Le marché mature des sports d’hiver

Développement du tourisme hivernal 

En construisant un premier téléski dans les années 1950, le village de Vercorin se dote de la première remontée mécanique de la région du Val d’Anniviers et offre ainsi à sa clientèle un accès aisé et confortable aux pistes de ski (SDV, 1997). Après le tourisme estival et résidentiel, le tourisme hivernal est lancé. Son produit phare est le ski et l’attente des touristes était simplement de « vivre la montagne comme un lieu différent de la résidence habituelle » (Macchiavelli, 2009, p.88). Ainsi, les infrastructures d’hébergement se développent, tout d’abord l’hôtellerie puis les résidences secondaires. Les ressources de base suffisaient alors à attirer et satisfaire les clients. (Macchiavelli, 2009) Deux épiceries, trois cafés et un tea-room accueillaient les touristes au début à Vercorin, tandis qu’en 1968, l’Ecole de Ski de Vercorin est créée. Les premières promotions avec l’Union Valaisanne du Tourisme sont organisées et un bureau de renseignement voit le jour. (SDV, 1997) Durant cette période, les remontées mécaniques valaisannes se démarque par « leur force économique » (Planche, 2016, p.31) Cette première phase de lancement est caractérisée par un développement progressif de la demande et l’apparition d’entreprises pionnières (Clergeau, 2014).

Avec l’augmentation du temps de loisirs et l’arrivée de nouvelles technologies dans les transports, les stations hivernales connaissent un fort afflux dans les années 70 (Bieger et al, 2004). Durant cette période, les activités et les infrastructures se développent également à Vercorin pour répondre à la demande des touristes. Un nouveau téléski et une télécabine se construisent et les pistes de ski sont agrandies. Avec le nombre de logements qui double de 500 à 1000 en 10 ans, la station connait des premières difficultés, telles que la densité du trafic et la pénurie d’eau potable en 1979. Ainsi, l’évacuation des égouts et des déchets et la distribution d’eau potable sont améliorées. Une nouvelle route d’évitement est également construite. (SDV, 1997) L’hiver devient la période principale pour le tourisme valaisan avec les remontées mécaniques comme épine dorsale. En 1972 est créée « l’Association valaisanne des entreprises de remontées mécaniques (AVERM), dont le rôle fut d’être attentive aux évolutions techniques et légales, mais également à l’émergence de nouvelles tendances ». (Fabrice Haenni, 2015, dans Planche, 2016, p.31). Le trafic dense, les files d’attente, les coûts élevés étaient alors acceptés par les clients et les remontées mécaniques n’avaient pas besoin de tenir compte de leurs besoins (grischconsulta, 2016a). Cette seconde phase, appelée phase de croissance, se définit par un développement de l’intensité concurrentielle et demande la capacité de gérer coûts et processus (Clergeau, 2014).

Situation actuelle et problématiques

Actuellement, les sports d’hiver rapportent 1.9 Mia CHF de chiffre d’affaire annuel à l’économie valaisanne, tandis que les remontées mécaniques sont le pilier du tourisme valaisan, centralisé sur l’hiver (Planche, 2016). Cependant, celles-ci « ont perdu 20% de leurs journées-skieurs en 10 ans, les cash flows ont diminué de 10% sur la même période et les infrastructures sont vieillissantes : en Valais, près de 40% des installations ont plus de 33 ans et 63% ont été construites il y a plus de 23 ans » (Observatoire Valaisan du Tourisme, 2013). Durant la saison 2014/15, les entreprises de remontées mécaniques suisses ont enregistré la « plus faible valeur observée depuis 11 ans » (FST, 2016a, p.15). Actuellement, TVSA « peut tout juste fonctionner, mais plus guère investir » (Frédéric Glassey dans Zuber, 2016, p.51) .

Difficulté de croissance de la demande

Le recul de fréquentation enregistré actuellement dans les destinations valaisannes n’est pas lié à une stagnation de la demande, puisque globalement, 50 millions de touristes en plus ont voyagé durant l’année 2015 et que l’Europe a enregistré une augmentation de 5% d’arrivées internationales (FST, 2016a). De plus, le nombre de skieurs augmente également : de 2000 à 2008, le nombre de skieurs pratiquant régulièrement a augmenté de 3.8% (Schnyder, 2013). Il s’agit d’une difficulté de croissance de la demande dans les destinations alpines qui est liée à plusieurs facteurs (Macchiavelli, 2009).

Il existe actuellement une vaste offre de loisirs diversifiés qui répartit la demande (Macchiavelli, 2009). Ces loisirs sont accessibles en tout temps : d’une part, ils sont « médiaux », comme les réseaux sociaux ou les jeux vidéo, et d’autre part, ils sont à proximité des clients. De nouveaux sports ont également émergés et les enfants ont désormais un vaste choix d’occupation (Schnyder, 2013). Un moniteur de l’ESS Vercorin explique qu’il lui manque souvent des élèves car ceux-ci sont à tel ou tel cours de sport (Alexandre Franzetti, instructeur de snowboard, communication personnelle, 2016). De plus, grâce aux progrès technologiques et à la libéralisation du marché, les prix des transports ont diminué. Ainsi, de nouvelles destinations lointaines sont accessibles aisément et à bon marché, tandis que les vacances aux sports de neige ont un coût élevé. (Macchiavelli, 2009 & Plaz, 2013) En prime, les destinations alpines suisses sont devenues encore plus chères suite à l’abandon du taux plancher face à l’euro pour la clientèle européenne, sensible au prix (Plaz, 2013). Ainsi, des clients fidèles quittent la station de Vercorin « en raison du coût élevé de leurs vacances, malgré leur amour pour la station » (Vercorin Tourisme, 2015). Outre la cherté des sports d’hiver, le manque de temps, l’absence de plaisir et des problèmes de santé engendrent également un recul de l’intérêt pour les sports d’hiver et les vacances aux sports d’hiver ne sont plus que de deuxième, troisième voire quatrième priorité (Schnyder, 2013 ; Plaz, 2013). Les problèmes de santé évoqués sont particulièrement relevant alors la population vieillit dans les marchés émetteurs principaux. En effet, depuis 2013 « près de la moitié de la population en Allemagne, en Italie et en Suisse » est âgée de plus de 50 ans (grischconsulta, 2016b, p.1). Cette génération représentait des skieurs fervents qui skient actuellement de moins en moins (Schnyder, 2013). Toutefois, outre le fait que les jeunes disposent d’une vaste offre de loisirs comme mentionné plus haut, 50% des enfants de moins de 15 ans en Suisse sont issus d’une famille avec un historique d’immigration et n’ont ainsi qu’une faible affinité avec la tradition des sports de neige (grischconsulta, 2016a).

Manque compétitivité

A cause de la baisse du nombre de journéesskieurs, les remontées mécaniques ne sont pas rentables et ne disposent pas du cash-flow nécessaire pour les investissements (Bétrisey, 2016). Selon une estimation d’Arthur Clivaz (2016, p. 44), président de l’association des Remontées mécaniques valaisannes (RMV), 1 Mia CHF d’investissement est nécessaire afin que les installations soient à nouveau concurrentielles. Ainsi, « plus de la moitié ne répondent plus aux besoins actuels d’un transport confortable et rapide. En outre, une part importante du parc des RMV est désormais vétuste et ne correspond plus aux standards internationaux » (Planche, 2016, p.33).

Changement climatique

Le changement climatique menace la ressource primaire des destinations alpines et représente le plus grand défi du tourisme suisse actuellement (Müller & Weber, 2008). Au cours des trois dernières années, les premiers impacts ont déjà été ressentis lorsque le manque de neige limitait l’offre du domaine skiable lors de la période de Noël et Nouvel An, période hautement touristique. Ainsi, les stations ont été contraintes en premier lieu de garantir l’enneigement de manière artificielle, ce qui augmente considérablement leurs charges d’exploitation, et en deuxième lieu de baisser les prix en raison de l’offre limitée. (Télévercorin SA, 2016 ; Girschik, Frick & Bosshart, 2007) TVSA a perdu durant la période de Noël 2015 et Nouvel An 2016 «40% du chiffre d’affaires de l’exercice précédent qui était déjà un mauvais résultat » (Télévercorin SA, 2016, p.8). Selon Martine Rebetez (2016), cette période, bien que moins touchée que la fin de saison, est cruciale car elle représente des vacances traditionnelles et c’est à ce moment de l’hiver que les gens sont le plus enclins à skier.

Bien que selon Müller & Weber (2008), les stations valaisannes, grâce à leurs altitudes élevées, seraient moins menacées que leurs concurrents alpins, la Suisse est plus touchée que les autres pays par le réchauffement climatique en raison de sa topographie (Le Nouvelliste, 2016). Selon Girschik et al (2007, p.14), « seules vont pouvoir survivre les grandes destinations financièrement solides et disposant de domaines skiables situés au-dessus de 1800 mètres », car celles situées en dessous ne trouveront plus d’investisseurs.

Développement futur et tendances du marché

En Valais, une nouvelle loi est en implémentation afin d’amener un meilleur soutien financier. Selon Gilles Cottet (2016, p.48), directeur de STA SA (Services Techniques Alpins), le nouveau modèle d’exploitation permettra d’avoir « les moyens financiers de concurrencer les sociétés de remontées mécaniques des pays voisins, comme l’Autriche, l’Italie, ou la France, et même d’autres cantons suisses, en renouvelant leurs installations et en optimisant leurs modes de fonctionnement.» Toutefois pour profiter pleinement de ces aides, TVSA doit augmenter son EBDITA de 25% à 30%, car il est nécessaire d’être compétitif afin de profiter de ces nouveaux instruments (Zuber, 2016 ; Planche, 2016).

En 2012, une première tentative pour pallier à la stagnation de la demande à Vercorin et améliorer la rentabilité de TVSA a eu lieu en construisant la première télécabine panoramique de 10 places en Suisse. Toutefois, contrairement aux attentes, une augmentation fut enregistrée seulement au cours du premier exercice. Par conséquent, une nouvelle résidence de 470 lits commerciaux est en cours de construction pour décembre 2017 pour amener des clients supplémentaires afin de générer les 15’000 à 20’000 journées-skieurs nécessaires à assurer la stabilité financière de la Télécabine et ainsi des partenaires touristiques, commerçants et prestataires. (Télévercorin SA ; Zuber, 2016 ; Alban Mathieu, CP, 2016).

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Table des matières

Introduction
1. Contexte : Le marché mature des sports d’hiver
1.1 Développement du tourisme hivernal
1.2 Situation actuelle et problématiques
1.2.1 Difficulté de croissance de la demande
1.2.2 Manque compétitivité
1.2.3 Changement climatique
1.3 Développement futur et tendances du marché
1.3.1 Changement climatique
1.3.2 Tendances de la demande
1.4 Les Ecoles de Sports de Neige
2. Méthodologie
3. Revue littéraire
3.1 L’expérience et les sports de neige
3.2 Fidélisation et destinations alpines
3.3 Stratégies du tourisme de sport
4. Vercorin
4.1 Développement et organisation du tourisme
4.1.1 Développement
4.1.2 Acteurs de l’organisation touristique
4.2 Positionnement de Vercorin
4.3 Analyse de l’offre
4.2.1 Offre originelle
4.2.2 Offre dérivée
4.3 Les activités
4.3.1 Activités hivernales
4.3.2 Activités estivales
4.3.3 Les évènements et manifestations
4.3.4 Prestataires des activités
4.3.5 La promotion des activités
4.3.6 Création d’activités
4.4 Analyse de la demande
4.4.1 Types de tourisme
4.4.2 Provenance
4.4.3 Accompagnants
4.4.4 Comportement
4.4.5 Activités pratiquées
4.4.6 Satisfaction
5. ESS Vercorin
5.1 Présentation
5.2 Business Model Canvas
5.2.1 Segments clientèle
5.2.2 Propositions de valeur
5.2.3 Canaux de distribution
5.2.4 Relations avec les clients
5.2.5 Ressources clefs
5.2.6 Activités clefs
5.2.7 Partenaires
5.3 Analyse SWOT
5.3.1 Forces
5.3.2 Faiblesses
5.3.3 Opportunités
5.3.4 Menaces
Conclusion

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