LE SECOURS À PERSONNE

Le modèle d’organisation des secours français

   Il existe différents modèles d’organisation des secours, selon que l’on considère : le type et le nombre de services concernés (service médical, service incendie, service de police, etc.) ; le statut des intervenants (professionnel, volontaire, bénévole) ; les textes réglementaires qui régissent l’organisation ou encore le mode opératoire. Le modèle français se distingue des autres par au moins deux aspects :
 D’abord, par le fait que ce sont les pompiers qui portent également secours aux victimes et ce, sur tout le territoire national. La mission historique des sapeurspompiers est pourtant la lutte contre les incendies. Le secours des victimes a pris une place de plus en plus importante dans leurs missions et représente aujourd’hui la plus grande part de leur activité. Il n’en est pas de même dans tous les pays, où il existe, au moins dans les zones urbaines, des services indépendants des pompiers pour porter secours aux victimes. C’est le cas de l’Ambulance Service du National Health Service (NHS) au Royaume-Uni, du Rettungsdienst en Allemagne ou de l’Emergency Medical Service (EMS) aux Etats-Unis, par exemple. En France, les pompiers sont regroupés en Services d’incendie et de secours. Il en existe un par département. On les appelle alors les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). « Ils sont chargés de la prévention, de  la protection et de la lutte contre les incendies. Ils concourent, avec les autres services et professionnels concernés, à la protection et à la lutte contre les autres accidents, sinistres et catastrophes, à l’évaluation et à la prévention des risques technologiques ou naturels ainsi qu’aux secours d’urgence. »
 Le modèle français se distingue aussi par son mode opératoire. La majorité des pays s’attachent à évacuer la ou les victimes d’un accident le plus rapidement possible vers une infrastructure hospitalière, ce que les anglo-saxons appellent le scoop and run, littéralement : ramasser et courir. À l’inverse, en France, on a choisi la méthode stay and play, littéralement : rester et jouer, qui consiste, pour les cas les plus graves, à amener directement l’hôpital à la victime. Pour cela, l’organisation des secours repose sur un service : le Service d’aide médicale urgente (SAMU). Il en existe au moins un par département et il se caractérise par deux points essentiels :
 D’une part, le fait de garantir une adéquation optimale entre la demande et la réponse médicale et d’orienter les victimes vers l’infrastructure hospitalière la plus adaptée à leur état . Il en existe un par SAMU.

Baisse de la démographie médicale

   Outre la baisse du volontariat dans notre pays, la baisse de la démographie médicale – beaucoup plus connue du grand public – pose également problème en matière d’offre de secours à personne. Le manque de médecins libéraux dans certaines régions impacte également l’offre de secours car, comme nous l’avons vu précédemment (section 1.1.2, p. 23), ils participent à part entière à la chaîne de secours. Les régions dans lesquelles ils font le plus défaut correspondent justement aux régions où ils sont le plus utiles en matière de secours, car ce sont généralement les plus éloignées des moyens médicalisés classiques. Sans surprise, il s’agit, principalement des espaces ruraux. Il convient toutefois de signaler que de plus en plus d’espaces périurbains et urbains sont également touchés par ce problème, du fait de l’éloignement des structures d’interventions classiques et de la désertification médicale.

Evaluation du degré de couverture du secours à personne

   La question de l’évaluation du degré de couverture n’est pas simple. Il n’existe pas de données brutes pour le quantifier. C’est forcément une synthèse de plusieurs facteurs, modélisés ou non, concernant le niveau de la demande et celui de l’offre en secours. L’objectif est d’identifier les zones où la demande est importante et pour laquelle, éventuellement, la couverture des moyens n’est pas suffisante. Ces synthèses, à l’inverse de ce qui se fait dans le cadre des analyses évoquées précédemment, sont toujours effectuées par l’intermédiaire de cartes, généralement en superposant différentes couches d’informations, voire en réalisant des traitements thématiques sur plusieurs variables simultanément. C’est le cas du SDIS de l’Isère qui a, par exemple, fait le choix de réaliser une analyse thématique croisant à l’échelon des communes, le temps d’accès en minutes des moyens de secours à personne médicalisés du SDIS et des SMUR, et le nombre d’habitants (Figure 5). Plus les communes sont peuplées et éloignées des moyens médicalisés (les plus gros des ronds rouges), plus le degré de couverture est supposé être faible. L’offre est ici représentée par les analyses produites à partir des données opérationnelles, mais d’autres SDIS utilisent l’évaluation des zones de couvertures pour prendre en compte l’offre. Le SDIS de l’Ain a, par exemple, mis en place une méthode pour estimer le degré de couverture basée sur la superposition des isochrones de 20 minutes à partir des différentes casernes du département et des foyers de population dont la densité est supérieure ou égale à 100 habitants au kilomètre carré (Figure 6). À partir de ces deux couches d’informations, trois catégories de communes sont distinguées :
 Les communes couvertes, si plus de 75% des foyers de population sont compris dans la zone de couverture de 20 minutes.
 Les communes partiellement couvertes, si la part des foyers de population compris dans la zone de couverture de 20 minutes se trouve entre 25 et 75%.
 les communes non couvertes, si moins de 25% des foyers de population sont compris dans la zone de couverture de 20 minutes.

Limites et discussion autour des méthodes utilisées par les professionnels

   La question de l’optimisation de la localisation des moyens de secours est un problème complexe, dans lequel interviennent de nombreux paramètres relevant du domaine de l’offre et de la demande en secours (nombre et type d’intervention, nombre et type de moyens disponibles pour y faire face, délais de routes de ces moyens, délais d’intervention total à ne pas dépasser, budget alloué aux secours, etc.). Le nombre de paramètres est trop important pour que le cerveau de l’homme puisse faire la synthèse sans l’aide de l’informatique. Si les méthodes proposées par les professionnels français, que ce soient ceux des SDIS ou ceux des ARS, permettent de seconder les responsables du SAP dans l’analyse et l’évaluation de certains paramètres, force est de  constater que les méthodes employées pour optimiser la localisation des moyens de SAP connaissent des limites. Elles ne permettent pas, en effet, de tenir compte de l’ensemble des paramètres, simultanément. Les indicateurs de synthèse ne regroupent qu’une partie des éléments, les choix des localisations sont traités au cas par cas, sans tenir compte de la localisation des moyens voisins, et surtout, sans tenir compte des rétroactions et des effets en cascade que ces choix peuvent avoir sur leur voisinage. Or, l’objectif est justement d’optimiser la localisation de l’ensemble des moyens disponibles de manière à couvrir un maximum de demandes dans les délais préconisés, le risque étant d’avoir des secteurs trop couverts alors que d’autres le sont moins et pourraient l’être mieux. Les méthodes habituellement utilisées n’intègrent pas les différents paramètres qui doivent être pris en compte et ne permettent donc pas d’avoir une vision globale et systémique de ce que devrait être la couverture opérationnelle, au vu de tous ces paramètres.Pour ce qui est des pays étrangers, les méthodes prévoient bien la création d’une couverture opérationnelle optimisée en fonction des différentes prescriptions en matière d’organisation des secours et du niveau de la demande, mais nous n’avons pas pu recueillir suffisamment d’informations pour déterminer si les méthodes retenues sont ou non, de type global et systémique. Dans une moindre mesure, les méthodes présentées précédemment ne permettent pas de prendre suffisamment en compte la variabilité spatio-temporelle de la demande. En effet, la demande en secours peut varier dans des proportions très importantes, d’un endroit à l’autre, entre le jour et la nuit, la semaine et le week-end, d’un mois à l’autre, etc. Or, les analyses ou évaluations ne sont jamais réalisées à des échelles spatiales et temporelles suffisamment grandes pour tenir compte de cette particularité. La prise en compte de ces échelles permettrait certainement d’augmenter la marge de manœuvre des moyens disponibles et donc de gagner en couverture opérationnelle. Enfin, se pose le problème de l’évaluation de la couverture opérationnelle. Comment mesurer une couverture opérationnelle ? Comment comparer deux couvertures opérationnelles différentes ? Comment apprécier le bénéfice total d’une couverture par rapport à une autre ? Jusqu’à présent les réponses apportées par les professionnels à ces questions ne sont que des indicateurs synthétiques partiels, comme le délai d’intervention moyen théorique ou pratique, la part de la population couverte en deçà d’un certain délai (Figure 8), le nombre de moyens disponibles, etc. Il n’existe pas de solution globale prenant en compte l’ensemble des paramètres du degré de couverture opérationnelle dans leur ensemble.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE 1 – DU SECOURS À PERSONNE AU PROBLÈME D’OPÉRATIONNALITÉ DES MÉTHODES ET OUTILS D’AIDE À LA DÉCISION DISPONIBLES POUR L’OPTIMISATION DE LA LOCALISATION DES MOYENS
CHAPITRE 1 – CONTEXTE
CHAPITRE 2 – ÉTAT DES LIEUX DES METHODES DE LOCALISATION DES MOYENS DE SECOURS A PERSONNE UTILISEES DANS LE MONDE PROFESSIONNEL
CHAPITRE 3 – ÉTAT DE L’ART DES METHODES DE LA LOCALISATION DES MOYENS DE SECOURS A PERSONNE UTILISEES DANS LE MONDE SCIENTIFIQUE
CHAPITRE 4 – PROBLEMATIQUE DE L’OPERATIONNALITE DES METHODES ET OUTILS DISPONIBLES POUR OPTIMISER LA LOCALISATION DES MOYENS DE SECOURS A PERSONNE
PARTIE 2 – MÉTHODE ET OUTIL D’AIDE À LA DÉCISION PROPOSÉS POUR L’OPTIMISATION DE LA LOCALISATION DES MOYENS DE SECOURS À PERSONNE : APPLICATION AU CAS DES ALPES-MARITIMES
CHAPITRE 5 – SPATIALISER : DIAGNOSTIC DU SECOURS A PERSONNE  CHAPITRE 6 – MODELISER : OUTIL ET DONNEES
CHAPITRE 7 – OUTIL D’AIDE A LA DECISION : SIMULATIONS ET ETUDES DE CAS
CHAPITRE 8 – LIMITES, DISCUSSIONS ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE 
CONCLUSION GÉNÉRALE

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