Le médecin généraliste comme interlocuteur sur la santé sexuelle pour les adolescents

Un rôle légitime pour le médecin généraliste

Le médecin généraliste estime que c’est son rôle de communiquer sur la santé sexuelle et affective avec l’adolescent. Même si le terme de santé sexuelle a paru flou à certains médecins, ils affirment tous que la sexualité appartient à la santé en général, et qu’il est de leur ressort d’aborder cette question. En effet, en tant que médecin de famille, il est le médecin le plus sollicité par l’adolescent. Il est transmetteur d’informations essentielles pour que l’adolescent puisse avoir des repères et vivre sa sexualité sereinement. Les médecins généralistes rappellent la nécessité de mettre un préservatif lors de tout rapport sexuel, soulignant bien le risque d’infection sexuellement transmissibles le cas échéant. Ils informent davantage sur le SIDA que sur les autres infections sexuellement transmissibles, malgré le profil épidémiologique des IST dans cette tranche d’âge. Aucun des médecins interrogés n’a abordé les IST les plus fréquentes chez les adolescents telles que gonocoque, chlamydiae, trichomonas et syphilis. Quelques médecins seulement élargissent la santé sexuelle au bien-être, à l’épanouissement dans la relation à l’autre, et au bien-être du couple. C’est toute cette dimension psychoaffective de la sexualité qui serait intéressante à explorer davantage chez l’adolescent, et qui permettrait d’humaniser davantage la relation. En effet, l’adolescent s’attend à ce que le médecin s’intéresse à lui, en tant que personne, plus qu’à ses comportements .

Tout en respectant l’adolescent

Les médecins s’attachent à ne pas être trop intrusif ayant à cœur de respecter l’adolescent. En effet, celui-ci n’est parfois tout simplement pas prêt à parler de santé sexuelle avec son médecin, selon son évolution en termes de maturité. Les médecins sont très attentifs à la relation qu’ils entretiennent avec l’adolescent, et repèrent le moment où pour chaque adolescent, il ne faudra pas aller plus loin dans la discussion. Le langage corporel est alors crucial, pour déceler quand celui-ci ne sera pas apte à initier voire à continuer cette conversation. Les praticiens disent tous respecter la demande de l’adolescent, et notamment son refus d’en parler qu’il soit explicite ou implicite à travers le langage corporel.

Des freins guidés par des valeurs morales, une sexualité qui dérange

Les médecins ne sont pas toujours conscients de leurs propres freins. Dans cette étude, ils en identifiaient certains, comme les freins éducationnels, leur vécu en tant qu’adolescent ou parent . D’autres sont moins évidents. Certains praticiens sont guidés par des valeurs morales, et peuvent être gênés par certains aspects de la sexualité de leurs patients. Un médecin employait le terme de « vie sexuelle débridée », le bloquant dans son abord de la prévention, un autre emploie des termes en lien avec l’immoralité, utilisant le terme de « saleté » pour parler des IST. Un médecin parlait de sexualité innée, se posant la question de l’utilité d’un apprentissage dans ce domaine. Or selon Wunsch, la sexualité relève d’un apprentissage, et son absence entrainerait probablement une ignorance et des comportements inadaptés : L’analyse des données neurobiologiques actuellement disponibles montre que les structures à l’origine de la sexualité humaine correspondraient aux structures qui contrôlent la copulation chez les mammifères. Mais, la majorité de ces facteurs s’est modifiée chez l’être l’humain. Ce qui signifie que l’essentiel de la sexualité humaine doit être appris, selon cet auteur. En particuliers les aspects moteurs et affectifs, la socialisation sexuelle, et l’assimilation des normes et valeurs culturelles.

Le médecin généraliste apporte un complément dans l’éducation sexuelle et affective faite par les parents

Le médecin apporte des connaissances essentielles et fiables surtout médicales, dont l’adolescent peut avoir besoin. Il complète la parole parentale, pour apporter le manque d’information des parents sur ce thème. En effet, une étude récente montre que les parents manquent d’informations médicales pour aider leurs adolescents à s’épanouir dans leur sexualité .
Le médecin généraliste garde une neutralité qui peut permettre, à la différence des parents, de communiquer de façon plus intime sur la sexualité, et poser les questions sans indiscrétion, dans un but de prévention et d’accompagnement de l’adolescent dans sa découverte de la sexualité. Le médecin généraliste n’est pas mis en porte-à-faux concernant le tabou de l’inceste.

Une carence de communication concernant les garçons

Selon un travail de thèse mené récemment sur la manière dont les parents abordent l’éducation sexuelle et affective de leur adolescent, il est mis en évidence que les garçons sont davantage livrés à eux-mêmes. En effet, les pères s’impliquent peu dans leur éducation sexuelle manquant d’information, et les mères se sentent peu à l’aise pour leur en parler .
Il en est de même pour les médecins, hommes ou femmes, ils sont nettement moins à l’aise pour aborder le sujet avec les garçons qu’avec les jeunes filles. Il existe selon eux un manque d’opportunité pour en parler, le sujet est surtout abordé quand l’adolescent est en demande.
Un des médecins disait même que ça allait de soi, entre hommes, qu’il ne ressentait pas le besoin d’expliquer les choses avec les garçons. Selon les médecins, les adolescents se renseignent surtout avec leurs pairs, ainsi que sur internet, ce qui est corroboré par certaines études. Une étude a notamment montré que les représentations des adolescents consommateurs de pornographie mais aussi leur conduite sexuelle semblent avoir été influencées par ce média .
Une communication plus égalitaire entre les filles et les garçons permettrait d’avoir une meilleure adhésion contraceptive et une responsabilisation des garçons dans leur sexualité.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION 
SUJETS ET MÉTHODES
1. Les présupposés de recherche 
2. Population et recrutement 
2.1. Déroulement des entretiens et structure
3. Méthode d’analyse
RÉSULTATS
1. Population de l’échantillon
2. Des médecins plutôt concernés 
2.1. Facteurs influençant la relation
2.1.1. Des freins internes parfois difficiles à cerner
2.1.2. La disponibilité psychique et temporelle
2.1.3. L’importance du climat de confiance
2.1.4. Imaginer les freins de l’autre
2.1.5. Parents or not parents ?
2.1.6. C’est parfois plus facile
2.2. Les données biomédicales au cœur du message
2.2.1. Le dépistage avant tout
2.2.2. … car la sexualité est dangereuse
2.2.3. La contraception comme opportunité d’aborder le sujet
2.3. Une prise en charge sous influence
2.3.1. Le vécu personnel du médecin
2.3.2. Expériences malheureuses
2.3.3. Les normes de la société
2.3.4. Une question d’âge
2.3.5. Orientations sexuelles
2.3.6. Où l’on reparle du tabou
3. Imaginer la consultation autour de la sexualité avec l’ado 
3.1. Une consultation inhabituelle
3.1.1. Les médecins imaginent leur consultation idéale
3.1.2. … mais celle-ci n’est pas forcément une consultation dédiée
3.1.3. Une confidentialité nécessaire, parfois limitée par le risque médico-légal
3.1.4. Quelques outils peuvent être utiles
3.2. Interagir avec ce patient si particulier
3.2.1. Inventer une autre relation ?
3.2.2. Adaptabilité du discours envers l’adolescent
3.2.3. Un relai rare parfois nécessaire
3.2.4. Faire le lien avec ce qui est fait ailleurs
3.2.5. C’est toujours plus simple avec les filles
3.2.6. Rareté de la consultation chez les garçons
3.3. Le médecin s’adapte à la réalité de l’adolescent
3.3.1. « Mais quel est mon rôle ? »
3.3.2. Jeux d’images
3.3.3. Mots pour maux
3.3.4. Intrusion
3.3.5. Les stratégies de communication envisagées
4. Accompagner l’adolescent avec bienveillance et juste distance 
4.1. Réflechir sa pratique
4.2. Se former et modifier sa pratique
4.3. Ouvrir un espace de dialogue
4.4. Soutenir l’adolescent dans sa relation à l’autre
DISCUSSION 
1. Forces et faiblesses de l’étude 
1.1. L’échantillonnage
1.2. L’enquêteur
1.3. Le recueil des données
1.4. L’analyse des données
2. Discussion des principaux résultats
2.1. Le médecin généraliste comme interlocuteur sur la santé sexuelle pour les adolescents
2.1.1. Un rôle légitime pour le médecin généraliste
2.1.2. Pas dans n’importe quelles conditions
2.1.3. Tout en respectant l’adolescent
2.2. Les limites de ce rôle
2.2.1. Des freins guidés par des valeurs morales, une sexualité qui dérange
2.2.2. Un abord pas toujours évident
2.2.3. La nécessité d’une formation en santé sexuelle
2.2.4. Le médecin généraliste apporte un complément dans l’éducation sexuelle et affective faite par les parents
2.3. Une communication très disparate entre les filles et les garçons
2.3.1. Les jeunes filles très sollicitées
2.3.2. Une carence de communication concernant les garçons
CONCLUSION 

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *