LE TRAUMATISME CRANIO-CÉRÉBRAL

LE TRAUMATISME CRANIO-CÉRÉBRAL

Les processus mnésiques

Centrale à toutes fonctions cognitives et à ce qui caractérise le comportement humain, est la capacité de mémoriser, d’apprendre et d’accéder intentionnellement à ses réserves de connaissances (Lezak, Howieson & Loring, 2004). La mémoire humaine se compose de différents systèmes ayant chacun leur fonctionnement distinct (Squire & Knowlton, 2000) et étant sous-tendus par des substrats neuro-anatomiques différents (Squire, 1987; Tulving, 1983). La mémoire humaine est généralement envisagée en termes de systèmes multiples, donc dans une approche dite multi-systémique. Cette approche met de l’avant une vision de la mémoire en différents systèmes, ayant chacun des processus qui leur sont propres.

Tout d’abord, Atkinson et Shiffrin (1968) ont proposé le concept de mémoire à court terme qui se définit comme étant une unité simple d’emmagasinage permettant la rétention d’une petite quantité d’informations sur de courts intervalles temporels (Baddeley, 2000). Cependant, ce concept a été intégré à la mémoire de travail, un système mnésique plus complexe, développée par Baddeley et Hitch (1974). Cette dernière est un système à composantes multiples ayant pour fonction de faciliter les activités cognitives complexes telles que l’apprentissage, la compréhension et le raisonnement (Baddeley & Hitch, 1974). La mémoire de travail est le système mnésique responsable du maintien, du traitement et de la manipulation temporaire d’informations. Selon Baddeley (2000), elle propose l’existence de sous-systèmes qui permettent la coordination et le passage de la mémoire de travail vers la mémoire à long terme.

La boucle phonologique est le sous-système responsable du stockage et du rafraîchissement des informations verbales et langagières. Le calepin visuo- spatial est quant à lui impliqué dans le maintien des informations visuo-spatiales, ainsi que dans la formation et la manipulation des images mentales. L’administrateur central a pour fonction de superviser et de coordonner les informations provenant des deux sous-systèmes précédents afin d’optimiser le passage en mémoire à long terme. Finalement, Baddeley (2000) suggère l’existence du buffer épisodique, contrôlé par l’administrateur central, qui est responsable d’encoder des épisodes dans lesquels l’information est incorporée dans l’espace et le temps, faisant référence au concept de mémoire épisodique, en mémoire à long terme.

La mémoire à long terme permet la rétention d’une très grande quantité d’informations sur une longue période temporelle. Selon Squire et Kandel (1999), la mémoire à long terme relèverait de deux systèmes, soit la mémoire déclarative (i.e. explicite), dont le contenu peut être disponible à la conscience, ainsi que la mémoire non-déclarative (i.e. implicite), qui peut être réactivée de façon non-consciente et automatique (Squire & Knowlton, 2000). Alors que la mémoire non-déclarative permet l’apprentissage implicite de diverses habiletés procédurales, perceptives, motrices et cognitives, la mémoire déclarative se divise en deux sous-systèmes mnésiques, soit la mémoire sémantique et la mémoire épisodique (Tulving, 1972; 1995). La mémoire sémantique réfère à la compréhension et l’utilisation du langage, ainsi que les différents concepts y étant rattachés. Il s’agit également de la mémoire contenant les connaissances générales sur le monde et sur soi-même (Tulving, 1972).

La conscience noétique caractérise ce type de mémoire. La mémoire épisodique fait référence à la mémoire des faits et des évènements, situés dans leur contexte spatio-temporel (Tulving, 1983). Celle-ci se caractérise par le fait qu’elle permet le souvenir conscient d’une expérience antérieure, dans son contexte spatio-temporel (i.e. quoi, où, comment) qui est différent du moment présent, ce qui correspond à la conscience autonoétique (Tulving, 1993). Il s’agit de la seule forme de mémoire qui, lors du rappel, est orientée vers le passé, renvoyant à la notion de souvenir (Tulving, 2002). La mémoire épisodique comprend trois étapes : (a) l’encodage, qui consiste en l’extraction des aspects d’un stimulus pour former la base de la mise en mémoire sous forme de représentations mentales, en plus d’être le processus qui transforme un évènement ou un fait en une trace mnésique, (b) le stockage (i.e. consolidation), qui permet l’emmagasinage des informations et l’apprentissage, (c) la récupération, qui est le processus de rappel des informations emmagasinées en souvenirs épisodiques.

En 1995, Tulving propose le modèle Sériel Parallèle Indépendant (SPI; Tulving, 1995) afin de rendre compte de l’étroite interaction entre les différents systèmes mnésiques (Figure 1). Celui-ci est encore aujourd’hui le modèle qui prévaut en neuropsychologie, du fait qu’il explique le caractère dynamique de la mémoire humaine basée sur l’interaction entre différents systèmes (Rauchs, Desgranges, Foret & Eustache, 2005). Ce modèle s’attarde aux interactions entre les différents systèmes de mémoire, soit cinq systèmes. Un système d’action (mémoire procédurale) est présent, ainsi que quatre systèmes de représentation (i.e. système de représentation perceptive, mémoire sémantique, mémoire de travail et mémoire épisodique). Selon le modèle SPI (Tulving, 1995), l’encodage serait réalisé de façon sérielle, c’est-à-dire que l’encodage à l’intérieur d’un système dépend de la qualité de l’encodage du système inférieur. Il veut donc dire que pour que l’encodage en mémoire épisodique soit fait, il faut que l’encodage du système qui le précède (i.e. mémoire sémantique) soit réussi. Le stockage (consolidation) de l’information se ferait ainsi de façon parallèle dans les systèmes mnésiques.

En d’autres mots, les différentes mémoires du système de représentation peuvent stocker l’information de façon simultanée. Finalement, la récupération des informations stockées dans l’un ou l’autre des systèmes est indépendante des autres systèmes, peu importe l’intégrité des autres composantes du modèle. Ainsi, une atteinte à la mémoire de travail ne pourrait empêcher le rappel des informations contenues en mémoire épisodique. Il faut toutefois noter que la mémoire procédurale, étant un système d’action, n’est pas prise en considération pour l’encodage sériel (Lechevalier, Eustache & Viader, 2008). Toujours selon le modèle SPI (Tulving, 1995), la mémoire épisodique est très fortement liée à la mémoire sémantique (Tulving, 2002). En effet, lors de l’encodage, les attributs des informations en mémoire épisodique activeraient des représentations en mémoire sémantique, renforçant l’encodage épisodique. Donc, pour qu’une trace mnésique soit riche et élaborée en mémoire épisodique, des représentations en mémoire sémantique doivent être activées, offrant une organisation sémantique. De ce fait, des stratégies d’encodage peuvent être initiées afin de favoriser un encodage efficace en mémoire épisodique.

Stratégies d’encodage en mémoire épisodique

L’efficience mnésique peut être améliorée par la mise en place de stratégies lors de l’encodage. Plus spécifiquement, deux stratégies mnésiques semblent particulièrement efficaces lors de l’encodage épisodique, à savoir les stratégies d’élaboration verbale et d’organisation sémantique. Les stratégies d’élaboration verbale impliquent l’association de l’information à mémoriser avec d’autres informations significatives présentes en mémoire sémantique ainsi qu’avec le contexte d’encodage (Craik & Tulving, 1975). Cette élaboration faciliterait la récupération. En effet, le contexte d’encodage, lorsque utilisé comme indice, rejoint la structure sémantique afin de reconstruire l’encodage initial. Plus l’élaboration est grande durant l’encodage, plus riche sera la trace mnésique, facilitant ainsi le rappel. Le niveau de rétention dépend donc du degré d’élaboration de la trace mnésique.

La richesse sémantique du contexte d’encodage fera également en sorte que le matériel soit mieux rappelé (Craik & Tulving, 1975). Craik et Tulving (1975) ont démontré ce procédé lors de tâches de mémorisation de mots. Des questions sur la nature sémantique (e.g. TRUITE – Ce mot représente-t-il un poisson?) étaient posées, ce qui améliorait le rappel subséquent des mots. Qui plus est, plus le matériel à encoder est familier à l’individu, plus il sera compatible avec les structures sémantiques existantes. Un temps de traitement plus long sera donc requis pour du matériel moins familier, ce qui peut affecter la qualité de l’encodage (Craik & Lockhart, 1972). Selon la théorie des niveaux de traitement de Craik et Lockhart (1972), plus le traitement effectué sur les items est profond (e.g. traitement sémantique d’un mot à mémoriser), meilleur sera le maintien en mémoire à long terme, comparativement à un traitement superficiel (e.g. traitement des attributs perceptifs d’un mot à retenir).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Résumé
Abstract
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des abréviations
Remerciements
Avant-Propos
Introduction
CHAPITRE 1. LA MÉMOIRE ÉPISODIQUE
1.1 Les processus mnésiques
1.2 Stratégies d’encodage en mémoire épisodique
1.3 La récupération en mémoire épisodique
1.4 Rôle de l’attention en encodage et en récupération
1.4.1 Les processus attentionnels
1.4.2 Processus attentionnel en encodage et en récupération et effet de l’attention divisée en mémoire épisodique
1.5 Processus de contrôle exécutif et son rôle en encodage et en récupération
CHAPITRE 2. EFFET DE L’ÂGE SUR LES FONCTIONS COGNITIVES
2.1 Effet de l’âge sur la mémoire épisodique
2.2 Théories expliquant les effets de l’âge sur la cognition
2.3 Effet de l’attention divisée sur la mémoire épisodique chez la personne âgée
2.4 Effet de l’âge sur les stratégies d’encodage
2.5 Effet de l’âge sur la récupération en mémoire épisodique
2.6 Effet de l’âge sur le système de contrôle exécutif
2.7 Effet de l’âge sur l’attention
2.8 Changements physiologiques liés à l’âge
CHAPITRE 3. LE TRAUMATISME CRANIO-CÉRÉBRAL
3.1 Classifications du traumatisme cranio-cérébral
3.2 Incidence du traumatisme cranio-cérébral léger
3.3 Phase aiguë et phase chronique du TCCL
3.4 Syndrome post-commotionnel
CHAPITRE 4. EFFET DU TCCL CHEZ LES JEUNES ADULTES
4.1 Effet du TCCL sur les processus attentionnels
4.2 Effet du TCCL sur la mémoire de travail chez de jeunes adultes
4.3 Effet du TCCL sur la mémoire épisodique chez le jeune adulte
CHAPITRE 5. EFFET DU TCCL CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES
5.1 Effet du TCC dans le vieillissement normal
CHAPITRE 6. RÉALISATION DES HABITUDES DE VIE
6.1 Conceptualisation des habitudes de vie
6.1.1 Modèle conceptuel du Modèle de développement humain et Processus de Production du Handicap 2
6.2 Impact des troubles cognitifs sur la participation sociale
6.3 Vieillissement normal et participation sociale
6.4 Effet du TCC sur la réalisation des habitudes de vie
6.4.1 Impact du TCC sur la réalisation des habitudes de vie des personnes âgées
6.4.2 Impact du TCC sur la réalisation d’activités physiques
CHAPITRE 7. PRÉSENTATION DE LA THÈSE
7.1 Bref résumé de la problématique
7.2 Objectifs
7.3 Hypothèses
7.4 Méthodologie
7.4.1 Participants
7.4.2 Évaluation neuropsychologique
7.4.2.1 Paradigme expérimental de mémoire épisodique.
7.4.3 Échelles sur les habitudes de vie
7.5 Procédure
CHAPITRE 8. ARTICLE 1 : EPISODIC MEMORY IN RELATION TO ATTENTIONAL AND EXECUTIVE CONTROL PROCESSES FOLLOWING A MILD TRAUMATIC BRAIN INJURY IN OLDER ADULTS.
8.1 Abstract
8.2 Introduction
8.3 Method
8.4 Data analyses
8.5 Results
8.6 Discussion
8.7 Limitations
8.8 Conclusion
8.9 References
CHAPITRE 9. ARTICLE 2 : FUNCTIONAL IMPACTS OF MILD TRAUMATIC BRAIN INJURY SUSTAINED IN OLDER ADULTS
9.1 Abstract
Introduction
9.2 Method
9.3 Data analyses
9.4 Results
9.5 Discussion
9.6 Conclusion
9.7 References
CHAPITRE 10 – DISCUSSION ET CONCLUSION
10.1 Discussion des résultats en fonction des objectifs généraux de la thèse.
10.2 Premier objectif : Impacts mnésiques, exécutifs et attentionnels du TCCL
10.2.1 Discussion des résultats au paradigme de mémoire épisodique
10.2.2 Déficit associatif suite à un TCCL chez les personnes âgées
10.2.3 Atteinte du système de contrôle exécutif
10.2.4 Sensibilité de la batterie d’évaluation neuropsychologique standardisée
10.2.5 Considération sur les résultats à l’imagerie cérébrale suite à un TCCL
10.2.6 Contribution éventuelle de l’humeur et du profil prémorbide aux atteintes cognitives
10.2.7 Limites inhérentes au premier objectif
10.3 Deuxième objectif : Effets du TCCL sur la réalisation des habitudes de vie et des activités physiques
10.3.1 Évaluation des plaintes cognitives suite à un TCCL
10.3.2 Réalisation des habitudes de vie suite au TCCL
10.3.3 Réalisation d’activités physiques suivant le TCCL
10.3.4 Limites méthodologiques inhérentes au second objectif
10.4 Retombées cliniques possibles.
RÉFÉRENCES

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *