Le modèle de l’impact de la pleine conscience sur la présence thérapeutique

Mesure de la présence thérapeutique

La conceptualisation de la PT présenté ci-dessus a perrrus la création d’un instrument de mesure, le Therapeutic Presence Inventory (TPI; Geller, 2002; Geller, Greenberg, & Watson, 2010). La catégorie préparation du terrain a été mise de côté lors de la création de la mesure puisqu’elle ne se réfère pas à la présence déployée durant la rencontre. Bien que l’expérience de présence vécue par le thérapeute soit importante, il est nécessaire que le client perçoive le thérapeute comme étant présent pour qu’ il y ait guérison. Le TPI contient donc deux mesures autorapportées. Une version pour le thérapeute (TPI-Thérapeute) à 21 items et une version pour le client (TPI-Client) à trois items. Le développement du TPI s’est fait en cinq étapes en commençant par la création du TPI-Thérapeute (Geller, 2002; Geller et al., 2010). Les trois premières étapes consistaient à sélectionner les items, à raffmer les items et à construire l’échelle de mesure.

Pour la quatrième étape, le raffmement de l’ échelle, neuf experts ont évalué la clarté de la relation entre chaque item et la PT. Ils ont également rempli l’échelle suite à deux séances de psychothérapie, une pour laquelle ils se sont sentis hautement présents et une pour laquelle ils ne se sont pas sentis présents. La version fmale du TPI9 Thérapeute contient 21 items sur une échelle de type Likert en sept points. Dix items mesurent la dimension processus et onze pour la dimension expérience. La cinquième et dernière étape du développement de TPI consistait à la création de la version client. À partir du TPI -Thérapeute, 15 items ont été préalablement sélectionnés en se basant sur la possibilité de les convertir pour obtenir le point de vue du client. Trois de ces items forment la version [male du TPI-Client. Les analyses psychométriques effectuées par Geller et ses collègues (2010) présentent une bonne fidélité pour les deux mesures avec un alpha de Cronbach de 0,94 pour le TPI-Thérapeute et de 0,82 pour le TPI-Client. Leur analyse factorielle du TPIThérapeute suggère une mesure unidimensionnelle avec une bonne validité de construit. Geller (2013 b) propose que le PTI -Thérapeute puisse servir d’ outil au clinicien pour analyser sa propre PT et lui indiquer les aspects de sa PT qu’ il pourrait améliorer. Ces mesures ont fait l’objet de certaines recherches qui sont présentées ci-dessous.

Littérature sur la présence thérapeutique Geller et al. (2010) ont mené une recherche portant sur 114 clients souffrant d’un épisode dépressif majeur en dyade avec 25 thérapeutes. Différentes mesures, incluant le TPI-Thérapeute, étaient administrées suite à chaque rencontre alors que le TPI-Client était rempli aux trois rencontres. Les résultats démontrent une stabilité des résultats du TPI-Thérapeute et du TPI-Client dans le temps. Une corrélation significative et faible a été trouvée entre le TPI-Thérapeute et le TPI-Client, c’ est-à-dire entre l’expérience de PT et celle perçue par le client. Les scores au TPI -Client sont positivement corrélés à la perception qu’a le client de l’ alliance thérapeutique et des bienfaits qu’ il retire de la rencontre, mesuré par le Client Task Specifie Measure-Revised. Ces relations ne sont pas significatives avec le TPI-Thérapeute. Cela suggère que la perception que le client a de la présence de son thérapeute est un meilleur prédicateur de l’alliance et des améliorations thérapeutiques que la perception du thérapeute de sa propre présence.

Selon Vinca (2009), les scores de PT rapportés par le thérapeute et par le client sont significativement corrélés à l’impact qu’a eu la séance sur le client (p.ex ,je me suis senti écouté, compris et respecté.), tel que mesuré par le Session Progress Scale. Enfm, le score de présence rapporté par le thérapeute est négativement corrélé à son score au State Anxiety Inventory, donc plus les thérapeutes se sentent présents en rencontre, moins ils rapportent avoir vécu d’anxiété durant cette rencontre. Oghene, Pos et Geller (2010) ont examiné la relation entre la PT, l’empathie et l’alliance thérapeutique. Les résultats au TPI-C à la 3e rencontre permettaient de prédire la force de l’alliance thérapeutique à la 1Se rencontre. Également, plus la présence perçue par les clients était grande, plus élevée était leur évaluation de l’empathie de leur thérapeute. Dunn, Callahan, Swift et Ivanovic (2013) se sont intéressés à l’impact de la pratique d’un exercice de centration basé sur la PC chez les thérapeutes avant leurs rencontres. Ils ont trouvé que les thérapeutes qui prenaient S minutes avant une séance de psychothérapie pour effectuer un exercice de PC avaient un score plus élevé au TPIthérapeute, c’est-à-dire qu’ ils se sentaient plus présents durant la rencontre.

De plus, leurs clients évaluaient plus favorablement la rencontre que dans la condition contrôle (sans exercice de centration). Il est à noter que les clients ne percevaient pas de différence sur la présence du thérapeute, qu’ il s’engage ou non dans l’exercice de centration. Toujours en lien avec la pratique de la pleine conscience, Moore (2008) a étudié l’impact d’une intervention basée sur la PC brève chez les doctorants en psychologie. Suite au programme, les participants ont rapporté être plus conscients des problèmes et des émotions de leurs clients, une dimension importante de la PT. Dans un article théorique, GeHer et Porges (2014) présentent les fondements neurophysiologiques pouvant expliquer l’amélioration de la relation thérapeutique grâce au sentiment de sécurité que procure la PT aux clients. Cette proposition se base sur la théorie polyvagale selon laquelle l ‘humain possède deux circuits de défense hiérarchisés au sein de son système nerveux autonome (Porge s, 20 Il). Le premier circuit est déclenché face à une menace perçue et il est associé au système nerveux sympathique. Il est responsable de la réponse de ‘combat ou fuite ‘. Le second circuit, qui se retrouve seulement chez les mammifères, est associé à un sentiment de sécurité qui favorise les comportements sociaux. Comme ces systèmes sont hiérarchisés, l’activation du premier système de défense prévaudra sur l’activation du second. Ce n’est donc que lorsque qu’ il y a absence du sentiment de danger que le circuit sécurisant peut s’activer. En étant présent avec et pour le client et en personnifiant les qualités de PT, le thérapeute prévient l’activation des défenses du client, sur les plans neurologique et comportemental et favorise l’apparition d’un sentiment de sécurité chez le client. Ce sentiment de sécurité favorise la guérison du client par une exploration de soi accrue, par l’expérience de contacts sociaux positifs et par le développement de la conscience de soi.

Cela est cohérent avec la proposition de Geller (2013b) selon laquelle la PT sert de base à la création d’une relation profonde (relationnal depth) qui est bienfaisante pour le client. Enfm, certaines études se sont intéressées aux facteurs qui nuisent à la présence thérapeutique. Dans le volet qualitatif de la recherche de Vinca (2009), les participants rapportent que l’anxiété, le découragement de soi, la réactivité, la mauvaise gestion de la rencontre, les jugements envers les clients et le doute de soi interfèrent avec leur capacité d’être présent en rencontre. En se basant sur la littérature, Colosimo et Pos (2015) présentent cinq facteurs qui nuisent à la présence du thérapeute soit l’hypermentalisation, la peur, la fatigue, la réactivité (interpersonnelle et intrapersonnelle) et la distraction. Somme toute, la présence déployée par les thérapeutes lors des séances de psychothérapie réfère au construit de PT. Selon Stratton (2006), il est important de faire la distinction entre l’état de présence déployé par les thérapeutes lors des rencontres avec leurs clients et leur niveau de PC au quotidien. La prochaine section présente le concept de pleine conscience en psychologie, ses implications pour les thérapeutes et sa relation avec la PT.

Les définitions de la pleine conscience Depuis son entrée dans le domaine de la psychologie, la PC a fait l’objet de plusieurs réflexions visant à défmir ce concept. Dans un désir de clarifier les confusions existantes sur le terme PC, Shapiro et Carlson (2009) font la distinction entre la PC comme état de conscience (mindful awareness) et la PC comme pratique (mindful practice). D’une part, Kabat-Zinn (2003) la défmit comme un état de conscience qui émerge du fait de porter son attention sur l’expérience qui se déploie moment après moment, de manière intentionnelle et sans porter de jugement. Martin (1997) parle d’un état de liberté psychologique qui se produit lorsque l’attention demeure calme et flexible, sans attachement à un point de vue particulier. Cet état est associé à un ensemble d’habiletés (p. ex. accepter sans jugement; Baer, Smith, & Allen, 2004) qui peuvent se développer, entre autres, par la pratique de différentes formes de méditation (Brown, Ryan, & Creswell, 2007). D’autre part, le terme PC est utilisé pour désigner un ensemble de techniques qui promeuvent l’état de PC.

Ces techniques incluent des pratiques formelles et informelles (Germer, Siegel, & Fulton, 2013). Les pratiques formelles demandent une introspection soutenue afm d’observer le contenu de son activité mentale et d’acquérir une meilleure compréhension de son fonctionnement. Elles incluent différentes formes de méditation. La méditation de concentration (Focused attention; samatha) implique la centration volontaire de l’attention sur un objet (respiration, un mantra, etc.) alors que la méditation en PC (Open-monitoring; Vipassana) implique la surveillance non réactive du contenu de l’expérience moment après moment. De leur côté, les pratiques informelles sont des manières d’apporter de la PC aux activités du quotidien. Cela se fait en revenant au moment présent avec curiosité et acceptation. Se centrer sur sa respiration ou manger en PC en sont des exemples. Germer (2005b) présente un répertoire d’exercices permettant de cultiver la Pc. On y retrouve entre autres des exercices de respiration et d’observation des émotions, des formes de méditation en mouvement tel que le yoga ainsi que des exercices de visualisation. Ces exercices entrainent le pratiquant à devenir un meilleur observateur de son expérience et à accueillir cette expérience avec ouverture et compassion (Gehart & McCollum, 2008).

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction générale
Aperçu du problème de recherche et objectif généra!..
La présence thérapeutique
Historique de la présence thérapeutique
Opérationnalisation de la présence thérapeutique
Mesure de la présence thérapeutique
Littérature sur la présence thérapeutique
La pleine conscience
Historique de la pleine conscience en psychologie
Les défmitions de la pleine conscience
Opérationnalisation de la pleine conscience
Les applications cliniques de la pleine conscience
La pleine conscience chez les thérapeutes
Les impacts sur la vie personnelle
Les impacts sur la vie professionnelle
Les liens entre la présence thérapeutique et la pleine conscience
Le modèle de l’impact de la pleine conscience sur la présence thérapeutique
La compassion pour soi chez les thérapeutes
La détresse psychologique chez les thérapeutes
Article scientifique
Résumé
Abstract
Objectif et hypothèses de recherche
Méthode
Procédure
Participants
Mesures
Analyses statistiques
Résultats
Analyse descriptive
Analyse de médiation
Discussion
Limitation et recherches futures
Références
Conclusion générale
Références générales
Appendice A. Five Facets Mindfulness Questionnaire – version française
Appendice B. Inventaire de présence thérapeutique – version thérapeute
Appendice C. Échelle de compassion pour soi – version courte
Appendice D. Indice de détresse psychologique de Santé Québec (IDPSQ-14)
Appendice E. Traduction anglaise de l’article scientifique

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