Le mariage traditionnel chez les Seereer Niominka de Mar Fafaco

Le mariage est une institution sociale, morale et religieuse, unissant un homme et une femme dans une forme spéciale de dépendance mutuelle, souvent en vue de fonder et d’entretenir une famille. Le mariage remplit plusieurs fonctions : sociale, culturelle et religieuse. Il constitue un passage incontournable vers la maturité et permet à l’individu de changer de statut. Le mariage favorise le passage du statut de célibataire au statut de marié. Il n’est pas donc exagéré de dire que dans telles sociétés, le mariage présente une importance vitale pour chaque individu . Les pratiques coutumières du mariage varient considérablement d’une culture à l’autre, mais l’importance de l’institution est presque universellement reconnue.

Le Sénégal étant un pays majoritairement musulman, le mariage demeure par conséquent, le principal mode de formation de la famille légitime. Ainsi, le fait de rester jusqu’à un certain âge sans se marier peut engendrer un manque de considération dans la communauté. Parfois, les parents mènent une pression sociale sur leurs enfants pour les pousser à contracter un premier mariage. Toutefois, la conception du mariage au Sénégal et en Afrique, en général dépasse largement le cadre d’une union entre un homme et une femme comme le définissent certains auteurs exemple Marti M.- P., dans Nom, famille, lignage chez les SABE, et Bawin Legros B ., dans Famille, mariage, divorce. Le mariage ne concerne pas seulement les deux individus qui se marient, mais c’est un « contrat » entre deux familles ou même au delà, dans la mesure où on fait allusion au père, à la mère, aux frères et sœurs, aux cousins en plus des tantes et des oncles. Ce qui fait que l’implication des parents, dans le mariage de leurs enfants, est forte.

Néanmoins, la célébration du mariage a connu des changements considérables. Elle est marquée par certaines pratiques modernes qui sont ignorées par la tradition sénégalaise : en l’occurrence les réceptions (cérémonie pendant laquelle la mariée invite ses amis pour recevoir des cadeaux avec une robe de mariée, une table et une voiture bien ornées etc.), les mariages civils etc. Si, en milieu urbain, on combine tradition et modernité, en milieu rural, certains rituels matrimoniaux traditionnels résistent encore au changement. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé d’étudier le mariage traditionnel en milieu rural et plus précisément chez les Seereer Niominka qui ont un mode de vie assez particulier par rapport aux autres Seereer qui habitent dans d’autres localités. Ainsi notre travail est divisé en trois parties. La première partie est consacrée au cadre théorique et méthodologique, la deuxième partie présente le village de Mar Fafaco et les différentes étapes du mariage traditionnel. Enfin, la troisième partie est destinée à l’analyse et à l’interprétation des données recueillies.

CADRE THEORIQUE

REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Les auteurs qui ont travaillé sur le mariage sont nombreux. Vouloir faire l’inventaire de leurs écrits serait une tâche difficile. Cependant, nous allons nous appesantir sur les œuvres qui ont abordé le mariage dans une perspective proche de notre sujet.

Ainsi, nous n’avons pas tardé à parcourir les différents lieux de documentation qui sont : la bibliothèque universitaire, les bibliothèques départementales, l’IFAN, Enda TiersMonde, l’IRD etc. Une littérature abondante s’est offerte à nous. Ce qui nous a permis de constater que le mariage a, depuis longtemps, suscité beaucoup d’intérêts. L’essentiel des ouvrages consultés parle du mariage préférentiel entre cousins croisés et la prohibition du mariage entre cousins parallèles.

C’est ainsi que Lévi-Strauss C., dans son ouvrage Les structures élémentaires de la parenté , a insisté sur l’échange des femmes qui se fonde sur l’interdiction de l’inceste. Il a également parlé de l’exogamie et de l’endogamie. Il distingue deux types d’endogamie :
– une endogamie « vraie » ou une endogamie de classe qui s’applique à l’intérieur d’un groupe défini par certains caractères concrets (nom, langue, religion etc.) ;
-une endogamie fonctionnelle qui correspond au mariage préférentiel entre cousins croisés.

Par ailleurs, l’intérêt du mariage entre cousins croisés (mariage avec la fille de l’oncle maternel ou de la tante paternelle) réside, surtout, dans le fait qu’il établit une distinction entre conjoints prescrits et conjoints prohibés. En outre, ces unions préférentielles désignent une catégorie de parents qui, du point de vue du degré de proximité biologique, sont rigoureusement interchangeables. Dès lors, qu’il fait abstraction du facteur biologique, le mariage entre cousins croisés peut permettre d’établir l’origine purement sociale de la prohibition de l’inceste.

C’est dans cette même perspective que Radcliffe-Brown A.-R., et Ford D., dans leur ouvrage intitulé Les systèmes familiaux et matrimoniaux en Afrique , ont mis l’accent sur les règles matrimoniales traditionnelles, comme par exemple les mariages préférentiels entre cousins croisés et l’interdiction des mariages entre cousins parallèles. Ils ont aussi évoqué le mariage interlignage. Chaque lignée maternelle se marie avec les femmes appartenant à d’autres lignées. Le mariage avec les membres de la même lignée que celle de la mère est interdit parce que ces derniers sont considérés comme des frères et des sœurs. Ils ont aussi évoqué quelques changements qui sont apparus dans le mariage traditionnel africain. Ces derniers pensent que le changement le plus important a été la substitution de l’argent, à la plupart des dons en nature. Il faut noter que ces règles sont très proches de celles qui régissent le mariage traditionnel seereer.

Levi-Strauss et Radcliffe-Brown appartiennent à deux écoles différentes. L’une, française et structuraliste, met l’accent sur l’alliance. Les théoriciens de l’alliance insistent sur les règles matrimoniales qui favorisent l’échange des femmes et permettent de distinguer les interdits. Car selon eux, la prohibition de l’inceste, d’après ces auteurs, est une règle universelle mais varie d’une société à une autre. Concernant l’approche anglo-saxonne d’inspiration fonctionnaliste, elle privilégie la filiation. Les théoriciens de la filiation vont étudier la manière dont le principe de filiation détermine les groupes sociaux d’appartenance. Pour ces derniers, la descendance unilinéaire, seulement, permet la création de groupes sociaux unis par une ascendance commune, définissant les règles, les statuts, les devoirs de chacun. Cependant, l’erreur des filiationnistes, c’est d’avoir donné trop d’importance au lignage dans la définition de la parenté au détriment de l’alliance.

Diop A.-B., dans son ouvrage intitulé La famille wolof  , insiste également sur le mariage préférentiel entre cousins croisés et sur la dévalorisation du mariage entre cousins parallèles. Il n’a pas laissé en reste l’évolution de l’individualisme qui est une conséquence du développement économique moderne. Cet individualisme a un peu bouleversé le système matrimonial wolof. Il est devenu rare d’épouser sa cousine ou son cousin, en plus les fiançailles ne sont plus décidées par les parents parce que les futurs mariés peuvent faire leur propre choix. La dot, généralement en bétail, était donnée à toute la famille. Le nombre considérable de dons et de contre dons dans le mariage traditionnel wolof avait pour but de consolider et de tisser des liens sociaux, en élargissant et en approfondissant la communauté et la cohésion du groupe .

En revanche, avec l’économie monétaire et l’influence de l’Islam, la dot est constituée d’une somme d’argent. Il a également mis l’accent sur le mariage religieux où il est noté, jusqu’à présent, quelques aspects de la tradition wolof qui viennent s’ajouter aux principes de la religion musulmane. Il a aussi souligné les différentes manifestations qui marquent la célébration du mariage traditionnel wolof.

Nous pensons que cet enchevêtrement des aspects de la tradition et des principes islamiques n’est pas spécifique à la société wolof. Elle existe dans beaucoup de groupes ethniques sénégalais comme par exemple, les Seereer qu’ils soient musulmans ou chrétiens, croient toujours aux pangol, « forces spirituelles intermédiaires, des voies d’accès à la transcendance, c’est-à-dire à Roog (dieu en Seereer) lointain et difficilement accessible.

Ndiaye S., dans sa thèse de doctorat de troisième cycle intitulée Islam et mariage traditionnel wolof  , abonde dans le même sens que Diop A.-B., en parlant des unions préférentielles entre cousins croisés et la modélisation des unions entre cousins parallèles qui suivent certaines règles. Ces unions préférentielles visaient à préserver le champ parental, à élargir la parenté et à ne pas compromettre la cohésion familiale. Car, les conflits étaient réglés en famille.

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Cadre théorique et méthodologique
Chapitre 1 : cadre théorique
Chapitre 2: cadre méthodologique
Deuxième partie : présentation du village de Mar Fafaco et les différentes étapes du mariage traditionnel
Chapitre 1 : présentation du village de Mar Fafaco
Chapitre 2 : les différentes étapes du mariage traditionnel
Troisième partie : analyse et interprétation des données
Chapitre 1 : Identification
Chapitre 2 : Les procédures du mariage
Chapitre 3 : La célébration du mariage
Conclusion générale
Bibliographie
Liste des tableaux
Table des matières
ANNEXE

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