» les anciennes structures pour repenser de nouvelles et, pour cela passer de la simple critique de ces structures à ce que l’auteure appelle la ” criticalité”. La criticalité consiste à s’armer des savoirs de la critique pour analyser les conditions dans lesquelles nous nous trouvons, tout en reconnaissant faire partie intégrante de ces structures. Refusant un constat pessimiste qui voudrait que rien n’échappe à l’institutionnalisation, la criticalité invite à l’action, à inventer de nouvelles structures, à être l’institution».

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Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1 Résumé et mots-clés
1.2 Le travail de groupe en classe d’arts visuel au gymnase
1.3 Nos expériences respectives de travail en groupe
2. DÉFINITIONS
3. PROBLÉMATIQUE
3.1 Questions générales
3.2 Questions secondaires
4. HYPOTHÈSES
4.1 Formulation de l’hypothèse
4.2 Nos a prioris sur le travail de groupe
5. RECHERCHE
5.1 Question de recherche
5.2 Méthodologie
5.2.1 Notre vision du projet de travail de groupe en classe d’arts visuels
5.2.2 Comment avons-nous procédé ?
5.2.3 Cadre temporel de notre mémoire
6. PLAN DE RECHERCHE
6.1 Phase I
6.1.1 Préparations et explorations du travail de groupe
6.2 Phase II
6.2.1 Réappropriations libre autour d’une technique
6.3 Phase III
6.3.1 Prolongation, finalisation et communication du projet
6.3.2 La liste de vérification
6.3.3 Le « Tumblr » comme carnet de recherche commun
6.3.3 Évaluation formative, « Opération R.I.T.A », et Évaluation finale
6.4 Cadres didactiques
6.4.1 La « Task-based Teaching »
6.4.2 La grille Freinet : alternances des formes de travail
6.5 Recueil de données : Les résultats
7. CADRE THÉORIQUE
7.1 L’individu, Le groupe, Le collectif
7.2 L’idée, Le projet
7.3 La Hiérarchie, Le rôle
7.4 La contrainte, La liberté
7.5 L’apprentissage, La communication
7.6 Historique : Le travail en collectif d’artistes contemporains
7.6.1 Le collectif Ecart
7.6.2 Group Material
7.6.3 Microsillons
7.7 Historique : Travail de groupe au Black Mountain College
8. SYNTHÈSE
9. CONCLUSION
10. BIBLIOGRAPHIE

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