Le Modèle de l’Occupation Humaine (MOH)

Cadre théorico-conceptuel 

Le cadre de référence permet de mieux analyser un phénomène en traduisant la question initiale de recherche. Durant l’enquête exploratoire, la plupart des ergothérapeutes ne faisait pas usage de modèle conceptuel dans leur intervention auprès des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Parmi ceux qui s’appuyaient de modèle conceptuel ou de théorie, ils utilisaient principalement le MOH. Il est donc intéressant de faire une analyse de ce modèle en commençant par définir l’occupation humaine. A partir du champs disciplinaire des sciences de l’occupation, le modèle MOH est développé notamment par Gary Kielhofner, Mary chantal Morel Bracq. Par la suite, les différentes dimensions de l’autonomie seront analysées dans cette partie afin de comprendre les étapes dans le processus de décision d’une personne. A partir des champs disciplinaires de l’éthique et des sciences de l’occupation, le concept d’autonomie est développé notamment par Sylvie Meyer, et Pierre Le Coz. Une matrice conceptuelle est également élaborée afin de regrouper les éléments de chaque concept développés .

Le Modèle de l’Occupation Humaine (MOH)

Avant de développer le modèle conceptuel MOH, il est important d’apporter une définition du terme occupation. Ainsi, nous pourrons nous appuyer sur cette définition pour développer le concept MOH.

❖Définition de L’occupation Humaine
Le développement du concept clé du modèle est essentielle afin de donner une cohérence et une structure interne. Selon G. Kielhofner, l’être humain est un être occupationnel. En effet, l’occupation est essentielle dans l’organisation d’une personne. C’est en agissant que la personne façonne et construit ce qu’elle est. Ainsi, le maintien en activité permet une santé physique et mentale(24). Cependant, Kielhofner, Pierce et divers auteurs soulignent que l’occupation est un concept qui décrit mieux la complexité du faire que l’activité. Il est mieux à même de décrire le processus d’adaptation de l’être humain face à son environnement spatio-temporel, culturel et sociopolitique. En effet, l’activité est générique et partagée par les humains, mais l’occupation quant à elle, reste une expérience unique et singulière. Elle est ainsi l’interface entre l’être-humain et le monde. La santé, dans son sens large, est la résultante de l’adaptation humaine sur le monde(9). De plus, l’occupation transforme le monde de la personne et le monde la transforme(25). En d’autres termes, l’occupation est tout ce que font les personnes d’ordinaire et d’extraordinaire. Elles sont vécues de manière subjectives et sont significatives c’est à-dire qu’elles ont du sens pour la société et signifiantes qui signifie qu’elles ont un sens personnel. Leur réalisation est dynamique et se déroule dans un contexte environnemental (physique, humain…) et temporel(9). Pour Polatajko, l’occupation permet l’empowerment de la personne. L’occupation est omniprésente et marque les jours de l’être-humain ; elle définit la personne et elle est définie par la personne elle même(25). Selon Meyer, les occupations sont innombrables et variables ; elles caractérisent l’être-humain, elles occupent du temps ainsi que de l’espace et elles sont individuelles ou partagées (on parle de co-occupation selon AOTA). Elles concernent autant les soins personnels, que les loisirs ou la productivité(4). La notion de productivité fait référence aux activités, rémunérées ou non, visant à rendre service ou à créer des biens, des savoirs. La notion de loisirs correspond aux activités librement choisies par notre propre plaisir. Enfin, Les soins personnels correspondent aux tâches de la vie courante. Pour Wilcock, l’occupation ne se limite pas qu’au « faire », elle est aussi « être » et « devenir », non pas pour les autres mais aussi pour soi-même(26).

❖ Modèle conceptuel : Le MOH
L’intérêt d’un modèle conceptuel est de procurer aux ergothérapeutes un cadre d’intervention structuré et argumenté, des outils d’évaluation cohérents et des résultats de recherche solides qui garantissent une démarche de qualité. Dans cette partie, le MOH va être développé afin de structurer le recueil de données concernant la personne, de comprendre ses forces et ses limites quant à son engagement et sa participation dans ses activités quotidiennes. Il existe de nombreux outils (une vingtaine) utilisables dans la pratique ergothérapique qui sont associés à ce modèle(27). Le MOH est un modèle général en ergothérapie élaboré dans les années 1980 par Gary Kielhofner. Le MOH est centré sur la personne et sur l’occupation. Il s’agit actuellement du modèle centré sur l’occupation le plus étudié au niveau international. Le livre de Kielhofner en est à sa cinquième édition (24). Il s’agit d’un modèle holistique car il considère un phénomène dans sa globalité. En effet, c’est un modèle fortement humaniste, centré sur la personne. Le MOH peut également être associé en complémentarité avec d’autres modèles conceptuels centrés sur l’occupation et issus de l’ergothérapie. De plus, il permet d’avoir une pratique basée sur les données probantes. Le MOH (Cf. Annexe 7 p 87) prend en considération trois dimensions de l’humain compris comme être occupationnel : la dimension de l’Être, la dimension de l’Agir, et la dimension du Devenir. Ces trois dimensions sont comprises au sein de l’environnement physique, social et occupationnel de la personne(24).

– L’être
La dimension de l’être est constituée de la volition, c’est-à-dire ce qui motive une personne dans ses choix en fonction de ses valeurs (ce que la personne considère important et significatif), de ses centre d’intérêts (ce que la personne trouve agréable et satisfaisant, ce qui rend plus attirant qu’une autre), et de ses déterminants personnels (sentiments d’efficacité et de capacité personnelles). Selon Kielhofner, la volition est le processus qui permet à la personne de s’engager dans une activité. Elle est définie par plusieurs étapes : La personne expérimente les activités, soit l’impression que cela laisse à la personne. Puis, elle interprète les expériences réalisées autrement dit, elle fait une réflexion sur sa performance. Ceci lui permet d’anticiper (liée aux possibilités et attentes) et de faire des choix qui vont donc stimuler son expérience(24).

S’ajoutant à la volition, l’habituation qui représente l’organisation et l’intériorisation de comportement semi-automatiques qui se réalisent dans un environnement familier. Cela correspond aux habitudes et les rôles tenus par la personne. Enfin, la capacité de performance (capacité de rendement) c’est-à-dire les composantes spécifiques de la personne, qu’elles soient objectives, comme les structures physiques et mentales, ou subjectives c’est-à-dire la manière dont se perçoit la personne(24).

– L’agir
La dimension de l’agir va faire le lien avec ce qui définit une personne et ce qui la définira dans l’avenir. L’agir est composé de trois niveaux qui s’intègrent les uns contre les autres. Cette dimension est composée d’un premier niveau qui est la participation occupationnelle. Il s’agit de la manière dont une personne va investir une occupation déterminée selon le sens et la signification qu’elle lui attribue. Ensuite, le participation à une occupation nécessite de réaliser des activités diversifiées, ceci correspond au deuxième niveau : la performance occupationnelle qui correspond à la manière dont la personne va réaliser l’occupation. Au troisième niveau se trouve les habiletés de la personne, soit les différentes actions observables (motrices, opératoires, communication et interaction)(24).

– Le devenir
La sphère de l’agir mène à la dimension du devenir. En effet, l’adaptation future d’une personne à de nouvelles occupations est générée par une identité occupationnelle et une compétence occupationnelle, qui sont les conséquences des différentes expériences durant la sphère de l’agir. La compétence occupationnelle est la manière dont la personne agit dans ses routines et ses rôles, organise sa vie de manière satisfaisante, en étant en accord avec son identité occupationnelle et les obligations sociales auxquelles elle est soumise. L’identité occupationnelle est la représentation qu’a la personne sur elle-même en lien avec ses occupations passées et présentes, en fonction de ses différents rôles occupationnels passés et présents et de ce qu’elle aspire à devenir, toujours en lien avec ses occupations. L’identité et la compétence occupationnelle sont présentes dès le début, elles sont présentées de manière qu’elles soient supposées devenir plus satisfaisante pour la personne(24).

– L’environnement
Le modèle appréhende la personne dans son environnement selon la dimension de l’Être, qui est comme un portrait occupationnel réalisé à un instant déterminé. Cela lui permet de mieux comprendre la personne en tant qu’être occupationnel, et de pouvoir l’accompagner en travaillant avec elle sur ses occupations, dans la sphère de l’Agir, en vue de l’adaptation occupationnelle. L’environnement présente des opportunités mais également des obstacles que ce soit pour faire des choix occupationnels ou pour les réaliser. De plus, les conditions politiques, économiques et culturelles vont influencer l’environnement de la personne. Les formes occupationnelles sont des séquences d’actions culturellement identifiables. Les contextes occupationnels sont de quatre ordres :
Espaces : contexte physique dans lequel vit une personne.
Objets : objets avec lesquelles une personne interagit et qui influencent ce qu’elle fait.
Groupes sociaux : ensembles de personnes qui jouent un rôle dans la vie d’une personne et qui influencent ce que la personne fait avec eux.
Forme occupationnelle : Séquence conventionnelle d’actions qui sont cohérentes, orientées vers un but, soutenues dans la connaissance collective et culturellement reconnaissables(24).

❖Le MOH pour les personnes atteintes de démences
Dans le monde entier, le nombre de personnes qui vivent avec des troubles cognitifs est en pleine augmentation et cette augmentation signifie que les ergothérapeutes qui s’occupent des personnes âgées vont forcément être confrontés à répondre à la complexité de leurs besoins tout en préconisant leurs engagements et leur participation occupationnelle les plus complets. Selon Kielhofner, le modèle MOH est particulièrement bien adapté pour comprendre les personnes atteintes de démence, malgré les difficultés qu’elles peuvent avoir à communiquer leurs désirs, leurs préférences. Dans tous les cas, l’environnement physique, social et culturel affecte une personne à mesure qu’elle vieillit. Malheureusement, les impacts environnementaux nuisent souvent à la capacité de la personne à utiliser sa volition, son habituation et sa capacité de performance de manière satisfaisante et efficace. Il existe différents outils d’évaluations qui permettent de mieux comprendre la personne atteintes de troubles cognitifs notamment le VQ présenté sous 14 items. Celui-ci permet d’observer un patient dans une activité en tenant en compte la manière dont elle l’effectue. Cela permet de comprendre ses valeurs et ses intérêts. De plus, l’utilisation du interest cheklist permet d’identifier les intérêts propres de la personne.

Le modèle MOH va ainsi faire directement le lien avec le principe d’autonomie. Le modèle s’appuie en effet sur la volition et les habitudes de vie de la personne, ceci favorise en effet le choix de la personne et donc l’autonomie(24).

Pour faire le lien avec la question initiale de recherche, nous pouvons voir que le MOH peut permettre le développement de l’autonomie d’une personne malade d’Alzheimer. Cet apport théorique nous permet de développer les éléments qui sont importants dans ce modèle. Il s’agit en effet, d’une approche centrée sur la personne et sur l’occupation. Le développement du concept nous amène à nous questionner : Comment mettre en pratique les éléments du MOH ? Comment accompagner une personne pour favoriser la participation occupationnelle, la performance occupationnelle et par la suite la compétence occupationnelle ? Les composantes de l’être du MOH ont-ils un impact sur la prise de décision dans une occupation ? A quel niveau de la prise en soin l’ergothérapeute peut-il mettre en pratique le modèle du MOH ?

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Table des matières

1. Introduction
1.1 Contexte et questionnement de départ
1.2 Thème
1.2.1 Champs disciplinaires
1.2.2 Résonance du thème
1.3 La revue de littérature
1.3.1 Méthodologie de la revue de littérature
1.3.2 Analyse critique de la revue de littérature
1.3.3 Résonance sur le thème
1.3.4 Enjeux professionnel et questionnement
1.4 Enquête exploratoire
1.4.1 Méthodologie
1.4.2 Analyse des résultats
1.4.3 Synthèse de l’enquête exploratoire
1.4.4 Problématisation et question initiale de recherche
1.5 Cadre théorico-conceptuel
1.5.1 Le Modèle de l’Occupation Humaine (MOH)
1.5.2 Principe d’autonomie
1.6 Question et objet de recherche
2. Matériel et méthode
2.1 La méthode de recheche
2.2 Population ciblée pour la recherche
2.3 Site d’exploration pour la recherche
2.4 Choix et construction de l’outil théorisé de recueil de données
2.4.1 Choix de l’outil théorisé de recueil de données
2.4.2 Construction de l’outil théorisé de recueil de données
2.4.3 Biais de l’outil théorisé de recueil de données
2.4.4 Test de faisabilité et de validité du dispositif de recherche
2.5 Déroulement de la recherche
2.5.1 Passation des entretiens
2.6 Traitement et analyse des données
3. Résultats
3.1 L’analyse descriptive des résultats
3.1.1 Présentation des ergothérapeutes interrogés
3.2 L’analyse thématique : Analyse verticale
3.2.1 L’approche centrée sur la personne
3.2.2 L’approche centrée sur l’occupation
3.2.3 L’environnement de la personne malade d’Alzheimer
3.2.4 L’autonomie décisionnelle
3.2.5 La posture de l’ergothérapeute
3.3 Analyse horizontale
3.3.1 Synthèse des résultats
4. Discussion
4.1 Interprétation des résultats
4.2 Éléments de réponse à l’objet de recherche
4.3 Critique du dispositif de recherche
4.4 Apports, intérêts et limites de la recherche
4.5 Proposition et transférabilité pour la pratique professionnelle
4.6 Perspectives de recherches et ouverture vers une nouvelle question de recherche
Bibliographie

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