Le rapport à l’orthographe des enseignants de disciplines autres que le français

Conceptions générales de l’orthographe

Commençons notre recherche par quelques éléments généraux, utiles à la compréhension du fonctionnement de l’orthographe de la langue française.
L’écriture des langues romanes, ancêtres du français commence dès le haut Moyen Âge. Elle se fait directement au moyen de l’alphabet latin. Ce dernier s’adapte au fil des siècles à la langue qui devient le français ; cette adaptation se fait avec un ajout très limité de signes nouveaux , contrairement à ce qui a pu s’observer dans d’autres cas d’adoption d’un alphabet par une langue (comme dans le cas du grec, pour lequel l’alphabet phénicien a été largement modifié). Il en résulte que l’alphabet latin n’est pas pleinement approprié pour transcrire le français : la langue a plus de phonèmes que de lettres pour les transcrire. Une conséquence de ce fait est que l’orthographe du français est compliquée, plus que celle de beaucoup de langues où la correspondance des phonèmes et des graphèmes est presque parfaite, comme l’italien ou, suite à une réforme vieille de moins d’un siècle, le turc. Notons tout de même que de ce point de vue, la situation de certaines langues est encore plus mauvaise, l’anglais en constitue un bon exemple . Il en ressort des disparités dans l’apprentissage de l’écriture, car ce processus repose sur la reconnaissance de ces correspondances entre phonème et graphème.
L’orthographe telle qu’elle s’est constituée est largement issue de valeurs, de choix historiques , qui n’ont parfois qu’un lien limité à la logique. Malgré cela, l’orthographe présente tout de même un rôle extrêmement rationnel : elle permet de stabiliser la langue écrite, ce qui facilite l’intercompréhension mais également l’accès aux textes, en particulier les plus anciens. Elle ne prend toutefois son caractère obligatoire et, presque, totalement stabilisé qu’au XIXe siècle . Conséquence de cet état de fait, il y a une écriture stable, voire rigide, et une phonologie en mutation perpétuelle ; ceci pose la problématique de la distinction entre la langue écrite et la langue parlée , qui peut poser un certain nombre de problèmes si elle n’est pas bien explicitée dans l’enseignement, lequel a longtemps été fondé presque exclusivement sur la langue écrite.

Conceptions de l’enseignement de l’orthographe

Commençons par un rapide retour sur l’histoire qui nous permettra immédiatement de mettre à mal une idée qui imprègne continuellement le débat sur l’orthographe : il n’y a pas eu d’âge d’or durant lequel son apprentissage ne posait aucun problème ; même durant l’époque moderne, l’acquisition de l’orthographe était un processus laborieux et ne remplissant qu’imparfaitement son objectif. Cette époque illustre bien l’utilité très concrète de l’enseignement de l’orthographe car elle permet de distinguer des catégories de population dont l’accès à l’éducation était alors bien différencié : ainsi, dans la correspondance des milieux nobiliaires, on observe que la grande majorité des hommes respectaient les normes orthographiques d’alors, contre seulement une petite minorité des femmes. Cet écart s’explique largement par la différence existant alors entre les sexes dans le contenu des études. Les difficultés qui existaient déjà dans le processus d’apprentissage expliquent
sans doute en bonne partie le discours d’une baisse du niveau des nouvelles générations. Ce propos est présent en permanence, et depuis fort longtemps, mais n’est globalement que très peu corroboré par les faits. Il convient également de relever que ce type de propos ne se contente pas de se placer sur le plan technique, mais passe allégrement du côté du jugement ; ainsi, lorsque l’on parle d’orthographe, on ne parle pas d’erreur, mais de faute12, vocabulaire moral s’il en est. Notons d’ailleurs qu’au XIXe siècle encore, l’expression « faute d’orthographe » pouvait être utilisée pour signaler un « manquement aux usages, aux bonnes mœurs », en particulier en matière amoureuse. Cette vision de l’orthographe explique sans doute la grande importance, en tout cas symbolique, qu’elle prend dans un parcours scolaire. Dans une société en changement constant, l’orthographe est souvent vue comme un bon étalon pour mesurer la qualité des individus, étant, en apparence, un critère incontestable. Ceci est à lier aux tendances conservatrices qui s’expriment particulièrement en la matière : l’individu tend à les exprimer d’autant plus qu’il est plus consommateur que producteur de texte. Ce conservatisme se manifeste également en matière de méthodes pédagogiques, pour lesquelles on observe très souvent des volontés de retour aux méthodes anciennes. Cette pratique peut également être constatée chez les parents souhaitant aider leurs enfants, par le biais des méthodes avec lesquelles ils ont eux-mêmes appris.

L’enseignement de l’orthographe au secondaire post-obligatoire

Notons pour commencer que cette question est assez peu abordée dans la littérature secondaire. Cela est probablement lié au fait que, parvenu à ce niveau, les apprentissages sont censés être achevés. Les programmes supposent d’ailleurs la plupart du temps de travailler les questions de maîtrise de la langue non pas selon un logique d’acquisition mais selon une logique de remédiation. Le discours ambiant et la pratique montrent pourtant que l’acquisition n’est pas pleinement complétée. De fait, en pratique, il est peu évident de savoir quand considérer les connaissances orthographiques comme stabilisées. De plus, il est souvent constaté, en particulier chez les élèves ayant le plus de difficultés scolaires, que l’orthographe est un des domaines dans lesquels les classes présentent les disparités les plus importantes, avec parfois des progressions très limitées durant les dernières années de la scolarité obligatoire28. Il est utile de ne pas se s’arrêter à ce constat et d’aller au-delà de l’habituel discours décliniste, en menant des analyses précises de la typologie des fautes constatées. On observe ainsi que la plupart des erreurs persistant à ce niveau sont de type morphographiques. Observons donc que s’il s’agit toujours d’orthographe, ce type de lacune est également fortement lié à la grammaire. Les études plus fouillées ont permis un autre constat fort utile : la fossilisation ; les erreurs que l’on constate au niveau de la scolarité post-obligatoire tendent à se maintenir pour le restant du parcours de l’individu.
Corollaire logique de cette stagnation, les carences orthographiques s’observent aujourd’hui également de plus en plus dans les universités. Le malaise suscité y est également grand. L’utilisation pertinente et respectueuse de la langue et de ses règles fait en effet partie des attentes envers des étudiants de ce niveau. La démocratisation de l’enseignement n’est pas absente de ce problème : l’université reçoit aujourd’hui un public qui n’arrivait pas autrefois à ce stade d’études. Ce public est doté d’un rapport différent à la langue, qui implique de plus fréquentes difficultés en  orthographe avec laquelle les études supérieures n’étaient auparavant pas confrontées.

Évolution et interventions possibles

Afin d’obtenir des informations libres sur l’avis des enseignants sur l’orthographe, nous leur avons proposés quatre questions ouvertes portant sur son état dans la société, dans l’école, son évolution et les possibles interventions que l’enseignement, en particulier secondaire, pourrait faire à ce sujet. Cette question a suscité des réponses très courtes et souvent très tranchées. Dans leur grande majorité, les réponses vont dans le sens d’un mauvais état ou d’une baisse des compétences. On note tout de même environ un quart d’avis différents. Certaines réponses ne laissent que peu de doutes quant à l’opinion de nos répondants : Tristement malade… Nous avons observé quelques hypothèses sur les causes de ce déclin. Il en ressort en général que la question serait traitée avec moins d’attention par la société en général, ou parfois par certaines institutions, comme l’école : Se dégrade. On y prête moins d’importance à l’école… Une autre idée que nous avons pu rencontrer est celle de la disparition de certaines professions de « spécialistes » de l’orthographe, telles que les correcteurs, les secrétaires, avec pour conséquence que : La responsabilité de l’orthographe est donc dévolue à tous, et tous ne sont pas capables. Enfin, nous avons pu relever des appréciations concernant spécifiquement les jeunes générations, à l’image de celle-ci : Chez les jeunes => pas mal de fautes d’ortho et de syntaxe liées notamment aux réseaux sociaux (?) ; smartphone et anglais. ? On peut voir ici une appréciation d’une supposée particularité des adolescents en matière d’orthographe, couplée à des propositions d’explication. Ces dernières recoupent assez largement les causes les plus souvent avancées dans le discours populaire pour expliquer le supposé déclin de l’orthographe, on voit ainsi que ce type de propos a également un impact chez les enseignants. Ceci nous amène assez naturellement à la deuxième question, qui concerne plus directement l’enseignement gymnasial.

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Table des matières

Introduction
Contexte
Conceptions générales de l’orthographe
Conceptions de l’enseignement de l’orthographe
L’enseignement de l’orthographe au secondaire post-obligatoire
Une hypothèse possible : les autres disciplines
Les questionnaires et leurs résultats
Rapport personnel à l’orthographe
Évaluation
Moyens de vérification
Évolution et interventions possibles
Conclusion
Bibliographie

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