Le français comme langue d’opportunité dans le monde professionnel

Définition d’une problématique et lectures préliminaires

La première étape s’est déroulée durant les deux mois qui ont précédé le voyage à Madagascar. Ayant pris connaissance de l’existence du programme PEERS en juillet 2013, nous avons contacté le professeur responsable, M. Denis Gay, puis nous avons participé à une séance d’information le 27 août. Ayant été sélectionné suite à une lettre de motivation envoyée en début septembre9, nous nous sommes attelés au choix d’un thème de recherche, à la définition d’une question de recherche et à l’ébauche d’une problématique. Bien entendu, il n’a pas été évident de définir une question de recherche cohérente liée à un contexte culturel et institutionnel qui nous était alors totalement inconnu. Néanmoins, des lectures d’ordre général sur Madagascar (autant sur les aspects socioculturels que sur les aspects touristiques de l’île) nous ont grandement aidé à cerner une thématique qui pouvait donner lieu à une problématique. Notre expérience indonésienne nous a également appris qu’il y a toujours quelque chose à creuser autour de la problématique de la langue10. En effet, la langue touche à l’identité, à l’intime tout en étant utilisée par tous dans la vie quotidienne. Toute personne a donc un avis sur cette question.

Cette préparation a été très utile pour structurer dans notre esprit un axe de recherche. Ainsi, une fois sur place, nous avons été en mesure de percevoir la société malgache à travers les « lunettes » de la langue. Nous avons donc pu optimiser le court temps de recherche de terrain. Enfin, les lectures préliminaires ont eu pour résultat d’accroître notre désir de voyage tout en me permettant d’acquérir des clés de lecture de la société et de l’environnement malgache. Nous pensons donc que cette étape de préparation est indispensable (et plaisante) afin de gérer de manière optimale la masse d’informations qui s’offre aux yeux et aux oreilles de l’étudiant une fois sur le terrain. 10 L’Indonésie, archipel dans lequel j’ai vécu deux ans, compte 700 langues mais une seule langue officielle de communication (La Bahasa Indonesia). Dans ce contexte, la question de la langue revient dans toutes les discussions, vu que tout Indonésien est au minimum bilingue.

Récolte des données sur le terrain

L’étude de terrain se caractérise par un temps très court (6 jours – sans les voyages et visites) mais intense du fait du nombre de personnes rencontrées, de la variété des expériences vécues et de la nouveauté de l’environnement. Il est facile de se sentir désorienté face à toute cette nouveauté et de ne plus savoir tirer et trier l’information nécessaire pour répondre à la question de recherche prédéfinie. De plus, la question de recherche, les informations récoltées et les représentations construites lors de la première étape sont confrontées à la réalité du terrain. Il est donc probable que la problématique doive être remaniée voire entièrement changée, ce qui peut être très déstabilisant. C’est le cas si la problématique prédéfinie ne « pose pas problème » une fois sur place ou si les contraintes du terrain (accès aux acteurs, temps à disposition) font qu’elle ne peut être traitée. Pour notre part, notre intuition concernant la question des langues et du français en particulier s’est révélée pertinente car c’est là une véritable question de société à Madagascar. Notre axe principal de recherche est donc resté relativement stable tout au long des étapes de création du présent mémoire.

Néanmoins, au travers des nouvelles observations sur le terrain, certaines de nos hypothèses ont été remises en question et ont dû être modifiées. Ce fut le cas notamment pour la question de la représentation du français comme langue coloniale qui s’est révélée ne pas être une question primordiale au sein de la population, alors qu’elle était au centre de nos questionnements préalables11. Cette démarche que l’on peut qualifier d’inductive part donc des observations de terrain pour mener à des hypothèses. Il s’agit d’un processus de généralisation à partir de l’observation d’un certain nombre de cas particuliers. Cette démarche inductive est intéressante car elle place le chercheur en position d’écoute et de réception vis-à-vis de l’autre, ce qui est très enrichissant, mais présente certains défis dont il faut avoir conscience :

Le temps à disposition – un chercheur a besoin de temps, d’empathie et de communication afin de pouvoir se décentrer face à son sujet d’observation, c’est-à-dire s’éloigner des préconceptions eurocentrées ou basées sur les lectures préalables. De plus, il faut du temps pour pouvoir saisir la complexité et la subtilité du fonctionnement des institutions et de la société malgache. Il va sans dire que la semaine passée sur le terrain n’est pas suffisante pour atteindre ces objectifs. Il est important d’avoir conscience de ces limites.

La construction de la problématique en parallèle avec les choix méthodologiques – la méconnaissance du terrain fait qu’il est impossible d’organiser une manière d’acquérir les données (types de questions, manière d’enregistrer les entretiens, acteurs à interroger) et de les exploiter avant de se trouver sur place. Les adaptations méthodologiques se font au fur et à mesure des entretiens en fonction des essais et des erreurs. Il est donc impossible d’obtenir un corpus de données « standardisé ». Ces adaptations et ces choix méthodologiques sont directement liés aux obstacles et aux opportunités inhérentes à la recherche de terrain, comme l’impossibilité d’avoir accès à un type d’acteur ou d’informations ou au contraire l’accès à une nouvelle source d’informations utiles mais non prévue au sein de la problématique. Finalement, la problématique et la méthodologie sont en adaptation constante durant cette seconde période. Mais, une fois de retour en Europe, les choix effectués dans l’urgence sont difficilement modifiables, car l’accès direct aux données du terrain n’est plus possible.

La position face aux acteurs – cette étude étant basée sur des entretiens avec des Malgaches, la question des représentations des interlocuteurs est importante. Notre présence en tant que vazaha12 posant des questions risque de biaiser les réponses. Premièrement, nous ne partageons pas la même langue maternelle. Pour la plupart des entretiens, Harinaivo a fait office de traducteur, partiellement ou entièrement. La traduction, qui ne peut jamais être littérale, fait office de premier filtre. Deuxièmement, nous ne partageons pas forcément les mêmes schémas de pensée. Certaines questions abstraites ou certaines problématiques, telles que la « fonction de la langue française à Madagascar » ne représentent rien pour eux et ne suscitent donc aucune réponse. Troisièmement, certaines réponses peuvent être biaisées par l’envie de faire plaisir au vazaha en lui donnant les informations que celui-ci veut entendre13. Certains interlocuteurs répondent ainsi systématiquement par des réponses affirmatives. Notre propre position face aux acteurs contribue également à altérer la qualité des données récoltées.

Certains acteurs sont plus facilement interrogeables que d’autres. Par exemple, le proviseur adjoint du lycée parle un excellent français, il comprend l’objet de notre recherche, il est donc conscient du type d’informations dont nous avons besoin. Il sait en outre répondre aux questions abstraites ou nécessitant des connaissances historiques et contextuelles. Les entretiens avec cet acteur risquent donc d’avoir plus de poids dans notre travail que ceux effectués avec Misariaka14, mère d’élève illettrée rencontrée pendant trois minutes dans la cour de récréation. Enfin, au-delà des questions de méthodologie, notre position de « demandeur » a suscité chez moi quelques interrogations. En effet, pour les besoins de cette étude, nous avons été amené à me rendre dans de zones très défavorisées, telles que le « village solidarité » d’Antsirabe, où les habitants ont des conditions de vie très difficiles. Ceux-ci nous ont accueilli à bras ouverts et ont pris le temps de répondre à nos questions tout en dévoilant des pans de leur vie privée. Au fur et à mesure des entretiens, nous avons pris conscience de leur situation précaire15 et par là même de la futilité de nos questions sur la langue française… Nous ne pouvons donc nous départir de cette question : « En venant leur poser des questions pour notre mémoire HEP, qu’est-ce que nous leur apportons… ? ».

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Table des matières

1. Introduction
2. Contexte de l’étude
3. Problématique et question de recherche
4. Structure du mémoire
5. Méthodologie
5.1. Définition d’une problématique et lectures préliminaires
5.2. Récolte des données sur le terrain
5.3. Traitement des données
5.4. Rédaction
6. Les représentations du français
6.1. Le français comme langue de communication avec le monde
6.2. Le français comme moyen d’accès à l’information
6.3. Le français comme langue d’opportunité dans le monde professionnel
6.4. Le français comme langue coloniale
6.4.1. Le lien avec la France
6.5. Le français comme langue de prestige
6.6. Les représentations du français dans l’enseignement
7. Les représentations de l’anglais
8. Conclusion
9. Bibliographie
10. Annexes
Annexe 1 : lieux visités et acteurs interrogés
Annexe 2 : lettre de motivation pour la participation au programme PEERS

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