Le réseau de commercialisation des bovins sur les hautes terres

Le réseau de commercialisation des bovins sur les hautes terres

Echantillonnage boule de neige

Cette méthode est définie par Poupart et al., en 1997. « Grâce à un premier informateur ou une personne ressource, le chercheur trouve l’accès au prochain, procédant ainsi par contacts successifs ». Les premiers acteurs interviewés (i.e., éleveurs dans notre étude) identifient d’autres acteurs avec lesquels ils ont des liens particuliers (e.g., achats, ventes d’animaux, etc.), constituant la zone de « premier ordre » du réseau. Les acteurs ainsi désignés sont à leur tour interrogés, ce qui permet d’obtenir alors la zone de « deuxième ordre ». Les enquêtes se poursuivent ensuite zone par zone (Wasserman et Faust, 1994). Les lieux ne sont sélectionnés pour enquêtes que s’ils font partie de la zone d’étude définie plus tôt. Dans la présente étude, après s’être assurés que la base de données initiale contenait des données exactes, nous avons pu identifier les marchés d’approvisionnement des éleveurs de la Commune et qui constituent la zone de premier ordre. C’est en se rendant sur ces marchés, afin d’y enquêter, que nous avons pu accéder aux marchés suivants. Les enquêtes de ces marchés et des suivants nous ont permis, peu à peu, de remonter le chemin du réseau de commercialisation des bovins associé à la commune d’Ambongamarina. Les données utilisées lors de l’analyse de réseau englobent les données de la base ainsi que celles obtenues lors des enquêtes sur les marchés. Cette méthode d’échantillonnage est couramment utilisée dans la construction des réseaux. Elle se montre très utile dans les cas où l’accès aux données est difficile ou si les données recherchées sont ‘‘cachées’’. Poupart et al., (1997) insiste cependant sur le fait qu’il est important de revenir, a posteriori, sur la portée et les limites de l’échantillon et son adéquation avec les objets de l’étude.

 

Nos enquêtes

Une fois les marchés de premier ordre identifiés (i.e., par la base de données mais aussi par  les enquêtes ayant servi à confirmer les informations), nous sommes allés y enquêter afin de remonter aux marchés suivants. Un des points problématiques de la méthode utilisée étant la croissance exponentielle du nombre de marchés qui peuvent être identifiés au fur et à mesure des enquêtes, nous avons dû limiter nos enquêtes et avons choisi d’enquêter préférentiellement les marchés d’ordre faible (i.e., les plus proche de la commune) puis ceux faisant partie des voies de commercialisation les plus empruntées. Sur ces marchés, nous avons enquêté aléatoirement les personnes présentes (i.e., éleveurs, collecteurs). Cependant, quelques points nous ont rendus le travail d’enquêtes très difficile, nous limitant dans le nombre d’enquêtes réalisables par marché: – La réticence de certains acteurs, présents sur le marchés, à répondre de leurs activités commerciales nous a obligé à justifier nos enquêtes et expliquer la nature ‘‘confidentielle’’ des informations qui nous étaient confiées. Nous étions contraints de répondre à de nombreuses questions des éleveurs et collecteurs afin d’apaiser leurs craintes et ainsi obtenir des réponses à nos questions.
– La forte sollicitation des collecteurs par les acheteurs (e.g., collecteurs, éleveurs, bouchers) nous a contraint à attendre la fin des négociations entre les deux parties afin de finir l’enquête. La durée de celle-ci étant parfois fortement rallongée. Abandonner l’enquête pour en commencer une autre a été envisagé, mais tous les collecteurs fonctionnant de la même manière, changer d’individus ne garantie pas un plus grand nombre d’enquêtes. – Enfin, la durée limitée des marchés (i.e., généralement 4 à 5 heure avec des horaires variables. La plupart du temps le marché se déroule le matin en même temps que le marché du village). Cependant sur certains marchés les acteurs veulent être certains que les officiels sont  d’accord avec nos enquêtes et qu’ils ont bien le droit de nous répondre. Cela nous a obligé à attendre l’arrivée des dites personnes (i.e., maires, délégués, etc. qui sont rarement présents avant 10h) sur le marché avant de commencer les enquêtes en leur compagnie. En opposition, sur d’autres marchés la présence de ces personnes à nos côtés s’est révélé être un frein dans l’obtention des informations (i.e., en leur présence les acteurs refusent de répondre). Il nous a donc fallu nous accommoder et effectuer les enquêtes en fonction des préférences des acteurs (i.e., présence ou absence des officiels lors des enquêtes) afin de faciliter l’acquisition des informations.

Les outils : R, Microsoft Acces

Logiciel R stat : Nous avons choisi d’utiliser le logiciel R (i.e., la dernière version du logiciel R.2.10.1) pour l’ensemble des traitements de données concernant les statistiques et l’analyse du réseau. D’autres logiciels plus ‘‘confortables’’ existent mais cela nécessite des transformations des données à chaque changement de logiciel pouvant introduire des erreurs facilement évitables. De plus le logiciel R permet de traiter l’ensemble des données du réseau social tout en effectuant des analyses statistiques classiques grâce à ses nombreux outils (Butts, 2008 et Handkock et al., 2008). Access : L’ensemble des données collectées a été organisé et stocké dans une base de données access créée à cet effet. Elle reprend l’ensemble des informations de mouvements (i.e., origine, destinations, échanges, divagations, position GPS, etc.) mais aussi de prix, de périodes d’achats et de ventes maximum et minimum, etc. C’est à partir de cette base de données que les matrices d’adjacences nécessaires à la construction du réseau social ont pu être créées. Des logiciels spécialisés (e.g., Ucinet, R, etc.) permettent leur interprétation et représentation graphique.
Les matrices : Les données, extraites d’Access sous forme de liste, sont importées dans le logiciel d’analyse (i.e., dans notre cas ce sera le logiciel R). Les informations sont codées afin de les observer sous forme de réseau. Logiciel SIG : Les représentations spatiales sont réalisées avec un logiciel SIG (i.e., ArcGis 9.3). Pour le réseau de la zone d’enquête (i.e., triangle des Hautes Terres), les nœuds seront les marchés ou plus précisément les villages dans lesquels se situent les marchés et les liens, les mouvements de bovins liés à l’activité commerciale. Le lien représentera le chemin emprunté par les éleveurs et collecteurs entre deux villages. Du fait du faible taux d’échantillonnage sur les marchés (i.e., environ 10 enquêtes par marchés quel que soit le nombre d’acteurs. Généralement une quarantaine au minimum), nous n’attribuerons pas de valeur aux liens de manière à ne pas ‘‘biaiser’’ les résultats pouvant être obtenus en sous estimant les flux. Pour les réseaux à l’échelle de la commune (i.e., zone d’étude), les nœuds représentent les villages enquêtés. Chaque lien partant d’un nœud correspond à un chemin emprunté par un ou des éleveurs enquêtés dans le village en question. Nous avons choisi de scinder l’analyse en plusieurs réseaux du fait de l’importance que semble avoir les échanges d’animaux dans cette commune. Le premier réseau représente les échanges non commerciaux de bovins, spécifiquement nommés ‘‘kapsile’’ dans cette partie de Madagascar. Le deuxième réseau représente les achats et ventes de bovins. Enfin, le troisième réseau englobe l’ensemble des mouvements (i.e., échanges, achats et ventes). Il est à noter que ces 3 réseaux ne concernent que les mouvements à l’intérieur de la commune. Les échanges avec l’extérieur étant pris en compte dans le réseau à l’échelle de la zone d’enquêtes.

Résultats

Les marchés

Les marchés enquêtés

Sur une période de 4 mois, 66 enquêtes ont été réalisées dans la commune d’Ambongamarina (afin de déterminer si les données de la base étaient correctes) et 219 enquêtes sur une totalité de 18 marchés. Ces dernières enquêtes ont permis de mettre en évidence un réseau de commercialisation comprenant 68 marchés (annexe 4) et 3 zones d’élevages d’où proviennent l’ensemble des bovins circulant sur le réseau (i.e., Le Nord-ouest, le Sud et le centre des Hautes Terres. Pour plus d’information cf. 3.3.3). Parmi ces 68 marchés, en relation avec la zone d’étude (i.e., commune d’Ambongamarina), 33 sont dans le triangle des Hautes Terres (i.e., zone d’enquêtes). Les marchés faisant partie de la zone d’enquêtes qui n’ont pas été visités, ne l’ont pas été pour trois raisons. Ces marchés sont (i) uniquement des destinations et n’ont pas d’intérêt dans notre recherche des origines des bovins arrivant dans la commune d’Ambongamarina (i.e., zone d’étude), (ii) sont à la limite des ‘‘frontières’’ de la zone d’enquête, ou (iii) ont lieu les mêmes jours que des marchés plus importants en terme de fréquentation (i.e., cités plus souvent comme origine par les enquêtés) et de réseau social (i.e., marchés moins périphériques ou plus proches de la commune en terme de distance dans le réseau et qui sont donc des chemins plus probables). Pour ces raisons, nous avons choisi de mettre ces marchés de coté afin d’être enquêtés plus tard. Pour des raisons liées à la crise politique actuelle et à la courte durée du stage, nous n’avons pas pu revenir par la suite pour enquêter ces marchés. Nous avons pu constater que les marchés d’une même région sont étroitement liés entre eux et ne permettent pas tous de joindre un marché d’une autre région. De plus, les Délégués aux Maires des communes de chaque marché ont été enquêtés afin de profiter de leur vision plus globale du commerce dû à leur statut (i.e., ils s’occupent des papiers officiels en relation avec les transactions commerciales et ont donc sous les yeux les certificats de ventes et d’origine de chaque bovin vendu sur leur marché). Ces enquêtes nous ont permis de mieux identifier les marchés ne permettant pas de rejoindre d’autres marchés, dans d’autres régions. Ce sont donc ces marchés qui ont été préférentiellement mis de côté. Au total, 18 marchés ont été enquêtés ainsi que leurs responsables (i.e., maire, délégué, vétérinaire, secrétaire, etc.).

Les circuits de collecte

La commercialisation des bovins est pour certains un véritable métier. Parmi les 219 personnes enquêtées, 55% se sont dit collecteurs, 43% éleveurs et 2% bouchers. Par ailleurs, parmi les éleveurs, 61% nous ont révélés acheter des animaux pour les travaux de l’exploitation, 32% pour les revendre par la suite, 6% pour les manger (e.g., fêtes, etc.) et seulement 2% pour épargner Les proportions d’éleveurs et de collecteurs pour chacun des marchés enquêtés sont présentées en annexe 4. Les personnes, nommées ‘‘collecteur’’ (i.e., qui ont le titre officiel avec des documents certifiés ou non) pratiquent des circuits de commercialisation et empruntent les mêmes routes chaque semaine, pouvant ainsi participer à plusieurs marchés par semaine. Certains de ces collecteurs peuvent aller jusqu’à 1 marché par jour (sauf le dimanche puisqu’il n’y a aucun marché le dimanche dans tout Madagascar), toutes les semaines et toute l’année. Ils achètent sur un marché puis circulent sur d’autres en formant un circuit jusqu’à la vente totale des animaux achetés sur le premier marché. Les animaux peuvent ainsi revenir sur le marché de départ puisque les circuits forment des boucles. Lors des enquêtes nous avons rencontré très régulièrement ces mêmes collecteurs. Ceci nous a permis de dégager les circuits de commercialisation et la fréquence des présences de ces personnes sur les marchés du circuit.

Importance des marchés

Les différents types de marchés : Parmi l’ensemble des marchés rencontrés (i.e., visités ou non), il nous faut en distinguer plusieurs catégories en fonction de leur taille, de leur réputation, de l’accessibilité ou encore des races de bovins qui peuvent y être trouvées. Certains marchés ne comportent que peu de bovins toutes les semaines (Figure 9) et sont pourtant très appréciés par les éleveurs et collecteurs. Par exemple, les marchés d’Ambatomena et Antanandava sont des marchés de premier ordre (i.e, marchés directement reliés à la commune Ambongamarina), pourtant ils sont très petits et ne dépassent jamais les 70 bovins par jour de marché. Nous avons constaté que le marché d’Ambatomena est très riche en races croisées alors que celui d’Antanandava comporte uniquement des races locales arrivant directement de zones d’élevages du Nord de l’île (i.e., district de Tsaratanana au pied des Hautes Terres). De même, le marché d’Antanamalaza nous a souvent été cité, alors qu’il ne compte en moyenne qu’une trentaine de bovins par jour de marché et de très rares collecteurs, qui sont les seuls à posséder des bovins de races locales. En opposition, le marché de Tsiromandidy n’a été découvert que tardivement et est en contact avec un petit nombre d’autres marchés. C’est pourtant une zone d’arrivage de bovins pour les élevages du Nord-ouest (i.e., on y rencontre très facilement  entre 1000 à 3000 bovins par marché suivant les périodes) et le plus grand marché de toute l’île. Il se déroule sur 4 jours en 2 sites différents5.
D’autres marchés sont relativement petits mais peuvent dépasser le millier de bovins par jour à des périodes fixes (e.g., Ampanotokana, Ambatofahavalo). Ces marchés sont des zones d’arrivages pour des régions éloignées et les collecteurs qui s’y rendent arrivent en même temps (i.e., souvent le dernier jour de marché du mois) faisant ainsi exploser la quantité de bovins qui peut y être observée. Rôle dans la filière de commercialisation : L’ordre (i.e., en termes de SNA) auquel se trouve le marché à son importance. Celui-ci et l’éloignement à la zone de départ sont proportionnels. Plus l’ordre est grand, plus le chemin menant à la zone d’étude est long. Il y aura donc plus de marchés à traverser avant de pouvoir arriver à destination et plus de chance d’emprunter de mauvais chemins (i.e., ne conduisant pas à la zone d’étude). Un marché qualifié de 2° ordre aura plus de chance de fournir des animaux qui arriveront jusqu’à la commune qu’un marché de 5° ordre. Ceci est dû aux nombres d’intermédiaires. Les marchés ayant des ordres faibles ont donc plus d’influence sur la zone d’étude.
Beaucoup d’éleveurs rencontrés au cours des enquêtes nous ont expliqué préférer se rendre sur un marché plutôt que dans un élevage, pour le renouvellement des gènes, le choix des animaux (i.e., de différentes catégories : veaux, génisses, taureaux, etc.) mais aussi l’éventail des prix. Pourtant, l’éloignement de ces marchés au domicile de l’éleveur ne leur permet pas toujours de s’y rendre. Ils nous ont expliqué que devoir parcourir de nombreux kilomètres afin de se rendre sur le marché de bovins et ne pas travailler pendant quelques jours afin de pouvoir s’y rendre peut être un frein à l’achat sur un marché. Ceux de proximité, même s’ils sont très petits (i.e., 30 à 50 bovins par jour de marché) sont donc privilégiés par les éleveurs pour le gain de temps. Seul le choix de la race peut mener un éleveur à se rendre sur un marché plus éloigné (i.e., seuls 10 marchés sur les 41 pour lesquels nous avons pu obtenir l’information, proposent des bovins de races croisées, détails en annexe 5). Lors de nos enquêtes, tous les éleveurs rencontrés et interviewés nous ont révélé habiter dans le district auquel appartient le marché sur lequel nous les avons rencontré. De plus, même si l’information n’a pas pu être obtenue pour tous, les éleveurs ayant répondu habitaient tous à moins de 4h de marche du marché enquêté (e.g., villages de la commune ou d’une commune très proche).

La filière bovine du triangle des Hautes Terres malgaches

Les acteurs

Il s’agit ici d’une filière de commercialisation classique où peuvent être rencontrés Éleveurs, Collecteurs et Acheteurs (i.e., bouchers, éleveurs, consommateurs). Cette commercialisation des bovidés a cours toute l’année avec des périodes où la commercialisation s’intensifie (cf. 3.3.4).

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux et des figures
Abréviations
Introduction
1- Généralités 
1.1- La Fièvre de la Vallée du Rift
1.1.1- L’agent pathogène
1.1.2- Mode de transmission
1.1.3- Manifestations cliniques
1.1.4- Diagnostic
1.1.5- Traitement et Prévention
1.2- La FVR à Madagascar
1.2.1- Madagascar
1.2.2- Les précédentes épizooties et épidémies
1.2.3- Rôle des marchés dans la transmission des pathologies animales
2- Matériels et Méthodes
2.1- Analyse des réseaux sociaux (ARS ou SNA)
2.1.1- Définition de l’analyse des réseaux sociaux
2.1.2- Utilisation en épidémiologi
2.1.3- Utilisation du SNA dans l’étude
2.2- Choix de la zone d’étude
2.3- Collecte des données
2.3.1- La base de données source
2.3.2- Les enquêtes
2.3.2.1- Questionnaire d’enquêtes
2.3.2.2- Echantillonnage boule de neige
2.3.2.3- Nos enquêtes
2.4- Les outils : R, Microsoft Access
3- Résultats
3.1- Les marchés
3.1.1- Les marchés enquêtés
3.1.2- Les circuits de collecte
3.1.3- Importance des marchés
3.2- La filière bovine du triangle des Hautes Terres malgache
3.3.1- Les acteurs
3.3.2- Le transport
3.3.3- Origine des bovins
3.3.4- Les périodes les plus à risques (flux maximum)
3.3.5- Biosécurité
3.3- Les filières ovines et caprines à Madagascar
3.4- Le réseau de commercialisation: flux de bovins
3.4.1- Les réseaux de commercialisation de bovins au sein de la Commune
Ambongamarina
3.4.2- Le réseau de commercialisation des bovins sur les hautes terres
4- Discussion
Conclusion
Bibliographie
Annexes..

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