Le famadihana chez les betsimisaraka d’ambohitralañana, district d’antalaha

La population de Madagascar s’appelle les Malagasy. Selon le répertoire des colonisateurs, il existe à Madagascar dix-huit ethnies, qui se répartissent sur des territoires de taille variable. D’après l’histoire, les noms de ces ethnies sont désignés selon les comportements des habitants, comme les Antefasy (ceux qui vivent dans le sable) et les Bezanozano (ceux aux nombreuses petites tresses de cheveux). C’est la raison pour laquelle, chaque région de Madagascar a ses rites propres, mais on retrouve partout un mélange de manifestations de la tristesse et de la réjouissance. Les Betsimisaraka font partie des groupes qui vivent à Madagascar. Ils occupent presque toute la partie orientale de l’île. Ils sont localisés entre le fleuve de Bemarivo, à Sambava, au nord et le fleuve de Mananjary au sud , à l’est, l’océan Indien, à l’ouest la falaise betsimisaraka. On y trouve aussi d’autres groupes comme les Tsikoa ou Tsitambala et les Vorimo qui habitent Vatomandry, plus exactement, entre Mahanoro et Andevoranto. Les Betsimisaraka, comme l’indique leur nom, sont des gens unis pour le meilleur et pour le pire.

Il existe plusieurs rites coutumiers malagasy qui s’appliquent de diverses manières selon leur réglementation et leur caractère. Mais ici, nous avons choisi la commune rurale d’Ambohitralañana comme terrain d’étude pour mieux montrer la spécificité et la façon de réaliser leurs coutumes. L’homme est un être doué d’intelligence et de langage articulé. Par sa raison, il est un être capable d’améliorer ses conditions de vie, car il peut inventer des choses par la technique. C’est la raison pour laquelle on dit que l’homme est un être créateur. Malgré tout cela, même si l’homme est l’être le plus doué et le plus intelligent, en tant qu’être créateur, il ne peut pas échapper au sort commun de la nature, à savoir la naissance et la mort.

« Toute naissance est l’annonce d’une mort future »

Par conséquent, dans la vie de l’homme, la mort est toujours omniprésente. Pour cela, les gens d’Ambohitralañana ont toujours profondément ressenti dans leur vie l’ombre de la mort. Cette omniprésence de la mort les suit partout. D’où le proverbe malagasy : « Ny fahafatesana mañaraka an-joron-damba » (traduit littéralement : la mort suit aux coins de nos vêtements). Cela illustre que dès sa naissance, personne ne peut échapper à la mort, car selon la loi de la vie, tout homme est mortel et chacun a son destin, une puissance mystérieuse qui fixerait d’une façon irrévocable le cours des événements. Là où il y a destin, là s’arrête notre liberté. Il peut surprendre à n’importe quel moment. En effet, la vie sur terre est éphémère, car la tombe est ce qui vient inéluctablement après le berceau. C’est justement ce qu’affirme cette constatation que la vie sur terre n’est qu’un passage : « Fandalovana ihany ny eto an-tany », un lieu de passage pour tous les vivants.

L’existence terrestre est tissée de multiples rencontres qui se terminent toutes par cette grande séparation qu’est la mort. Le rythme cosmique renforce chez les gens d’Ambohitralañana une telle certitude que la vie se révèle à nous comme un continium tissé de période de latence.

Par conséquent, la mort ne signifie nullement une dissolution totale, une néantisation intégrale, mais le passage à la fois douloureuse et nécessaire que tout homme doit traverser pour accéder pleinement à la communauté des ancêtres. La mort n’est pas un arrêt total de la vie, mais elle est au même titre que la nuit, l’envers du jour. Elle n’est pas aussi une finalité de la vie, mais le changement d’un monde sensible à un monde intelligible. Elle est le plus grand facteur de désordre social et de déséquilibre tant sur le plan personnel que celui que vit entièrement le groupe dans ses activités quotidiennes : la mort est quelque chose d’impur. Devant le problème de la mort, en tant qu’être pensant et raisonnable, l’homme ne peut pas rester tranquille. C’est pour cela que les gens d’Ambohitralañana pratiquent le famadihana pour purifier le défunt. Nous avons fait des recherches en nous adressant à des informateurs privilégiés. D’ailleurs, nous avons déjà présenté l’ébauche de ce travail en 2003 dans le cadre d’un mini-mémoire de 27 pages en deuxième année de philosophie du premier cycle à l’Université de Toamasina. Maintenant, ayant été consciente que quelques éléments manquent et qu’il y a des lacunes dans ce travail, nous avons repris notre étude en approfondissant les messages cachés dans ces rites. Le famadihana tient une grande place dans la société betsimisaraka dans la région nord-est de Madagascar. En effet, les Betsimisaraka dans cette région pensent que le famadihana est comme la continuité de la vie de l’au-delà. « Il a cette signification profonde de la revanche d’une conscience déchirée par la douleur de la mort surprise ». L’homme réagit et s’insurge en quelque sorte, contre le destin. D’après les rites hérités des ancêtres, les gens d’Ambohitralañana pratiquent le famadihana et ils croient fermement qu’on doit toujours « retourner les morts ». Les hommes de nos jours surtout les jeunes ne connaissent même pas le sens et les valeurs de ces rites ancestraux.

SITUATION GEOGRAPHIQUE DU DISTRICT D’ANTALAHA

Le famadihana est un rite traditionnel pratiqué par les Betsimisaraka dans la région nord-est de Madagascar, plus particulièrement chez les Betsimisaraka dans la commune rurale d’Ambohitralañana. La population dans ce village donne une importance capitale à cette cérémonie, puisqu’elle est une tradition léguée par nos anciens depuis les temps immémoriaux et que nous perpétuons jusqu’à ce jour. Il s’agit là d’une tradition que nous la gardons encore. Mais avant d’entrer dans les détails du déroulement de cette liturgie, il nous semble nécessaire de situer d’abord le terrain de notre étude. Antalaha est un district situé à l’extrême sud de l’ancienne province autonome d’Antsiranana, anciennement Diégo-Suarez, dans la région de S.A.VA. (Sambava, Antalaha, Vohemaro, Andapa). Il s’étend sur plus de 200 km le long du littoral nord-est de l’île et a une superficie de 6 573 km2 . Il est limité au nord par le district de Sambava, à l’ouest par le district d’Andapa, au sud par celui de Maroantsetra et à l’est, il est bordé par l’océan Indien.

Localisation et carte du district d’Antalaha

Présentation de la commune rurale d’Ambohitralañana 

La commune rurale d’Ambohitralañana se situe entre les parallèles 15°12’ et 15°32’ de latitude sud et les méridiens 50°05’ et 50°30’ de longitude est . Elle se trouve dans la bordure côtière de la presqu’île de Masoala qui est la partie le plus à l’est de Madagascar dans le district d’Antalaha. La distance qui sépare le chef-lieu de district et le chef-lieu de la commune est de 52 km, dont 12 km de route bitumée (Antalaha Antsirabato) et le reste en route secondaire : 40 km. Elle a une superficie de 703 km2. Les communes limitrophes de cette commune sont :
– Au nord : la commune rurale d’Ambalabe. La distance qui sépare les deux chefs-lieux est de 7 km.
– A l’ouest, par le fokontany de Marofinaritra à 37 km du chef-lieu de la commune rurale d’Ambohitralañana.
– Au sud : la commune rurale de Vinanivao qui est à 58 km d’Ambohitralañana.
– Et à l’est, la commune est délimitée par l’océan Indien. Le climat dans cette région, en général, est divisé en deux saisons : l’été et l’hiver.
– L’été commence au mois de septembre et se termine au mois d’avril. Du mois de septembre jusqu’au mois de novembre, il y a une période très chaude et très sèche, et à partir du mois de décembre jusqu’au mois d’avril, c’est la période pluvieuse.
– L’hiver dure du mois de mai jusqu’au mois d’août. Cette période est plus fraîche et pluvieuse.
– Le relief dans la commune rurale d’Ambohitralañana peut être subdivisé en trois catégories bien distinctes de l’est à l’ouest.
– Premièrement : l’est est caractérisé par des plaines avec une altitude de 0 à 100 m;
– Deuxièmement : une zone intermédiaire avec une altitude moyenne de 100 à 400 m ;

Et la troisième catégorie est caractérisée par des zones montagneuses et accidentées avec quelques bas-fonds transformés en rizières. On y trouve aussi des dômes de granit, le long des fleuves et des vallées. La végétation dans cette région est une végétation favorable à son climat, c’est-à-dire des forêts denses et humides de moyenne altitude sempervirente avec de nombreuses espèces ; et des bois de haute qualité comme le palissandre et le bois d’ébène. Mais sous l’influence des éléments naturels, tels que les cyclones, les forêts ont été détruites. Comme c’est le cas du cyclone Hudah en 2000. Mais actuellement, elles sont en train de se régénérer. En ce moment-là, les végétations de la côte est sont constituées aussi par des mangroves, des marais avec des alam-penja (forêt de paille) et de harefo (joncs) avec des ravinala (arbre des voyageurs) et des forêts littorales de basse altitude. L’exploitation forestière dans cette région est effectuée par les exploitants autochtones et a atteint sa vitesse de croisière en 2000. Ce phénomène a créé une nouvelle situation dans la zone. Or, la restauration des lots exploités n’a jamais eu lieu et le reboisement est très peu développé. En général, les terres dans ces régions sont utilisées pour des cultures de rentes ou des cultures vivrières d’exportation, tels que le vanillier, le giroflier, le caféier, le poivrier… Mais c’est le vanillier qui occupe la plus grande place.

Quant à la riziculture, elle ne connaît qu’un faible rendement. La population de cette région est estimée à 29 912 habitants qui se répartissent dans les onze fokontany de la commune rurale d’Ambohitralañana . La pyramide des âges s’apparente à celle d’une population jeune, caractérisée par une base très large et un sommet réduit à partir de 60 ans. De plus, la population dans cette région est cosmopolite à majorité betsimisaraka.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE : LE DISTRICT D’ANTALAHA
CHAPITRE I : SITUATION GEOGRAPHIQUE DU DISTRICT D’ANTALAHA
I.- Localisation et carte du district d’Antalaha
bis.- Localisation et carte de la commune rurale d’Ambohitralañana
II.- Présentation de la commune rurale d’Ambohitralañana
III.- Les caractéristiques de la vie de la population dans la commune rurale d’Ambohitralañana
1.- L’agriculture
2.- L’élevage
3.- La pêche
4- L’artisanat
5.- L’écotourisme
CHAPITRE II : LE CONTEXTE HISTORIQUE
I.- Origine du nom d’Ambohitralañana
II.- Selon le récit
1.- Première version
2.- Deuxième version
CHAPITRE III : LES RESSOURCES SOCIOCULTURELLES
I.- L’enseignement
II.- La santé
III.- La religion
IV.- Les interdits
V- Les coutumes
1.- La circoncision
2.- Le mariage
3.- Le partage des biens
4.- L’exhumation
DEUXIEME PARTIE : LA DESCRIPTION DU FAMADIHANA
CHAPITRE I : LA MORT
I.- La toilette funéraire
II.- L’abattage des zébus
III.- La veillée funèbre
IV.- L’inhumation
CHAPITRE II : LE FAMADIHANA OU EXHUMATION
I : LES ETAPES PREPARATOIRES
1.- La préparation éloignée
A.- La réunion des familles
B.- La consultation de l’ombiasy
C.- Le moment du famadihana
D.- L’annonce verbale ou l’invitation des membres de la famille
E.- Le joro ou invocation
CHAPITRE III : LES RITES PENDANT LA CEREMONIE DU FAMADIHANA
I.- Le tsimandrimandry
II.- Le jour du famadihana
III.- Le repas communiel
IV.- Le ramassage des ossements
TROISIEME PARTIE : SENS ET VALEUR DU FAMADIHANA
CHAPITRE I : LE SENS DU FAMADIHANA
CHAPITRE II : LA VALEUR DU FAMADIHANA
CHAPITRE III : ANALYSE CRITIQUE ET REFLEXION PHILOSOPHIQUE SUR LA CEREMONIE DU FAMADIHANA
I.- Le rapport entre la religion malagasy et le christianisme
II.- Equivalence entre le sikidy, la Bible et les autres livres sacrés
III.- Réflexion philosophique sur la cérémonie du famadihana
CHAPITRE IV : LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTS DU FAMADIAHA
I.- Les avantages de cette cérémonie
II.- Les inconvénients du famadihana dans la société betsimisaraka du Nord et de Madagascar
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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