Le touriste chinois est confronté à un dispositif touristique

LE TOURISTE CHINOIS EST CONFRONTÉ À UN DISPOSITIF TOURISTIQUE…

Ils sont le « poème de l’activité moderne » . Ils sont les ersatz réels et actuels de l’illustre Au Bonheur des Dames imaginé par Émile Zola. Les Grands Magasins sont des « lieux symbolisant l’hypermodernité » , des emblèmes parisiens cultivant l’ère de la consommation et la pratique du loisir par excellence : le shopping. Et rien n’est plus important pour le touriste chinois que celle-ci. Elle représente le motif n°1, la caractéristique intrinsèquement apposée à cette clientèle devenue figure et labellisée sous le terme de « touriste chinois » . Autre particularité clairement identifiée : il se déplace en masse, en « groupe de voyage ». Ils sont 70% à voyager en groupe et partagent tous une similarité, celle de voyager « au galop ».
Le postulat est articulé autour de deux énoncés évidents et concomitants : le touriste chinois apprécie le shopping et voyage en groupe. Jérémy Suyker, lequel a sillonné l’Europe à bord d’un bus de touristes chinois, le résume explicitement : « Il y a plus de shopping prévu dans le programme que de visites de monuments. On a par exemple passé autant de temps aux Galeries Lafayette que pour visiter la tour Eiffel, le Louvre et Versailles ! » . Cette observation, d’apparence banale, a néanmoins donné naissance à une mécanique savamment réfléchie et mise à l’oeuvre quasi-systématiquement, celle d’un « dispositif touristique » auquel le touriste chinois serait confronté. Cette première hypothèse explore le phénomène d’un point de vue d’abord uniquement ciblé sur le parcours-shopping de ce dernier, puis d’un spectre davantage éloigné, celui du format du voyage dans sa globalité. Pour éprouver celle-ci, plusieurs sources d’informations ont été convoquées : une enquêteterrain au Printemps-Haussmann , une étude participante au sein de la même enseigne ainsi qu’au Bon Marché , un entretien qualitatif avec Liu Li Lacampagne, fondatrice de l’application mobile Ai Shopping Paris et une analyse du film-reportage de Jill Coulon, Voyage en Occident

À la fois dans son parcours-shopping…

LES GRANDS MAGASINS PROPOSENT DES PARCOURS À L’ITINÉRAIRE PRÉÉTABLI

« Les grands magasins parisiens véhiculent une certaine idée de Paris, une combinaison d’images complexes et parfois contradictoires. Au premier rang de ces images, le luxe, le goût, l’élégance et l’histoire, [Pearce, 1999 : 90] les caractérisent autant qu’ils caractérisent la capitale. Plébiscités parles Parisiens qui les considèrent comme des lieux incarnant leur ville, les grands magasins façonnent ce caractère métonymique du Paris moderne, en vue d’étendre leur clientèle au-delà des seuls habitants, c’est-à-dire aux touristes » . Les Grands Magasins se sont érigés en tant qu’attraction touristique, en tant que « lieu patrimonial à visiter » . À la fois « espace marchand et lieu de travail, le grand magasin est appréhendé généralement comme un observatoire du mode de vie des classes bourgeoises et laborieuses des villes par la littérature [Zola, 1883], l’histoire [Beau, 2006] et la sociologie [Donovan, 1929]. Il représente un lieu où « les bourgeois eux-mêmes se donnaient en spectacle » [Miller, 1987] » : il constitue un terrain ethnographique riche et révélateur des comportements, investi pour ce travail de recherche.
En effet, « le touriste consomme des lieux, des paysages mais aussi des produits et l’activité d’achat occupe une part croissante de son emploi du temps [Snepenger et al., 2003 : 568]. Lorsqu’il n’est pas à l’origine du déplacement, comme lors d’achats transfrontaliers [Timothy and Butler, 1995], le shopping occupe même un fragment substantiel du temps de voyage et s’impose comme une dimension essentielle de la visite. Dès le xviii e siècle, la fréquentation des magasins joue un rôle important dans la visite de Paris : Claire Walsh remarque ainsi que « courir des magasins faisait partie intégrante de ce que l’on devait faire à Paris – visiter des jardins d’agrément, la foire et les boulevards » [Walsh, 2000 : 234] » . Aussi, « le quartier des Grands Magasins, c’est de l’urbain en condensé. Tous les ingrédients sont là: la foule, la diversité, l’anonymat des échanges, les bousculades et les multiples sollicitations sensorielles auxquelles le citadin est confronté. (…) A Paris, ne dit-on pas d’ailleurs « le quartier des grands magasins » pour désigner ce secteur de la ville, entreOpéra et Saint-Lazare, défini par l’activité urbaine et marchande qui se déploie le long du boulevard Haussmann, du nom de l’urbaniste qui a donné un nouveau visage à Paris sous le second Empire? (…) Ici, les deux stations de métro Havre-Caumartin et Chaussée d’AntinLafayette, indiquent la sortie « grands magasins. » . Emmanuelle Lallement, ethnologue et maître de conférences au CELSA, s’est attachée au décryptage des Grands Magasins parisiens, à « en observer de longs moments l’architecture des lieux, cartographier la disposition des rayons, noter les moindres détails du ballet des vendeuses et des clients, écouter les conversations, tenter de saisir cette atmosphère unique, et sentir que s’y joue bien autre chose que la seule consommation de marchandises… » .
En effet, il s’y joue une scène désormais devenue banale, celle d’un lieu où le tourisme de masse s’est invité. Emmanuelle Lallement le chiffre : « Il est midi, un vendredi comme unautre aux Galeries Lafayette Haussmann. Ici, les touristes, notamment chinois, représentent près de 50% de la clientèle; 30 % au Printemps, situé à deux pas sur le même boulevard, et dont les vendeurs parlent une quinzaine de langues » .
Ce constat statistique accompagne une réalité, celle d’un parcours-shopping modélisé sous la forme d’un itinéraire établi, où interviennent des composantes spatiales, humaines et culturelles, lesquelles forment la configuration d’un « dispositif », notion théorisée par Michel Foucault . Le prisme ethnologique de Pascal Barbier et d’Emmanuelle Lallement représente le fil conducteur de ce travail de recherche, partant des constats concluants de ces derniers qui structurent et parsèment la réflexion. Encore une fois, Lallement pointe du doigt le « spectacle » que déroulent des « department stores » tels que les Galeries Lafayette et le Printemps-Haussmann : « (…) legrand magasin met en scène l’abondance et le choix sur une superficie allant de 30 000 à 70 000 mètres carrés, entrecoupés d’escaliers centraux, de coupoles, de verrières. Si bien qu’on embrasse tout d’un regard. La scénographie est savamment maîtrisée: chaque étage est un univers consacré soit à la mode, soit à la décoration, ou à la beauté, et chaque rayon est un petit monde avec ses vendeuses, son mobilier, sa présentation. Une logique d’ensemble qui fait que, si chaque rayon a une relative indépendance, il ne prend sens que parce qu’il côtoie celui du concurrent. Désormais, le grand magasin est un univers de marques plutôt que d’objets. Au rez-de-chaussée, toutes les grandes griffes internationales de cosmétiques sont représentées. Et chacune s’affiche avec son égérie du moment. Al’étage, ce sont les créateurs et les maisons de couture qui forment le paysage: des noms célèbres qui se font face, semblant s’observer et dialoguer entre elles, peut-être davantageque les vendeurs et les clients » . C’est à partir du lieu pointé du doigt par l’ethnologueEmmanuelle Lallement que l’ensemble du terrain s’est précisé.

LE GRAND MAGASIN REPRÉSENTE UNE PANOPTIQUE MARCHANDE CONTRAIGNANTE

Le sujet se prénomme Lian, de son vrai nom chinois « Chen Lian », vient visiter Paris pour deux jours. Il a 35 ans et est originaire de Shanghai où il occupe un poste à haute responsabilité au sein d’un fond d’investissement chinois. Il opère au pôle « finances » du groupe et est plus précisément en charge du segment « fusion-acquisition » de la compagnie. C’est la deuxième fois que Lian se rend dans la capitale française mais cettefois, il y arrive dans l’optique de se familiariser avec le marché du prêt-à-porter féminin. Il est touriste en passe de devenir connaisseur, il désire explorer les lieux commerciaux emblématiques de Paris et s’imprégner de l’univers, la stratégie, l’art-devivre à la française à des fins entrepreneuriales. Pour cela, Lian a besoin d’un « accompagnateur », d’un intermédiaire qui lui accordera le confort de visiter sans se préoccuper de la barrière de la langue ou des différends culturels pouvant freiner son dessein. C’est grâce à cela que j’ai pu non-seulement accompagner mais surtout aider Lian dans son parcours-shopping pendant six heures, respectivement au Bon Marché puis au Printemps-Haussmann. De par la volonté de ne pas moi-même devenir un élément du dispositif à l’oeuvre, j’aitenté de limiter mes incursions en laissant le sujet exprimer le plus possible sa spontanéitépour pouvoir mieux en observer les contours, tout en lui apportant les conseils et l’aidenécessaires.
Tout d’abord, il semble primordial de relever que l’agencement spatial du Bon Marché diffère largement de celui du Printemps. L’infrastructure du premier est davantage épurée, décloisonnée : les différentes marques sont représentées et compartimentées à l’aide de portants, là où au Printemps, ce sont majoritairement des murs qui constituent des boutiques-stands à part-entière. Le champs d’action est donc élargi, étendu; la vision d’ensemble, plus claire et facile à visualiser au premier regard.
Cependant, dans les effets, le paradigme s’inverse : cette impression d’appréhension facilitée au Bon Marché s’avère se transformer en véritable labyrinthe, où marques, stands, étages, produits s’agglutinent en une masse indifférenciée et compacte, de laquelle il est difficile de se repérer. Cela a été dégagé par les observations menées au sein des deux Grands Magasins : il aura fallu près de 4 heures pour parcourir les rayons du Bon Marché alors même que 2 heures auront suffi à explorer le Printemps. Cette prétendue volonté de « libérer les individus et leur permettre d’agir à leur guise » est en réalité, comme l’atteste Michel Foucault, une façon « d’imposer une façon de vivre entièrement guidée par l’intérêt et le calcul économique. ». Loin d’être un « mécanisme culturel » innocent dépourvud’intérêt de hiérarchisation des corps, des comportements et des actions, l’ensemblede la structure de ces magasins répond à une intentionnalité particulière, un dispositif,une « discipline » agissant telle une « technique de gouvernement » .
En effet, d’un point de vue purement ethnographique, qui ne fait qu’observer et mettre en exergue des attitudes, le protagoniste étudié, Lian, n’a cessé de se perdre, de revenir sur ses pas, de s’interpeller à maintes reprises des même marques, jusqu’à se rendre compte par lui-même, souvent au bout de la 3ème fois, qu’il avait déjà regardé et pris en photolesdits corners .
Ici, le dispositif en place naturalise les attitudes et ordonne les rapports entre les êtres et leur environnement direct, en inscrivant les sujets dans un « régime de visibilité » , qui a pour effet de rendre invisible ce système de libéralisation des espaces favorisant la flânerie, l’égarement, l’errance. Ceci dit, ce phénomène encourageant de « faire taire un individuassujetti » a, au travers de cette approche ethno-participante, également pu faire émerger une parole avouante reprise sous une parole explicite formulée lors d’une rencontre entre Lian et un autre groupe de touristes : « je ne comprends rien à ce magasin, je me perds toutle temps » . En effet, la disposition spatiale des éléments, l’absence d’indications, jusqu’aux noms des marques eux-mêmes participent à infléchir le champ de possibilités des protagonistes qui y sont maillés. Dans le cas des touristes chinois, cela concoure à encoder, à encrypter davantage la démarche shopping de ceux-ci : l’agencement des produits ne répond àaucune logique apparente, les panneaux aidant à la circulation sont rares et le nom desmarques reste inintelligible aux yeux du touriste sinophone.
Cette conclusion provient d’un raisonnement empirique, lequel a été dégagé lors de cette étude participante : Lian s’interroge sur l’emplacement des biens commercialisés, lacirculation et la prise de repère au sein de cet espace marchand, ainsi que sur lacompréhension des marques exposées. Pourquoi retrouve-t-on du Vanessa Bruno à la fois au sein de son stand dédié mais aussi de l’autre côté de l’étage, sur un portant isolé au milieu d’autres marques de créateurs ? Pourquoi trouve-t-on quatre portants formant un carré au milieu de la surface n’appartenant à aucun stand de marque ? Pourquoi n’y a-t-il qu’un plan du magasin jouxté aux escalators ? Que signifie « Iro » ou « Sézane » et comment s’en souvenir quand ces désignations semblent vides de sens ? Ces questions ont été posées par Lian qui peine à comprendre la logique du lieu.
Chaque nom de marque doit être épelé ou traduit afin d’être identifié puis retenu par le touriste. Sans présence d’un intermédiaire, le touriste chinois fait donc ses courses « à l’aveugle ». En reprenant les propos de Michel Foucault en fonction de ce champs d’observation, il s’opère un pouvoir disciplinaire porté par la force du dispositif en place auPrintemps et au Bon Marché, lequel sous-tend une « insertion des corps des protagonistes dans un ensemble rythmé par des exigences » , ici marchandes. Il s’y déroule les techniques suivantes, dites « d’individuation » ou « de dressage » : des « modalités effectives » avec un système de fermeture d’espace spécifique, une « spécialisation des divisions spatiales » répondant à un équilibre entre guidage du chaland et poids de la marque et une « articulation de divers types d’énoncés » promulgués sous la forme de « propos d’expert » par le personnel du magasin. Ceci contribue à répartir des corps-50 sujets dans un espace divisé répondant à une logique de maximisation du pouvoir d’achat de la clientèle via un jeu de force où flânerie et perte de repères accaparent totalement l’esprit du visiteur.
De la même façon que Foucault a décrit le fourgon cellulaire en tant que « panoptique mobile » de par son effet de dispositif, la socio-spatialité des Grands Magasins étudiés agit pareillement. La structure d’un étage au sein du Bon Marché par exemple, permet d’emblée l’arrivée, la sortie et la circulation des individus désirant acheter. Aussi, elle a pour impact de contraindre physiquement les passants et facilite l’exercice d’une surveillance constante,à la fois du personnel et des autres clients présents, laquelle limite les comportements dans un cadre de bienséance générale. En effet, cela s’est observé lors du parcours de Lian, qui dès lors de l’entrée dans le magasin semblait s’insérer dans un sorte de « moule social » où il limitait sa gestuelle, diminuait son débit de paroles et marchait plus lentement : c’est ici le déterminisme bourdieusien qui s’active, lequel énonçant qu’un « univers social est un lieu propice à l’intériorisation des normes » . En fonctionnant telle une introspection induite, quasi forcée, le sujet est lui-même usé par cette subordination physique et invisible.
A l’instar des prévenus foucaldiens enfermés dans un fourgon, le Grand Magasin peut être aperçu comme une « panoptique marchande » à part-entière. Projeté à la vue de tous, defaçon constante et irrémédiable, encadré par les autres protagonistes présents sur le lieu,presque rendu captif, le sujet est circonscrit dans un champs de possibilités défini parl’instance supérieure, celle du Grand Magasin.

 mais aussi dans son voyage

LE VOYAGE DE GROUPE, UN VOYAGE « AU GALOP »

Apparu de façon nette lors des épreuves empiriques précédentes, le dispositif peut également être inspecté dans un champ d’observation beaucoup plus large, sur un terrain mouvant.
En effet, ici, c’est le voyage dans sa globalité qui est étudié dans sa potentialité de dispositif. Bien qu’il aurait été pertinent de pouvoir suivre et accompagner moi-même un groupe de touristes chinois en voyage à Paris pour prolonger la méthodologie ethnographique préconisée depuis le début de ce travail, c’est une toute autre source d’informations qui est désormais exploitée pour dégager des éléments de réponses à l’hypothèse posée. Présenté sous le format d’un film, c’est le film-reportage de Jill Coulon, nommé Voyage en Occident qui sera le support de la réflexion suivante portant sur le voyage dans son ensemble. Tourné à la manière d’une caméra embarquée, ce court-métrage endosse la fonction d’un documentaire, filmant tel un « roadtrip » 43 passagers chinois à bord d’un bus. Son synopsis est le suivant : « Les Chinois sont de plus en plus nombreux à venir visiter l’Europe. Que viennent-ils y chercher ? Que s’imaginent-ils avant d’arriver ? Qu’en pensentils lorsqu’ils la découvrent ? Voyage en Occidentest un documentaire embarqué dans un bus de touristes chinois qui visitent, pour la première fois et au pas de course, 6 pays d’Europe en 10 jours. Jeu de miroirs et de contrastes entre deux civilisations, ce road-movie déconstruit avec humour, poésie et intelligence les stéréotypes sur la classe moyenne émergente chinoise et met à nu les images que se font les Chinois de « nous » , lesEuropéens et Occidentaux » . La mise à disposition de ce reportage en accès privé a été rendue possible grâce à une prise de contact directe avec la réalisatrice Jill Coulon qui a tout de suite accepté de permettre l’accessibilité à son travail pour, au travers de son analyse , faire avancer ces recherches.
Dès la première scène, le décor est planté : la production s’ouvre sur l’allée vide et obscure du bus, garé dans un parking à la lumière vacillante. Petit à petit, sur fond de musique semblant mimer un rythme de pas cadencé quoique timide, le bus, qui s’avérera être l’élément central de ce long-métrage, se remplit. Ils arrivent, d’abord un par un, par l’avant, puis débarquent massivement, de façon désordonnée, par toutes les ouvertures du bus. C’est un fourmillement, ils sont une masse indifférenciée, anonyme, à l’exception faite du guide qui bénéficie d’un plan rapproché, individuel. Visuellement, c’est frappant : le contraste entre la figure du guide et du groupe illustre clairement le statut hiérarchique de chacun. A l’aide d’un micro, le guide dévoile succinctement le programme : l’Europe, en bus, avec un seul et même chauffeur, sur la base de 5 heures de route par jour.
Le ton, est lui aussi, vite donné : « les groupes de chinois voyagent très rapidement » affirme le guide, ils « regardent les fleurs au galop ». Mais pour eux, l’essentiel réside dans le fait d’avoir « été là ». L’un d’eux scande « même si on visite vite, on visite un peu quand même » .

VERS UN TOURISTE AUTRE, UN « TOURISTE AUGMENTÉ »

Liu Li Lacampagne est la fondatrice de l’application mobile Ai Shopping Paris, définie comme étant « le premier guide digital shopping dédié à la population chinoise, le but étant de promouvoir l’art-de-vivre à la Française et des marques authentiques. Ai Shopping Paris aide les touristes Chinois à découvrir l’univers des marques, des itinéraires shopping originaux et des bons plans exclusifs. » . Voyageant depuis 20 ans entre Paris, Shanghai et Beijing, Li Liu Lacampagne est notamment renommée pour son expérience significative dans le « Business Development international » sino-français, au sein du Groupe Richemont par exemple. Chinoise d’origine, elle a exercé des fonctions au sein du Ministère du Commerce Extérieur Chinois, puis à l’Ambassade de Chine à Paris, avant de se tourner vers de grandes entreprises internationales, telles que Veolia Environnement, Groupama ouEuler Hermes. C’est en 2008 qu’elle lance CFC Communication, société de conseil en développement international accompagnant les firmes françaises dans leur développement sur le marché chinois. Selon le Luxury Retail Convention, « ses principales compétences sont l’intelligence économique, la stratégie de développement sur le marché (implantation, partenariat, fusion & acquisition) et la communication interculturelle. Ses principaux secteurs d’expérience sont le luxe & life style, la mode, la communication et la distribution ».
En Novembre 2015, Li Liu Lacampagne crée l’application mobile Ai Shopping Paris, présentée comme étant un guide digital de shopping parisien, en chinois, élaborée pour les Chinois par une équipe sino-française basée à Paris. Ai Shopping Paris est née de l’émergence de trois tendances, selon sa fondatrice :
– les Chinois sont de plus en plus nombreux à voyager, ils étaient plus de 2 millions à visiter la France l’an dernier,
– le shopping est une part incontournable de leur programme avec un panier moyen qui s’élève à 2500€ environ, faisant des Chinois les touristes les plus dépensiers au monde ,
– ils sont hyper-connectés : très souvent sur leur smartphones, ils échangent continuellement sur les réseaux sociaux.De ces trois constats a émergé un manque, un besoin : il n’existait sur le marché aucuneapplication répondant à ces évolutions, consacrée au shopping parisien pour les voyageurschinois.
Avec plus de 1000 boutiques référencées et plus de 100 marques à son compteur, Ai Shopping Paris promeut Paris comme étant la meilleure destination pour le shopping des chinois en Europe. Pour ce faire, l’application propose, au travers d’un système de géolocalisation, un plan de Paris où figurent des marques dites « de qualité », regroupant marques de luxe, premium, haut-de-gamme mais aussi de créateurs et tendances. Ainsi, le touriste venu sans tour-opérateur pour le guider peut se servir de cette application ayant pour vocation d’aider à faciliter le parcours-shopping du client, tout en lui offrant la possibilité de « faire du shopping comme de vrais parisiens ».
En d’autres termes, Ai Shopping Paris contrecarre la version classique du dispositif touristique comme proposé par les agences de voyage, pour finalement, en proposer une forme inédite. En effet, son business model s’avère rejoindre en de nombreux points les dispositifs vus précédemment. Bien que c’est à l’utilisateur d’entamer ses propres démarches et qu’il demeure libre de ses actions, le touriste remplace le guide traditionnel par son téléphone et toutes ses fonctionnalités.

…QUI ÉPOUSE UNE FIGURE ARCHÉTYPALE DE CELUI-CI…

Le dispositif touristique observé en amont, au-delà d’agir sur les individus concernés, a pour effet de mettre en exergue le touriste chinois en tant que « figure », soit la « forme visible, l’aspect de quelque chose » . Ici, ce sont les résultats dégagés lors d’une recherche préalable autour du sujet intitulé « Itinéraire shopping du touriste chinois à Paris : entre représentation stéréotypée et dispositif stratégique » produit au cours du Master 1 au CELSA qui serviront de départ de réflexion et de support à la validation de l’hypothèse ci-dessus. Ceux-ci seront enrichis par des apports nouveaux, soulevés par une analyse à la fois empirique et discursive, permettant ainsi de renforcer la réalité concrète du postulat posé.
Pour reprendre du début, la « figure » est désignée comme reposant intrinsèquement sur la représentation en tant que construction de processus et résultat des actes de pensée, le tout autour du prédicat révélé par le dispositif global. Cette notion et son interprétation se réfèrent à la construction des aspects de la « réalité », elle est donc inévitablement sélective, mettant en avant et oubliant certaines facettes par définition. C’est pourquoi, il semble légitime de se questionner sur l’acceptation que revêt le terme « touriste chinois », faisant partie du langage courant. Sa dénomination même, utilisée comme référent pour désigner ces groupuscules de voyageurs se rendant à l’étranger, est révélatrice de cesystème de pensée. Pour rappel, le touriste se définit comme étant « celui ou celle qui fait du tourisme, qui voyage pour son plaisir, pour se détendre, s’enrichir, se cultiver ; unvoyageur qui se distingue par son pays d’origine, les lieux qu’il visite, les moyens delocomotions qu’il utilise etc. » . En effet, le touriste est déterminé en tant que tel par lesdisparités qui le différencient des individus-résidents du lieu visité, différences qui sont,dans le cas du touriste chinois, exacerbées, voire caricaturées. Ce sont ces dissemblances qui ont non seulement orienté l’investigation ethnographique mise en place préalablement et qui se retrouvent dans le discours propagé autour de cette catégorie de population. Aussi, nous savons que le touriste est homologué comme ayant la posture d’un « amateur, d’une personne qui s’intéresse aux choses avec curiosité mais d’une manière superficielle» , définition introduisant les prémices de ce qui s’avérera se transformer en un jugementde valeur de ce protagoniste, quasiment devenu une persona aux caractéristiques grossières déformée dans le discours médiatique et social.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières
Introduction 
I. Le touriste chinois est confronté à un dispositif touristique
1. À la fois dans son parcours-shopping
A. Les Grands Magasins proposent des parcours à l’itinéraire préétabli
B. Le Grand Magasin représente une panoptique marchande contraignante
2. … mais aussi dans son voyage
A. Le voyage de groupe, un voyage « au galop »
B. Vers un touriste autre, un « touriste augmenté »
II. …qui épouse une figure archétypale de celui-ci
1. Le mot « touriste » est une notion intrinsèquement connotée
A. Le sens littéral du mot « touriste »
B. …Circonscrit le touriste chinois en tant que figure
2. …reprise dans le discours médiatique et social
A. L’imaginaire collectif du touriste chinois est influencé par le discours des médias
B. … Mais construit par le discours social
III. …et qui peut être amélioré
1. Recommandations pour les Grands Magasins
2. Recommendations pour Ai Shopping Paris
Conclusion 

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *