Le maïs et le Béarn de 1945 à 1960

Les concours de maïs

Le concours de 1946 :Des concours de maïs étaient organisés dans les années trente, et les jeunes agriculteurs s’investissaient souvent dans leur préparation.
C’est le cas du premier concours de l’après-guerre qui a lieu le 2 décembre 1946. Les jeunesses syndicalistes en sont les maîtres d’œuvre. Ce concours bénéficie de l’appui des organisations syndicales, et il est placé sous la présidence du directeur des services agricoles. Il est réservé aux adhérents à un syndicat local. La visite des champs en cours de végétation est assurée par des commissions communales ou cantonales placées sous l’autorité d’un jury. Les concurrents ont à répondre à deux questionnaires qui leur sont adressés, le premier avant la fécondation, le second après la récolte. Les cultures en compétition sont placées en deux catégories : maïs de vallée et maïs de coteaux. Indépendamment du concours de culture, il est organisé un concours exposition du plus bel épi au Pavillon des Arts à Pau. Il s’agit pour les concurrents de présenter le plus beau lot de dix épis. Des primes et des diplômes, mais aussi des bons d’attribution d’engrais et d’outillages sont accordés aux meilleurs des deux compétitions. Les prix attribués représentent une valeur de 45 000 francs. Les organisations agricoles et les partenaires privés ont assuré l’intégralité du financement des dotations et des frais d’organisation. La journée est complétée par deux exposés délivrés par les éminents spécialistes du maïs que sont Charles Bertin et Luc Alabouvette. Ce dernier rentre d‘un voyage d’étude au Canada. Son intervention porte sur la production des semences de maïs fourrage.
Le concours de 1947 :La décision est prise de reconduire ce concours en 1947. L’AGPM récemment remise en activité s’implique dans l’organisation, épaulée par les JSSA et la CGA. La station de génétique du maïs de Saint-Martin-de-Hinx et le professeur Alabouvette ont assuré les organisateurs de leur présence dès le mois de juin 1947. Ce concours se veut en effet une contribution efficace au rapprochement et à l’organisation d’actions concertées entre praticiens et techniciens.
Le règlement du concours est arrêté et les inscriptions sont prises jusqu’au 12 septembre. Un concours spécial est réservé aux agriculteurs ayant fait de la multiplication de la semence «grand roux basque». Le concours exposition du plus bel épi est par ailleurs reconduit. Les champs des concurrents du concours de culture sont répartis dans vingt-deux cantons. Le concours du plus bel épi a été reconduit. Il se tient le 1er décembre 1947 dans le grand hall des Établissements Saint-Cricq, distributeur de matériels place du Foirail à Pau. La journée est placée sous la présidence de Monsieur Braconnier, Directeur de la production agricole au ministère de l’Agriculture. En sus de l’exposition des épis, les nombreux visiteurs bénéficient de la présentation des machines et matériels commercialisés par l’entreprise accueillante. Les fournisseurs présents donnent des informations sur les engrais et produits chimiques dont ils assurent la fabrication ou la distribution.
Le concours de 1948 :Le concours de maïs suivant se tient les 19 et 20 décembre 1948. Il va être d’une plus grande ampleur que le précédent. Pour accueillir la manifestation, il a été fait le choix de l’emplacement le plus prestigieux qui se trouve à Pau, celui du Palais des Pyrénées. Les jeunes agriculteurs et les collaborateurs de l’AGPM ont consacré plusieurs soirées à la décoration des lieux.
Au fil du temps, ce concours de maïs est devenu une grande manifestation agricole française. Des personnalités éminentes en charge de responsabilités nationales et les représentants des organisations syndicales et professionnelles des départements voisins l’honorent de leur présence. La participation aux divers concours se révèle également supérieure à celle des années précédentes. Et Les stands des fournisseurs s’étalent sur tout le pourtour du Palais des Pyrénées. Le concours de 1949 :Le concours suivant se déroule au mois de décembre 1949. Il est couplé avec les manifestations du congrès international du maïs et, de ce fait, ne constitue pas une manifestation centrale comme les années précédentes. Il est caractérisé par l’introduction dans la compétition d’une catégorie maïs hybride, même si les maïs de pays tels que le grand roux basque, le doré de Gomer, le blanc de Chalosse sont encore privilégiés par les participants.

Les réticences à l’adoption du maïs hybride

Réticences pour raisons économiques

Il est difficile pour certains d’abandonner les maïs de pays ancestraux et de remettre en cause les pratiques culturales traditionnelles.
Une première série de réserves à l’égard des hybrides trouve sa source dans les résultats mitigés, voire parfois négatifs, qui accompagnent les premiers essais.
C’est ainsi que Paul Mirat, président de la chambre départementale d’Agriculture, se fait l’interprète des inquiétudes exprimées ça et là à l’occasion de la première session de l’institution qui se tient après la Libération, le 26 mai 1950. Il fait état de graves déboires dans les récoltes subis par des agriculteurs des Basses-Pyrénées et des Landes, et il s’inquiète en conséquence de l’introduction massive en France des semences de maïs américaines. Il invite le directeur des services agricoles, présent à la réunion, à donner son avis sur cette importante question. Louis Saint-Martin indique les raisons pour lesquelles les récoltes incriminées n’ont pas donné les résultats attendus. Il indique que l’objectif est de sélectionner les semences les mieux adaptées à notre sol et à notre climat. Le président Paul Mirat le remercie pour les explications données et prend acte des efforts engagés et poursuivis pour la fixation d’une semence adaptée au contexte bas-pyrénéen.

Réticences à l’abandon des maïs du pays

La méfiance est de mise chez bon nombre de petits agriculteurs. Les responsables agricoles, notamment ceux de l’AGPM, répondent point par point aux critiques recueillies sur le terrain. Le maïs hybride a une croissance plus lente et nécessite beaucoup d’engrais. Il est reproché au «maïs américain» d’épuiser davantage la terre que les variétés traditionnelles. Mais cette perception repose en réalité sur la non prise en compte du rendement supérieur du nouveau maïs. Les éléments fertilisants sont plus avantageusement transformés et s’accumulent mieux dans les épis d’hybrides.
D’autres pensent que les nouveaux maïs auraient une valeur nutritive inférieure à celle des maïs de pays. La couleur plus terne de l’épi hybride, son grain denté, lui donnent un aspect moins esthétique .Certains affirment que les poules, nourries au maïs, ont cessé de pondre. Il est reproché aux hybrides de donner des foies jaunes et non des foies blancs. Cela impacte d’ailleurs la valeur marchande, et les jaunes se vendent moins bien que les blancs sur les marchés.

La lutte contre les ennemis du maïs

Les services techniques de l’AGPM s’efforcent de conseiller utilement les agriculteurs sur les moyens de lutte contre la pyrale. Il s’agit d’un papillon dont les chenilles s’acharnent volontiers sur les cultures de maïs. Les pontes sont faites sur les feuilles par paquets de 10 à 40 œufs, qui donnent des chenilles de couleur pâle à tête noire.
Celles-ci rongent les feuilles et pénètrent aussi dans les tiges et dans l’épi. Les dégâts ont été importants en Béarn en 1951. Des conseils sont prodigués en matière de pratique culturale pour endiguer le fléau : arrachage des tiges atteintes, labours profonds, traitement direct des cultures par des produits tels que le D.D.T. Mais la solution se trouve aussi dans l’adoption de variétés résistantes à tiges épaisses, courtes et dures. Et les maïs hybrides, fruits de longues et patientes recherches, présentent justement cet avantage et se révèlent beaucoup plus résistants aux attaques que les variétés locales.
Les essais, menés par la direction des services agricoles, permettent de déterminer les moyens et produits les plus appropriés pour lutter contre le taupin, autre papillon nuisible. Le ver dit «fil de fer» infeste les sols et compromet les semis. Les produits préconisés sont à base d’H.C.H. de S.P.C. ou d’esters phosphoriques. Les techniciens communiquent les doses à appliquer en fonction de la nature des sols plus ou moins lourds ou légers. Le traitement est efficace pendant quatre ans et s’amortit donc sur quatre campagnes agricoles.
Une autre préoccupation est celle de la désinfection des semences. Chaque année, les céréales sont plus ou moins gravement attaquées par les maladies charbonneuses. Ces maladies sont causées par des champignons microscopiques. La propagation de la maladie s’effectue par les grains de semences. C’est ainsi que le charbon du maïs peut s’attaquer à tout moment à n’importe quelle partie de la plante. La lutte doit être préventive pour éviter les infections en culture. Les services agricoles recommandent le recours à des procédés chimiques, mis en œuvre par trempage, immersion ou poudrage.

L’évolution de la production de maïs semence

La production française de semences a commencé véritablement en 1950, bénéficiant de l’élan créé par le congrès international du maïs tenu à Pau. Mais les volumes de production sont alors très limités, et la culture est concentrée au début des années cinquante sur la région du Bassin de l’Adour. Pour l’année 1950, ce sont près de 200 hectares qui ont été consacré en France à la multiplication des lignées et à la production des hybrides simples et doubles. La moitié environ, soit cent hectares, sont situés dans le département des Basses-Pyrénées. La production évolue sensiblement les années suivantes, mais les volumes de production sont encore modestes. Les chiffres annuels arrondis de la production nationale de semence de maïs grain sont les suivants : 1950 2 200 quintaux; 1951 11 000 quintaux; 1952 11 000 quintaux; 1953 16 600 quintaux; 1954 22000 quintaux; 1955 35 000 quintaux.
Il faut noter que la CBBA, qui est la coopérative principale du secteur Pau-Béarn, produit à elle seule, en 1954, 5 000 quintaux de semences, approchant ainsi le quart de la production nationale. Les importations de semences sont de 6 000 quintaux en 1950. Dans les Basses-Pyrénées, près de mille agriculteurs, se répartissant sur plus de deux cents communes, sont demandeurs de semence hybride double américaine. La CBBA dispose de sept variétés de semences d’hybrides dentés, de précocité variable, proposées aux acheteurs dans les dépôts de la coopérative.
Ces semences d’importation arrivent des États-Unis enrobées d’un composé organomercurique destiné à faciliter la levée par la suppression de certains organismes microscopiques hostiles. Mais cette substance présente quelque nocivité pour l’homme et les animaux : elle provoque des irritations respiratoires et des troubles de la digestion. Il y a lieu, en conséquence, de respecter strictement un certain nombre de recommandations dans le maniement de ces semences pour en limiter les inconvénients.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
LE CHOIX DU SUJET
LES CHAMPS TEMPOREL, GEOGRAPHIQUE ET THEMATIQUE
LES PROBLEMATIQUES
L’HISTORIOGRAPHIE
LES SOURCES
LE PLAN
PREMIÈRE PARTIE : LE TEMPS DE LA REFONDATION 
CHAPITRE 1 LE CONTEXTE DE L’APRES-GUERRE
A- LE MAINTIEN DU DIRIGISME ET DU RATIONNEMENT 
A-1 Les privations de la population
A-2 Les pénuries de fournitures et de matériels professionnels
a- Les carences en fournitures et engrais
b- Les difficultés d’approvisionnement en matériels et véhicules
A-3 La pénurie de main d’œuvre et l’emploi des prisonniers de guerre allemands
A-4 Les aléas climatiques
B- LA PERSISTANCE DES DIFFICULTES
B-1 Les impositions
B-2 Les règlementations
B-3 La fixation des prix
CHAPITRE 2 LA MISE EN PLACE DES ORGANISATIONS AGRICOLES
A– LA RESTRUCTURATION SYNDICALE 
A-1 La Fédération Syndicale Départementale (FDSABPB)
A-2 Les jeunes agriculteurs
a- La reconstitution des Jeunesses syndicalistes
b- Les actions des Jeunesses syndicalistes
B- LA RENAISSANCE DE L’ASSOCIATION GENERALE DES PRODUCTEURS DE MAÏS (AGPM) 
B-1 La remise en activité
B-2 Le soutien de l’Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB)
B-3 Les actions revendicatives de l’AGPM
CHAPITRE 3 LES PREMIERES REALISATIONS PROFESSIONNELLES 
A- LES ACTIONS TECHNIQUES 
A-1 Les concours de maïs
a- Le concours de 1946
b- Le concours de 1947
c- Le concours de 1948
d- Le concours de 1949
A-2 Les journées de motoculture
A-3 Les essais et expérimentations
A-4 Les travaux de la station de génétique de Saint-Martin-de-Hinx
B- LES AVANCEES EN MATIERE DE PRODUCTION
B-1 Le maïs semence
a- Le projet d’organisation de la production
b- La mise en œuvre de la production
c- Le développement de la production
B-2 Le maïs de consommation
a- Le problème des importations
b- Le problème de la production
C- LE CONGRES INTERNATIONAL DU MAÏS DE 1949
C-1 La préparation de la manifestation
C-2 Le déroulement de la manifestation
DEUXIÈME PARTIE : L’ARRIVÉE DU MAÏS HYBRIDE 
CHAPITRE 1 LE LANCEMENT DES HYBRIDES 
A- LES HOMMES DE LA « REVOLUTION »
A-1 Louis Bidau
A-2 Jacques Etchebarne
A-3 Louis Saint-Martin
A-4 Luc Alabouvette
B- LE CHOIX DE L’HYBRIDE
B-1 Les actions pédagogiques
B-2 La phase initiale des expérimentations
a- Les essais locaux jusqu’en 1950
b- Les essais locaux après 1950
c- La récolte au crochet
B-3 Les réticences à l’adoption du maïs hybride
a- Réticences pour raisons économiques
b- Réticences à l’abandon des maïs du pays
c- Réticences à l’achat de la semence hybride
C- LA MISSION MAÏS AUX ÉTATS-UNIS 
D- L’AVANCEMENT DES RECHERCHES EN FRANCE 
CHAPITRE 2 LES HYBRIDES SUR TOUS LES FRONTS
A- LE FRONT DE LA COMMUNICATION ET DES APPUIS SOCIETAUX 
A-1 Les manifestations professionnelles
A-2 Les contributions sociétales
a- La Jeunesse Agricole Catholique
b- Les moines et les instituteurs
B- LE FRONT DE L’AMELIORATION DES PRATIQUES CULTURALES 
B-1 Les labours et la fumure
B-2 La lutte contre les ennemis du maïs
B-3 Le désherbage
B-4 Autres actions
C- LE FRONT DE LA MOTORISATION ET DU MACHINISME 
C-1 La motorisation générale
C-2 Les matériels spécifiques au maïs
CHAPITRE 3 LE DECOLLAGE ECONOMIQUE
A- LE MAÏS SEMENCE
A-1 La constitution de la Fédération Nationale des Producteurs de Semence de Maïs(FNPSM)
A-2 Le développement des syndicats de producteurs de semences
A-3 La règlementation de la production de semences
A-4 La règlementation du stockage, du séchage et de la vente des semences
A-5 L’évolution de la production de maïs semence
B- LE MAÏS GRAIN : PRODUCTION, PRIX ET IMPORTATIONS
B-1 Les revendications
B-2 Les suites aux revendications
C- LA STATION DE BILLERE
C-1 L’historique
C-2 La réalisation
C-3 L’inauguration
TROISIÈME PARTIE : LA PROGRESSION DU MAÏS HYBRIDE 
CHAPITRE 1 LES AVANCEES EN MATIERE DE COMMUNICATION, EXPERIMENTATIONS ET RECHERCHES
A- LE ROLE DU CERCLE NATIONAL DES JEUNES AGRICULTEURS
A-1 Les stages départementaux
A-2 L’ouverture syndicale
A-3 La décentralisation des formations
A-4 Les concours de maïs et animations diverses
B- LES EXPERIMENTATIONS ET ACTIONS PILOTES
B-1 Les zones témoins et les groupements de producteurs
B-2 Les actions de la direction des services agricoles
B-3 Le problème du désherbage
B-4 Les résultats des recherches
CHAPITRE 2 LES AVANCEES EN MATIERE DE MATERIELS ET INSTALLATIONS
A- LES MATERIELS
A-1 La motorisation générale
A-2 Les matériels dédiés au maïs
a- Les semoirs
b- Les corn pickers
B- LES DEMONSTRATIONS DE MATERIELS ET LEUR VULGARISATION
B-1 Les démonstrations de tracteurs
B-2 Les démonstrations de semoirs et matériels de culture
B-3 Les matériels de récolte
1– Journées internationales
2- Journées régionales
B-4 Les installations de séchage
CHAPITRE 3 LES AVANCEES EN MATIERE DE PRODUCTION
A- L’ACCROISSEMENT LOCAL DES SURFACES CULTIVEES 
A-1 Le défrichage des terres incultes
a- Les objectifs à atteindre
b- La phase décisionnelle
A-2 Les échanges et le remembrement
B- LA PROFESSIONNALISATION DE L’ACTIVITE SEMENCE 
B-1 L’organisation de la production des semences hybrides
B-2 L’organisation de la collecte et de la distribution de semences hybrides
B-3 Les nouvelles orientations de la coopérative béarnaise CACBA
C- LA CROISSANCE DE LA PRODUCTION
C-1 L’évolution sur le plan national
C-2 L’évolution sur le plan local
CHAPITRE 4 L’ORGANISATION DE LA COLLECTE ET LA VALORISATION DE LA PRODUCTION
A- LES EVOLUTIONS DANS LA COLLECTE DU MAÏS 
A-1 L’évolution de la réglementation
A-2 Les acteurs de la collecte
A-3 Les modalités de la collecte
A-4 Les difficultés de stockage et de transport
A-5 Les nouvelles installations pour la commercialisation
a- L’extension des équipements de la CACBA à Billère
b- Le silo portuaire de Bayonne
B- L’EVOLUTION DU CONTEXTE DE VALORISATION DE LA PRODUCTION
B-1 Les prix jusqu’en 1955
B-2 La remise en cause des acquis
B-3 La suppression de l’indexation
B-4 Le compromis
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *