Le traitement de l’information olfactive du point de vue physiologique 

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La chimie des odeurs

Dans l’article « De la molécule à l’odeur : Les bases moléculaires des premières étapes de l’olfaction », (Meierhenrich et al., 2005) expliquent les raisons pour lesquelles, selon eux, l’odorat a été un sens longtemps méconnu. Tout d’abord, la communication entre les hommes se fait par les signes et les paroles (vue et son). L’odorat a longtemps été considéré comme un sens mineur, nous l’avons vu précédemment, ramenant l’Homme à son animalité. De plus, les stimuli pour la vision et l’ouïe (sens physiques) peuvent être décomposés en ondes, qui sont faciles à décrire et à caractériser (fréquence, longueur d’onde, amplitude, forme de l’onde…), 13 https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2019/02/msc180226/msc180226.html alors que pour l’odorat les stimuli sont plus complexes, de l’ordre de l’interaction entre plusieurs substances chimiques.
Les auteurs décrivent la relation entre la structure de la molécule odorante et la perception olfactive. Pour qu’une molécule soit traitée par le système olfactif, les critères suivants sont indispensables : le poids de la molécule doit être modéré, avec une polarité faible et une certaine solubilité dans l’eau. Il faut noter que presque toutes les molécules volatiles sont odorantes.
Les études montrent que les molécules qui ont des structures similaires ont souvent des odeurs voisines15. Cependant, une petite modification dans la structure moléculaire peut changer totalement la perception olfactive. De plus, d’autres structures qui sont différentes ont des odeurs identiques (c’est le cas en particulier de certains macrocycles et des composés nitrés à odeur de musc), comme :
. Les stéréo-isomères qui ont la même formule de constitution (formule semi-développée), mais qui diffèrent par l’agencement spatial (ou configuration spatiale) de leurs atomes.
. Les énantiomères « Chacun des deux stéréo-isomères d’une molécule chirale dont l’un est l’image de l’autre dans un miroir ». (Panico et al., 1995, cité par Sardou, 2014). Mais, malgré la similitude des composants de deux énantiomères, il se peut qu’ils n’aient pas les mêmes propriétés olfactives, comme nous pouvons le voir sur le tableau ci-après.

Les odeurs au fil du temps

A la préhistoire, les odeurs nauséabondes seraient selon les chercheurs « paradoxalement » quasi absentes. Les hommes préhistoriques n’avaient pas de problème de déchets, car ces déchets sont « des silex cassés, des cendres de bois, des restes de nourriture, des armes devenues inutilisables, ils les abandonnent dans leurs grottes quand bien même ils encombrent peu à peu leurs espaces de vie. Lorsque ces derniers en sont envahis, ils partent à la recherche de nouveaux abris » (De Silguy, 1996). Ce n’est qu’au Néolithique, avec la sédentarisation, que les déchets commencent à poser problème. Plusieurs techniques sont déjà utilisées comme l’enfouissement, le brûlage, tandis que certains déchets sont donnés en pâture aux animaux domestiqués (Béguin, 2013). Généralement, à cette époque, les déchets générés par les êtres humains se décomposent facilement dans la nature.
L’antiquité est connue pour l’émergence de villes, notamment en Orient, dans le courant du IVème millénaire av. J.-C. Plusieurs milliers d’habitants commencent à se regrouper au sein d’un espace limité. Avec la sédentarisation, mais surtout avec la concentration humaine en un même lieu, le problème des déchets et de leur gestion apparaît sous la forme de détritus alimentaires, de matières fécales, d’eaux usées. Des espaces particuliers vont être dévolus à cette fonction tels que par exemple la ville de Çatal Höyük en Turquie qui sert de dépotoir public, tandis qu’à Jérusalem la vallée du Kidron est utilisée comme décharge pour les ordures. À Athènes, au Vème siècle avant J.C, la loi de la Cité interdisait le dépôt de déchets à moins de 2 Km de l’entrée de la ville. C’est également à cette époque que les toilettes publiques sont inventées. La Rome antique a fait face au problème des déchets par l’adoption d’une loi par le sénat, il y a environ 2 000 ans, selon laquelle « Aerem corrumpere non licet », c’est-à-dire : « L’air pollué n’est pas autorisé » (Makra et Brimblecombe, 2004). Les habitants avaient la possibilité de se débarrasser de leurs rebuts dans des vases en terre cuite, qui étaient ensuite vidangés par des ouvriers (Béguin, 2013). Rome disposait aussi d’un réseau de canalisations d’évacuation des eaux usées vers le « Cloaca Maxima », le grand égout (Béguin, 2013). Malgré ces efforts, nous trouvons des descriptions de la pollution qui touche Rome dans les poèmes d’Horace (65 a.v. J.C – 8 a.v. J.C) où il écrit que « les bâtiments romains devenaient de plus en plus sombres de la fumée, et ce phénomène aurait pu être observé dans de nombreuses autres villes anciennes » (Makra et Brimblecombe, 2004).

Smelly maps, une cartographie des odeurs dans les villes

En 1947, lors d’une conférence à l’École des Beaux-Arts de Paris, André Siegfried, de l’Académie Française, évoque la géographie des odeurs. Selon lui, chaque peuple, chaque civilisation, chaque ville est caractérisée par une odeur spécifique : « il existe des zones d’odeurs répondant à des civilisations, à des régions, avec des frontières quand on passe de l’une à l’autre ». Il donne des exemples de villes comme le « Caire (parfum arabe, chameaux dans les rues annonçant l’Inde) » et « Constantinople (parfum turc annonçant la Russie) » (Dulau et Pitte, 1998)17.
De nos jours, avec le développement d’instruments (métrologie) et l’utilisation de logiciels de type SIG (Système d’Information Géographique), la cartographie des odeurs dans les villes est devenue possible. Une partie de notre travail de thèse est d’ailleurs dévolue à cet aspect.
Un groupe des chercheurs de l’Université de Cambridge a ainsi mené avec des volontaires locaux une campagne de mesures d’odeurs dans 7 villes : Amsterdam, Pampelune, Édimbourg, Glasgow, Newport, New York et Paris. En se basant sur les données collectées, les scientifiques ont élaboré un dictionnaire d’odeurs qui compte 285 mots. L’étape suivante consistait à cartographier les odeurs de Londres et de Barcelone (figures 6 et 7). Ils ont exploité les photos et les mots-clefs géoréférencés publiés sur les réseaux sociaux (Twitter, Flickr, Instagram…) afin de repérer les rues, les parcs, les différents lieux d’activités de chaque ville et la répartition des odeurs en leur sein (Quercia et al. 2015). Sur le site de ce projet 18 nous trouvons les cartes des odeurs de 12 villes européennes et américaines.
Les chercheurs ont réparti les odeurs en 5 catégories : émissions (fuel, poussières…), nature (terre, plantes …), nourriture (grillade, pain…), animales (excréments), ordures (poubelles…). Généralement, les odeurs de type nature (en vert) sont répandues près des parcs. Pour les odeurs de type émissions (en rouge), elles s’observent près des axes routiers caractérisés par une circulation dense.
Ces cartes donnent des précisions sur les endroits qui sentent mauvais, ce qui permet aux décideurs et aux urbanistes de les aménager, de les modifier avec la création de parcs et de zones piétonnes par exemples.

La physiologie du système olfactif

Le système olfactif est composé de la muqueuse olfactive, du bulbe olfactif et des projections olfactives centrales.

La muqueuse olfactive

Cette muqueuse occupe chez l’homme une surface de 2 à 3 cm² sur les parois latérales et médianes du toit de la cavité nasale (Lledo, Vincent, 1999), elle joue le rôle d’interface entre le milieu aérien et le reste de l’épithélium olfactif. Ce dernier est constitué des cellules glandulaires telles que les cellules de soutien, les cellules à microvillosités, les cellules basales, et les neurorécepteurs olfactifs, et d’autre part la lamina propria qui contient les glandes de Bowman qui relient la muqueuse olfactive au bulbe olfactif (Plailly, 2005).

Le bulbe olfactif

Ce bulbe représente le premier relais de l’information olfactive (Bonfils, 2014). Il est le plus souvent ovoïde chez l’animal, et cylindrique chez l’homme. Il est composé de deux grands types cellulaires : les deutoneurones et les interneurones. Les deutoneurones sont composés des cellules mitrales et des cellules à panaches, alors que les interneurones sont composés de trois types de cellules : les cellules granulaires, les cellules péri-glomérulaires et les cellules à axones courts (Griff et al., 2000).

Les projections olfactives centrales

Elles concernent un faisceau d’axones appelé Tractus Olfactif Latéral (TOL), qui connectent le cortex piriforme, le tubercule olfactif, le cortex entorhinal, le cortex périamigdalien, et enfin le cortex insulaire. L’ensemble de ces structures forme le cortex olfactif primaire. Les aires de projections du cortex olfactif primaire constituent le cortex olfactif secondaire composé de différentes parties telles que : le cortex insulaire, le cortex cingulaire, le cortex orbito-frontal, l’hippocampe, le thalamus, et le striatum vital. Le cortex est le siège de la mémoire dans laquelle l’être humain enregistre de nouvelles odeurs qu’il peut retenir toute sa vie (l’homme peut mémoriser 50 000 odeurs différentes) (Plailly, 2005).
La complexité du système olfactif se présente à travers ces multitudes de composants que nous venons de citer, auxquels il faut ajouter d’autres systèmes qui aident à décrypter les molécules odorantes : le nerf trijumeau et le système olfactif accessoire.

Le nerf trijumeau

Dans les muqueuses olfactives, nous trouvons les fibres périphériques de ce nerf (Popka et Matulionis, 1983). Il permet de capter les différentes sensibilités douloureuses, thermiques et de pressions. Par conséquent, il traite des sensations somesthésiques de frais, chaud, brûlant, piquant, irritant (Plailly, 2005). Des études ont montré que les sujets anosmiques peuvent percevoir des odeurs par cette voie trigéminale (Doty et al., 1978).

Le système olfactif accessoire

Il est composé du nerf terminal qui est un plexus ganglionnaire (Johnston, 1914), et de l’organe voméronasal (ou l’organe de Jacobson). Ce système est bien décrit, chez l’animal. Il permet de détecter les molécules phéromonales (Plailly, 2005). Chez l’homme le rôle de ce système reste controversé, car la réponse de l’être humain aux molécules phéromonales n’est pas définitivement déterminée malgré la multitude des travaux sur le sujet (Bensafi et al., 2004).
Après avoir décrit les principaux mécanismes physiologiques permettant l’olfaction, voyons à présent comment est traitée l’information olfactive au sein de ces mécanismes.

Le traitement de l’information olfactive

Le traitement de l’information olfactive : du point de vue physiologique

Le système olfactif est le système sensoriel dévolu à la détection, la discrimination et l’identification des odeurs. L’olfaction est un sens chimique contrairement aux autres sens physiques tels que l’ouïe ou le toucher, ou bien encore la vue.
Les molécules odorantes empruntent deux voies :
● L’inhalation directe à travers les narines jusqu’au fond de la cavité nasale.
● La voie rétronasale, nous l’avons vu, à travers la bouche (les molécules sont libérées lors d’une dégustation).
Les molécules sont véhiculées par ces deux voies vers une seule zone : la muqueuse olfactive. Dans cette zone, nous trouvons les neurorécepteurs qui baignent dans un mucus ce qui intensifie le signal. Pour faciliter leur traitement, les molécules odorantes doivent être généralement : volatiles, hydrosolubles (pour se solubiliser dans le mucus) et liposolubles (pour se solubiliser dans la couche lipidique des cils olfactifs) (Amoore, 1970). Des recherches, plus récentes, ont montré que les molécules odorantes peuvent être captées par d’autres molécules solubles, nommées protéines de transfert (les « odorant binding proteins »), mécanisme qui leur permet de voyager dans le mucus jusqu’aux récepteurs olfactifs (Archunan, 2018).
La caractéristique principale du système olfactif est la réalisation d’analyses chimiques. Il est capable de détecter une faible quantité de molécules odorantes, et de décrypter les qualités de ces molécules (Holley et Le Magnen, 2018, Song et al., 2008). Un sujet moyen peut détecter l’odeur de l’oeuf pourri si nous lui présentons 10 millilitres de sulfide d’hydrogène dilués dans 10 000 litres d’air ; pour un parfum d’ail, un millilitre suffit (Beguin, Costermans, 1994).
La liaison des molécules odorantes avec des récepteurs olfactifs qui sont des protéines transmembranaires, traversent donc la membrane des cils que l’on trouve à l’extrémité des neurones olfactifs, côté dendrites, autrement dit à l’opposé des axones, (qui eux sont situés côté bulbe olfactif), dont le nombre avoisine le millier chez les rongeurs et 396 chez l’homme (Schaal et Candau, 2019), déclenche l’activation de protéines G pour stimuler l’enzyme adénylyl cyclase qui contrôle la production d’adénosine mono phosphate cyclique (AMPc) à partir de l’adénosine triphosphate (ATP). La concentration d’AMPc dans les cils augmente, ouvrant un canal cyclique nucléotidique, entraînant un afflux de sodium (Na) et de calcium (Ca). Ces actions provoquent la dépolarisation des membranes (Holley et Le Magnen, 2018, Ronnett et Moon, 2002) qui permet la transformation du signal chimique en signal nerveux dans un délai de quelques centaines de millisecondes (ms) (Legouis, 1995).
Les molécules odorantes excitent les neurorécepteurs, lesquels effectuent une transduction grâce à une série de phénomènes enzymatiques, puis ioniques qui sont à l’origine de messages nerveux qui vont être transmis par le bulbe olfactif puis interprétés par le système nerveux central.

Le traitement de l’information olfactive du point de vue cognitif

Le traitement de l’information olfactive du point de vue cognitif consiste à reconnaître ou à identifier une odeur et à la classer dans une catégorie selon son intensité, sa qualité et sa valence hédonique. Nous pouvons appeler cette étape l’étape de « traduction » ou « d’interprétation » des stimuli chimiques en émotions et souvenirs. Cette traduction peut être sous la forme de reconnaissance ou bien d’identification d’une odeur.
Il faut noter que la reconnaissance reste moins compliquée que l’identification, car avec la reconnaissance le sujet fait appel à sa mémoire olfactive, contrairement à l’identification qui demande un effort de la part du sujet pour donner un nom à cette nouvelle odeur, ceci alors que le lexique olfactif nous l’avons vu est dans de nombreuses langues plutôt pauvre. Ainsi, beaucoup d’odeurs restent à un niveau infraverbal (Candau, 2015) en raison de ce lexique olfactif peu élaboré et précis (Kleiber, 2011). Dans une expérience réalisée par Trygg Engen en 1982, on demanda à 60 sujets de nommer, le plus rapidement possible, 10 odeurs et 10 couleurs qui leur venaient à l’esprit. Le temps moyen nécessaire aux sujets pour produire dix mots relatifs aux odeurs fut de 48 secondes alors que seulement 12 secondes furent nécessaires pour produire les dix mots relatifs aux couleurs (Beguin, Costermans 1994). Dans les deux cas, reconnaissance ou identification, les odeurs sont liées aux émotions, elles peuvent par exemple susciter du stress, de la peur.

Le prélèvement des odorants

Le prélèvement reste une étape délicate dans la mesure et l’analyse des odeurs, car l’air se compose à 78 % d’azote, à 21 % de dioxygène et les 1 % restants représentent tous les autres gazs présents dans l’atmosphère dont font partie les molécules odorantes. C’est pourquoi, il faut :
• avoir un échantillon représentatif.
• éviter les adduits.
• utiliser une méthode de prélèvement le plus simple possible pour éviter les erreurs de mesure (Dettmer, 2002), si possible automatisable et à moindre coût (Scotto, Fernandez, 2017).
Dans notre travail, les plaintes représentent une source d’information importante puisque nous pouvons appréhender les caractéristiques des odeurs (intensité, qualité…) à partir du corpus qui contient les observations des plaignants. Dès lors, le prélèvement et la mesure pourraient devenir des moyens de vérification de la gêne occasionnée par l’odorant.
Il existe plusieurs types de prélèvement. Le choix de l’un d’entre eux est dicté par la technique d’analyse qui sera ensuite exploitée. L’analyse olfactométrique, réalisée par des sujets, exige un prélèvement sans pré-concentration préalable. En revanche, dans le cadre de l’analyse physico-chimique, réalisée par des instruments tels que le nez électronique, une pré-concentration de l’odorant est obligatoire si la concentration est inférieure ou proche du seuil de sensibilité de l’appareil de mesure. En France, les différents prélèvements sont décrits dans la norme européenne EN 13725 (octobre 2003). Elle précise les conditions de transport et de stockage des échantillons collectés. Cette norme détermine également les différentes étapes des analyses olfactométriques (sensorielles) et physico-chimiques.

La mesure olfactométrique (sensorielle)

Les odeurs que nous identifions dans l’espace autour de nous sont le résultat de de l’interaction entre les molécules émises par l’odorant et notre système de perception olfactive. Celui-ci reste un « outil » très efficace pour réaliser des mesures et des analyses d’odeurs issues des activités industrielles, agricoles ou autres. Il entre pleinement dans ce que l’on appelle l’analyse sensorielle qui consiste à évaluer les qualités organoleptiques d’un élément perçu. L’analyse sensorielle fait intervenir les organes des sens de l’être humain : le goût, l’odorat, la vue, le toucher et l’ouïe. Elle permet de décrire et de quantifier de manière systématique l’ensemble des perceptions humaines. Elle s’est développée dans les années 1960 avec l’industrie alimentaire (Lefebvre et Bassereau, 2003). Les réactions des individus face à une odeur vont différer selon des caractéristiques quantitatives (concentration et intensité de l’odorant), qualitatives (reconnaissance de l’odeur) et son caractère hédoniste (appréciation) (Gingras et al., 2003).
La mesure olfactométrique est réglementée par des normes européennes qui évoluent avec le temps en élaborant de nouvelles méthodes et en faisant appel à toutes les techniques instrumentales qui aident à décrypter les composés odorants. Il convient de préciser que les normes décrivent les méthodes de mesure et ne mentionnent pas de limites de valeurs de rejets ou d’exposition, car cela dépend de la réglementation. En effet, différents pays peuvent utiliser la même méthode de mesure mais fixer des critères de qualité de l’air différents (Guillot et Luillery, 2017).
• Au Danemark, les critères de réglementations des odeurs sont fixés à < 5-10 uoE/ m3
• En Irlande, les critères de réglementations des odeurs sont fixés à 1.5-6 uoE/ m3
• Et, en Allemagne, à < 1 uoE/ m3 (Deshmukh et al., 2015).

Les réglementations dans le monde

La conférence de Stockholm en 1972 a mis en avant l’environnement et l’importance de le protéger et de gérer les ressources non renouvelables. Dans ce cadre, plusieurs pays se sont engagés dans la lutte contre les nuisances olfactives en décrétant des lois. Généralement, les pays développés sont bien avancés dans ce domaine à la fois sur les niveaux juridique et scientifique, contrairement aux pays les moins avancés.

Les éléments constitutifs d’une plainte

Une plainte est composée de plusieurs éléments (Cf. Annexe 3) :

L’identifiant

C’est un numéro attribué par l’AASQA à chaque plainte. Il peut remplacer le nom et le prénom pour distinguer les plaintes entre elles.

Alerte_flag

Cette variable correspond au nombre de plaintes qui ont abouti à un rapport. Le SRO transmet nous l’avons vu, un rapport aux services de l’État, aux exploitants industriels, et aux collectivités territoriales si 3 plaintes ont été déposées le même jour dans un rayon de 2 km (Mesbah et Selvanizza, 2017). Cela correspond dans notre base de données à 6 030 plaintes (28.90%).

Date et heure de la plainte

Cette information est très importante, car elle nous aide à déterminer les périodes pendant lesquelles nous observons le nombre le plus élevé de plaintes.
Selon les années, nous constatons une augmentation des plaintes. Ce fut par exemple le cas entre 2006 et 2009. Nous constatons également une stabilisation (entre 2009 et 2012), voire une légère baisse en 2013 (1 561 plaintes), baisse qui n’est pas toujours continue (ex. de 2015 : 2 758 plaintes) (Cf. figure ci-après).

Géolocalisation de la plainte

Il s’agit d’une étape nécessaire pour spatialiser les odeurs perçues par les plaignants, et les mettre potentiellement en rapport avec les sources d’émissions situées à proximité. Nous disposons de plusieurs éléments de géolocalisation, tels que le :
● Numéro de la rue : les plaignants ne donnent pas toujours leurs numéros de rue exacts afin de protéger leur anonymat. Ainsi, pour 13 107 plaintes (62.83%) le numéro de la rue est absent. Dans ce cas, nous avons affecté chaque plainte au milieu de la rue ou de l’avenue.
● Nom de la rue : 789 plaintes (3.78%) ne contiennent pas non plus le nom de la rue, dès lors, le barycentre de la ville a été affecté pour localiser ces plaintes.
● Code postal, nom de la ville : les plaintes sont réparties sur 251 villes de manière inégale, c’est-à-dire, nous trouvons en premier lieu Chateaurenard avec 2 150 plaintes suivie par Martigues (1 488 plaintes). Voici le nombre de plaignants dans les 22 villes retenues rangé par ordre décroissant d’importance

Les remarques : le corpus

Les plaignants peuvent ajouter des remarques aux précédents champs, ils sont libres d’écrire ce qu’ils veulent ou bien ils peuvent laisser cette rubrique vide : 1 672 plaintes (8.01%) sont ainsi sans remarques. Nous avons utilisé l’utilitaire « Voyant Tools » afin d’analyser ce corpus de remarques particulièrement intéressant pour notre recherche.
● Le corpus contient 244.088 mots.
● La moyenne des mots par phrase est de 14.4, les plaignants vont la plupart du temps à l’essentiel pour décrire la gêne occasionnée par la nuisance olfactive.
Cette partie est très importante, elle constitue une grande partie du matériau de la thèse. Nous pouvons appréhender, approcher, à travers les ressentis des plaignants, les catégories d’odeurs, l’intensité de ces dernières (forte, faible…), et leurs impacts sanitaires sur les riverains (nausées, maux de tête, irritations diverses).
À partir de la figure 39 et du tableau 20, nous remarquons que le mot « odeur » est comme attendu le plus utilisé (14 563 fois). Lorsque le terme « odeur » est au singulier cela indique que le plaignant connait précisément la nature de l’odeur :
-Le 16/11/2003 à 9h un plaignant qui habite à Aix-en-Provence dénonce une « odeur de combustion de chaudière (fioul) très forte, déjà remarqué à la même heure la veille ».
En deuxième position nous trouvons le mot « provenance » (7 678), l’importance de ce terme nous indique que le plaignant a une connaissance parfaite de la source de l’odeur :
-Le 20/06/2009 à 20h, une plaignante qui demeure à Arles, déclare qu’il y a une « Odeur de chou 32 en provenance de TEMBEC. Beau temps ».
Ensuite, viennent les deux adjectifs « forte » (6 530) et « fortes » (784), qui décrivent l’intensité élevée des odeurs perçues. « Odeurs » au pluriel (3 014), peut indiquer que le plaignant est soumis à plusieurs odeurs :
-Le 22/09/2006 à 10h, un plaignant qui réside à Vitrolles, dénonce de : « très fortes odeurs de mélange entre l’huile végétale et le goudron, provoque des picotements du nez et des plaques rouges sur le corps, source sté Colace ».
Dans le tableau 20, les noms de plusieurs décharges et centres de compostage reviennent fréquemment : Biotechna à Châteauneuf-les-Martigues (1 519), Sotréco à Chateaurenard (1 498), Malespine à Gardanne (556), Balançan, au Cannet-des-Maures (534). De même que les mots suivants : poubelles (1 097), décharge (874), fermentation (678), compost (672), déchets (575). Nous constatons, aussi, l’utilisation de l’adverbe « matin » (1 225), qui dépasse de 2.56 fois l’utilisation du mot « soir » (478), le pic des plaintes se situant entre 7h et 11h (figure 36). La même chose, pour les adverbes « jour » (643) et « nuit » (501). Les plaignants sont bien entendu gênés par les odeurs durant la journée comme on pouvait s’y attendre (activités en extérieur), mais plus surprenant également la nuit, où les odeurs continuent de s’introduire dans leur habitat. Cela pourrait être dû à une saturation de l’air, ou bien à des vents faibles empêchant toute dispersion des molécules odorantes qui ont tendance alors à stagner.

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Table des matières

1. L’état de l’art 
1.1 L’odeur dans les différentes disciplines
1.1.1 Comment parler des odeurs ?
1.1.2. Une anthropologie des odeurs
1.1.3 Santé et odeurs
1.1.4 La chimie des odeurs
1.1.5 Les odeurs au fil du temps
1.1.6 Smelly maps, une cartographie des odeurs dans les villes
1.2 Odorant, odeur, système olfactif
1.2.1. Définitions
1.2.2 La physiologie du système olfactif
1.2.2.1 La muqueuse olfactive
1.2.2.2 Le bulbe olfactif
1.2.2.3 Les projections olfactives centrales
1.2.2.4 Le nerf trijumeau
1.2.2.5 Le système olfactif accessoire
1.2.3 Le traitement de l’information olfactive
1.2.3.1 Le traitement de l’information olfactive du point de vue physiologique
1.2.3.2 Le traitement de l’information olfactive du point de vue cognitif
1.3 Sources, prélèvements et mesures des odorants
1.3.1 Les sources d’odorants
1.3.1.1 Le domaine industriel
1.3.1.2 Le domaine municipal
1.3.1.3 L’agriculture
1.3.1.4 L’air intérieur
1.3.2 Le prélèvement des odorants
1.3.2.1 Les méthodes de prélèvement des odorants
1.3.3 La mesure des odorants
1.3.3.1 La mesure olfactométrique (sensorielle)
a) La concentration d’un odorant
b) L’intensité d’un odorant
c) La qualité d’un odorant
d) La tonalité « affective » ou « hédonique »
1.3.3.2 La mesure physico-chimique
1.4 Des odeurs et des lois
1.4.1 La surveillance de la qualité de l’air
1.4.1.1 Les établissements (les émetteurs)
1.4.1.2 Les pouvoirs publics
1.4.1.3 Les riverains (les récepteurs)
1.4.2 Les réglementations
1.4.2.1 En France
1.4.2.2 Les réglementations dans le monde
2. Les données
2.1 Les plaintes des riverains
2.1.1 Présentation des données
2.1.2 Les éléments constitutifs d’une plainte
2.1.2.1 L’identifiant
2.1.2.2 Alerte_flag
2.1.2.3 Date et heure de la plainte
2.1.2.4 Géolocalisation de la plainte
2.1.2.5 Les remarques : le corpus
2.1.2.6 Les sources de nuisances olfactives
2.1.2.7 La distance entre la source et les plaignants, la direction et la vitesse des vents
2.1.2.8 Le genre des plaignants
2.1.2.9 La durée de la gêne olfactive
2.1.2.10 L’intensité des odeurs perçues
2.1.2.11 Le niveau de gêne ressenti par le plaignant
2.1.2.12 Les symptômes physiologiques rapportés par les plaignants
2.1.2.13 Les résultats du questionnaire du jury de nez
3. Apports de l’intelligence artificielle et de la géomatique 
3.1 L’intelligence artificielle
3.2 La géomatique
Conclusion 
Bibliographie

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