Le rôle de la culture dans la socialisation des jeunes 

Un enfant seul n’a aucune chance de se développer, un enfant blessé seul n’a aucune chance de devenir résilient» (Cyrulnik, 2001, p. 30). Pour s’épanouir, l’enfant a donc besoin de parents ou de tuteurs d’apprentissage qui lui offriront une famille, un milieu de socialisation. Or, il existe d’autres milieux de socialisation qui permettent aux jeunes de se développer, telles l’école et les associations de loisirs. Le milieu de socialisation qui attire principalement notre attention est l’Organisation des cadets du Canada (OCC), un programme pour les jeunes de 12 à 18 ans subventionné par le gouvernement fédéral du Canada, dont les objectifs sont de former des leaders et de développer des qualités de civisme tout en faisant la promotion de la bonne forme physique par le biais d’activités encadrées et stimulantes (gouvernement du Canada, 2013a). Cette organisation est bien implantée à travers le pays et se distingue des autres associations pour jeunes (COMPAS inc., 2002; Bronsard, 2005). Elle se démarque également par sa culture particulière liée aux Forces canadiennes, la diversité de ses activités et ses objectifs axés sur le développement des qualités de civisme et de leadership (gouvernement du Canada, 20 13a). Or, l’OCC est peu connue de la communauté et est peu étudiée à l’extérieur du programme des cadets. Il s’agit pourtant d’un mouvement jeunesse au même titre que les scouts ou d’autres associations de loisirs qui permettent la socialisation des adolescents, à un âge où les pairs sont importants (Denis & al. 2001; Gauvin, 2001 ; Claes, 2003 ; Sénéchal, 2003; Pronovost & Royer, 2004; Olds & Papalia, 2005; Lavoie, 2006; Bee & Boyd, 2008; Cloutier & Drapeau, 2008). Nous cherchons donc à démystifier l’impact de l’Organisation des cadets du Canada et son rôle comme agent de socialisation à travers les souvenirs de ses anciens membres. Pour ce faire, nous avons non seulement choisi de recenser le vécu des anciens cadets à travers leur parcours dans cette organisation, mais aussi à travers d’autres institutions telles que la famille, l’école et le travail, les groupes de pairs et les organismes de jeunes. Ce procédé a pour objectif de faire ressortir spontanément les éléments qui se rattachent à cette organisation ou aux autres agents de socialisation.

La socialisation et le rôle de la culture 

La question de la socialisation demeure importante chez les adolescents en vue de leur intégration tout comme de leur insertion sociale. Mais qu’est-ce que la socialisation dans son sens général? L’ensemble des chercheurs sur le sujet s’entend pour désigner la socialisation comme étant ce qui amène les individus à apprendre ou à s’approprier des normes, des manières d’être ou des valeurs découlant d’une même société (Rocher, 1992; Étienne, Bloess, & al., 1995; Voyé, 1998; Claes, 2003; Cloutier & Drapeau, 2008). Assogba (1999) propose une description sommaire qui explique bien ce concept : La sociologie générale définit la socialisation comme le processus par lequel la personne humaine, être individuel et être social, procède à l’ apprentissage des objets, valeurs, manières de faire, de penser et de sentir propres à ses groupes d’appartenance et à la société plus large. (p. 24)

Étienne, Bloess & al. (1995, p. 118) ajoute que la socialisation a deux fonctions essentielles : «favoriser l’adaptation de chaque individu à la vie sociale et maintenir un certain degré de cohésion entre les membres de la société ». Il y a plusieurs types de milieux sociaux. De fait, les modèles de socialisation varient «d’une civilisation à l’autre, d’une société à l’autre, d’une classe sociale à l’autre, d’une université à l’autre, etc.; et dans le temps ( … ) » (Rocher, 1992, p. 53). Concrètement, qu’est-ce qu’un modèle de socialisation dans une société donnée? Rocher (1992) en amène un exemple significatif. Il mentionne le fait qu’il peut paraître naturel pour les gens de l’Occident de manger avec des ustensiles, comparativement aux Orientaux qui s’alimentent avec leurs doigts. Cette différence s’explique par le fait que c’est une question de perception culturelle. De fait, quel rôle joue la culture dans la socialisation? Pour nous éclairer sur l’assimilation des normes sociales au sein d’une collectivité, Dubar (1996) insiste sur la dimension culturelle de la socialisation : Les approches culturelles et fonctionnelles de la socialisation mettent l’accent sur une caractéristique essentielle de la formation des individus : elle constitue une incorporation des manières d ‘être (de sentir, de penser et d’agir) d’un groupe, de sa vision du monde et de son rapport à l ‘avenir, de ses postures corporelles comme de ses croyances intimes. Qu’il s’agisse de son groupe d’origine au sein duquel s’est déroulée sa petite enfance et auquel il appartient «objectivement» ou d’un groupe extérieur dans lequel il veut s’insérer et auquel il se réfère « subjectivement», l’individu se socialise en intériorisant des valeurs, des normes, des dispositions qui en font un être socialement identifiable. (p. 81) 

De ces définitions, il ressort que l’individu a plusieurs possibilités de s’intégrer socialement. Ce processus d ‘apprentissage se construit dès l’enfance et se poursuit à travers diverses expériences d’interrelations sociales, dont l’insertion dans des groupes d’appartenance à travers lesquels les individus procèdent à l’ apprentissage de normes et de valeurs. Ces normes et ces valeurs particulières à chaque groupe constituent la culture qui les caractérise. La personne se socialise en s’intégrant dans un ou plusieurs milieux sociaux, ce qu ‘ il réalise en intégrant les comportements, valeurs, façons d’ être de ces milieux, bref, la culture.

La socialisation chez les adolescents 

Après avoir abordé la socialisation et le rôle de la culture, il nous apparaît essentiel de situer les principaux enjeux de la socialisation chez les adolescents. Pour y voir plus clair, nous définirons d ‘abord l’âge de la jeunesse en lien avec notre recherche, et il sera ensuite question du défi que pose la socialisation chez les jeunes.

Être jeune aujourd’hui 

Avant d’aborder le concept de socialisation chez les adolescents, il importe de situer ce que l’on entend par la période de l’adolescence. Que signifie le fait d’être jeune aujourd’hui? La définition la jeunesse varie. Comme l’indique Sénéchal (2003, p. 12), «(…) certains auteurs y incluent les enfants en âge de fréquenter l’école primaire, d’autres considèrent que la jeunesse peut s’étirer jusqu’à 35 ans». Il est alors question d’allongement de la jeunesse, car, pour certains, elle englobe non seulement l’adolescence, mais une partie de 1 ‘âge adulte. À titre d’exemple, Galland (dans Leblanc & Molgat, 2004, p. 199) désigne la jeunesse comme étant la période qui marque «le passage de différents seuils » tels que la fin des études, 1 ‘entrée sur le marché du travail, la décohabitation et le mariage. En ce qui concerne notre étude, qui cible plus spécifiquement la période adolescente, il s’agit d’une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte (Claes, 1983; Denis & al., 2001; Jeammet, 2002). La plupart des écrits sur le sujet situent d’ailleurs l’adolescence à partir de l’étape de la puberté jusqu’à l’ insertion de l’ individu dans la vie adulte (Bee & Boyd, 2008; Claes, 1983; Claes, 2003; Leblanc & Molgat, 2004; Olds & Papalia, 2005). Ainsi, dans le cadre de notre recherche, nous nous intéressons à la tranche d’âge débutant à 12 ans et se terminant à 18 ans, ce qui couvre toute la période de fréquentation de l’école secondaire depuis la fin de l’école élémentaire jusqu’à l’âge légal de la majorité, qui est de 18 ans au Québec (Gouvernement du Canada, 20 13c; gouvernement du Canada, 20 13d).

Le rôle de la culture dans la socialisation des jeunes 

Différentes approches fonctionnalistes

Nous nous rappelons que la socialisation se caractérise par l’ensemble des manières d’être, de sentir, de penser et d’agir d’un groupe, en regard des valeurs, des normes, des traditions, etc., auxquelles il s’identifie. De fait, la culture se réfère au sentiment d’appartenance à un groupe, et ce qui distingue un groupe par rapport à un autre, ce sont les valeurs et les règles qui régissent celui-ci. Il existe plusieurs théories sociologiques qui abordent cette question. Parmi celles-ci, le fonctionnalisme est celle qui nous apparaît la plus pertinente quant à la façon selon laquelle un groupe peut être structuré, en suivant des principes et des valeurs précises tout comme peuvent l ‘être certaines associations de jeunes. Rocher (1992) aborde les théories fonctionnalistes selon trois types, soit le fonctionnalisme absolu, le fonctionnalisme relativisé et le structurofonctionnalisme. Le fonctionnalisme absolu est associé à Malinowski. Le grand principe découlant de ce type de fonctionnalisme est le suivant: « L’analyse fonctionnelle de la culture part du principe que tous les types de civilisation, chaque coutume, chaque objet matériel, chaque idée et chaque croyance remplit une fonction vitale, a une tâche à accomplir, représente une partie indispensable d’une totalité organique » (Malinowski, dans Rocher, 1992, p. 321). Le deuxième type de fonctionnalisme identifié par Rocher est le fonctionnalisme relativisé de Merton (Rocher, 1992) : Toutes les sciences de l’homme, écrit-il, que ce soit la biologie et la physiologie, la psychologie, l’économique et le droit, ou l’ethnologie et la sociologie assignent au fonctionnalisme comme rôle essentiel de baser pratiquement des faits sur 1 ‘étude de leurs conséquences pour les structures plus larges où elles sont impliquées. (p. 323) .

Conclusion 

Les agents de socialisation jouent un rôle crucial dans la construction identitaire des adolescents, car ils ont besoin de repères pour définir leurs propres intérêts, leurs valeurs et s’accomplir comme individus à travers l’expérience de relations sociales diversifiées. Nous nous sommes intéressée à l’Organisation des cadets du Canada étant donné qu’il s’agit d’un organisme de jeunes peu connu de la communauté en général et dont la structure diffère de la plupart des associations de loisirs. Le fait d’avoir questionné les anciens cadets au sujet des autres agents de socialisation tels que la famille, l’école, les groupes de pairs, le travail et les organismes de jeunes a non seulement permis de laisser émerger des résultats plus spontanément à propos de l ‘OCC, mais de faire aussi des liens entre ces milieux de socialisation. Pour ce faire, nous avons choisi d’ interroger six anciens cadets afin qu’ils nous parlent de leur jeunesse et des répercussions sur leur vie adulte, en ciblant des thèmes entourant leur fonctionnement social dans leur famille, à l’école, avec leurs pairs, au travail, dans des organismes de jeunes ou autre association de loisirs (ou passe-temps) et, bien sûr, dans l’Organisation des cadets du Canada.

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Table des matières

INTRODUCTION 
PROBLEMATIQUE 
1.1 La socialisation et le rôle de la culture
1.2 La socialisation chez les adolescents
1. 2.1 Être jeune aujourd ‘hui
1. 2.2L e défi de la socialisation chez lesjeunes
1.3 Les agents de socialisation
1. 3.1 L e concept d ‘agent de socialisation
1. 3.2 Les principaux agents de socialisation chez les jeunes : la famille, l’école,
le travail, les groupes de pairs et les organismes de jeunes
1.4 La question de recherche
1.5 La pertinence scientifique, professionnelle et sociale de la recherche
CADRE THEORIQUE 
2.1 Le rôle de la culture dans la socialisation des j eunes  selon l’ approche fonctionnaliste
2. 1. 1 Différentes approches fonctionnalistes
2. 1. 2 Le fonctionnalisme et les agents de socialisation des adolescents
2.2 La construction de l’ identité chez les adolescents
2.3 Le développement des relations chez les adolescents
2.4 La prévention et les réseaux sociaux
2. 5 Le cadre opératoire
2.5.1 La socialisation
2.5.2La culture
2.5.3Le défi de la socialisation chez les adolescents
2. 5. 4 Les agents de socialisation : la famille, l’école, le travail, les groupes de pairs et les organismes de jeunes
2.5.5Dimensions de la recherche et indicateurs
METHODOLOGIE
3.1 Le type de méthodologie adoptée et sa justification
3.2 La présentation du cas: l’Organisation des cadets du Canada
3. 2.1 Présentation de l’Organisation des cadets du Canada et son intérêt pour notre recherche
3.2.2 Le choix d’une région avec ses principales caractéristiques et la justification pour notre recherche
3.3 La collecte des données
3.4 L’ analyse des données
3.5 Les apports etles limites de la recherche
RESULTATS 
4.1 La famille
4.2 L’ école
4.3 Le travail
4.4 Les groupes de pairs
4.5 Les organismes de j eunes
4.6 Les apports de l’ Organisation des cadets du Canada
4. 7 La synthèse des résultats
DISCUSSION DES RESULTATS 
5.1. Les liens sociaux
5.2 Les liens affectifs
5.3 Les normes
5.4 La structure sociale
CONCLUSION

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