Le processus de régionalisation, la fin d’un CROUS emblématique (2002-2018)

Le développement spectaculaire des cafétérias

Si la situation est au mieux tendue en restauration, le CROUS de Caen est témoin, comme l’ensemble des CROUS, de l’explosion de la fréquentation des brasseries et des cafétérias. Cette dynamique à lieu à l’aube des années 1975, et est révélateur, à mes yeux, d’un cumul de situations qui y aboutissent. La première, on l’a évoqué vient des effets directs de la mauvaise réputation des restaurants universitaires : plutôt que d’attendre, les étudiants se rabattent vers des structures où ils peuvent quand même manger, même si ce n’est pas un repas complet, et où il y a moins d’attente. La seconde explication vient de l’action du CROUS de Caen. Il ne reste pas spectateur devant cette montée en puissance de ce qui va devenir la restauration rapide. Il agit, en construisant et agrandissant des structures existantes, pour accueillir ce public supplémentaire. L’action du CROUS est étonnamment plus rapide et concrète que dans le cadre de la restauration traditionnelle : les coûts sont beaucoup plus faibles, et donc il y a déjà une possibilité de bénéfices supplémentaires à se faire. C’est ce que l’on appelle un retour sur investissement : une structure plus grande permet de dégager davantage de recettes, qui peuvent être rapidement réutilisés, même en ces temps de crises. On en arrive donc à une situation où l’on compte déjà quatre cafétérias et brasseries gérées directement par le CROUS de Caen en 1979 : la cafétéria « Campus », installée au rez de chaussée du RU B, la cafétéria de Lebisey, installée sur le site éponyme, et appelée « Le Mambo », qui fonctionne de pair avec le restaurant C, la cafétéria de l’« IUT », installée au cœur du nouveau campus universitaire, le Campus 2, qui ne compte pour l’instant que l’IUT de Caen (d’où son nom), et enfin la cafétéria de « Médecine », installée dans le complexe du CHU de Caen, cette gigantesque tour accueillant des effectifs étudiants en médecine . Cette année est marqué aussi par le réveil du CNOUS devant la situation actuelle de la restauration rapide, et qui demande aux CROUS d’accompagner ce développement, et en particulier dans les locaux des sites universitaires, pour en faire des lieux proches des étudiants . Cela suppose évidemment une bonne entente entre les CROUS et les acteurs universitaires concernés, principalement les grandes universités du territoire. C’est le cas à Caen puisque le Président de l’Université est membre de fait du Conseil d’Administration, ce qui permet un dialogue rapide sur la question.
Que vend t-on dans les cafétérias ? Il me semble pertinent d’évoquer cette question, car c’est là un atout pour attirer les étudiants. Selon mes sources, sans que cela soit clairement mentionné, il semble que cela soit des produit consommables rapidement, sans que cela ne constitue un plateau repas. Il faut plutôt y voir une sorte de complément au repas. Par ailleurs, l’un des arguments de choix est la vente d’alcool, autorisée par le CNOUS depuis 1972 . Mais en lien avec les problématiques de prévention, le CNOUS décide ensuite, pour l’ensemble des CROUS, de majorer les prix des consommations alcoolisées de 20% en 1981, pour dissuader les étudiants de venir uniquement pour consommer de l’alcool, pour des raisons de santé publique . On en arrive donc à observer le tableau en Annexe 3 où l’on voit qu’en fonction des sites, les consommations sont différents entre l’alimentaire et les boissons. Le fait est que les cafétérias ne bénéficient pas des marchés communs, puisque leurs ventes relèvent de publics différents en fonction des localisations.
L’activité progresse gentiment entre 1976 et 1980, alors qu’il n’y a pas d’ouvertures supplémentaires sur la période. Il y a bien pour autant eu une discussion à un Conseil d’Administration pour transformer le RU A en brasserie en dehors des horaires d’ouverture, mais le projet est abandonné car aucune subvention du CNOUS n’est apportée au projet.

Quelle qualité pour les repas ? Le scandale du « steak-haché »

Retournons donc, à présent, constater l’évolution de la restauration alors que le second choc pétrolier vient de nouveau de fragiliser l’activité de restauration. L’année 1980 voit un abcès se crever, avec ce que j’intitule le « scandale du steak-haché ». Cet événement à lieu au début de l’année, la source principale de ce récit vient du Conseil d’Administration extraordinaire convoqué le 27 février 1980, pour évoquer cette problématique. L’ensemble des éléments y sont évoqués, ce qui permet de suivre au mieux la trame de l’événement ainsi que ses conclusions.
Le scandale éclate au tout début de l’année civile de 1980, lorsque les étudiants remarquent que plusieurs d’entre eux tombent malade. Le point commun entre les cas vient d’un fait : ils mangent tous au restaurant universitaire le midi, et consomment un steak-haché. On dénombre plus d’une dizaine de cas en quelques jours. Cela inquiète les étudiants des deux UNEF qui demandent une inspection vétérinaire pour connaître les tenants et les aboutissants de cette histoire. On découvre alors que les steak-hachés sont infectés par une bactérie , présente naturellement partout, mais qui peut devenir dangereuse pour les humains si un certain seuil est dépassé, ce qui fut le cas pour certains steak-hachés contrôlés. On a donc affaire à une intoxication alimentaire. Les étudiants sont choqués par ce rapport, et décident, de concert, pour les deux UNEF, ainsi que les syndicats professionnels des personnels, de bloquer au début du mois de février les caisses du restaurant B. Le but est d’expliquer le scandale sanitaire aux étudiants, et revendiquer par la même une meilleure qualité dans les repas, sur fond de distribution de tracts, de collages d’affiches incriminant le CROUS de Caen et de publication de communiqués de presse. Le Directeur et le Recteur convoquent un Conseil d’Administration extraordinaire dans la foulée afin de discuter de cette question et trouver des solutions. Les faits sont d’abord rappelés avant de passer à la suite. Les étudiants crient au complot, demandant ce que l’on va découvrir dans le futur, et sont déçus du CROUS, car la Direction était au courant, elle avait aussi reçu un exemplaire du rapport. Le ton monte rapidement, et les noms d’oiseaux fusent, alors que la Direction veut rassurer. Les chefs de cuisines, eux, déposent une motion, expliquant que leur but est la qualité dans la préparation des repas, et que cela leur tient particulièrement à cœur. Par cet événement, on arrive à comprendre ce pic du problème de restauration : la qualité est au plus bas, le prix du repas ne cesse d’augmenter, les personnels font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Une première solution est évoquée : les élus étudiants demandent le retour de la qualité dans la nourriture, ce à quoi la Direction répond qu’augmenter la qualité entraînerai un coût supplémentaire, l’activité serait déficitaire, et donc cela causerai la fermeture des restaurants universitaires : la Direction prône le statu quo, espérant que les prochaines années soient plus tendre. Les étudiants refusent ce statu quo, car selon eux, c’est un chantage, on leur demande de choisir soit des restaurants déficitaires, soit une augmentation du prix du repas. La situation se calme par la suggestion d’invitation des élus étudiants à la commission de restauration du CROUS de Caen, dont le but est de permettre de contrôler la qualité des repas préparés et de l’élaboration des marchés de restauration. Ils acceptent, chacun admet ses torts de son côté, l’abcès est crevé.

Un manque crucial de rénovation

Le premier élément qui échoit à la gestion du logement à souligner à l’aube 1976 concerne la découverte d’une série de malfonctions sur les différents bâtiments de résidence du Campus 1. Ce sont des vices qui sont découverts au fur et à mesure, malgré les rénovations du parc de logements dans les années 1960, et les constructions successives pour agrandir ledit parc de logements. Par exemple, en 1979, on découvre des problèmes d’étanchéité dans les bâtiment G, H et I du campus.
Des travaux sont décidés rapidement afin de régler ce petit détail, au prix de la bagatelle de 429.000 F . Dans la foulée, on note aussi des travaux à réaliser sur le Bâtiment Administratif du CROUS, car sa sécurité est compromise. De nouveau, on met la main au portefeuille pour une facture de 107.000 F . Des travaux d’urgence sont aussi décidés pour le bâtiment International du campus, n’ayant jamais connu de rénovation, et ce, depuis sa construction, en 1954. Ici, cela coûte 302.180,74 F. Enfin, des travaux sont réalisés afin de changer la chaudière des bâtiments A et B, pour un total de 28.000F. Ces problèmes entraînent de lourds travaux et impactent la capacité d’investissement du CROUS de Caen. Les malfonctions sont découvertes les unes après les autres, et cela empêche de lancer des travaux d’ensemble sur les autres sites d’hébergement, qui en ont bien besoin eux aussi. Ainsi, lors de l’été 1982, les Directeurs des Unités de Gestion d’Hébergement expriment, dans une lettre commune, leur agacement face au manque d’investissement sur les sites distants, et la lourdeur des travaux engagés sur le Campus 1, dans une période inquiétante. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce dernier détail. Enfin, pour compliquer encore les travaux, ces années sont marquées par des mouvements sociaux et étudiants. Ce qui marque les mouvement de cette période, c’est le nombre d’étudiants qui descendent dans la rue. Ce qui marque les écrits, ce sont les dégradations constatées en marge de ces manifestations. Le Budget 1980 recense toute une série de dégradations, qui sans être chiffrées, nous laisse simplement deviner la hauteur du préjudice : des extincteurs volés, des pavés arrachés sur les voies pour servir de projectiles, une baisse de la fréquentation des restaurants universitaires pendant les manifestations. L’Université, elle, doit reporter les cours internationaux d’été, et les rattrapages, dû à la fermeture des locaux pendant les mouvements. Toutes ces dégradations doivent être réparées, et impacte une nouvelle fois l’investissement du CROUS de Caen.Malgré tout, entre 1976 et 1982, quelques travaux ont quand même lieux sur les sites d’hébergements autre que sur le campus 1, même si leur portée est limitée. En 1978, le Centre Régional parvient à lancer un chantier de rénovation des façades du Bâtiment 3 de Lebisey , puis en 1979 des travaux de menuiseries sur les bâtiments 1, 3 et 4 de la cité d’Hérouville-Saint-Clair ,mais c’est tout pour les sites distants du Campus 1.

Le plan de réhabilitation des cités universitaires

Le second grand volet de sauvetage des CROUS concerne aussi l’action sur le logement, qui se situe au plus mal. Il y a urgence à rétablir les cités, pour faire revenir les étudiants, et donc favoriser le retour des loyers. Contrairement à la restauration, ici le projet affiche une ambition plus mesurée, et cela se ressent en terme de dotations de la part du CNOUS, ce que les élus étudiants critiquent vivement.
Le projet est ici moins ambitieux, car tous les regards sont tournés vers le redressement de la restauration. Mais le CNOUS joue avec la même technique qu’en restauration, à savoir encourager les projets par l’apport de subventions, qui concerne cette fois ci la réalisation de travaux d’isolation des bâtiments, pour en faire baisser les coûts. L’idée ici malgré le manque de moyens est doublement intéressante. D’une part, les dotations du CNOUS servent, comme d’habitude à réduire le coût de réalisation de ces travaux : ils coûtent moins cher pour les Centres Régionaux qui y participent. D’autre part, les travaux d’isolation entrepris permettent de baisser la facture de chauffage totale, et donc baisser les dépenses, qui peuvent être concentrés sur d’autres actions. Le
CROUS de Caen participe donc au « Plan Campus » et se focalise à nouveau sur le Campus 1. Ici, plus que du raccommodage, la Direction affiche sa détermination de véritablement rénover les bâtiments, et de passer aux autres sites à l’instant où le campus 1 sera terminé. Le projet ambitieux est donc de rénover l’isolation des dix bâtiments des deux cités universitaires sur le plateau du campus, tout en changeant les chaudières, pour un nouveau modèle fonctionnant au gaz, et donc qui permet de dégager encore plus d’économie sur le long terme. Les élus étudiants participent à la dynamique ambitieuse engagée par le CROUS, mais tout en faisant connaître leur désappointement quant à la création d’une fracture entre d’un côté les deux cités rénovées du campus 1, et de l’autre le reste du parc, complètement désuet. Ils ont notamment l’occasion de le manifester lorsque la Direction doit revoir son plan de rénovation des autres cités de Caen et d’Hérouville-Saint-Clair à la baisse, puisque le CNOUS donne à ce moment moins de subventions. Ils considèrent alors que cela fait donc apparaître une fracture géographique du logement social, entre le centre-ville rénové et les marges laissées de côté.
Et en effet, cette fracture apparaît et se développe, notamment sur Hérouville-Saint-Clair, par le fait de deux événements qui se produisent simultanément. D’une part, le CROUS est obligé d’engager des poursuites à cause d’un vice d’installation de nouvelle fenêtres sur certains bâtiments, alors que la Direction faisait un effort dans l’idée de rattraper la situation des cités éloignées.
Enfin, fin 1986, on se rend compte aussi sur la cité et sur le parc de logements en HLM disséminé autour de la cité, et géré par le Centre Régional, qu’il y a des interventions de plus en plus nombreuses sur des problèmes d’eau. Cela vient du réseau de distribution d’eau qui doit être complètement remplacé. Là, le CROUS de Caen ne peut plus engager les sommes nécessaires. La direction de la cité universitaire demande alors à la direction du Centre Régional et au Conseil d’Administration la création d’un poste administratif en contrepartie car les interventions se multiplient et il faut une personne supplémentaire pour coordonner les interventions simplement sur le réseau d’eau. Cela est accepté.
Enfin, concernant le logement, la fin de l’année 1986 voit le retour d’une problématique qui avait été oubliée pendant un moment : on commence à manquer de place pour loger les étudiants.
Cela montre d’une part que les travaux font revenir les étudiants, mais annonce aussi les prémices de la Seconde Phase de Massification de l’Enseignement Supérieur. Devant une telle situation, on commence à réfléchir sur les moyens à disposition, et le Conseil d’Administration finit par tomber d’accord : il faudrait construire, mais on manque de place sur les sites existant déjà. Alors une solution semble se dessiner : créer un nouveau site d’hébergement, et, dans la mesure du possible, l’installer au plus près du Campus 2, en pleine explosion d’effectifs étudiants. Il n’empêche que les travaux sont au goûts des étudiants, puisqu’il est annoncé au 31 mai 1985 que le parc de logement affiche près de 98% d’occupation, ce qui est un chiffre excellent, nonobstant la grande dégringolade précédente.

Les années 1987 à 2001 : la grande remontée

La date du 5 mars 1987 est cruciale pour l’histoire de notre Centre Régional, tout comme pour l’ensemble du réseau des Œuvres. C’est la date de publication d’un décret qui relance une dynamique sans précédent, loin de toutes les tentatives que nous avons vu par le passé pour sauver les CROUS. A compter de cette date, les Centres Régionaux redeviennent des services publics à part entière, et en possession de moyens supplémentaires qui vont aller en progressant. A Caen, la situation va s’améliorer, et marquer un nouveau cap : rattraper tout le retard accumulé sur l’ensemble de ses missions, directes comme indirectes. La volonté est présente, les financements aussi : il ne manque plus que la planification inhérente à la préparation de tous les travaux nécessaires. Ici, on observe trois temps jusqu’à 2001. Tout d’abord, on observe que de 1987 à 1990, le CROUS de Caen reprend confiance en l’avenir et en sa capacité d’action, malgré des moyens qui restent globalement les mêmes. De 1990 à 1995, on observe le début de l’apport de nouveaux moyens et une nouvelle grande étape de déploiement du CROUS de Caen sur son territoire. Enfin les années 1996 à 2001 voient des financements arriver de manière pérenne, ce qui garantit le futur des actions du CROUS de Caen, alors que se termine le second millénaire. Cette étape sera alors l’objet du bilan de la Seconde Phase de Massification de l’Enseignement Supérieur, bien que cette phase apparaisse et agisse de façon bien singulière sur la Basse-Normandie et son Académie de Caen. Dans quelle mesure le CROUS de Caen parvient-il à remonter la pente entre 1987 et 2001 ? C’est l’objet de la lecture de ce second chapitre.

La loi du 5 mars 1987 : un nouvel espoir

La loi du 5 mars 1987 marque l’arrivée d’un nouvel espoir pour les CROUS, alors que les Conseils d’Administrations des Centres Régionaux s’embrasent sur la question de la privatisation de parts des CROUS. Le Ministère de l’Éducation Nationale tranche la question par la publication du décret n°87-155 le 5 mars 1987 : les CROUS redeviennent des services publics à part entière. Cela suppose alors des moyens nécessaires et pérennes à la réalisation de l’ensemble des missions qu’on leur concède. Ce décret est un incontournable du fonctionnement des CROUS, à tel point que c’est encore lui qui est en vigueur aujourd’hui.

La réaffirmation de l’utilité des CROUS

Le décret salutaire des CROUS n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe. Il est le fruit de la mobilisation des organisations étudiantes représentatives aux Œuvres Universitaires, dont notamment les deux UNEF. C’est l’aboutissement d’une mobilisation institutionnelle et revendicative, d’interventions en conseils et de manifestations, qui force le gouvernement de cohabitation CHIRACa faire machine arrière concernant la privatisation des CROUS. Le cœur du décret confirme que les CROUS restent des services publics, tout en apportant une nuée de détails supplémentaires, mais qui actualisent les prérogatives de ces services publics régionaux. Afin de mieux comprendre les tenants et aboutissants de ce décret, je l’ai fait figurer intégralement en annexe 8.

Quelles évolutions comparées à la loi de 1955 ?

Le but du décret en question est de réaffirmer l’utilité publique des CROUS. Pour ce faire, on s’appuie, pour sa rédaction, sur une base institutionnelle, à savoir la loi du 16 avril 1955 qui créé les CROUS. Cet appui est nécessaire afin de reprendre et citer des éléments légaux, comme les définitions du CNOUS, des CROUS, des CLOUS, ainsi que de la reconnaissance des CROUS en fonctionnement . L’un des détails qui permet de réaffirmer ce caractère public des Œuvres Universitaires concerne la mise en place de structures des CROUS. Le décret mentionne à l’article 14 que « [les CROUS] assurent les prestations et les services propres à améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants, créent dans ce but des structures leur permettant d’adapter et de diversifier les prestations qu’ils proposent aux usagers en tenant compte de leurs besoins et peuvent passer des conventions avec des organismes extérieurs de droit public ou privé pouvant apporter leur collaboration aux services du centre ». Les CROUS ici gagnent une place non négligeable.
Dorénavant, ils sont légitimement les organisateurs de leurs missions, autour duquel gravitent des organismes extérieurs qui apportent leurs services aux CROUS. La différence essentielle avec la loi de 1955 provient d’un changement hiérarchique institutionnel : avant 1987, les CROUS sont un service parmi d’autres, après 1987, les CROUS deviennent dorénavant les représentants régionaux de l’État dans le cadre des services à l’étudiant et le référent public des six missions reconnues : restauration, logement, aides sociales, emploi, culture, international. Par ce décret, une volonté certaine est affiché : les CROUS ne seront pas cédés au secteur privé.
Une autre transformation apportée par ce décret nous arrive par le biais du Conseil d’Administration de notre CROUS. Le décret est ici étudié à titre d’information lors de la nouvelle mandature du Conseil d’Administration, qui se réunit pour le première fois le 25 juin 1987. On y fait mention de la fin d’un système, celui de la séparation entre les étudiants bénéficiaires des Œuvres, et les étudiants non bénéficiaires des Œuvres . Cette séparation avait été mise en place par la loi du 16 avril 1955, et séparait de fait les étudiants en deux catégories. Les étudiants bénéficiaires étaient ceux qui remplissaient des conditions sociales, au même titre que pour les Bourses sur Critères Sociaux, et qui de fait avaient le plein accès aux prérogatives des CROUS : le droit au repas à tarif social, la priorité en ce qui concerne l’affectation à un logement étudiant etc.
… Les étudiants qui n’étaient pas bénéficiaires, eux, payaient leur repas plein pot, et ne pouvaient demander une chambre au CROUS que si il y en avait de disponible, et qu’aucun bénéficiaire ne se trouvait sur liste d’attente. Cette séparation éclate grâce à ce nouveau décret, les étudiants ont alors dorénavant un égal accès aux structures du CROUS. Il y a même une extension des conditions d’accès aux CROUS : à partir de la publication du décret, tout étudiant qui cotise au Régime Étudiant de Sécurité Sociale (RESS) a, de fait, droit aux services de son CROUS . Cela ne concerne plus exclusivement les étudiants des Universités et des écoles du supérieur. Les CROUS s’ouvrent à une nouvelle catégorie de la population étudiante, renforçant son aspect de service public universitaire universel. Mais cela n’est pas sans poser quelques problèmes d’ordre administratif. En effet, pour ce qui est de la restauration, cela signifie que tout un nouveau public arrive en masse dans les restaurants du CROUS, et ont de fait droit au tarif social, au repas à peu près à moitié prix au lieu du repas à plein prix (le tarif social du repas en 1987 est de 16,05F, dont 9,3F à charge de l’étudiant, et 6,75F en subvention de l’État ). Il faut donc apporter des dotations supplémentaires, ce que l’État fait volontiers. Car cette logique de dotations financières supplémentaires rentre dans une logique globale, qui dépasse de fait la restauration. Des délégations de crédits arrivent pour les CROUS, notamment pour préparer de nouveaux chantiers en logement au terme d’une grande enquête sur les terrains de l’État occupé par les CROUS , nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard.

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Table des matières
Remerciements 
Avant-Propos 
Table des matières
Introduction 
Chapitre 1 : Les années 1976 à 1987 : du déclin à l’agonie
A-1976-1982 : Le CROUS de Caen au bord de la faillite
A-1 : La Restauration plus que jamais en difficulté
Des restaurants qui ne sont plus en condition d’accueillir les effectifs étudiants
La question du prix social des repas
Le développement spectaculaire des cafétérias
Quelle qualité pour les repas ? Le scandale du « steak-haché »
A-2 : Un logement étudiant proche de l’insalubrité
Un manque crucial de rénovation
Un modèle de logement qui veillit
La concurrence avec le logement en ville
A-3 : le CROUS de Caen sur la scène internationale
Les liens historiques entre les CROUS et leurs homologues allemands : les Studentenwerke
Quels autres contacts internationaux ?
A-4 : Une gestion du CROUS qui atteint ses limites
Quelle action sociale pour les étudiants ?
Un budget à l’agonie
1982 : l’« Année Noire » pour le CROUS de Caen
B-1983-1987 : Un redémarrage timoré
B-1 : Les efforts apportés en restauration et en logement
Une nouvelle offre de restauration
Le plan de réhabilitation des cités universitaires
B-2 : Quels effets sur la vie étudiante ?
La précarité qui s’enfonce
Un FSU à réformer
Une participation pour les étudiants étrangers
B-3 : Quel avenir pour les CROUS ?
Des contours historiques en mouvement
Les administrateurs déchirés sur la question de l’avenir des Œuvres
Chapitre 2 : Les années 1987 à 2001 : la grande remontée 
A-La loi du 5 mars 1987 : un nouvel espoir
A-1 : La réaffirmation de l’utilité des CROUS
Quelles évolutions comparées à la loi de 1955 ?
La transformation du Conseil d’Administration du CROUS
A-2 : De nouveaux moyens, de nouvelles constructions
Un budget qui se rétablit timidement
La préparation du plan de rénovation des cités universitaires
La généralisation de la nouvelle offre de restauration : un résultat à la hauteur des enjeux
A-3 : Quels effets sur l’action du CROUS de Caen ?
Un appel d’air bénéfique
Une nouvelle vague de planification de projets
B-Les années 1990 à 1995 : de nouveaux investissements : le CROUS contreattaque
B-1 : Un nouvel élan d’investissement : le Plan Université Troisième Millénaire (U3M)
Quel constat en Restauration ?
Des vieilles cités qui font peau neuve
De nouvelles résidences qui sortent de terre
Une histoire de terrains
B-2 : De nouvelles prérogatives
Une mission commune pour la culture
Les débuts de l’informatisation
La gestion du Dossier Social Étudiant
C-De 1995 à 2001 : le retour du CROUS
C-1 : La contractualisation des CROUS
Les projets d’anticipation et de planification de 1996 à 2001
Le grand projet de transformation du logement étudiant
C-2 : Le bilan de la Seconde Phase de Massification de l’Enseignement Supérieur
L’Académie de Caen, une exception dans le phénomène national
Un nouvel éclatement des sites d’enseignement
Une présence du CROUS renforcée
C-3 : Étudiants et personnels, quelle situation à l’orée du troisième millénaire ?
Étudiants et représentants, quelle situation, quelle précarité ?
Des personnels qui donnent leur maximum
Chapitre 3 : Le processus de régionalisation, la fin d’un CROUS emblématique (2002-2018)
A-Le CROUS de Caen, gagnant des réformes de décentralisation (2002-2007)
A-1 : Quelle place du réseau des Œuvres dans la nouvelle Europe ? (2002-2004)
Le CROUS de Caen et le réseau des Œuvres face aux nouveaux défis européens
Quel bilan du projet Université 2000 (U2000) ?
Un nouveau siècle, de nouvelles priorités pour le CROUS de Caen
A-2 : Le quaternat tranquille ? (2004-2007)
De nouvelles possibilités
Tensions et revendications : quels moyens pour un CROUS du XXIe siècle ?
Les effets des réformes de décentralisation et de régionalisation
B-Quelle gestion d’un Centre Régional en temps de crise ? (2007-2011)
B-1 : Le président SARKOZY , le gouvernement FILLONet la crise de 2007-2008
Un CROUS de nouveau menacé dans son action
Quantité ou qualité ?
B-2 : Comment surmonter une nouvelle crise économique ?
Les projets n’attendent pas : la recherche de fo
De nouvelles transformations sociales
Des querelles politiques et syndicales
C-Le CROUS de Caen, entre innovations, questions, discussions et régionalisation (2011-2015)
C-1 : Des nouveaux moyens pour les étudiants
Une nouvelle vague de précarité étudiante
Une réforme historique du système social
C-2 : La restauration à réinventer
Une réflexion générale sur la restauration
Du particulier au général : une Restauration pour satisfaire de plus en plus d’étudiants
Le phénomène de la restauration rapide
C-3 : Les nouvelles cités universitaires : le confort caennais
Quels travaux, quels effets ?
Le cas singulier des résidences universitaires d’Hérouville-Saint-Clair
C-4 : La coopération régionale des acteurs universitaires normands
Des nouveaux services pour les étudiants : la Léocarte normande
Les nouveaux théâtres de coopérations : PRES, ComUE et nouveaux organes de discussion régionaux
D-La question de la fusion des CROUS normands : quelle unité pour deux centres historiques ? (2015-2018)
D-1 : Contexte général et politique : le CROUS de Caen au cœur d’un vaste projet de régionalisation
Caen et Rouen : une première expérimentation nationale
Le décret de la « dernière barrière »
D-2 : Tensions et progrès sur la réunification
Un travail d’association des acteurs universitaires normands
Une organisation multi-site : la question du siège
Des craintes pour la suite
D-3 : Pendant ce temps, les derniers projets sont lancés
Le schéma directeur de la restauration
Une dernière innovation en logement : plus d’écologie, plus de services
Regarder vers l’avenir, dans un contexte singulier
Épilogue : Quelle vision d’avenir pour le CROUS de Normandie ?
Parole à Virginie CATHERINE, première Directrice Générale du CROUS de Normandie
Conclusion
Bibliographie 
Annexes 

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