Le projet des banques communautaires

L’INTERROGATION ET LES STRATÉGIES

Les appréciations des non-clients du PBC

Les réponses des non-clients permettent de mieux comprendre leurs appréciations de la banque communautaire, leurs aspirations quant à l’adhésion et leurs stratégies en l’absence d’accès au
crédit de la banque communautaire.A la Banque A, l’un des deux non-clients a déjà eu accès au crédit de la banque à travers des prêts du compte interne (l’épargne des clients), donc ce n’est pas un inconnu, mais plutôt quelqu’un qui a déjà gagné leur confiance. L’autre non-membre est actuellement client de la CLCAM, mais elle préfère intégrer la banque communautaire parce que l’accès au crédit y est plus rapide avec moins de formalités et plus de certitude dans l’enchaînement des prêts. Elle s’intéresse également à l’alphabétisation. Les activités de ces deux personnes – la vente des produits vivriers et la vente des cabris – ne sont pas très différentes de ce qui est déjà fait par les membres. Comme projet d’investissement, ils s’intéressent respectivement à la production agricole et la vente des chaussures et des foulards.A la Banque B, l’un des deux non-clients est un grand fermier avec des plantations importantes d’arbres fruitiers. Il est un client régulier de la CLCAM et est en train de rembourser un prêt actuellement pour un motoculteur. Le prêt de la banque communautaire ne l’intéresse pas, d’abord parce que le montant est trop petit et ensuite parce qu’il y a trop de réunions. Par contre, le cours d’alphabétisation l’intéresse et il a déjà assisté à plusieurs séances. Le deuxième non-membre tient une boutique de vente des boissons, et comme elle reçoit déjà des subventions de son mari, elle ne souhaite pas l’intégrer. Elle participe parfois au cours d’alphabétisation.A la Banque C, l’un des non membres est une commerçante ambulante qui fait la spéculation sur les produits vivriers. Elle ne souhaite pas intégrer la banque faute de temps puisqu’elle est rarement disponible pour les réunions. Bien qu’elle dépose son épargne à la CLCAM, elle dit n’avoir jamais bénéficié d’un prêt. Elle serait intéressée par un prêt de la banque communautaire seulement si les modalités de paiement sont plus souples et le montant est plus important. L’autre non-membre interviewé est le chef du village qui mène des activités agricoles. Comme il a déjà un âge assez avancé et est de santé fragile, il n’a pas de projet d’investissement et ne s’intéresse pas à avoir accès au crédit de la banque communautaire.

Les perspectives futures

Le développement d’autres produits financiers

L’expansion appelle également à la diversification. Celle-ci permettrait d’attirer une gamme de clients plus importante avec des projets d’investissement plus variés, ce qui peut réduire le risque. Cela pourrait permettre également de contourner le problème de saturation des marchés où les clients font presque tous les mêmes activités dans les mêmes marchés.Cependant cette stratégie n’est pas sans risque. La diversification peut comporter par exemple l’introduction de nouvelles technologies qui vont nécessiter la formation et des subventions au début avant d’être acceptées. En réalité, la technologie intermédiaire a rarement fait ses preuves ailleurs où cela a été tentée. La population cible se rabat souvent sur les technologies simples déjà connues une fois que le projet prend fin. D’autant plus que la technologie qui produit davantage risque aussi d’inonder les mêmes marchés d’un surcroît de production, ce qui peut baisser le prix et réduire les bénéfices. Cette stratégie dépendra donc des possibilités d’écoulement dans d’autres marchés, et devrait être étudiée soigneusement pour bien comprendre les effets d’amont et d’aval.D’autres produits à développer pourraient être également des prêts pour des taxi-motos, comme ce qui a été suggéré par plusieurs membres de la Banque C (voir le chapitre 7.5.2.), ainsi que certains agents des ONGs. Dans ce cas, il faudrait relever le plafond pour prendre en compte son coût plus élevé (1.000.000 FCFA). Cette stratégie a l’avantage de faciliter le transport vers les marchés d’écoulement des produits et ainsi de permettre une meilleure présence des clients là où les opportunités de vente se présentent. Cela pourrait également permettre une meilleure maîtrise de l’écoulement et éviter le problème de saturation des marchés mentionné plus haut. Comme avec l’agriculture et la technologie intermédiaire, les termes de remboursement et le taux d’intérêt devrait être revus à la baisse afin de tenir compte du temps de l’amortissement de l’investissement. L’avantage cependant est qu’un prêt pour cette activité représente un complément idéal pour les autres activités déjà entreprises par les clients de la banque.

L’adhésion des «riches» à la banque communautaire et le relèvement du plafond

Les avis des agents des ONGs sont assez partagés quant à l’ouverture de la banque à d’autres personnes «riches.» D’abord, il n’est pas du tout évident que certains des clients actuels des banques soient véritablement dépourvus de tout moyen. A travers les statistiques sur le capital des clients (voir chapitre 6.2.1.), nous avons vu que certains clients ont des moyens non-négligeables, notamment dans la Banque C où la moyenne du capital pour les hommes était de 514.200 FCFA. Donc, on doit avouer que certaines personnes «riches» sont déjà clients des banques. Dans ce sens, la question devient plutôt est-ce qu’on veut que ces personnes restent dans la minorité ou qu’elles deviennent plus nombreuses? Là les avis semblent plus clairs puisque ceux qui étaient d’accord à permettre l’ouverture à ces personnes semblent préférer que leur nombre reste réduit.L’avantage d’ouvrir la banque à ces personnes seraient l’exemple d’entrepreneuriat qu’ils pourraient donner aux autres, et mieux, les revenus qu’ils pourraient apporter à la banque à travers des prêts de montant plus important. Cependant, ce dernier aspect nécessiterait un relèvement du plafond des prêts (fixé actuellement à 100.000 FCFA) qui est bien en-deça du prêt moyen de la CLCAM de OUIDAH (200.000 avec un plafond de 1 million). Ce changement de politique risque à la longue de créer des jalousies au sein de la banque et de provoquer des déséquilibres, mettant en cause la cohésion des membres et l’esprit de solidarité. Donc, il n’est pas du tout évident que cette stratégie soit le meilleur moyen d’augmenter les revenus vu les dangers qu’elle comporte. L’équilibre financier ne pourrait évidemment pas se construire sur une banque sans solidarité entre ses membres, ce qui risque de répercuter sur le recouvrement des créances.Les asymétries d’information nous permettent de comprendre les réticences quant à l’inclusion des membres plus nantis de la communauté qui sont moins proches des populations démunies où la solidarité et les liens affectifs sont assez forts. On constate que l’efficacité, qui demande l’augmentation de la taille moyenne des prêts par l’octroi des prêts plus importants à des entrepreneurs de plus grande taille, se trouve en contradiction avec les conditions nécessaires pour la réduction des problèmes d’information et d’aléa moral, à savoir les liens de proximité et de solidarité dans la communauté qui est plutôt facilitée par l’équité.

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Table des matières

RÉSUMÉ
INTRODUCTION
CHAPITRE 1. L’ESSOR DES SFDs: POURQUOI ET COMMENT
CHAPITRE 2.LE BÉNIN ET LE PROJET DES BANQUES COMMUNAUTAIRES
CHAPITRE 3. L’INTERROGATION ET LES STRATÉGIES
SECTION A: L’ÉTAT DE L’ART: LES THÉORIES ET LES MÉTHODES DE RECHERCHE
CHAPITRE 4. LES THÉORIES
CHAPITRE 5. LES MÉTHODES
SECTION B: LES RÉSULTATS DES ENQUETES: L’ÉVOLUTION VERS QUELLE FORME DE SERVICE FINANCIER?
CHAPITRE 6. UN PORTRAIT DES COMMUNAUTÉS, DES CLIENTS ET DES NON-CLIENTS ENQUETÉS
CHAPITRE 7. QUEL OBJECTIF: ÉQUITÉ OU EFFICACITÉ?
CHAPITRE 8. QUELLE ÉCHELLE D’ACTIVITÉ ENTRE PETITE ET GRANDE?
CHAPITRE 9. LE MODE DE GESTION: CONTROLE LOCAL OU DES INTERVENANTS EXTÉRIEURS?
CHAPITRE 10. LE CADRE JURIDIQUE: UNE ÉVOLUTION POSITIVE POUR LES SFDs
CHAPITRE 11. L’INTERMÉDIATION FINANCIERE: UN FORT POTENTIEL A L’AVENIR
CONCLUSION: PÉRENNISATION PAR L’EFFICACITÉ POUR L’ÉQUITÉ
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES LISTE DES TABLEAUX ANNEXES

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