Le rapport aux langues et aux usagers de la langue

Le rapport aux langues et aux usagers de la langue

Préliminaire 

Nous attachons une importance fondamentale au phénomène du langage Parler, c’est être à même d’employer une certaine syntaxe, posséder la morphologie de telle ou telle langue, surtout assumer une culture Tout peuple colonisé – c’est-à-dire tout peuple au sein duquel a pris naissance un complexe d’infériorité, du fait de la mise au tombeau de l’originalité culturelle localese situe vis-à-vis du langage de la nation civilisatrice, c’est-à-dire de la culture métropolitaine Oui, il faut que je surveille mon illocution, car c’est un peu à travers elle qu’on me jugera On dira de moi, avec beaucoup de mépris, il ne sait même pas parler français Fanon F., 1952, Peau noire, masques blancs, Paris Seuil, pp. 13-15. Aujourd’hui on ne peut plus ignorer l’extraordinaire vitalité de la langue française et la très grande diversité des pays qui composent cette mosaïque1 francophone. Le français n’est plus un bien patrimonial pour la France, elle n’est pas seulement la propriété des Français. Le français compte parmi les grandes langues de communication de la planète, son rayonnement se mesure au statut dont il jouit dans la vie internationale et sa pratique dans les milieux des décideurs. S’il est moins parlé que le chinois ou l‘hindi, il est, avec l’anglais, la seule langue présente sur tous les continents. En outre, l’accroissement démographique des pays du sud, en particulier ceux d’Afrique, laisse présager un nouvel essor du nombre global des francophones2. Ceci est la cause d’un phénomène linguistique dans les milieux francophones, et plus précisément en Afrique le multilinguisme3. Le multilinguisme est le caractère dominant de l’Afrique subsaharienne dont la population est face à de nombreuses langues régionales, ainsi qu’au français, à l’anglais, à l’espagnol et au portugais.

Parmi les états qui ont adopté le français comme langue officielle, 22 sont situées en Afrique subsaharienne et ont choisi cette langue pour accompagner leur développement. Nous nous intéressons à l’un d’entre eux, le Congo-Kinshasa, pays qui entretient des relations d’amitié avec l’Algérie, dans plusieurs domaines d’échange économiques ou politique. Ces liens entre les deux pays expliquent la présence d’un grand nombre d’étudiants congolais venus en Algérie pour effectuer des études dans différentes spécialités. La présence de ces étudiants contribue à modifier la carte géolinguistique des régions dans lesquelles ils s’installent. Parmi ces régions, Bejaia accueille un groupe d’étudiants Congolais dans son université. En plus des différentes communautés existantes, l’université de Bejaia est le lieu d’un véritable multilinguisme (il existe déjà plusieurs composantes algériennes de différentes régions qui ne partagent pas forcément les mêmes langues à côté des autres composantes étrangères venues de différents pays d’Afrique. Face à cette hétérogénéité1, un réel contact s’effectue entre les différents étudiants permettant ainsi l’émergence de nouvelles formes de parler. C’est ce phénomène qui a suscité notre attention et nous a poussé à initier un travail de recherche sur le sujet.

Problématique 

La notion de pratiques langagières comprend l’ensemble des pratiques liées au langage mettant en jeu des formes linguistiques variées, déterminées par des facteurs d’interrelations à la fois sociale et verbale.2 Les discours produits par les étudiants congolais de l’université de Bejaia peuvent présenter une grande variété de pratiques langagières alternances codiques, emprunts, xénismes et autres phénomènes sont fréquents. Le passage de ces étudiants par l’université de Bejaia leur permet d’étendre leur réseau social au-delà de leurs attaches « nationales ». En effet, il s’est créé, à force de contacts, un terrain où se côtoient Algériens et Congolais (et certainement d’autres communautés présentes à l’université). Dans notre travail, nous nous proposons de contribuer à l’étude des formes linguistiques différenciées de ces pratiques. Mais la notion de pratiques langagières suppose aussi « un ensemble de corrélations entre pratiques langagières et pratiques sociales »1. En d’autres termes, s’engager sur le terrain des pratiques langagières c’est en effet étudier l’identité sociale du sujet. Autrement dit, c’est toute la personnalité sociale du locuteur que révèle l’interaction. Cette interaction permet d’avoir des conduites langagières qui fournissent des informations sociales et psychologiques et marquent l’appartenance au groupe, car l’objectif est de poser le problème du contact de langues tel qu’il est vécu par les étudiants étrangers, c’est-à-dire dans la vie quotidienne. D’une autre part, l’étude des comportements langagiers se doit de prendre en compte des imaginaires sociolinguistiques2 constitués d’attitudes comme l’insécurité linguistique. Ces imaginaires jouent un rôle primordial dans la variation des usages.

Plan du mémoire

Ce mémoire comporte trois parties essentielles, subdivisées en différents éléments, et suivies d’une partie « conclusions », qui rappelle et reconstruit le déroulement et les principales étapes de la réflexion et tente d’en dégager les éléments essentiels. Il comporte également un corpus, qui regroupe le questionnaire et les entretiens réalisés (les données recueillies lors de l’enquête menée auprès des étudiants, et d’autre part la transcription intégrale des entretiens. La première partie du mémoire présente la situation sociolinguistique congolaise, elle propose aussi une réflexion quant au cadre théorique et méthodologique dans lequel doit s’inscrire la recherche. À son terme, nous proposons de concevoir la notion de pratiques langagières à travers une double optique théorique, variationniste d’une part, interactionnelle de l’autre, courants théoriques traditionnellement opposés (et de ce fait certainement rivaux). Ainsi que l’état de la question, c’est-à-dire tous les travaux qui ont été réalisés antérieurement. La seconde partie propose une analyse de certains entretiens en matière de représentation et attitudes sociolinguistique.

En effet, les discours produit par les enquêtés véhiculent certaines indications quant à la conception de la langue maternelle. La lecture des propos est orientée en fonction du schéma thématique progressif suivant parler de sa (ses) langue(s) c’est parler de soi, de son identité linguistique, de sa place dans le groupe, des rapports entretenus entre ce groupe et les autres, et de sa représentation de l’organisation sociale et sociolinguistique. Et en dernier, la troisième partie est consacrée à la description de certains phénomènes langagiers rencontrés lors de l’enquête

Quelques notions clés de la sociolinguistique

Avant d’aborder l’ensemble des travaux qui ont été réalisés dans le but de décrire le français dans des situations plurilingues, nous tenons d’abord à faire un survol des principales écoles sociolinguistiques qui ont marqué ce domaine de recherche. Pour ce faire, nous allons remonter à la genèse de la sociolinguistique, ensuite donner les points forts des autres apports. Pendant très longtemps, les gens ont considéré le Cours de linguistique générale de F. de Saussure comme l’ouvrage qui a inauguré la linguistique moderne. De nombreuses critiques mettent l’accent sur la distinction entre langue et parole, la langue qui est considérée du côté de la communauté linguistique1 et la parole du côté de l’individu. Dès la parution de cet ouvrage, F. de Saussure reconnaissait, dans son ouvrage, que la langue a un caractère social mais il avait exclu la parole du champ d’étude de la linguistique, exclusion qu’il justifiait par la soumission de la parole aux variations individuelles.

La sociolinguistique naît à partir du moment où on ne voulait pas prendre la parole comme un objet d’étude à part entière. Les travaux de Labov (1976) ont fait apparaître la nécessité de considérer d’abord l’existence des productions langagières et non pas se plonger dans des considérations purement abstraites2. La sociolinguistique se propose donc de partir de la parole, c’est-à-dire du sujet parlant. Ce dernier est alors renvoyé dans un contexte social, celui dans lequel il vit et parle. La linguistique est alors considérée comme une science de cabinet, de laboratoire, qui ne fait appel qu’à des locuteurs idéaux qui répondent à la norme linguistique, tandis que la sociolinguistique se doit d’être une linguistique de terrain3. Mais il existe différentes manières de voir le lien entre la parole et le social, un fait qui poussa l’apparition de plusieurs courants sociolinguistiques. Nous tenterons de citer les courants qui ont le plus marqué ce domaine, tout en les illustrant dans les points qui vont suivre. S’inspirant de la sociologie traditionnelle, est née la sociolinguistique variationniste qui essaie de faire le lien entre les manières de parler avec des catégories sociales traditionnelles profession, sexe, âge, lieu de résidence, etc. Cette une approche qui est initiée par Labov (1976), et qui a donné des résultats de type quantitatif et permet la collecte d’un certain nombre de données dans le but de faire intervenir des variables que l’on pourra lier avec des données extralinguistiques. Labov a montré la fonction de catégorisation sociale des manières de parler1 et établi le rôle de l’hypercorrection (phénomène entraîné par l’insécurité linguistique) dans les changements linguistiques.

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Table des matières

1-Préliminaire 
2-Problématique 
3-Hypothèses 
4.Plan du mémoire 
Chapitre I
1.Etat de l’art
1.1. Quelques notions clés de la sociolinguistique 
1.1.1. Du Variationnisme de Labov à l’Interactionnisme de Gumperz
1.1.2. De la macro- à la microsociolinguistique
1.2. La description du français dans l’Afrique francophone 
2.Les Pratiques Langagières entre Représentations et Productions Linguistiques
3.Présentation des situations sociolinguistiques étudiées
3.1. Introduction 
3.2. Présentation Sociolinguistique du Congo-Kinshasa
3.2.1. Généralités
3.2.2. Les langues de l’éducation 
3.2.3. Les langues et les médias 
3.2.4. Conclusion
3.3. Présentation de la situation sociolinguistique algérienne 
4.Choix et motivations
5.Cadre d’analyse 
6.Aspects méthodologiques
7.Le modèle « speaking » de Hymes 
7.1. Description 
7.2. Application 
Chapitre II
Première partie  Autour des représentations
1.Introduction 
2.Quelques définitions
2.1. Attitudes et représentations 
2.2. Les représentations 
2.3. Le rapport aux langues et aux usagers de la langue 
Deuxième partie  Analyse des représentation dans les entretiens 
1.Entre langue maternelle et langue des origines 
2.Diglossie dans les pratiques langagières
3.La transmission des langues 
4.Les facteurs de la transmission et de l’acquisition des langues 
4.1. Les facteurs symboliques 
4.2. Les facteurs économiques et professionnels
5.La représentation sociale des langues 
5.1. Le rapport avec le français, le kabyle et l’arabe algérien
5.2. Attitudes identitaires
Chapitre III
1.Introduction 
2.Analyse de quelques entretiens 
2.1. Xénismes et emprunt dans les énoncés 
2.2. Caractéristiques des unités enchâssées
2.3. Signification des Xénismes rencontrés
2.3.1. La construction des énoncés touchés par les xénismes
2.3.2. Les fonctions des changements du comportement langagier 
2.3.2.1. La répétition 
2.3.2.2. L’Enumération
2.4. L’insertion morphosyntaxique
2.4.1. Le syntagme nominal 
2.4.2. Le syntagme adjectival 
Conclusion
Conclusion Générale
Bibliographie
Annexe

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