Le tourisme secteur clé du développement (stratégies et conséquences)

Le tourisme : secteur clé du développement (stratégies et conséquences) 

À l’aube de l’indépendance, le pays a connu plusieurs phases de transition économique afin de fonder un système financier autonome et d’initier une politique de développement. Cette politique misait sur des secteurs dynamiques de l’économie tunisienne tels que le tourisme, l’industrie, le textile. En fait, lors de l’indépendance, l’aménagement du territoire était demeuré indispensable pour le pays dans la mesure où la relance économique était difficile suite au détachement financier de la France. Cet aménagement était lié en premier lieu à la planification économique afin de développer la construction nationale. Ainsi un premier plan de planification a été élaboré « Perspectives décennales de développement » en 1961. Celui-ci visait à développer et aménager les villes telles que Tunis. En second lieu, vers les années 1960, l’aménagement s’est détaché de la planification économique par la création d’un service au sein du secrétariat aux travaux publics et à l’habitat dédié à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme (Dhaher, 2010). Cette période est caractérisée par la consolidation d’une armature urbaine publique et par un investissement dans des secteurs tels que l’industrialisation et le tourisme ce qui a conduit une réorganisation spatiale afin de privilégier leur développement. En 1969, ce processus se confirme par la création d’un ministère de l’aménagement du territoire et du tourisme (Dhaher, 2010). Ainsi, l’association entre ces deux secteurs présage de l’importance du tourisme dans l’économie du pays et du développement d’un aménagement territorial sectoriel dans des zones bien déterminées dans le pays.

Les premières formes de développement touristique en Tunisie

L’écotourisme demeure une activité touristique et une stratégie de développement d’une offre de ce secteur. Dans cette partie, nous avons réalisé une lecture des travaux portant sur l’écotourisme afin de connaître et d’identifier le secteur touristique. Ceci nous a permis de définir ce secteur qui est devenu un domaine clé dans l’économie tunisienne et de caractériser les offres élaborées. Ceci nous a conduit à admettre que l’écotourisme en tant qu’offre n’est pas à cette heure si développée. Ainsi dans ce chapitre nous essayons de montrer que les choix stratégiques de l’État sont axés sur un développement des offres touristiques de masse dans des régions littorales et que ces choix ont créé par la suite une disparité régionale entre les zones rurales et urbaines.

Le tourisme en Tunisie a vu le jour avant même l’indépendance, précisément en 1903 suite à la création d’un comité d’hivernage tunisien qui concurrençait à l’époque Nice, Alger et Le Caire (Bergaoui, 2006). On comptait plus de 100 000 touristes européens en 1929. Mais ce n’est qu’en 1957 que l’activité touristique s’est développée au point de devenir peu à peu l’un des secteurs stratégiques de l’économie nationale d’un pays dont l’économie était auparavant déséquilibrée et déstructurée (Bergaoui, 2006). Ainsi, le tourisme a commencé à se développer d’une manière industrielle. Pour cette étape, selon les spécialistes du tourisme tunisien tel que Weirget, le secteur touristique tunisien est passé par trois phases : la première période allant de 1957 jusqu’à 1972 a été une phase de décollage, la seconde période de 1972 jusqu’à 2000 a été une phase d’essor de puis une phase de crise s’en est suivie de 2000 jusqu’à aujourd’hui (Weirget, 2012).

En 1961, le tourisme figurait dans le premier document de planification économique nationale (les Perspectives décennales 1962-1972). L’État a aménagé les premières zones touristiques : grand Tunis, Hammamet, Sousse-Monastir, Djerba. L’État avait donc misé sur le tourisme balnéaire et joué sur l’image de la Tunisie comme un pays de soleil et de belles plages. Il cherchait à faire venir plus de touristes tout en minimisant le coût de la prestation. Il s’est investi à bâtir des hôtels de moyenne gamme qui englobent toute l’offre touristique : hébergements, loisirs, restaurations, plages privées. En outre, Il y a eu la création de grands organismes touristiques publics : l’office national du tourisme tunisien (ONTT), la société hôtelière touristique tunisienne (SHTT ; Bergaoui, 2006). Durant la phase d’essor, le secteur tunisien a enregistré une croissance de la demande suite à l’investissement des acteurs privés locaux et étrangers : des investisseurs des pays du Golfe et des tour-opérateurs européens. Pendant les années 1980, on a commencé à s’investir aussi dans d’autres types d’hébergement : station touristique intégrée, telle que le port d’El Kantaoui afin de diversifier l’offre en englobant les centres commerciaux, golfe, marina, parc de loisirs. De nouvelles zones touristiques ont été créées dans le sud (Tozeur) et le littoral nord (Bizerte et Tabarka) (Miossec, 1996).

Ainsi en 2000, la Tunisie a accueilli plus de 5 millions de visiteurs alors qu’en 1962 (début du développement touristique), elle en recevait à peine plus de 50 000. D’après la Banque mondiale, la croissance annuelle moyenne au cours de cette période (de l’ordre de 13 %) a été forte et considérable sur une période aussi longue (Banque mondiale, 2002).

Les conséquences du développement du secteur touristique ont été vite observées sur l’économie nationale : le tourisme fait partie des principales sources d’entrées de devises avec l’industrie pétrolière. Il a promu l’investissement privé et a instauré un esprit capitaliste. Il a encouragé l’investissement touristique étranger et la création de partenariats commerciaux internationaux. Les zones balnéaires suite à la forte croissance touristique dans ces territoires tels s que Nabeul, Hammamet, Sousse et Djerba. Ces villes, qui n’étaient pour la plupart que de petites stations balnéaires dans les années 1960, sont devenues dans les années 1970-1980, de grands pôles économiques (Weirget, 2012). C’est ainsi que le Sahel tunisien (Sousse, Monastir, Mahdia) a pu accueillir plus de 70 % de la population urbaine dans les années 1980. Ce développement des villes balnéaires et la littoralisation des activités économiques ont marqué l’organisation géographique de l’économie tunisienne (Weirget, 2012). À la fin des années 1990, on a commencé à enregistrer une diminution des entrées  suite aux événements du 11 septembre la guerre d’Irak et la seconde Intifada, mais aussi les attentats de Djerba : sur la période 2001-2006, les arrivées internationales ont connu une croissance annuelle moyenne de seulement 5,4 % ; les dépenses touristiques ont augmenté en moyenne de 5,1 % par an, ainsi cette performance est considérée comme la performance la plus faible enregistrée dans un pays de la rive sud. D’après le diagnostic de la Banque mondiale et de la coopération japonaise JICA (l’agence gouvernementale chargée de coordonner les projets d’aide publique du Japon). Cette diminution est due certes à des circonstances sécuritaires, mais aussi à un vrai problème sectoriel : essoufflement d’un produit touristique de moyenne gamme (Banque mondiale, 2000).

Les disparités régionales des espaces ruraux 

Des stratégies nationales entre développement et investissement 

Comme nous l’avons mentionné dans la première partie, le tourisme fut un choix stratégique pour le développement du pays. Le développement de ce secteur fut concentré dans les zones littorales, délaissant les zones rurales situées principalement dans le nord-ouest et le centre du pays. Dans ce chapitre, nous tentons d’étudier de près les choix stratégiques de l’État en matière de développement afin d’identifier les causes des disparités entre l’espaces urbains et ruraux La stratégie tunisienne du développement se base sur des approches de planification, un exercice centraliste et technocratique qui était en vigueur à l’est (Falloux et Talbot, 1992). Avant la révolution, la planification se faisait par trois modalités stratégiques : les plans quinquennaux, les décisions présidentielles et les programmes de développement régional (Canesse, 2014). Selon les économistes et les géographes de développement tels qu’Abaab, Miossec et Laroussi, la stratégie tunisienne est passée par cinq phases sur le plan de la conception et le plan institutionnel. La première phase (1956-1961) correspond à la période postcoloniale. Dès cette époque la Tunisie est soutenue par les institutions de Bretton Woods (FMI et la banque mondiale) auxquelles elle adhère en 1958. Ainsi, cette époque est marquée par un développement de l’infrastructure et une industrialisation des grands pôles économiques localisés dans la capitale (Seklani, 1960). Le littoral tunisien s’étant axé sur un développement centralisé, certains auteurs emploient le terme de la « tunisification » de l’appareil de production (Elloumi, 2006) et (Souissi, 2013) ce qui induit à une adoption d’un système de planification centralisé et l’implantation des pôles de développement localisés dans le littoral. Ceci a engendré un phénomène d’exode de la population rurale et un déséquilibre entre les régions.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : L’ECOTOURISME, UN MOYEN SUGGERE POUR LE DEVELOPPEMENT DES PARCS NATURELS FORESTIERS EN TUNISIE
CHAPITRE 1. LE TOURISME : SECTEUR CLE DU DEVELOPPEMENT (STRATEGIES ET CONSEQUENCES)
1. LES PREMIERES FORMES DE DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE EN TUNISIE
CHAPITRE 2. LES DISPARITES REGIONALES DES ESPACES RURAUX
1. DES STRATEGIES NATIONALES ENTRE DEVELOPPEMENT ET INVESTISSEMENT
2. L’ESPACE RURAL ENTRE POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT ET GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
CHAPITRE 3. L’ESPACE FORESTIER ENTRE POLITIQUE DE CONSERVATION ET DE DEVELOPPEMENT
1. LA POLITIQUE FORESTIERE EN TUNISIE
2. LA POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE EN TUNISIE : UN APPUI A LA NOUVELLE POLITIQUE FORESTIERE
2.1. L’EMERGENCE D’UNE PRISE DE CONSCIENCE SOCIO-ENVIRONNEMENTALE INTERNATIONALE
2.2 L’EMERGENCE D’UNE POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE NATIONALE
3. LA POPULATION FORESTIERE TUNISIENNE
CHAPITRE 4. LES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE : UN ESPACE FORESTIER A VALORISER
1. LA CREATION DES AIRES PROTEGEES
2. L’EVOLUTION DES AIRES PROTEGEES DANS LE MONDE
3. LES DEVELOPPEMENTS DES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE
3.1 L’EMERGENCE DES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE
3.2 LES AIRES PROTEGEES DE MONTAGNE A VOCATION FORESTIERE
CHAPITRE 5. L’ECOTOURISME POUR DEVELOPPER LES AIRES PROTEGEES
1. LES BIENS ET LES SERVICES ECOSYSTEMIQUES
2 ÉCOTOURISME ET POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 6. LE DIAGNOSTIC TERRITORIAL : UNE METHODE POUR ANALYSER LA SITUATION DE L’ECOTOURISME DANS LES AIRES PROTEGEES EN TUNISIE
1. ANALYSE TRIANGULAIRE
2. ANALYSE DE LA DURABILITE DES TRAVAUX DE DEVELOPPEMENT DE L’ECOTOURISME
3. ANALYSE DU SYSTEME ECOTOURISTIQUE
3.1. ANALYSE STRUCTURELLE DES INDICATEURS DU SECTEUR : MICMAC
3.1.1. REPERAGE DES RELATIONS DANS LA MATRICE D’ANALYSE STRUCTURELLE
3.1.2. IDENTIFICATION DES VARIABLES CLES DU SECTEUR
3.1.3. SAISIE DES DONNEES ET LOGICIEL UTILISE
3.2 ANALYSE DES STRATEGIES D’ACTEURS : LA METHODE MACTOR
3.2.1. IDENTIFICATION ET CATEGORISATION DES ACTEURS
3.2.2. ANALYSE DES INFLUENCES ENTRE ACTEURS ET EVALUATION LEURS RAPPORTS DE FORCE
3.2.3. POSITIONNEMENT DES ACTEURS PAR RAPPORT AUX OBJECTIFS
3.2.4. SAISIE DES DONNEES ET LOGICIEL UTILISE
CHAPITRE 7. PRESENTATION DES ZONES D’ETUDE : DEUX EXEMPLES D’AIRES PROTEGEES DE MONTAGNE DU NORD-OUEST TUNISIEN
1. PRESENTATION DU PARC ICHKEUL
2. PRESENTATION DU PARC CAP NEGRO-JBEL CHITANA
PARTIE 2 : DEVELOPPER PAR L’ECOTOURISME, QUELLES DIFFICULTES ?
CHAPITRE 1 : ÉVALUATION DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT DE L’ECOTOURISME DANS LES AIRES PROTEGEES DE MONTAGNE CAP NEGRO ET ICHKEUL ENTRE 1987 ET 2017
1. L’ACTION PUBLIQUE ET INTERNATIONALE DANS LES AIRES PROTEGEES DE MONTAGNE DE 1987 A 2017
1.1. LES PROJETS
1.1.1 LES PROJETS NATIONAUX
1.1.2 LES PROJETS DANS LES DEUX AIRES PROTEGEES DE MONTAGNE
1.1.2.1. LES PROJETS MENES DANS LE PARC NATIONAL DE CAP NEGRO
1.1.2.2. LES PROJETS MENES DANS LE PARC NATIONAL DE L’ICHKEUL
2. LES ETUDES
2. QUI A MENE CES PROJETS ET ETUDES ?
2.1. ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
2.2 LES INSTANCES INTERNATIONALES
2.2.1. LES COOPERATIONS INTERNATIONALES D’AIDE DE DEVELOPPEMENT ET D’ASSISTANCE ENVIRONNEMENTALE
2.2.2 LES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES
2.3 SOCIETE CIVILE : ASSOCIATIONS ET GROUPEMENTS DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
3. ÉVALUATION DE LA DURABILITE DES PROJETS RECENSES
3.1. DANS CAP NEGRO
3.2. DANS ICHKEUL
CHAPITRE 2. ANALYSE SYSTEMIQUE DE L’ECOTOURISME DANS LES AIRES PROTEGEES ICHKEUL ET CAP NEGRO
1. ANALYSE STRUCTURELLE
1.1. IDENTIFICATION DES VARIABLES
1.2) LA DESCRIPTION DES RELATIONS ENTRE LES VARIABLES ECOTOURISTIQUES
2. ANALYSE DES ACTEURS
2.1. CARTOGRAPHIE DES POLES D’ACTEURS
2.2. ANALYSE DES INFLUENCES ENTRE ACTEURS ET EVALUATION LEURS RAPPORTS DE FORCE
2.3. POSITIONNEMENT DES ACTEURS PAR RAPPORT AUX OBJECTIFS DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE

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