Le temps dans l’institution, les temps du quotidien et les temps de la vie

Le temps des repas et des animations

Dans ces deux maisons de retraite, les heures de repas sont les temps fort de la journée.
Ce sont des moments que tous les résidents attendent avec impatience, même ceux qui n’apprécient ni la nourriture qui leur est servie ni la présence de leurs voisins de table. Aussi bien à Saint François de Sales qu’à Petite Provence, dans la demi-heure qui précède l’heure du repas, les retraités sont de plus en plus nombreux à venir s’installer du côté de la salle de restaurant. Ils investissent progressivement le salon à Petite Provence, et les fauteuils du couloir à Saint François de Sales, jusqu’à former un véritable attroupement lorsque l’ouverture des portes du restaurant est imminente. C’est l’occasion pour ces personnes âgées de se rencontrer, de se saluer et d’échanger quelques nouvelles. De ce que j’ai pu en voir, ce moment qui précède le déjeuner ou le diner est certainement le moment de la journée où il y a le plus d’interactions entre personnes âgées.
Lorsque les employés de restauration ouvrent les portes de ces grandes salles à manger, les retraités s’y engouffrent et vont rejoindre leur place. Car dans les salles de restaurant de ces deux maisons de retraite, chaque résident a une place qui lui a été attribuée et qui est tous les jours la même. A Saint François de Sales, c’est Frédérique Lopez, la responsable du service hébergement, qui décide du placement des résidents dans la salle de restaurant, et selon Raphaël, ces placements « c’est une grande affaire ». On peut aisément comprendre en effet qu’une décision qui va déterminer en quelle compagnie un individu prendra ses repas chaque jour, midi et soir, revête une certaine importance. D’après Raphaël, les résidents sont censés être placés « par affinité », mais quand j’essaie d’en savoir un peu plus sur la façon dont on détermine ces affinités, l’animateur m’avoue, et cela me sera confirmé par la suite, que le placement se fait en fait « un peu au hasard », que c’est « assez aléatoire ». Ce qui semble se passer dans le choix du placement de chacun, c’est que Mme Lopez installe par exemple un nouvel arrivant en fonction des places disponibles et en essayant de faire en sorte que ce dernier se retrouve à une table où il aura de potentiels interlocuteurs, et que si ce placement se révèle un mauvais choix car il déclenche des plaintes ou des discordes, elle réajuste en fonction. Les résidents n’ont donc pas vraiment leur mot à dire sur la table qu’ils occupent et sur les convives avec lesquels ils partagent leurs repas, mais ils peuvent tout de même exprimer des préférences et demander à changer de table, même si, selon Raphaël, on n’accède pas toujours à leur demande.
A Petite Provence également, les résidents ne choisissent par leur place : c’est « la directrice » Marie Thérèse Dumont qui décide du placement. Cependant à Petite Provence, il semblerait que le choix du placement soit plus le fruit d’une concertation qu’à Saint François de Sales, puisque Mme Dumont prend l’avis des employés et discute, en particulier avec le personnel de restauration et les soignants, pour savoir quel serait le placement le plus judicieux pour tel ou tel individu, en fonction des résidents avec lesquels il est susceptible de s’entendre.
Dans la salle de restaurant de Petite Provence également, les résidents sont donc placés par affinité et un peu au hasard. Ces deux modes de répartition des individus peuvent paraître incompatibles, mais ce n’est pas le cas dans ce contexte précis où les individus sont placés non seulement en fonction des places disponibles mais aussi en fonction de ce que le personnel pense savoir d’eux, de leur caractère et de leurs relations. A partir du moment où les personnes âgés elles-mêmes ne sont pas directement consultées, les places qu’elles occupent dans cette salle reflètent, sinon du hasard, au moins l’interprétation d’un regard extérieur. C’est ce qu’expriment les propos d’un résident qui, alors que je lui expliquais que j’observais la façon dont les individus étaient placés au restaurant, m’avait dit d’un air révolté « Mais vous savez que les gens ne choisissent pas comment ils se placent ici ?! », puis m’avait expliqué qu’on l’avait installé avec sa voisine de table parce que « il parait qu’on s’entendait bien ». Bien que le placement des résidents pendant les repas dépende d’un jugement extérieur sur leurs relations aux autres, les personnes âgées qui vivent à Petite Provence peuvent également demander à changer de table, peut-être plus facilement qu’à Saint François de Sales, et on leur attribue systématiquement une nouvelle place s’ils ne se trouvent pas bien là où ils sont.
Dans les salles de restaurant de ces deux maisons de retraite, il y a des tables de deux, de trois, de quatre ou de six, et même quelques tables où les résidents mangent seuls. Les individus qui mangent à une table seuls sont ceux qui l’ont choisi, et il s’agit soit de personnes dont le conjoint est récemment décédé, soit de personnes dont tout le monde dit qu’elles ont mauvais caractère. Lorsque des résidents reçoivent de la visite pour le repas, la personne âgée et ses proches ne mangent pas à la table habituelle du résident, mais dans une partie de la salle de restaurant qui est réservée aux invités. Ceux qui ne reçoivent jamais de visites ne mangent donc jamais en compagnie de personnes extérieures à l’établissement. Malgré quelques exceptions sur lesquelles nous reviendront dans le prochain chapitre, presque tous les habitants de ces maisons de retraite sont réunis dans la salle de restaurant pour les repas. Pour les plus solitaires d’entre eux c’est donc certainement le seul et unique moment dans la journée où ils sont en compagnie d’autres résidents. Et même pour les autres, tout laisse à penser qu’il s’agit du moment le plus propice à l’échange et à la communication. Malheureusement, il m’a été impossible de manger avec les résidents dans les salles de restaurant et je ne sais donc pas grand-chose des discussions qui ont lieu ou pas pendant ces repas. Ce que mes observations et mes entretiens avec les personnes âgées m’ont en revanche permis de remarquer, c’est qu’il semblerait que les résidents parlent finalement relativement peu avec leurs voisins de table, et que le fait que deux individus mangent à la même table ne signifie nullement que ces derniers vont avoir tendance à se lier d’amitié ou à s’engager dans une relation privilégiée. Il est très probable que cet état des choses soit dû au fait que les résidents ne choisissent pas leur place, et il y a fort à parier que si ces personnes âgées étaient libres de choisir avec qui elles souhaitent s’installer, il y aurait plus de discussions et d’échanges entre les convives.
L’autre temps fort de la journée pour la plupart des résidents, c’est le moment de l’animation. A Petite Provence, les activités organisées par l’établissement se déroulent dans le salon, de 16 heures à 17 heures, tous les jours sauf le samedi et le dimanche, et sont les mêmes d’une semaine à l’autre. Parmi les animations qui ont le plus de succès auprès des retraités, on peut citer l’atelier chant que donne Léon, un intervenant extérieur, le loto, activité qui est le plus souvent organisée par l’auxiliaire de vie Sonia, et le quizz, animé par Mme Dumont. A Saint François de Sales, des animations sont tous les jours proposées aux résidents, y compris les weekends. Certains jours de semaine, des activités qui accueillent généralement un nombre restreint de retraités se déroulent dans la matinée, entre 10 heures et 11 heures. C’est le cas notamment de l’atelier « motricité manuelle et graphique » du jeudi matin, avec la psychomotricienne Louise, ou encore le vendredi matin, toujours avec Louise, l’atelier « gym douce ». Il arrive également de temps en temps que les animateurs de Saint François de Sales proposent une activité dans la matinée. Il s’agit alors le plus souvent d’ateliers de « création artistique » où les résidents, toujours peu nombreux, fabriquent des éléments de décoration. En dehors de ces ateliers du matin, tous les après-midi de 15 heures à 16 heures, des animations ont lieu dans la salle d’activité de l’établissement. Les activités proposées changent d’un jour à l’autre et sont relativement diverses, bien que celles qui ont le plus de succès soient souvent reconduites d’une semaine à l’autre, parfois avec des variantes. Les animateurs m’ont expliqué que les activités à Saint François de Sales sont pour la moitié d’entre elles des « animations culturelles » et pour l’autre moitié des « animations artistiques », Raphaël étant chargé des « animations culturelles » et Martine des « animations artistiques ». Parmi les « animations culturelles » il y a par exemple « Paris en Chanson », ou la « Revue de Presse » qui rencontre un succès important et se déroule assez régulièrement. Du côté des activités dites artistiques, Martine propose souvent des animations telles que l’activité « Remue-Méninges », qui consistent en des jeux de mots ou des énigmes, mais aussi parfois des activités qui touchent plus clairement à la création artistique, avec par exemple la confection de petits bibelots ou de cartes postales. Les activités proposées aux habitants de Saint François de Sales sont très nombreuses par rapport à ce qu’on peut voir dans d’autres établissements de ce type. C’est ce que tous les employés m’ont confirmé, et Martine m’a d’ailleurs dit qu’elle avait travaillé dans d’autres maisons de retraite auparavant mais que c’est la première fois qu’elle travaille dans un établissement où il y a deux animateurs.
A Petite Provence comme à Saint François de Sales, les personnes âgées sont assez nombreuses à se trouver réunies pour participer aux activités proposées par l’établissement. On pourrait dès lors penser que ces temps d’animations sont des moments propices à la socialisation et à la création de liens entre les résidents, et pourtant il semblerait que ça ne soit pas vraiment le cas. Selon l’ethnologue Delphine Dupre-Leveque, « si les animations ne sont pas propices à la création de liens profonds et durables entre les personnes, c’est parce qu’il s’agit d’une activité organisée et dirigée » (Dupre-Leveque 2001, 86). Les animations sont en effet des moments où l’attention des résidents est tournée vers l’animateur, des activités qui sollicitent finalement bien plus la relation entre l’animateur et les résidents que la relation entre résidents. On pourrait alors supposer que les moments où les personnes âgées échangent et sont dans l’interaction entre elles sont les moments qui précèdent et qui suivent les temps d’animation. C’est un peu vrai pour les moments qui précèdent l’heure de l’activité, bien que le nombre de résidents présents et la fréquence de leurs interactions ne soit généralement pas aussi important à cette occasion que dans le temps qui précède les repas. Mais dès que les animations s’achèvent, tous les résidents remontent immédiatement à leur chambre, et un quart d’heure après la fin de l’animation il n’y a en principe plus personne dans la salle d’activité de Saint François de Sales, et il ne reste dans le salon de Petite Provence que les quelques habituées qui y demeurent souvent jusqu’à l’heure du repas.

Le temps libre

Les animations et les repas sont, pour la plupart des résidents, les temps forts de la journée. Mais même si les activités proposées sont nombreuses elles ne durent jamais plus d’une heure, et les personnes âgées qui vivent dans cette résidence connaissent chaque jour pendant plusieurs heures des temps de latence, des moments où il n’y a pas de repas, pas d’activité organisée par l’établissement et pas de soins, des moments où comme elles le disent souvent « on a rien à faire ». Alors justement, que font les résidents de ces « temps libres » ? Difficile de le savoir car ils restent la plupart du temps dans leur chambre. Quand on les interroge sur le sujet, l’occupation qui est, et de loin, le plus souvent évoquée est la télévision. « Heureusement que j’ai la télé » disent certains, car sinon l’ennui serait terrible. Au sujet des programmes qu’ils regardent, je n’ai pas trouvé de constante ; la plupart me disent qu’ils regardent « tout », et de ce que j’ai pu en voir c’est assez vrai. A propos de ce qu’ils font dans leur chambre, beaucoup évoquent également la lecture et, moins souvent, les mots-croisés. Mais ces activités, contrairement à la télévision, ne concernent qu’une partie des résidents car, comme ils le disent avec fierté ou frustration selon les cas, « il faut de bons yeux pour ça ». Que ce soit regarder la télévision, lire des livres ou des magazines, ou encore écouter de la musique, les occupations des personnes âgées lorsqu’elles sont dans leur chambre sont les mêmes que celles qu’elles avaient lorsqu’elles vivaient à leur domicile. Il ressort du discours des résidents que leurs centres d’intérêts et leurs distractions n’ont pas vraiment changé avec l’entrée en maison de retraite : on peut dire qu’ils reproduisent en quelque sorte dans leur chambre la vie qu’ils menaient à leur domicile. On peut cependant noter qu’à Petite Provence les résidents accomplissent certaines tâches ménagères et s’occupent plus de leur intérieur qu’à Saint François de Sales. Certainement parce que, comme le dit le personnel, ils sont assez autonomes et sont donc capables d’accomplir seuls certaines tâches ménagères, mais peut-être aussi parce qu’ils sont plus chez eux, parce qu’il s’agit de leurs propres meubles et qu’ils ont donc plus envie de prendre soin de cet intérieur en faisant par exemple un peu de rangement ou en nettoyant quelques surfaces. Pendant ces temps où « il n’y a rien à faire », une grande majorité des habitants de ces maisons de retraite restent donc dans leur chambre, le plus souvent devant la télévision ou avec un livre. Mais un certain nombre de résidents n’aiment pas rester trop longtemps dans leur chambre, et ce d’ailleurs même parmi ceux qui n’en sortent presque jamais. A Saint François de Sales, quelques résidents, comme M. et Mme Blanc ou Anna Grévin, sortent presque quotidiennement dans le jardin, où ils font quelques pas et s’assoient un moment au soleil. Parfois, quand une des personnes âgées ne va pas bien ou qu’elle exprime à la bonne personne son envie de sortir, les membres du personnel l’accompagnent quelques minutes dans le jardin pour « lui faire prendre l’air » et en profitent pour fumer une cigarette. Mais la plupart des habitants de Saint François de Sales ne vont pas dans le jardin. D’abord, comme ils le disent avec dédain, parce que dehors « y’a rien à faire », et puis parce qu’il fait froid et que l’on risquerait de tomber malade. Pour certains, c’est tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas se déplacer seuls et sont dépendant de l’accompagnement des employés pour sortir. Cela dit, même s’ils ne sortent pas, de nombreux résidents se promènent quand même très régulièrement dans les couloirs et les parties communes de l’établissement. C’est le cas notamment de M.
Durand qui fait quotidiennement des allers-retours à travers la résidence pour perdre du poids et entretenir ses jambes, ou encore Mme Nouveau et M. Petit qui passent tous les deux beaucoup de temps à déambuler dans les couloirs, signe pour le personnel qu’ils sont désorientés. A Petite Provence également, les résidents passent pour la plupart d’entre eux presque toute leur journée dans leur chambre, mais ils sont toutefois plus nombreux qu’à Saint François de Sales à sortir se promener en extérieur. Il faut dire que les nombreux hectares de campagne boisée qui environnent la résidence incitent plus à la promenade que les petits jardins de Saint François de Sales. Et alors qu’on ne voit toujours presque que des femmes installées dans le salon et lors des animations, en revanche on croise dans le jardin de cette résidence autant de promeneurs que de promeneuses. Si l’on prend en considération le fait que les hommes sont beaucoup moins nombreux que les femmes, la promenade semble donc être une activité que les hommes pratiquent plus que les femmes. Mais c’est aussi une activité que les résidents pratiquent presque toujours en solitaire, bien qu’il me soit arrivé une fois de voir Mme Agnès et Mme Rose qui se baladaient ensemble dans le jardin. Proportionnellement à leur nombre les résidents de Petite Provence sortent finalement eux aussi assez peu. Et lorsqu’ils vont dehors, c’est presque toujours pour marcher, parce qu’ils partent du principe que ça leur fait du bien, que c’est bon pour leur santé et leur moral, et ce n’est quasiment jamais pour s’assoir sur les chaises qui sont sur la terrasse et depuis lesquelles la vue est pourtant magnifique. Pourquoi ne jamais s’installer dehors ? Quand on pose cette question aux résidents ils évoquent toutes sortes de raison, parfois très imaginatives, dont le point commun semble être la question du confort : dehors il fait froid, il y a des courants d’air et les chaises ne sont pas agréables pour s’assoir, « on est plus confortable à l’intérieur ».
Alors que font les résidents « à l’intérieur » de Petite Provence, lorsqu’ils ne sont pas dans leur chambre ? Dans le salon de la résidence il y a une table de billard avec tout ce qu’il faut pour y jouer, mais je n’ai jamais vu personne l’utiliser. Aux dires des résidents et des employés, les seuls qui jouent parfois à ce billard sont les petits enfants de certains résidents lorsqu’ils viennent les voir. Il y a aussi dans le salon un piano, mais là encore quasiment personne ne l’utilise, sauf Mme Colet qui fait quelques fois profiter les autres résidents de ses talents de pianiste, et Xavier, un aide-soignant qui n’est guère musicien mais qui a en revanche un certain talent de clown, à qui il arrive parfois de jouer quelques notes disgracieuses pour faire rire les résidents. Lorsque l’on voit des personnes âgées dans le salon, elles sont souvent occupées à lire un journal en solitaire ou, comme Pierre-Olivier Martinet que beaucoup surnomment « le jardinier », à prendre soin des plantes vertes. Mais si les résidents s’installent dans le salon de Petite Provence, c’est surtout, comme ils le disent eux-mêmes, pour ne pas rester toujours seuls, pour être « un peu avec les autres ». Dans la partie de la salle que j’ai appelée « salon rose », deux dames, ou trois selon les jours, s’installent habituellement une vingtaine de minutes lorsqu’elles ont fini de déjeuner pour discuter et lire le journal avant de retourner à leur chambre. Mais surtout, comme nous l’avons brièvement évoqué dans le chapitre précédent, un groupe de vieilles dames a pour habitude de s’installer dans les fauteuils qui sont disposés en cercle au milieu du salon, secteur que j’ai nommé « le salon central ». Ces résidentes sont toujours les mêmes, bien que leur nombre varie évidemment selon les jours et les heures,allant généralement de deux à huit individus. J’ai appelé ce groupe d’une demi-douzaine de dames les « habituées du salon central ». Elles y passent le plus clair de leur temps, souvent à lire des journaux ou des magazines, à regarder passer les résidents et les employés, et bien sûr à parler. A Saint François de Sales, si les résidents passent généralement leur temps libre en solitaires, ce n’est quand même pas toujours le cas là non plus. Les Sœurs Michel, qui sont sœurs aussi bien sur le plan religieux que sur celui de la parenté, passent tous leurs après-midi à discuter ensemble dans la chambre de l’une d’elle, où elles sont parfois rejointes par Sœur Bolton. L’une des Sœurs Michel est condamnée à rester dans sa chambre car une machine l’aide à respirer, mais l’autre, qui comme elle le dit elle-même ne « supporte pas la solitude », passe également toujours une partie de ses matinées en compagnie de Sœur Jeanne qui habite la chambre voisine de la sienne. Jacqueline et deux autres résidentes ont également pour habitude de se retrouver toutes les trois dans la chambre de l’une d’elle en milieu d’après-midi, où elles regardent ensemble une série policière. Lorsque les habitants de Saint François de Sales passent du temps ensemble c’est donc le plus souvent dans les chambres, mais là encore, ce n’est pas une règle absolue. En dehors du cas de ceux qui se rencontrent en se promenant dans les couloirs et échangent à cette occasion quelques mots, il arrive, bien que très rarement, d’observer dans les parties communes ce qui ressemble à des petits rendez-vous privés. M. Garnier, Mme Renault et Mme Davy se retrouvent ainsi régulièrement entre 17 heures et 18 heures sur les fauteuils du côté des machines à café, pour y lire quelques chapitres d’un roman. M. Garnier, qui a une belle voix grave et une élocution parfaite, lit à voix haute, et Mmes Renault et Davy l’écoutent attentivement. C’est M. Garnier qui a pris l’initiative de proposer à Mme Davy, qui adore la littérature mais ne peut plus lire car elle est aujourd’hui presque aveugle, ces rendezvous lecture. Mme Davy lui en est très reconnaissante et m’a confié qu’elle adore ces moments de lecture car M. Garnier « lit magnifiquement bien ». Mme Renault étant l’amie de Mme Davy, elle se joint souvent à eux. Cependant, le cas de résidents qui se retrouvent dans les parties communes de l’établissement pour y passer un moment ensemble reste très exceptionnel à Saint François de Sales, contrairement à ce qu’on peut observer à Petite Provence. La plupart des personnes âgées qui vivent à Saint François de Sales passent finalement le plus clair de leur temps seules, bien qu’il leur soit paradoxalement impossible de ne voir personne de la journée. Gill Hubbard, Susan Tester et Murna G. Downs, après avoir mené une enquête sur les interactions entre résidents dans plusieurs maisons de retraite en Angleterre, concluent que les personnes âgées qui vivent dans ces établissements, bien qu’elles soient le plus souvent inoccupées, entrent finalement assez peu en relation les unes avec les autres (Hubbard et al.
2003). Les maisons de retraite sont selon eux des endroits où les personnes âgées passent le plus clair de leur temps isolées mais où il y a ce qu’ils appellent des « poches d’interactions sociales » (Hubbard et al. 2003, 100). Cette description me semble assez bien correspondre à ce que j’ai pu observer à Saint François de Sales et à Petite Provence : lorsque les personnes âgées entrent vraiment en contact les unes avec les autres et passent du temps ensemble c’est généralement en petits groupes relativement fermés. Et ces petits groupes d’interaction au sein desquels se nouent parfois des relations sont souvent perçus comme des phénomènes périphériques et épisodiques, car pour la grande majorité des résidents, bien qu’ils se plaignent beaucoup d’un sentiment de solitude, le mot d’ordre semble être « chacun chez soi » et « on ne se mêle pas des affaires des autres ». La sociologue Claire Bidart écrit : « Au fur et à mesure que l’on vieillit, la disposition à rencontrer des gens, à établir et à maintenir des liens avec eux, se rétrécit de façon très nette. La pratique d’activités collectives, l’inscription dans des groupes, les sorties et l’établissement de contacts avec autrui diminuent avec l’âge. On participe de moins en moins à des rassemblements collectifs, on raréfie les occasions de faire des rencontres » (Bidart 2010, 67). C’est probablement très vrai pour les personnes âgées qui vivent à leur domicile, mais pour celles qui vivent en EHAD ce ne sont pas les occasions de faire des rencontres qui manquent. Elles participent quotidiennement à des activités collectives puisqu’elles prennent leurs repas en collectivité et qu’elles participent parfois aux animations qui se déroulent toujours en groupe. Et ces individus qui vivent en EHPAD ont certainement beaucoup plus de « contacts avec autrui » que certaines personnes qui, bien que plus jeunes, vivraient par exemple seules et sans travail. Pourtant, la présence quotidienne d’autres individus qui, aussi bien les retraités que les employés, sont des interlocuteurs et partenaires d’échange potentiels, semble rarement amener les résidents à nouer avec ces autres ce qu’ils considèrent comme « des vraies relations », et leurs rapports aux individus qu’ils rencontrent ou croisent au quotidien sont souvent définis par ces personnes âgées comme « des relations superficielles ».
Nous verrons dans les deux prochains chapitres ce qui peut amener un individu à considérer ou non l’autre comme une personne avec laquelle il est possible d’établir et d’entretenir une relation profonde et durable. Mais pour l’heure il est déjà possible d’émettre l’hypothèse que le fait que la vie en maison de retraite, malgré son caractère collectif, ne soit finalement pas vraiment propice à la création de « vraies relations », est certainement dû au moins en partie au fait que dans ces établissements la présence des autres soit souvent subie. On choisit rarement les personnes avec lesquelles on est, que ce soit pour les repas, lors des animations ou pendant les soins, de même qu’on ne choisit ni les employés ni les habitants de la maison de retraite dans laquelle on vit. Et le fait qu’on choisisse rarement la présence des autres mais qu’on la subisse souvent est très probablement un facteur qui limite les possibilités de création de relations privilégiées avec les autres.
Il me semble également que, pour véritablement comprendre le regard que les différents acteurs de ces maisons de retraite portent les uns sur les autres et les relations qu’ils nouent ou pas entre eux, il faudrait déjà comprendre un peu mieux comment les personnes âgées vivent leur situation de « vieux » qui habitent en EHPAD. Alors comment, au-delà de cette description générale de la vie quotidienne, les différents acteurs de ces établissements vivent-ils véritablement ce quotidien ? Qu’est-ce que c’est que vieillir en maison de retraite ?

L’attente et les petites habitudes

J’ai entendu une fois une résidente de Saint François de Sales dire, non sur le ton de la plainte mais plutôt sur celui du constat, « on fait qu’attendre dans ces endroits là ». Une autre fois, alors que j’étais assise dans le salon de la maison de retraite à observer les individus qui y étaient installés, une résidente a dit à sa voisine en me regardant « elle attend », ce à quoi la dame lui a répondu « tout le monde attend ». Lorsque l’on passe un peu de temps parmi les personnes qui vivent en maison de retraite, il est en effet frappant de voir à quel point elles semblent en permanence dans l’attente de quelque chose. Si l’on prête attention aux discussions des habituées du salon central à Petite Provence, on se rend compte qu’une grande partie des échanges verbaux de ces dames concernent le temps qui les sépare de la prochaine animation ou du prochain repas. L’arrivée du chanteur qui vient le lundi est particulièrement attendue, et les résidentes commencent à évoquer sa venue et le fait que « il sera bientôt là » plusieurs heures à l’avance. Mais ce que les résidents attendent avec le plus d’impatience, c’est le moment des repas, et en particulier l’heure du souper, qui clos en quelque sorte la journée. Dès 18 heures, les dames du salon commencent à dire l’heure à voix haute et à calculer le temps qui les sépare du repas. Tous les soirs, on peut entendre dans le salon de Petite Provence des phrases telles que « il reste 1h10 avant le repas » puis « on a plus qu’une heure à attendre » et « disons trois quarts d’heures », énoncées successivement à quelques minutes d’intervalle. Il arrive même d’entendre, dès la fin du déjeuner, une résidente dire « 13h30, bah on est pas rendu à 7 heures ! », et sa collègue lui répondre « oui, l’après-midi va être longue ». Et il n’y a pas que les aprèsmidi qui paraissent longues aux résidents, l’hiver par exemple est trop long à leur goût et beaucoup disent avoir hâte d’être au printemps. Hâte d’être au repas, hâte que leur famille vienne les voir, hâte d’être au printemps ou hâte de mourir, les résidents semblent vivre constamment dans l’expectative et l’attente. Le temps présent apparaît presque continuellement pour eux comme un temps qu’il faut tuer. Lorsque je demande à Pierre Olivier Martinet si le jardinage est sa passion, ce dernier m’explique que non mais que ça l’occupe et que « ça fait passer le temps ». Mme Aude et Mme Bonnefoy disent également des parties de cartes du samedi après-midi que « ça passe bien le temps » et que grâce à cette occupation elles n’ont « pas vu passer l’après-midi ». Le fait que les heures passent vite et qu’on ne sente pas les minutes s’égrainer est perçu par les résidents comme quelque chose de très positif. Cette conception d’un temps qu’il faut tuer contraste à priori radicalement avec la perception que les employés ont de la temporalité. Ces derniers se déclarent unanimement « toujours en train de courir après le temps », et en effet, ils courent. Ils sont toujours pressés et, alors que les résidents semblent considérer qu’eux-mêmes ont trop de temps, la problématique principale des membres du personnel c’est que justement ils manquent de temps.
Mais il y a dans cette perception de la temporalité qu’ont les employés un apparent paradoxe : s’ils disent qu’ils manquent de temps, ils disent aussi que le fait d’être toujours très occupé fait que « on ne voit pas le temps passer », et c’est à leurs yeux une très bonne chose car la journée de travail s’écoule plus vite. Les membres du personnel aussi ont hâte : ils ont hâte que ce soit l’heure de la pause, hâte d’aller fumer une cigarette, hâte de rentrer chez eux. Le moment présent semble en fait être en maison de retraite, aussi bien pour les résidents que pour les employés, un temps que l’on ne veut pas voir, pas ressentir, comme pour fuir une réalité qui est rarement agréable et qui est peut-être difficile à supporter, tant pour les uns que pour les autres.
Cette perception de la temporalité qu’ont les différents acteurs de ces établissements a bien sûr un impact important sur les relations qu’ils nouent et entretiennent les uns avec les autres. Les résidents passent souvent un long moment à attendre avec impatience la venue des soignants, mais lorsque ces derniers arrivent ils sont généralement pressés et accordent peu de temps à la personne âgée qui elle a pourtant tout son temps et souhaiterait que ce moment dure un peu plus. Il y a donc souvent, entre les résidents et les membres du personnel, ce qu’on pourrait appeler une « frustration de l’échange », sentiment que l’on retrouve bien sûr dans le discours de certains résidents, mais aussi dans celui des soignants qui ont souvent la sensation désagréable de ne pas avoir le temps de discuter et d’entrer vraiment en relation avec ces personnes âgées.

Un temps pour tout

Les résidents parlent beaucoup de leur passé et évoquent ensemble leurs souvenirs, les bons comme les mauvais. Ils parlent de là où ils habitaient, de leurs parents, de la guerre et des fêtes de villages. Ce passé n’est pas toujours drôle, ils ont vécu la guerre et y ont parfois perdu des proches ou un parent, ils ont souvent eu des vies difficiles durant lesquelles ils ont connu la faim et la peur, certains ont eu des conjoints violents ou ont vécu la perte d’un enfant. Pourtant tous, et même ceux qui disent avoir beaucoup souffert tout au long de leur vie, évoquent ce passé avec nostalgie. Le thème du « c’était mieux avant » est un leitmotiv chez bon nombre de résidents. « Y’a plus rien de bon sur cette terre » dit souvent Mme Rose. Des saisons qui sont complétement déréglées aux politiciens qui sont des bons à rien corrompus en passant par les enfants qui sont mal élevés, le monde d’aujourd’hui semble pour ces personnes âgées être parfaitement affligeant par rapport à celui d’hier qui, aussi terrible fut-il, était toujours meilleur.
A en croire Mme Rose, même la télévision était plus intéressante dans le passé, et les étoiles elles-mêmes étaient plus belles qu’aujourd’hui. Le monde change et les individus vieillissent. Et si le monde d’hier est, aux yeux de ces personnes âgées, bien meilleur que celui d’aujourd’hui, c’est surtout parce qu’hier elles étaient jeunes et que la jeunesse rime pour elles avec le bonheur. Très souvent, les résidents avec lesquels je parlais me répétaient « profitez de votre jeunesse » et évoquaient la jeunesse comme l’âge d’or de la vie. Toutes ces vieilles personnes parlent avec émotion de leur jeunesse comme d’un paradis perdu à jamais. Mme Rey me raconte « j’étais jeune, je riais, je dansais », et Mme Lacoste me dit que quand elle était jeune elle souriait tout le temps. Aujourd’hui Mme Rey ne rit plus et danse encore moins, et Mme Lacoste arbore en permanence un visage de deuil puisque « y’a plus de raison de sourire ».
Car de ce passé idéalisé il ne reste plus grand-chose : la vieillesse et son lot de pertes est passée par là.
Plusieurs résidents m’ont parlé du fait qu’ils aient « tout perdu », de leur « sensation d’être dépouillé ». C’est en particulier sur la maison ou l’appartement qu’ils habitaient avant de s’installer en maison de retraite que les personnes âgées projettent la nostalgie de ce passé disparu. « C’est dur : on s’occupe de l’appartement pendant des années, on travaille beaucoup, on en prend soin, et puis d’un coup, pof ! On laisse tomber » dit Louisette Bonnefoy, la voix tremblante. Cette dame est d’un tempérament plutôt enjoué et joyeux, elle se dit assez heureuse à Petite Provence et ne regrette pas vraiment d’être venue y habiter car c’est pour elle la seule solution raisonnable, mais elle confie qu’elle souffre énormément de ne plus habiter son ancien appartement et que parfois, le soir, elle en pleure même. Aux dires des résidents, ce serait surtout le soir que l’on repense à son passé et que « ça revit ». Alors, comme me le raconte Mme Rose, on revit ce passé en pensée « et on se retrouve là et on n’a plus rien, plus de maison, plus de mari, plus rien ». Car au-delà des pertes matérielles, les résidents ont tous connu, plus ou moins récemment, la perte d’êtres chers. Un jour, une habitante de Saint François de Sales a dit à un autre résident « j’ai tout perdu » ; le vieil homme lui a demandé « quoi ? » et elle a répondu « mon papa, mon amour, tout ». Une autre fois, à Petite Provence, Mme Agnès a dit à Mme Rose « moi vous savez, depuis que j’ai perdu mon mari et mon fils », et Mme Rose a complété « plus rien est important ». Il faut se garder de concevoir cette dimension déficitaire du grand âge comme un phénomène naturel intrinsèque au vieillissement biologique de l’individu. La vieillesse en tant qu’âge de toutes les pertes est une conséquence d’une certaine logique sociale, elle est le produit de normes et de représentations culturelles qui construisent notre conception des âges de la vie. On pourrait tout à fait penser non pas en terme de perte mais en terme de changement, voire d’évolution, et imaginer que les pertes que les individus vivent dans le grand âge soient compensées par de nouvelles acquisitions, tout comme l’enfant qui devient adulte connaît dans sa vie un certain nombre de bouleversements faits de pertes et d’acquisitions. Mais les personnes âgées ont parfaitement intégré les catégories d’âge telles qu’elles sont pensées dans notre société, et elles se refusent catégoriquement à construire une nouvelle vie et à remplacer les relations perdues par de nouvelles relations, parce que disentelles « dans la vie y’a un temps pour tout ».
Lorsque Mme Bonnefoy parle de sa fille et de son gendre qui sont encore une fois partis en vacances et dit d’eux qu’« ils se laissent vivre », Mme Rose répond « ils sont jeunes, c’est normal ». La jeunesse, âge de toutes les joies et de tous les espoirs, appartient pour les résidents au passé, et cela est très fréquemment évoqué et réactualisé par la phrase « on n’a plus vingt ans » ou bien « où sont mes vingt ans ? », que tous les résidents prononcent au moins de temps en temps, souvent sur le ton de la plaisanterie. La chanson bien connue « On n’a pas tous les jours vingt ans » est très appréciée par ces personnes âgées. Certaines demandent régulièrement aux soignants qui viennent les voir dans leur chambre de la leur chanter, et j’ai même entendu un jour les habituées du salon central, qui pourtant ne chantent pour ainsi dire jamais, entonner en chœur cet air dont elles connaissent les paroles sur le bout des doigts. Il est possible d’envisager qu’évoquer régulièrement le fait qu’ils n’ont plus vingt ans est une manière pour les résidents, à la fois de faire revivre cet âge de la jeunesse, et d’actualiser le fait qu’ils sont passés, de manière progressive et imperceptible, de l’autre côté d’une barrière des âges et qu’ils sont aujourd’hui des vieux. On peut voir ça encore une fois comme une façon de faire le lien entre le passé et le présent, de maintenir la continuité en évoquant le changement. Il est fréquent d’entendre des résidents dire, sur le ton du constat et parfois entre deux silences, « je suis vieux » ou « je suis vieille », comme s’il fallait le dire pour le croire. Une habitante de Saint François de Sales, alors qu’elle se promenait dans un couloir, s’est fait la remarque, à voix haute mais visiblement pour elle-même, « je marche comme une petite vieille parce que je suis une petite vieille ». Et lorsqu’on demande aux résidents comment ils vont, il arrive très souvent qu’ils répondent « comme un vieux » ou « comme une vieille », comme si la catégorie de la vieillesse désignait, non seulement un type de condition physique et d’âge chronologique, mais aussi un état particulier, une humeur, une certaine manière d’être au monde. Si derrière cela on les interroge « et comment ils vont les vieux ? », certains bottent en touche et répondent « comme moi », comme pour mettre en évidence sur le ton de la plaisanterie la fatalité de la chose, et les autres répondent généralement que les vieux vont mal bien sûr ou « pas très bien », comme si c’était quelque chose d’à la fois terrible à vivre et complétement normal.

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Table des matières
Remerciements
Introduction
Chapitre 1 : Le fonctionnement institutionnel et le lieu maison de retraite
1) Une grande institution de soins gériatrique et une petite résidence familiale
2) Pourquoi une maison de retraite et laquelle ?
3) La population hébergée
4) L’espace collectif, « être avec les autres »
5) L’espace privé, « être chez soi »
Chapitre 2 : Le temps dans l’institution, les temps du quotidien et les temps de la vie
1) Le temps du soin, les rythmes individuels et le rythme de l’institution
2) Le temps des repas et des animations
3) Le temps libre
4) L’attente et les petites habitudes
5) Un temps pour tout
6) Etre et avoir été
7) Devenir et mourir
Chapitre 3 : Identifications et catégories de personnes
1) Des femmes et des hommes
2) Des employés et des résidents
3) Des autonomes et des dépendants
4) Des personnes et des « non-personnes »
Chapitre 4 : Les modes de relation en EHPAD
1) Relation de don ou relation d’échange, aider et offrir
2) Relation de protection ou relation d’éducation, chaperonner et façonner
3) Infantilisation et relation de parentalité
4) L’agentivité des résidents et les défenses des soignants
Chapitre 5 : Le réseau relationnel, l’affectivité et l’intimité
1) L’affectivité et la relation de soin
2) Les liens d’amitié
3) Les liens conjugaux
4) Vouloir entreprendre une relation amoureuse, désirer et être désiré
5) Avoir une famille et faire famille, les jeux de l’attachement et de la distance
6) L’intimité et la relation de soin
Conclusion
Bibliographie

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