Le mode de gestion de la réserve naturelle communautaire de Palmarin

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La diversité spécifique

En ce qui concerne la richesse spécifique, le Sénégal compte environ 3 500 espèces végétales, 4 330 espèces animales et 250 champignons (Ba & Noba, 2001; MEDD, 2015). Sur le règne végétal, beaucoup d’investigation ont été faites par de nombreux chercheurs afin de mettre en place sa situation de référence (Dieng, 2014). Les études menées ont montré que l’embranchement des Spermaphytes est relativement mieux connu. Tous les autres embranchements et groupes taxonomiques sont relativement mal connus à part ceux ayant des espèces à intérêt économique comme les champignons pathogènes (Ba & Noba, 2001). Cependant pour certains de ces groupes (Bryophytes, Algues, champignon) le défi est en train d’être relevé avec la nouvelle génération. Les Spermaphytes constituent le groupe le plus important et le plus diversifié avec 182 familles regroupant environ 1 022 genres et plus de 2 500 espèces dont 70% de Dicotylédones et 30% de Monocotylédones. Ces espèces se répartissent en trois grandes zones floristiques : une zone nord avec environ 800 espèce, une zone centrale avec 1000 espèces et la zone sud avec 1700 espèces (Ba & Noba, 2001; Mballo, 2013; MEDD, 2015).
Les principales familles dominantes sont les Gramineae (93 genres et 285 espèces), les Papilionaceae (50 genres et 284 espèces) et les Cyperaceae (19 genres et 188 espèces).
Les genres qui présentent le plus grand nombre d’espèces sont dans l’ordre : les genres Indigofera et Cyperus avec 44 espèces, Ipomoea avec 38 espèces, Crotalaria 33 espèces suivis du genre Ficus avec 30 espèces, Tephrosia et Hibiscus 22 espèces et le genre Euphorbia 20 espèces.
Les espèces herbacées constituent plus de 50% de la flore avec une prédominance de 33 espèces signalées comme endémique avec une absence d’essences forestières typiques. C’est pour cette raison, que certains auteurs pensent que le Sénégal et le Mali seraient un centre d’endémisme pour les herbacés ouest africains (Ba & Noba, 2001; Niang, 2011).

Importance des herbacées

En botanique, une herbacée est par opposition à une plante ligneuse, toute plante qui a une tige souple (voire molle) tendre et verte qui ne produise pas du bois. Elle est caractérisée par les fleurs, feuilles, rameaux ou écailles verticillées et une tige feuillée d’au moins 10 cm. Il existe des herbacées aquatiques et terrestres qui peuvent être vivaces, annuelles et bisannuelles. Les plantes herbacées annuelles meurent complètement à la fin de la saison de croissance ou quand elles ont fleuri et fructifié, puis elles poussent à nouveau à partir de graines.
La différence entre les plantes herbacées vivaces, annuelles et bisannuelles :
Les plantes herbacées vivaces et bisannuelles peuvent avoir des tiges qui meurent à la fin de la saison de croissance, mais des parties de la plante survivent sous ou près du sol de saison en saison.
Les herbacées présentent plusieurs intérêts : écologiquement, elles fournissent une couverture végétale qui empêche l’érosion du sol pendant des moments bien déterminés. De plus dans le domaine pastoral, elles fournissent une végétation fraîche comme sèche pour les animaux et les oiseaux qui s’en nourrissent. Les chaumes de certaines graminées sont utilisés dans la confection des toitures, clôtures, lits et nattes. C’est le cas des espèces telles que Sesbania pachycarpa et Andropogon gayanus très fréquentes dans la fabrication des palissades de clôture au niveau des villages.

Définition de termes

Réserve naturelle communautaire

Une réserve naturelle communautaire (RNC) est définit comme un site naturel d’intérêt local, en vue de la conservation, créée par la commune en dehors du domaine forestier classé et compris dans ses limites (Code forestier, 2018).
Les RNC ont été mise en œuvre au Sénégal depuis la loi de la décentralisation de 1996 qui a permis le transfert aux collectivités de certains domaines de compétences en matière de gestion des ressources naturelles. La création d’une RNC émane donc de la délibération de la collectivité locale (conseil rural ou communal) et de l’approbation par l’autorité administrative (SNAP, 2007 ; MEPN).
Le PGIES du ministère de l’environnement et de la protection de la nature a permis la création des RNC à grande échelle autour des Aires Protégées du Sénégal.
Pour ce projet, une RNC est une initiative des villageois d’un même terroir, ayant comme objectif de gérer les ressources naturelles de manière communautaire et intégrée (PNUD, 2014). Une RNC joue d’importants rôles pour les populations :
D’abord sur l’adaptation des populations aux changements climatiques : la création d’une RNC permet aux populations vulnérable du milieu rural de bénéficier du retour de la couverture végétale afin de développer des activités alternatives permettant de renforcer et de diversifier leurs revenus ;
En dépit de leur fonction de protection directe des habitats et des espèces, les réserves ont aussi des fonctions pédagogiques et sont souvent des lieux de recherche, voire d’expérimentation (par exemple de modes de gestion restauratrice ou conservatoire).
La procédure de création d’une RNC nécessite plusieurs étapes :
 localisation de la zone à protéger sur le territoire de la collectivité locale ;
 délibération de cette dernière afin de donner au territoire ciblé le statut de RNC ;
 élaboration d’un plan de gestion et de préservation ;
 adoption d’un code local de bonne conduite (ou règlement intérieur de la RNC).
Ainsi il existe plusieurs RNC au Sénégal. Ces réserves font parties du réseau d’aires protégées géré par la DAMP. Ce réseau compte 6 parcs nationaux (Basse Casamance, Delta du Saloum, Djoudj, Iles de la Madeleine, Langue de Barbarie et Niokolo Koba), 9 aires marines protégées Abéné, Bamboug, Cayar, Gandoul, Joal-Fadiouth, Kassa, Niamone, Sangomar et Saint Louis), 4 réserves naturelles de faune faune (Ferlo Nord, Gueumbel, Kalissaye et Popenguine), 3 réserves naturelles communautaires (Palmarin, Somone et Toc Toc), 213 forêts classées, 27 unités pastorales et plusieurs forêts communautaires. Le PGIES a permis de créer 26 RNC couvrant une superficie de 577 000 ha, soit 34% de l’étendue des 6 parcs nationaux et 4 réserves de faune d’une superficie de 1 699 270 ha, protégés par la DPN. Le taux national de classement en parcs et réserves du pays est passé de 8 % à 10,72 %, pour un objectif de 12% assigné à la DPN (MEDD, 2014, 2015; PNUD, 2014).

Historique de la réserve naturelle communautaire de Palmarin

Suite au constat fait sur l’exploitation abusive des ressources naturelles notamment les tortues marines, l’idée de mettre en place une RNC à Palmarin a été émise. Ainsi en Mars 2001, lors d’un forum entre les populations locales, l’UICN et la DPN, le Conseil Rural de Palmarin a pris la décision de mettre en place « un comité de plage villageois ». Ce comité a été délibéré le 10 Mars 2001 avec comme objectif de valoriser l’action de protection des espèces marines. Malgré cette initiative du Conseil rural, la capture, la commercialisation et la consommation des tortues n’ont pas été freinées à Palmarin. C’est ainsi que le conseil rural a encore tenue une autre session le 15 Mai 2001 pour la création de la Réserve Naturelle Communautaire de Palmarin délibérée par décret n°10 du Conseil Rural Palmarin. Elle a été inaugurée le 03 Mai 2002 par le directeur de cabinet du ministère de l’environnement et la protection de la nature. La RNCP dispose d’une superficie de 10 483 ha et couvre l’ensemble du territoire de la communauté rurale, hormis les villages. Elle comprend une zone marine et toutes les zones de mangrove les plus exposées à la dégradation (PG-RNCP, 2010; Nebeday, 2012). Objectifs de création de la RNCP :
 Conserver la diversité biologique et les caractéristiques du patrimoine naturel et culturel local ;
 Promouvoir des modes d’utilisation des ressources naturelles compatibles avec les objectifs de conservation de la biodiversité ;
 Susciter la mise en place de filières économiques fondées sur la conservation et la valorisation du patrimoine naturel et culturel (SNAP, 2007).

Le mode de gestion de la réserve naturelle communautaire de Palmarin

La RNCP est une initiative des populations de la commune de Palmarin avec l’appui de l’UICN et de la DPN. Elle fait partie du réseau d’aires protégées gérée par la DPN. Mais elle est co-gérée avec les populations locales et son mode de gestion est de type participatif.
Le mode de gestion participative est la gouvernance partagée qui permet d’inciter aux populations locales vivant dans les zones périphériques des aires protégées à participer activement aux efforts de conservation des ressources naturelles (SNAP, 2007).
Ainsi le 2 Juin 2011 un arrêté portant sur la création de deux organes de gestion, a été mise en place dans la RNCP afin d’assurer sa gestion.
Le comité d’orientation regroupe les Elus locaux, services techniques autorités administratives, coutumière, religieuses, ONG, les établissements scolaires et les Privés du Tourisme. Son rôle est de donner des orientations politiques et stratégiques, valider le budget de fonctionnement et de faire le suivi-évaluation des activités du comité de gestion. Ce comité se réunit 2 fois en session ordinaire par année.
Le comité de gestion est constitué d’un bureau et de cinq commissions (surveillance, gestion de l’environnement et des ressources naturelles, finance, sensibilisation-communication et gestion des conflits). Sa mission est de coordonner le fonctionnement de la réserve, de favoriser la cohésion de tous les acteurs et de représenter légalement et légitimement l’ensemble des parties prenantes membres (DPN, Conseil Rural, GIE des Ecogarde/Ecoguides, Groupement de femmes, Association de jeunes, les chefs de village, hôtelleries et campements, Comité Local de gestion de l’écotourisme). Il se réunit une fois par mois pour suivre et évaluer le travail du bureau et des commissions techniques et planifie les activités du mois suivant.
Missions des parties prenantes membres du comité de gestion
DAMP, Direction des Parcs Nationaux : service déconcentré de l’état, joue un rôle de législateur et de police. Elle est représentée par un conservateur avec une équipe technique (Lieutenants) qui coordonne l’ensemble des activités qui se déroulent au sein de la réserve.
Conseil rural : représente la population à travers la commission environnement de la commune. Il est impliqué dans toutes les activités de gestion de la réserve.
GIE des Ecogardes/Ecoguides : regroupe une équipe de 23 écoguides/écogardes issus des cinq villages périphériques (Ngalou Sam- Sam, Ngalou- Sessène, Nguethie, Ngounoumane et Diakhanor). Ils participent à la surveillance ; à l’aménagement, aux activités de sensibilisation, au guidage et à la vente des permis de visite.
Les autres parties prenantes (la jeunesse, les groupements de femmes, les chefs de villages …) participent aux activités de reboisement de la mangrove, à la sensibilisation de la population pour une gestion durable des ressources naturelles (PG-RNCP, 2010)

Réglementation de la RNCP

La gestion des ressources naturelles dépend du code forestier qui définit les droits d’usages des populations et du code de la chasse et de la protection de la faune qui fixe les permis de chasse et des infractions. Comme toutes les aires protégées du Sénégal, la RNCP est régie au niveau national par les textes de loi du code forestier et du code de la chasse et de la protection de la faune. La RNCP fonctionne sur la base d’un règlement intérieur N0000347/ .MEPN qui date du 27 Janvier 2003.
Elle est aussi soumise aux règlements de l’AMP de Sangomar et de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum. Certaines dispositions de codes relatifs à l’environnement, l’eau, la pêche, mines et le code des collectivités locales sont applicables à la gestion de la RNCP. Des mesures d’exploitation sont aussi prises pour certaines zones de la réserve. Il s’agit de :
La zone de protection intégrale : Bolong de Dom ka où toute forme d’exploitation est interdite toute l’année ;
La zone de protection partielle : Bolong de Diokholo, Mboss dor, Acoulé, Diakhanor où toute forme d’exploitation est interdite de Juillet à Octobre, la pêche à l’épervier et à la ligne est autorisée de Novembre à Juin et le prélèvement de coquillage est durable pour les femmes. La zone d’accès limitée : Zone de repos des hyènes où l’accès n’est possible qu’après une délivrance d’une autorisation par le comité de gestion.

La biomasse

Il existe plusieurs définitions de la biomasse et sa détermination dépend de l’objectif et du domaine considéré. Ainsi selon les écologistes, le terme biomasse représente l’ensemble de la matière vivante et de la litière ou la matière morte encore fixée sur un individu (Cornet, 1981). Par cette définition, les écologistes cherchent à comprendre le fonctionnement d’un écosystème en étudiant son mode de croissance. Ainsi ils y introduisent la notion de production et de productivité. La production rapporte à la quantité produite, alors que la productivité est une vitesse, un taux de production. A partir de cette notion de production, les éleveurs et les aménagistes définissent la biomasse comme étant la quantité totale de matières fraiches ou séchées disponible dans un écosystème pendant un temps donné.
Cependant la directive 2009/28/CE du parlement européen et du conseil de l’union européenne, la biomasse est définit comme « la fraction biodégradable des produits, des déchets et des résidus d’origine biologique provenant de l’agriculture (y compris les substances végétales et animales), de la sylviculture et des industries connexes, y compris la pêche et l’aquaculture, ainsi que la fraction biodégradable des déchets industriels et municipaux » (Piednoir, 2018).
Dans cette présente étude, la définition de la biomasse retenue est la quantité totale de matière fraiche ou séchée disponible dans un écosystème pendant un temps donné.

Situation géographique

La commune de Palmarin se trouve dans les zones humides de la réserve de biosphère du Delta du Saloum, en amont de la pointe de Sangomar qu’elle fut séparée en 1987. Elle est située administrativement dans l’arrondissement de Fimela, à l’extrême Nord-Ouest de la région de Fatick. Cette commune fait partie de la région de la petite côte, à environ 150 km au Sud de Dakar et couvre une superficie de 93 km², sa localisation est à 16° 46’ 00’’ de longitude et 14° 01’ 00’’ de latitude (PDCP, 2017). Cette commune est limitée :
– au Nord par la commune de Fimela qui constitue sa seule limite continentale,
– à l’Est et au Sud par le bras de mer du Saloum qui le sépare de la commune de Dionewar,
– à l’Ouest par l’Océan Atlantique qui longe toute sa partie occidentale (PDCP, 2017). Elle est aussi située au Nord de la république de Gambie dont elle est séparée par la mer sur une longueur d’environ 50 Km (Faye, 2008).
La commune de Palmarin était constituée de trois entités : Ngallou, Facao et Diakhanor. Mais la succession des raz-de-marée de 1922, 1928 et 1987 ont provoqué la dislocation de ses entités et modifié le mode de vie des populations. Administrativement, elle compte cinq villages officiels disposés tous sur l’axe Nord-Sud de Ngallou à Djiffer sur une distance de 10 km :
 Ngallou divisé en deux villages Sessène et Sam Sam ; Facao divisé en deux villages : Ngueth et Ngounoumane ; Diakhanor qui abrite le seul hameau existant (Djiffer).

Situation démographique

Selon les recensements de l’ANSD en 2015 la population de Palmarin s’élève à 10 617 habitants en 2017. Cette population est inégalement répartie au sein de la commune (PDCP, 2017).Le hameau de Djiffer est le plus peuplé avec 4 560 habitants soit 42,3 % de la population totale suivi de Sessène (1748 habitants), Facao (1457 habitants), Ngallou (1079 habitants) et Nguethe (955 habitants). Diakhanor est le village le moins peuplé avec 817 habitants. Cette population est caractérisée par sa jeunesse dont 70,2 % ont au moins 35 ans. Sur la diversité ethnique les sérères sont majoritairement dominante avec plus de 95 % de la population. Les autres ethnies présentent dans la zone sont les wolofs, les peuls, les diolas, les manjaques. Leur présence est due à la pêche et aux activités connexes pratiquées dans la zone. Quant à la religion, les catholiques regroupent 70% contre 30% de musulmans.

Relief

Le relief de la commune de Palmarin est d’une manière général assez plat, l’altitude étant partout inférieure à 1m au-dessus de la mer, les seules élévations observables sont les dunes et les accumulations de coquilles d’huitre et d’arche d’origine anthropique (Faye, 2008). Cependant quelques parties dépressionnaires sont notées dans la zone de l’estuaire du Saloum au Sud-Est.
Les sols
Pour ce qui est de la pédologie : deux types de sols sont distingués dans la commune de Palmarin. Il s’agit :
Des sols Dior ou les sols ferrugineux tropicaux lessivés
Ce sont des sols meubles qui sont caractérisés par une structure légère facilement exportable par les agents érosifs tels que le vent et la pluie. Cette structure leur confère un caractère favorable à l’exploitation du mil, de l’arachide, du niébé et des cultures maraichères, etc. Ces sols couvrent 12 % de la superficie communale (PDCP, 2017).
Des sols halomorphes ou tannes
Ces sols sont caractérisés par une forte teneur en sel et sont situés au long de l’estuaire du Saloum. Cette forte concentration de sel empêche l’exploitation agricole. L’avancée des tannes se fait sentir d’année en année et réduit la possibilité des populations à disposer de bonnes terres. Ils représentent 88 % de la commune (PDCP, 2017). Par ailleurs dans les zones de mangrove, on retrouve des sols argileux (Diongue & Diouf, 2016).

Climat

Le climat est de type côtier, frais et humide. Il est marqué par une alternance de deux saisons : une longue saison sèche de huit à neuf mois (mi-octobre à mi-juin) et une courte saison pluvieuse de trois à quatre mois (mi-juin à mi-octobre). Le vent dominant est l’alizé maritime qui souffle en saison sèche. Le harmattan est rare et très atténué. La Mousson souffle pendant la saison des pluies (Faye, 2008). La pluviométrie moyenne enregistrée durant la décennie 2006-2015 est de 717,9 mm en 42 jours (données zone Fimela) et la température moyenne 28°C (PDCP, 2017).

L’hydrologie

Les ressources en eau de la commune de Palmarin sont essentiellement superficielles et souterraines.
Pour les eaux de surface, il s’agit notamment de l’océan atlantique qui longe toute la partie occidentale de la commune sur une longueur de 38 km. L’estuaire du Saloum qui longe toute la partie Est de la commune et la sépare de celle de Dionewar. A son embouchure, l’estuaire se divise en plusieurs ramifications ou bras favorisant la formation de nombreuses îles parmi lesquelles l’île de Sangomar et les îles Palmarin. Les mares temporaires qui durent 04 à 05 mois servent surtout à l’abreuvement du bétail.
Quant aux eaux souterraines, la commune dispose de différentes nappes. Nous pouvons citer : la nappe phréatique qui va de 04 et 07 m de profondeur, elle contient de l’eau douce destinée aux usages domestiques. La nappe du continental terminal est comprise entre 30 et 70 m. C’est une nappe d’eau douce mais très affectée par le sel. Le paléocène est une nappe de qualité assez bonne. Elle est captée entre 60 et 150 m et utilisée par les populations pour des travaux domestiques. La nappe maestrichtienne se trouve entre 200 et 450 m. Elle est impropre à la boisson mais aussi aux activités de maraichage du fait de sa forte teneur en sel (PDCP, 2017).

La végétation

La végétation est de type soudano guinéen. L’influence de la mer favorise en partie le développement de diverses espèces. Trois strates sont distinguées dans la zone. Il s’agit de la strate arborée qui fait apparaitre deux formes d’espèces forestières que sont la Faboura et la mangrove, la strate arbustive et la strate herbacée.
• La strate arborée ou savane arborée
Sa composition floristique la rapproche à celle du bassin arachidier mais elle est beaucoup plus riche. Elle constitue l’unité végétale la plus riche de Palmarin et occupe les différentes unités géomorphologiques (Faye, 2008). Elle est composée de la Faboura et de la mangrove.
La Faboura
Elle est caractérisée par la présence combinée de mangrove et de terre ferme. Parmi ces dernières font figurent : Acacia albida (Kadd), Adansonia digitata (Baobab), Borassus aethopium (lengé), Combretum glutinosum (Ratt), Neocarya macrophylla (Neew), Detarium senegalense (Ditakh), Ceiba pentandra (Fromager), Cocos nucifera (Cocotier), Elaeis guineensis (Palme à huile), etc. Ce sont par ailleurs ces palmiers qui ont donné le nom à Palmarin qui vient de la déformation du terme portuguais Palmeihinas (Faye, 2008).
La mangrove
La RNCP dispose d’une importante forêt de mangrove qui couvre près de 40 % de sa superficie. Cet écosystème est caractérisé par les espèces telles que : Rhisophora racemosa, Rhizophora mangle, Avicenia africana, Conocarpus erectus. L’écosystème de mangrove est l’un des plus productifs au monde. Il abrite des espèces animales spécifiques (huîtres, balanes, arches, crabes) mais aussi il sert de refuge à des espèces d’oiseaux (hérons, aigrettes, etc.). Il est également le site de reproduction, de frayères et de nurserie pour de nombreuses juvéniles de poissons ou de crevettes. Il contribue ainsi de manière significative au bon fonctionnement des communautés de poissons du plateau continental. A Palmarin c’est une véritable zone de cueillette de fruits de mer pour les femmes.
• La strate arbustive
On le retrouve partout mais surtout au niveau des lambeaux dunaires (constitue l’essentiel des terres arable et des pâtures) qui abritent l’habitat. Elle est constituée pour la plus part d’espèces reboisées telle que les palmiers nains et zizyphus mauritania (Faye, 2008). Elle est aussi caractérisée par la prédominance de certaines espèces notamment Daniela oliveri (santang), Raffia sp, Maytenus senegalensis (guen gui dek), Dialium guineensis (solom), Calotropis procera (paftan).
• La strate herbacée
Le tapis herbacé est essentiellement tributaire de la pluviométrie. Il se caractérise par des graminées pérennes comme Eleusine indica et une variété remarquable de graminées annuelles qui apparaissent et abondent en hivernage telle que le Pennicetum pedicellatum, Digitaria horizontalis, Aristida mutabilis, Eragrostis tremula, Cenchrus biforus, Cassia obtusifolia, Zornia glochidiata, Leptadenia hsastata, Cyperus maritimus (PDCP, 2017). Le tapis herbacé se raréfie et perd sa qualité nutritive au fur et à mesure que la saison sèche progresse et de l’avancée saline.

La faune

La faune de la RNCP est riche et diversifiée avec une faune marine et continentale difficile à recenser. Les espèces phares ou emblématiques de faune réserve naturelle communautaire de Palmarin sont :
Les mammifères : Hyène tachetée (Crocuta crocuta), Serval (Felis serval) ; mangouste à queue blanche (Icheneumia albicauda), mangouste de marais (Atilax paludinosus), Lièvre à oreilles de lapin, Chacal doré (Canis aureus), Dauphins (Delphinus sp), etc.
Les reptiles : Tortue verte (Chelonia mydas) ; varan du Nil (Varlus niloticus), Couleuvres, Python de Seba (Python sebae), etc.
Les oiseaux : Goeland d’Audouin (Larus audouini), Busard cendré (Circus pygargus), Faucon crécerellette (Falco naumanni), Flaman rose (Phoenicopteus rube), etc.
Les poissons : Ethmalose (Etmalosa fimbriata), Sardinelle ronde (Sardinella aurita), Mérou (Epinephelus aenus), Poisson trompette (Fistullaria spp), Mulet (Mugil spp), Badèche (Muctèroperca rubra), etc (PDCP, 2017).

Activités développées dans la zone

 L’agriculture
L’agriculture est la première activité économique de la commune de Palmarin. Elle emploie près de 60 % de la population et demeure toujours tributaire des conditions pluviométriques qui sont irrégulières. Les principales spéculations sont le mil, le sorgho, le riz, l’arachide et les cultures maraichères telles que la tomate, l’ognon, l’aubergine, la patate douce, etc. Mais, l’exploitation des cultures vivrières domine celle de rentre.
 Pêche
La pêche est la deuxième activité économique de Palmarin. Elle emploie plus de 40 % de la population. Sa pratique est facilitée par l’existence d’un potentiel physique important constitué de : l’estuaire du Saloum, de nombreux bolongs, l’Océan Atlantique, la mangrove, les côtes marécageuses, l’AMP Sangomar et la RNCP. Cependant, elle est toujours artisanale. A Djiffer durant l’année 2012, 5 651 086,54 kg de sardinelles et d’éthmaloses ont été débarquées (service de la pêche de Djiffer). Ce chiffre est passé de 7 671 650 kg en 2016 au poste de contrôle de Djiffer pour une valeur commerciale estimée de 4 598 381 FCFA (PDCP, 2017). Ce quai occupe une place prépondérante de la pêche au niveau régional.
 L’élevage
L’élevage est l’activité pastorale peu développée dans la commune. Elle est de type extensif avec un cheptel important estimé à 5 113 têtes. Il est constitué de bovins, ovins, caprins, équins, asins et de porcins qui sont pâturés directement dans la réserve où on note un disponible fourrager pour toute l’année et leur abreuvage s’effectue dans trois sites : Ngallou, Facao et Diakhanor. Le cheptel se bénéficiait d’un parc à vaccination à Facao mais qui n’est actuellement plus fonctionnel. Cependant c’est une activité très peu développée dans la commune. On y pratique également l’aviculture mais à faible échelle.
 Le tourisme
Grace à sa forte diversité naturelle, la réserve de Palmarin attire un bon nombre de touristes à vouloir faire sa découverte. Certaines activités touristiques telles que la pêche balnéaire est favorisée par les plages attrayantes et le micro climat doux. La découverte de la mangrove, avec les méandres des bolongs offre un paysage admirable, paisible et harmonieux. La pêche de loisir est aussi pratiquée grâce à la présence de l’Océan mais également de l’estuaire du Saloum. La diversité faunique avec l’observation des hyènes tachetées est une des principales attractions mis en place dans la réserve. Cette activité fait entrer d’importantes revenues à la maison de l’écotourisme soit environ 1 546 040 FCFA en quatre mois selon le rapport financier de 2018 du comité de gestion de la RNCP.

Matériels

Pour réaliser ce travail, nous avons utilisé un certain nombre d’outils. Il s’agit :
 01 carte de la réserve naturelle communautaire de Palmarin ;
 01 ruban-mètre de 30cm de long pour mesurer la délimitation des placettes ;
 01 ficelle pour délimiter les placettes ;
 04 piquets pour délimiter les placettes ;
 01 GPS pour prendre les coordonnées géographiques ;
 des fiches de relevés des données d’inventaires ;
 la flore du Sénégal Berhaut, 1967 ;
 01 sécateur pour récolter les échantillons ;
 sachet plastique pour contenir les échantillons ;
 01 balance pour peser le poids de la biomasse ;
 des contreplaqués pour sécher les échantillons récoltés ;
 une presse pour sécher les échantillons ;
 01 appareil photo numérique pour prendre des images des échantillons de l’herbier.

Méthodologie

Inventaires de la flore herbacée

Echantillonnage et inventaire proprement dit
Il existe plusieurs méthodes d’échantillonnage pour faire un inventaire de la végétation. Dans cette présente étude, la méthodologie d’échantillonnage utilisée est celle stratifiée aléatoire. La carte d’occupation des sols qui a été obtenue avec le logiciel Arc Gis 10.5 nous a permis d’isoler les différentes strates de la zone à savoir les tannes herbacées/arbustives, les savanes arborées/arbustives, les zones de cultures et jachères et les point d’eau occupés par la mangrove. Pour cette étude, notre choix a été porté sur les tannes herbacées/arbustives, les savanes arborées/arbustives, les zones de cultures et jachères qui constituent les zones les plus accessibles de la RNCP. Ce choix se justifie aussi par le fait qu’en tenant compte de l’abondance de la végétation, elles constituent les faciès les plus représentatifs excepté les mangroves qui ne sont pas concernées par cette présente étude. Cette carte a subi un maillage complet permettant d’isoler 130 mailles de 1km/1km. Un échantillonnage aléatoire a permi de déterminer le nombre de maille à inventorier pour chaque faciès choisi en tenant compte de la superficie de chaque strate. Au total 22 mailles réparties ainsi sont choisies : 8 mailles au niveau des savanes, 8 mailles dans les tannes et 6 mailles dans les zones de cultures et jachères.
Pour faire une évaluation de la végétation sur les mailles choisies dans les différents faciès, la méthode phytosociologique a été appliquée. Elle consiste à étudier l’association entre les espèces végétales. Pour l’effectuer, l’utilisation d’un GPS est nécessaire pour repérer le centre de la maille. Arrivée au centre de la maille, trois conditions sont prises en compte : il s’agit de regarder l’homogénéité du milieu, de la dimension adéquate pour contenir un échantillon représentatif et de la signature qu’offre la végétation. Ainsi le nombre de placettes de 10m x 10m à installer pour effectuer les relevés phytosociologiques dépendait du nombre d’association végétale présente dans la maille. Toutes les espèces se trouvant dans la placette sont répertoriées et affectées d’un coefficient d’abondance/dominance de Braun-Blanquet (Braun-Blanquet, 1952 cité par Diouf, 2015).
5 : Nombre d’individus quelconque, recouvrant plus des 3/4 de la surface prospectée,
4 : Nombre d’individus quelconque, recouvrant de la 1/2 au 3/4 de la surface,
3 : Nombre d’individus quelconque, recouvrant du 1/4 au 1/2 de la surface,
2 : Individus nombreux ou recouvrant au moins 5% de la surface,
1 : Individus peu nombreux avec un recouvrement faible, inférieur à 5% de la surface,
+ : Un seul individu ou individus très peu nombreux avec un recouvrement insignifiant, R : Individus rares ou isolés = 0
Après avoir répertorier toutes les espèces se trouvant dans la placette, un tour est effectué dans la maille pour recenser les espèces en dehors de la placette afin de compléter la liste floristique. Ensuite les espèces non identifiées sur le terrain sont affectées à des codes provisoires, puis mises sur presse jusqu’à leur identification au laboratoire.
Identification des espèces a été effectuée à l’aide :
Des flores de : Hutchinson et Dalziel, 1972, Merlier et Montegut, 1982 Berhaut, 1967, 1971-1991. Le Bourgeois et Merlier, 1995 ;
Des travaux du laboratoire Botanique-biodiversité : Ba et Noba, 2001 ; Noba, 2004,; Mballo, 2013 ; Bassène, 2014 ; Diouf, 2015 ; Hane, 2016 ;
Des échantillons de l’Herbier du département de biologie végétale de la faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
La nomenclature employée est celle de Lebrun et Stork (1991-1997).
Analyse qualitative de la flore de la RNCP
Les données d’inventaire ont été saisies dans le tableur Excel. Pour la caractérisation de la flore nous avons établis la liste floristique, le spectre biologique, le spectre chorologique.
 Spectre taxonomique
Pour déterminer le spectre taxonomique, chaque espèce recensée et identifiée est attribuée à son nom scientifique (nom de genre + épithète spécifique) et sa famille. Ainsi, le nombre total des espèces, des genres et des familles de la flore herbacée est établi sur un tableau en employant la classification APG III (2009).
 Spectre biologique
Pour l’élaboration du spectre biologique, nous avons réalisé un diagramme circulaire précisant la répartition des espèces entre les différents types biologiques en utilisant la classification de Raunkier (1934) adaptée à la zone tropicale où la saison défavorable correspond à la saison sèche (Trochain, 1966 ; Lebrun, 1966). Cette classification distingue 6 formes biologiques qui sont : les phanérophytes (P), les chaméphytes (C), les hémicryptophytes (H), les géophytes (G), les thérophytes (T) et les plantes parasites (Par).
 Spectre chorologique
En ce qui concerne le spectre chorologique, nous avons élaboré une représentation graphique qui montre la répartition des espèces en fonction de leur affinité biogéographique dont les informations proviennent essentiellement de la flore de Hutchinson & Dalziel (1972), de la flore illustrée de Berhaut (1971-1991) et des travaux de Thiombiano et al, (2012). On y distingue les Espèces Africaines (Af), les Espèces Afro-américaines (Am), les Espèces Afro-américaines et Asiatiques (Am As), les Espèces Afro-asiatiques (As), les Espèces Afro-asiatiques et australiennes (Asu), les Espèces Afro-malgaches (M), les Espèces Afro-malgaches et asiatiques (Mas), les Espèces Afro-asiatiques-américaines-australiennes ou européennes (Masue) et les Espèces Pantropicales (Pt). Analyse quantitative de la flore de la RNCP.

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Table des matières

INTRODUCTION
I – SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 – La biodiversité au Sénégal
1.1.1 – La diversité des écosystèmes
1.1.2 – La diversité spécifique
1.2 – Importance des herbacées
1.3 – Définition de termes
1.3.1 – Réserve naturelle communautaire
1.3.1.1 – Historique de la réserve naturelle communautaire de Palmarin
1.3.1.2 – Le mode de gestion de la réserve naturelle communautaire de Palmarin
1.3.1.3 – Réglementation de la RNCP
1.3.2 – La biomasse
II –MATERIEL ET METHODES
2.1 – Description de la zone d’étude
2.1.1 – Situation géographique
2.1.2 – Situation démographique
2.1.3 – Relief
2.1.4 – Climat
2.1.5 – L’hydrologie
2.1.6 – La végétation
2.1.7 – La faune
2.1.8 – Activités développées dans la zone
L’agriculture
Pêche
L’élevage
Le tourisme
2.2 – Matériels
2.3 – Méthodologie
2.3.1 – Inventaires de la flore herbacée
2.3.2 – Evaluation de la biomasse
2.3.3 – Enquêtes
III –RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1 – Analyse qualitative de la flore herbacée de la RNCP
3.1.1 – Diversité et spectre taxonomique
3.1.2 – Spectre biologique
3.1.3 – Spectre chorologique
3.2 – Analyse quantitative de la flore herbacée de la RNCP
3.2.1 – Richesse spécifique
3.2.2 – Influence de la zone de relevés sur la composition floristique
3.2.3 – Variabilité floristique en fonction des sites
3.2.4 – Amplitude d’habitat
3.2.5 – Importance des espèces
3.3 – Evaluation de la biomasse des différentes strates herbacées
3.4 – Usages de la flore herbacée par les populations locales
3.4.1 – Profil des enquêtes
Répartition des enquêtés selon le sexe
Répartition des enquêtées selon l’âge
Répartition des enquêtés selon l’ethnie
Répartition des enquêtés selon le niveau d’étude
3.4.2 –Analyse floristique des espèces citées
3.4.3 –Fréquence de citation des espèces
3.4.4 –Les domaines d’utilisation des herbacées
3.4.4.1 –Usage Fourrager
3.4.4.2 –Usage médicinal
3.4.4.3 –Usage en construction
3.4.4.4 – Usage alimentaire
3.4.4.5 –Usage fumage
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES
ANNEXE

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