Le tourisme comme loisir dans un contexte marchand consumériste

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Des modes de transports à moindre coût qui incitent à la mobilité

La dernière révolution industrielle a signé l’avènement de l’hypermobilité des sociétés industrialisées. Les projets d’aménagement infrastructurels répondent à des politiques de mobilité toujours plus optimales et incitent au déplacement. D’autre part, le développement de l’industrie aéronautique rend possible des déplacements en avion ou en bateau à moindre coût. En ce sens on observe une croissance exponentielle des déplacements en avion et un développement inédit des structures navales tels que les bateaux de croisière. Cette incroyable avancée dans la rapidité et la rentabilité économique des investissements infrastructurels de mobilité réside aussi en la puissance inédite des technologies de communication et d’infographie par lesquels ils sont pilotés. Une modélisation de l’espace virtuel qui se rapproche de la réalité suivant une logique de probabilité algorithmique.
La révolution des Techniques d’Information et de Communication (TIC) a complètement bouleversé les modes de planification et d’échanges monétaires par l’interface technologique et le réseau internet. En effet, ces mutations impactent les modalités d’accès à l’information et de logistique du voyage.

De nouvelles formes d’hébergement qui font jouer la concurrence avec les acteurs traditionnels du secteur touristique

La révolution des TIC a modifié et continue de transformer les modes de vie, notamment dans le domaine de la communication et de l’échange de biens et services. On constate ces effets dans la modalité de programmation des séjours et dans l’ouverture à un panel de choix d’hébergement et de déplacement beaucoup plus vaste. De nouveaux acteurs de la chaine de valeur touristique ont vu le jour comme la plateforme de réservation Booking ou dans un autre style l’incontournable Airbnb. D’autre part, il se développe également une offre plus grand public de moyens de déplacement low-cost, rendant accessible des destinations qui jusque-là restaient inabordables pour un grand nombre de voyageurs. Ces innovations dans les modes de « faire » le tourisme, combinées à un abaissement des coûts de déplacement, peuvent s’analyser à l’aide de la Théorie de l’Acteur Réseau (TAR). A ce sujet, Corinne VAN DER YEUGHT, nous dit « En sciences de gestion, la TAR offre une vision renouvelée de l’organisation mettant l’accent sur les interrelations, les connexions établies entre des entités hétérogènes, humaines et non humaines qui vont progressivement constituer un réseau à l’origine d’un nouveau collectif révélateur d’un changement ou d’une innovation (Callon, 2006 ; Latour, 2006). »5 Cette approche modifie la conception de chaine de valeur touristique où chaque maillon de la chaine devient un médiateur-traducteur. Ainsi, le touriste lui-même participe de la fabrique touristique et modifie les règles classiques de l’offre et de la demande en insufflant de nouvelles stratégies de choix et d’orientation de la dépense monétaire. Des connexions inédites s’établissent entre les entités hétérogènes du réseau et court-circuitent le schéma traditionnel de l’offre et de la demande touristique.

Une source de richesse et de prestige parfois à l’origine de tensions sociales et environnementales

Un manque de régulation de l’industrie touristique :

Sur le site de l’association Citoyens de la terre nous pouvons lire les mots de l’ancien président Christophe GRIGRI : « Si le tourisme ne se réforme pas, il court à sa perte car il est en train de contribuer à la destruction de sa propre raison d’être : pollution, saturation et altération des écosystèmes, dépassement des capacités d’accueil, élimination ou corruption des populations, marchandisation à outrance, tout cela doit cesser ! Le secteur est voué à évoluer vers un tourisme respectueux et soutenable ou alors il disparaîtra avec le reste ! »
Ces mots très engagés au sujet d’un tourisme qui court à sa perte malgré une expansion fulgurante traduisent pour partie les tensions que soulève cette activité. L’industrie touristique mondiale est encadrée par des chartes ou des codes internationaux issus de différents sommets ou rencontres mondiales. Ces textes ne sont pas règlementaires et datent de la fin des années 90’ début années 2000 (Charte du tourisme durable 1995 – Code mondial d’éthique du tourisme 1999). La liste des Objectifs du Développement Durable issue des accords de Paris en 2015 constitue l’un des référentiels les plus récents en termes de durabilité au niveau mondial, bien qu’il ne soit pas directement dédié au tourisme, toutes ses thématiques ont un rapport certain avec l’industrie touristique. Le continent africain s’est quant à lui doté de sa propre charte du tourisme durable et résponsable en 2016 suite à COP 22.

Acteurs de la gouvernance territoriale : une volonté de développement touristique à l’épreuve du défi environnemental

Plusieurs exemples des effets pervers du tourisme de masse ont conduit les autorités de régulations territoriales à appréhender la question du développement touristique sous un nouvel angle.
Par exemple en Espagne à Torremolinos : sur 20 km2, environ 65 % des terrains sont aujourd’hui urbanisés ou en cours d’urbanisation (47 % en 2002). La végétation naturelle persiste uniquement dans des zones inaccessibles (en haut de pentes raides) : 29 % de la surface de la municipalité couverts par la garrigue (43,1 % en 2002), 3,5 % par des terrains vagues (terres agricoles abandonnées), 0,15 % par la forêt et 0,59 % par les rivières. Cette municipalité ne possède pas de station d’épuration alors que cette destination touristique accueille près de 5 millions de nuitées par an.
Concernant la gestion de l’eau on peut se référer à la situation du littoral de Tétouan, au Maroc. Les centres urbains le long de la côte sont équipés de systèmes d’évacuation des eaux usées ne desservant qu’une partie de la population : de 40 à 80 % selon les communes. Le reste des effluents est déversé directement dans la mer et la lagune, sans traitement préalable, ce qui engendre de la pollution et des problèmes de salubrité et de santé publique. Seul quatre complexes touristiques disposent de systèmes autonomes d’épuration des eaux usées. Les 1 372 m3 /jour d’eaux usées produites par le tourisme sont directement rejetées en mer sans traitement dans deux des trois destinations étudiées (Martil et Fnideq) et sont prétraitées dans la troisième (M’diq) par une station d’épuration dont la capacité de charge est largement dépassée (capacité prévue pour 5 000 habitants alors que la population atteint en période estivale 20 à 25 000 habitants) avant d’être acheminée vers la lagune de Smir.
Concernant la gestion des déchets, le diagramme ci-contre que révèle la production de déchets issue de l’activité touristique est 5 à 20 fois plus importante que celle des résidents de Castelardo et Cabras.
En réponse à ce type de préoccupation, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a mis en œuvre un Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM). Ce plan a donné lieu à la création de 6 centres d’activités régionales sur le pourtour méditerranéen : CAR-PAP en Croatie, le CAR-ASP en Tunisie, REMPEC à Malte, le SCP-RAC en Espagne, l’INFO-RAC en Italie et le Plan Bleu France Implanté à Sophia Antipolis et à Marseille.
Le Plan Bleu est une structure associative de type observatoire qui produit « des études ainsi que des scénarios pour l’avenir, afin de sensibiliser les acteurs et les décideurs méditerranéens sur les questions d’environnement et de développement durable de la région. » Le groupe de travail du Plan Bleu fournit une interface de ressource documentaire et produit également ses propres rapports. Les dernières publications sur le secteur du tourisme interrogent sur les outils, les méthodes et l’évaluation de la durabilité du tourisme en méditerranée.
Un référentiel sous forme de fiches “Indicateurs”, a été réalisé dans le cadre du Suivi de la Stratégie Méditerranéenne de Développement Durable. Dans ce document, actualisé en 2013 dans la version consultée, les équipes du plan bleu tente de répondre à la question suivante : « Les pays Méditerranéens progressent-ils sur la voie du développement durable ? » Ou plus précisément « La diversification du tourisme est-elle en marche ? ». Un tableau de référence issu du document pour le calcul des indicateurs est consultable en annexe.
Des documents d’orientation stratégique territoriaux se référant à des modèles de mise en tourisme durable existent et se multiplient de part et d’autre des rives méditerranéennes. Ces documents comportent rarement une portée réglementaire mais ils confèrent une direction à la dynamique d’aménagement touristique tournée vers la durabilité des projets.
La rive sud méditerranéenne semble être un terrain plus poreux pour que les mutations des modèles touristiques extensifs puissent prendre forme. En effet, si l’on observe le cas du Maroc et de l’Algérie, il s’agit de deux situations distinctes concernant l’historique des politiques touristiques. Pourtant, la direction officiellement affichée par les politiques publiques d’aménagement territoriale et une part de la société civile s’oriente vers la prise en compte des objectifs des ODD. Le SNAT 2025 en Algérie et le document Vision 2020 au Maroc identifient tous deux le tourisme durable comme un levier de développement à engager. Ainsi on peut lire dans le SNAT 2025 : « L’Algérie désire s’imprégner des expériences des pays voisins de la région du bassin méditerranéen, en prenant en considération les facteurs favorisant leurs succès et surtout en interprétant les causes de leurs échecs. »6 ou encore dans une étude consacrée au potentiel touristique de la région de la Kabylie En Algérie : « L’Algérie doit rapidement acquérir une vraie légitimité en matière de tourisme durable et d’éco-tourisme si elle veut entrer dans le club des acteurs du tourisme moderne et durable et devenir une destination touristique à part entière. »7 Dans le document Vision 2020 on peut lire : « Le défi consiste à maximiser la contribution positive du secteur aux économies locales, conciliant ainsi entre développement économique et social et préservation des ressources au sens large incluant le patrimoine naturel et culturel, le patrimoine matériel et immatériel. »8

Les objectifs du développement durable au regard de la croissance de l’industrie touristique

Depuis plus d’une vingtaine d’années le concept de développement durable intègre de manière formelle les préoccupations des autorités mondiales, nationales et locales de régulation et de coopérations entre les territoires. En effet, l’objectif directeur de croissance économique de la mesure de la richesse et du développement se confronte au paradigme de durabilité. L’industrie du tourisme, qui se place en tête des secteurs les plus dynamiques de l’économie mondiale, se heurte à des problématiques de gestion des ressources, d’artificialisation des sols, d’acculturation et à une forme de dumping de l’économie souterraine illicite voire illégale. Les espoirs de transition écologique vers une économie et un aménagement des territoires plus durable implique une sérieuse réflexion sur le secteur. Au sujet des mobilités humaines associées au fait touristique, se pose également la question des migrations actuelles en provenance du sud vers le nord. Ces déplacements de population relèvent de contraintes humaines de subsistance et de recherche de refuge dans des contextes d’instabilité ou de chaos politiques menaçant la sécurité des populations. L’industrie du tourisme traditionnelle semble insensible à ce dernier point hormis dans une stratégie d’évitement des zones à risque tandis qu’une conception solidaire du tourisme est capable de faire le lien entre les voyageurs de plaisance et l’exil des populations contraintes.

Le tourisme solidaire comme levier du développement territorial

Ainsi, la pratique d’un tourisme alternatif, plus doux et mieux intégré au fonctionnement du territoire prenant en compte la cadre de vie et la culture des habitants semble constituer une réponse aux problématiques soulevées dans cette première partie. Jean Didier Urbain décrit cette évolution comme « l’usage du voyage engagé, impliqué à des degrés divers, respectueux ou réparateur, distant ou ingérant, qui se veut d’une façon ou d’une autre participant, ou du moins investi dans le cours du monde : dans la dénonciation de ses règles économiques de fonctionnement ou la protection de ses habitants et de leur environnement, cela notamment au nom d’un passé industriel et colonial. »
Dans ce document nous nous intéresserons tout particulièrement au tourisme dit « solidaire ». La première définition de « l’éco-tourisme solidaire » est donnée en 1983 par le Mexicain Hector Ceballos –Lascurain, : il la définit comme une activité qui concilie l’éducation du touriste et le respect de l’environnement et des ressources naturelles. Il faut bien distinguer le tourisme solidaire du tourisme humanitaire qui ne répond pas à la même logique. Le tourisme humanitaire envisage les échanges de manière unilatéral avec une méthodologie d’aide au développement importée des pays occidentaux. Le tourisme solidaire a vocation à encourager les forces vives du développement endogène au territoire.
Cette notion de solidarité recouvre une double acception. D’une part il s’agit d’une dimension humaine, qui trouve son expression dans la rencontre des habitants. D’autre part, nous trouvons la dimension économique qui s’étend à une finalité non-marchande propice à une économie de proximité favorable au développement humain. Ainsi, en fonction de l’opérateur interrogé nous pouvons rencontrer plusieurs définitions de ce concept qui oscillent entre les différentes dimensions du tourisme solidaire. De la notion de solidarité découlent également le principe d’interdépendance. En effet, de nombreux domaines relatifs au développement territorial dépassent la logique des frontières entre les territoires, notamment dans le secteur du tourisme.
En annexe, un tableau issu du dossier thématique rédigé par Jean-Marie Collombon, Sandra Barlet et Danièle Ribier, présente les caractéristiques des différents types de tourisme alternatif.

Favoriser le développement économique local et la redistribution des richesses par le tourisme solidaire

La richesse économique issue des activités touristiques émane d’un calcul complexe prenant en compte toutes les ramifications des diverses composantes du secteur. Il s’en dégage 4 grands domaines : les transports, l’hébergement, la restauration et les activités de loisirs. Eux-mêmes connectés aux thématiques de l’énergie, de la mobilité, de l’habitat, des ressources en eau, de l’agriculture ou encore des politiques de protection et préservation du patrimoine naturel et culturel. Ce chapitre nous permettra de préciser les méthodes de lecture du développement économique local.

Le développement économique local sous le prisme des STL et des clusters touristiques

Dans un article issu de la revue Géographie, Economie et Société datant de 2008, Hugues François revient sur le concept des systèmes productifs localisés. Cet article nous rappelle les effets du mouvement de décentralisation du début des années 80 qui marque la reconnaissance des « forces et de la capacité d’action »20 des collectivités locales dans la dynamique économique des territoires. Cette idée deviendra la source d’une nouvelle approche où la spécificité des ressources et de leurs modalités de renouvellement conditionnent l’étude de l’économie territoriale. Perret applique cette notion à l’activité touristique avec le concept de Systèmes Touristiques Localisés (STL) en 1992. Hugues François nous rappelle également que l’origine de ce concept s’inscrit dans une tradition industrielle de l’approche des dynamiques économiques. Sa publication fait la démonstration d’un lien resserré entre ressources territoriales et dimensions culturelles du territoire. Ces deux éléments constituent la base d’une critique envers certains modèles de valorisation des ressources territoriales qui peuvent conduire à l’exclusion des acteurs à la marge de l’épicentre de la station touristique. Il insiste sur l’impact des acteurs touristiques dominants qui dans une volonté de diversification des activités au regard des spécificités territoriales, développent des formes d’activité « parfois concurrentes avec les prestations déjà existantes. »21 Hugues François défend la thèse d’un rôle central pour les acteurs en marge du territoire. La nécessité d’inclure les opérateurs les moins visibles dans les programmes de valorisation des ressources territoriales semble incontournable afin de construire des politiques publiques adaptées à la diversité des acteurs du territoire. Le tourisme solidaire intègre cette dimension de l’économie de proximité dans le sens où la méthode de conception des voyages identifie ces acteurs en marge et s’adresse directement à eux pour favoriser un arpentage singulier du territoire. En effet, un travail préalable de diagnostics territorial affiné et appuyé sur la maîtrise d’usage du territoire peut révéler la nature et la localisation de ces acteurs en marge et ainsi les intégrer à la fabrique du projet de mise en tourisme. De plus, la mise en place d’un fond de solidarité issue des recettes des séjours permet d’infuser directement le territoire d’un apport économique dédié aux projets locaux de développement. Cette source de financement pourrait être par exemple utiliser pour mettre en valeur ces acteurs économiques en marge du territoire.
Cécile Clergeau et Philippe Violier, dans leur article « Le concept de cluster est-il soluble dans le tourisme ? » reviennent sur les origines également issues de l’économie industrielle du concept de cluster. Dans ce texte ils démontrent que le « le concept de cluster était probablement trop étroit et devait au minimum être enrichi pour rendre compte de la dynamique des territoires touristiques. »22 Le concept de cluster décrit une dynamique productive attachée à des « des externalités de réseau, à la diffusion locale des connaissances et à la quasi-intégration des firmes ». Cette définition n’est pas suffisante pour analyser le tourisme. En effet, les questions de mobilités et de temporalité inhérentes au tourisme impliquent une rencontre avec l’altérité, l’analyse se situe davantage sur le plan de l’économie de proximité. Les auteurs précisent les spécificités de l’expérience touristique en mobilisant « la dimension cocréative et coproductive du tourisme ».

Dimension sociale et patrimoine immatériel du territoire comme éléments centraux de l’élaboration du voyage solidaire

La croissance de l’activité touristique influe sur le territoire de manière physique mais également dans les représentations de celui-ci. La mise en tourisme des territoires peut se faire par le biais de différentes stratégies qui valorisent telle ou telle spécificité de l’espace. Le tourisme attribue une fonction à l’espace, il le désigne par une forme et le nomme par un statut. Cette combinaison élémentaire contribue à construire le récit du lieu. Ainsi, on observe une forme de mise en scène de l’espace qui s’éloigne parfois de la réalité objective des territoires qui ne sont pas forcément capables d’absorber toutes les projections émises à leur sujet. Bien que la machine économique semble parfaitement rouée, des exemples de déconnexion entre la réalité socio-environnementale et l’eldorado touristique ne manquent pas de rappeler l’importance d’un ancrage socio-culturel des stratégies de marketing territorial et des investissements infrastructurels autour du tourisme. Lors de l’élaboration des voyages solidaires, les opérateurs prêtent une attention particulière à l’impact social de cette forme de tourisme. Les questions de patrimoine culturel sont au cœur de la réflexion qui encadre la démarche. Dans ce chapitre nous allons tâcher d’expliciter ce qui se joue à travers cette approche.

Identité, culture locale et patrimoine : du récit à la réalité territoriale

Sensible au scénario qui transforme l’espace en lieu, le touriste est sujet à l’influence du marketing appliqué au projet de territoire. En effet, l’imaginaire rattaché aux lieux participe à la manière d’appréhender l’espace. Dans ce contexte, les aménageurs-urbanistes participent à la fabrique du territoire au travers de la mobilisation de cet imaginaire du voyage et de la mise en scène des espaces. Vincent Vles nous dit à ce sujet : « Ce rôle de composition peut avoir pour objectif de promouvoir des images complexes du territoire en garantissant la liberté de construction narrative des habitants25 ». Mais dans une autre publication l’auteur met en garde contre le risque de réduction narrative issu de cette volonté de mettre en scène les espaces. Il s’appuie notamment sur l’analyse de la ville de Barcelone en expliquant que « La stratégie de promouvoir une image simplifiée de la ville a conduit à privilégier le produit touristique constitué par quelques lieux précis, et sur-fréquentés… On pourrait dire que la mise en scène est fort accomplie, mais que la scène est vide du point de vue de son urbanité… L’espace public est aménagé pour satisfaire une certaine image touristique, et non pour le citoyen… »26
Les travaux de Vincent VLES poussent à envisager l’idée de construction narrative de l’espace touristique comme un point de réflexion incontournable pour traduire une vision territoriale cohérente avec le vécu de ses habitants. Le phénomène observé à Barcelone est issu d’un mouvement de « prolifération patrimoniale »27 qui s’opère depuis les années 70. D’après les auteurs de l’ouvrage « Patrimoine, identité et développement territorial », le processus de patrimonialisation s’étend au-delà des monuments historiques et des projets de développement émergent autour de la valorisation des ressources environnementales et patrimoniales. Ce double processus décrit le phénomène de patrimonialisation comme une source d’attractivité et un support de construction identitaire et territoriale. Les politiques publiques de développement durable intègrent désormais cette thématique car les retombées des projets de valorisation du patrimoine révèlent les liens entre des enjeux économiques, socio-culturels et environnementaux notamment grâce à l’impact sur l’amélioration du cadre de vie et du renforcement des liens sociaux. Si le récit territorial est rédigé de manière consensuelle entre élus, habitants et professionnels, il est capable de produire de nouveaux marqueurs identitaires territoriaux. Pour les communautés locales ces marqueurs renforcent le sentiment des habitants d’habiter dans un lieu unique et privilégié. Les politiques territoriales peuvent s’appuyer sur ces identités revisitées pour accroitre leur notoriété et s’insérer dans un système plus vaste de compétitivité des territoires notamment au niveau touristique.

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Table des matières

Le cas du tourisme solidaire dans le cadre de la coopération internationale
1 L’émergence d’un modèle de tourisme alternatif, entre mondialisation et développement durable 
1.1 Le tourisme : un secteur d’activité marqué par une forte croissance
1.1.1 Croissance du « temps libre » et « libre circulation » des hommes
1.1.2 Le tourisme comme loisir dans un contexte marchand consumériste
1.1.3 Des modes de transports à moindre coût qui incitent à la mobilité
1.1.4 De nouvelles formes d’hébergements qui font jouer la concurrence avec les acteurs traditionnels du secteur touristique
1.2 Une source de richesse et de prestige parfois à l’origine de tensions sociales et environnementales
1.2.1 Un manque de régulation de l’industrie touristique :
1.2.2 Acteurs de la gouvernance territoriale : une volonté de développement touristique à l’épreuve du défi environnemental
1.2.3 Les objectifs du développement durable au regard de la croissance de l’industrie touristique
1.2.4 Habitant vs touristes : qui sont les destinataires des politiques publiques encadrant l’activité touristique
1.3 Des évolutions en matière de pratiques culturelles touristiques :
1.3.1 Un touriste qui s’est complexifié ?
1.3.2 Développement d’une nouvelle forme d’arpentage du monde :
1.3.3 Vieillissement de la population et émergence d’un nouveau marché : le « silvertourisme »
1.4 Le tourisme solidaire comme levier du développement territorial
2 Concilier les différentes dimensions du tourisme solidaire : un défi pour les acteurs du territoire
2.1 Favoriser le développement économique local et la redistribution des richesses par le tourisme solidaire
2.1.1 Le développement économique local sous le prisme des STL et des clusters touristiques
2.1.2 Chaine de valeur touristique solidaire et durable, une lecture par la Théorie Acteur Réseau
2.2 Dimension sociale et patrimoine immatériel du territoire comme éléments centraux de l’élaboration du voyage solidaire
2.2.1 Identité, culture locale et patrimoine : du récit à la réalité territoriale
2.2.2 Rencontre et cohabitation entre l’habitant et le touriste : des enjeux socio-culturels
2.3 La durabilité : un paradigme complexe du développement local à intégrer dans les politiques touristiques
2.3.1 La durabilité appliquée au tourisme solidaire : un regard socio-culturel sur les destinations
2.4 ICD-Afrique : une ONG agrée voyagiste défend le tourisme solidaire comme méthode de développement intégrée au territoire
2.4.1 Le tourisme solidaire avec ICD-Afrique
2.4.2 Articulation des activités de tourisme solidaire avec les programmes de développement territoriaux
3 Les acteurs du tourisme solidaire : un engagement dans le cadre de politiques pluripartenariales
3.1 La coopération internationale comme cadre d’action adapté ?
3.1.1 La juste échelle de réflexion ? Le bon statut ?
3.1.2 Les opérations de coopération internationale dans le domaine du tourisme solidaire comme source de capitalisation
3.2 Les enjeux autour de la structuration de réseau
3.2.1 De réseaux qui produisent de la connaissance et des partenariats autour du sujet
3.2.2 Retour sur l’étude menée par ICD pour l’ATES concernant la structuration d’un réseau national du tourisme solidaire au Sénégal
3.3 Tendances et évolution du tourisme solidaire : vers une mutation des modèles d’aménagement et de gouvernance territoriale ?
3.3.1 Mutation des rapports public/privé : l’investissement du le secteur privé dans la transition touristique
3.3.2 De nouveaux outils de partage de connaissance et de concertation pour une lecture dynamique du territoire
3.3.3 Notion des communs dans les projets de territoires
Conclusion
Bibliographie

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