Le pacte autobiographique, l’ordre du récit et la littérature enfantine

Une autobiographie, c’est un miroir de l’âme. Dans une autobiographie, on trouve les idées personnelles, les pensées les plus privées, tout ce qui s’est passé dans la vie de l’auteur. J’ai fait la connaissance des autobiographies de Simone de Beauvoir et de JeanPaul Sartre dans un cours de littérature et j’ai décidé d’étudier leurs œuvres. Il s’agit de Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir et Les Mots de Jean-Paul Sartre. Le couple Beauvoir-Sartre a inspiré et fasciné beaucoup de lecteurs. Moi aussi, j’ai été captivée par ces deux auteurs, spécialement par Simone de Beauvoir. Beauvoir et Sartre, qui sont nés au début du 20e siècle, ont vu les guerres passer, les gouvernements changer et le monde se transformer. Ils ont partagé les mêmes idées philosophiques et ils ont passé leurs vies ensemble. Naturellement, ils ont beaucoup de choses à nous raconter.

L’écriture autobiographique est un genre fascinant. Il y a plusieurs façons d’écrire une autobiographie et chaque auteur choisit comment il va se raconter et ce qu’il va écrire. J’ai essayé de montrer qu’il y a des ressemblances frappantes chez les autobiographies de Beauvoir et de Sartre, que peut-être les deux œuvres ne sont pas si différentes qu’un lecteur pourrait le croire.

Le sujet étant vaste, je l’ai limité en me concentrant sur les thèmes suivants : pourquoi l’auteur a-t-il écrit son autobiographie, le pacte autobiographique, l’ordre du récit et la chronologie, la littérature enfantine. Ces thèmes ne traitent pas les deux textes de la même manière. Les trois premières thèmes questionnent comment l’auteur a écrit son autobiographie. Le dernier thème, la littérature enfantine, traite la question du contenu. J’ai choisi ce dernier sujet puisque je l’ai trouvé intéressant et à ma connaissance c’est une question qui n’a pas été beaucoup étudiée. En tout cas, je n’ai pas trouvé une telle analyse chez d’autres critiques.

Théorie et méthode

Dans mon analyse, j’ai surtout utilisé les théories de Philippe Lejeune sur l’autobiographie. Lejeune a publié plusieurs œuvres sur ce sujet, mais mon grand appui a été Le Pacte autobiographique, 1975. Dans cet ouvrage, l’auteur présente les idées fondamentales de sa théorie. L’une des règles les plus importantes pour définir l’autobiographie est celle de l’identité du nom. L’identité du nom doit être établie entre l’auteur, le narrateur et le personnage principal. Selon Lejeune, il y a deux manières d’établir cette identité, soit de manière patente, soit implicitement. La manière patente veut dire que l’auteur se présente luimême comme le narrateur et le personnage principal de son récit ; l’auteur révèle son propre nom. C’est très rare qu’un auteur renonce à son nom ; il veut bien que le public sache qui a écrit l’œuvre (Lejeune, 1975, p. 27). Implicitement, cela veut dire que l’auteur fait comprendre l’identité du nom au lecteur grâce au titre ou à un engagement pris avec le lecteur au début du texte. Même si l’auteur ne donne pas son propre nom dans le récit, le lecteur comprend que l’auteur est le personnage principal et le narrateur du récit. Le titre et l’engagement montrent qu’il s’agit d’une autobiographie.

À l’aide de l’identité du nom, le lecteur peut constater qu’il s’agit d’une autobiographie. Philippe Lejeune appelle la définition « le pacte ». Le plus souvent dans un récit autobiographique le nom du personnage = le nom de l’auteur. Les deux pactes qui peuvent être conclus à l’aide de cette définition sont 1) le pacte autobiographique et 2) le pacte = 0.
1) Le pacte autobiographique est, selon Lejeune, le cas le plus fréquent. Le titre et l’identité du nom indiquent qu’il s’agit d’une autobiographie, c’est-à-dire le nom du personnage = le nom de l’auteur et l’auteur conclut un pacte autobiographique dans le texte.
2) Le deuxième cas est plus complexe. Le lecteur constate l’identité auteurnarrateur personnage, même si l’auteur ne donne pas de titre ou de début qui peuvent faire penser à une autobiographie. L’auteur n’a pas conclu un pacte qui indique qu’il s’agit d’une autobiographie ; il a conclu le pacte = 0. C’est le lecteur qui lui-même tire la conclusion que l’œuvre est une autobiographie. (op.cit. p. 27-32)  .

Pour faire la comparaison, j’ai appliqué la théorie du pacte de Philippe Lejeune pour voir comment elle fonctionne dans les deux autobiographies. L’importance d’établir une relation entre le titre du livre et le texte autobiographique a été significative. Pour le thème de l’ordre du récit dans le chapitre 5, j’ai juxtaposé les deux œuvres en tenant compte de la longeur des récits. Dans le chapitre 6, j’ai choisi consciemment certaines œuvres; ce sont des livres qui ont été très importants pour les deux auteurs, mais aussi des livres qui sont spécifiquement écrits pour les enfants. La sélection étant très vaste, j’ai choisi de ne pas présenter tous les livres et les auteurs qui sont présentés et appréciés par Beauvoir et Sartre. Les passages cités dans Mémoires d’une jeune fille rangée renvoient à la collection Folio. Les citations sont suivis des lettres MJFR. Les passages cités dans Les Mots renvoient également à la collection Folio, et ils sont suivis des lettres LM.

Présentation des sources secondaires 

Parmi les études qui sont consacrées au genre autobiographique, on trouve L’Autobiographie, 1970, de Jacques Lecarme et d’Éliane Lecarme-Tabone. Les auteurs présentent plusieurs auteurs français, expliquant les termes en les appliquant aux exemples littéraires. C’est une étude très approfondie des différents aspects de l’écriture autobiographique. Philippe Lejeune a écrit Je est un autre, 1980, qui suit Le Pacte autobiographique. Dans cet ouvrage, Lejeune donne une explication à l’autobiographie « parlée » en analysant les interviews données par Sartre. Dans le livre Brouillons de soi, 1998, il explique comment un auteur écrit une autobiographie. Dans L’Autobiographie. Écriture de soi et sincerité, 1996, Jean Philippe Miraux explique les différents côtés d’un récit autobiographique. Il souligne l’importance des souvenirs, et dans ses exemples il utilise souvent Les Mots de Sartre. Michel Contat a étudié Sartre et ses écrits. Il a collaboré avec Philippe Lejeune dans Pourquoi et comment Sartre a écrit ‘Les Mots’ : genèse d’une autobiographie, 1996, et il a aussi écrit l’œuvre Les Écrits de Sartre : chronologie, bibliographie commentée, 1970, avec Michel Rybalka. Dans le premier livre, il y a beaucoup d’informations sur les publications de Sartre. On trouve aussi une appendice avec la plupart des interviews données par Sartre. Dans ces interviews, Sartre répond aux questions qui correspondent à la raison d’écrire Les Mots. Dans le dernier livre, les auteurs ont fait une chronologie de la vie de Sartre et tout ce qui se passe, année par année. Deirdre Bair a étudié la vie de Simone de Beauvoir. Dans sa biographie Simone de Beauvoir, a biography, 1990, elle raconte la vie de l’auteur, étudie l’écriture de Beauvoir, ses voyages et l’amour qu’elle a pour Jean-Paul Sartre et pour son cousin Jacques. Bair couvre toute la vie de Beauvoir, de la naissance jusqu’à sa mort. Il y a aussi une bonne explication de ce qui se passe entre Beauvoir et l’auteur Nelson Algren quand elle est aux États-Unis. L’œuvre de Bair donne un bon fond pour qu’on puisse comprendre la vie de Beauvoir.

Christina Angelfors étudie dans son article Mémoires d’une jeune fille rangée : Autobiographie ou fiction, 1998, l’évolution de l’écriture autobiographique de Simone de Beauvoir. Angelfors couvre toute la période depuis les premières tentatives d’écrire sur Zaza et sur sa propre enfance jusqu’à la publication de Mémoires d’une jeune fille rangée. Dans son article Simone de Beauvoir : la quête de l’enfance, le désir du récit, les intermittences du sens, 1991, Jacques Deguy a étudié la volonté de Beauvoir de se raconter et le désir de raconter le destin de Zaza. Dans How Our Lives Become Stories : Making selves, 1999, Paul John Eakin explique le mode de narration dans plusieurs autobiographies anglaises. Simone de Beauvoir a fait des interviews avec Jean-Paul Sartre dans le livre La Cérémonie des adieux, 1981, sous titré Entretiens avec Jean-Paul Sartre. Dans les interviews, Sartre explique la raison d’écrire son autobiographie mais aussi d’autres ouvrages importants. Beauvoir commente dans les volumes suivant Mémoires d’une jeune fille rangée son écriture et le choix d’écrire son autobiographie. Ils sont : La Force de l’âge, 1960, La Force des choses, 1963 et Tout compte fait, 1972.

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Table des matières

1. Introduction
1.1 But
1.2 Théorie et méthode
1.3 Présentation des sources secondaires
2. Les auteurs et leurs œuvres
2.1 Simone de Beauvoir
2.2 Jean-Paul Sartre
3. Pourquoi écrire
3.1 Le désir de se raconter
3.2 Pourquoi choisir d’écrire une autobiographie ?
4. Le pacte autobiographique
4.1 Le rôle du titre
4.2 Comment commencer une autobiographie ?
4.3 L’identité du nom
5. L’ordre du récit et la chronologie
5.1 Simone de Beauvoir – Mémoires d’une jeune fille rangée
5.2 Jean-Paul Sartre – Les Mots
5.3 Pourquoi une suite
5.4 L’ordre du récit – une comparaison
6. La littérature enfantine
6.1 Une littérature commune
6.2 La littérature pour petites filles
6.3 La littérature pour petits garçons
6.4 La littérature enfantine – une comparaison
7. Conclusion
8. Bibliographie

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