LE DON CHEZ LES SEREER

Le segment de matrilignage « o lus »

     « Lus » signifie en sereer mamelon. Il est composé de quelques cellules matrilinéaires de base liée entre elles par une parenté immédiate et réelle. C’est la dimension la plus réduite du matriclan ; c’est la parenté matrilinéaire au sens restreint. C’est pourquoi, fidèles à leur logique d’élargissement et de renforcement de la parenté, les sereer de Diohine n’encouragent pas la valorisation des relations parentales au sein du cadre restreint qu’est le « Lus ». C’est une entrave à l’élargissement des relations de parenté et une menace contre l’harmonie au sein du matriclan. Nous constatons donc que, malgré ses ramifications correspondant à des degrés divers de la parenté, le matriclan garde son unité ; unité qui lui confère le caractère d’une entité harmonieuse et bien organisée.

Le « Mbog faap »

    « Mgog faap » signifie en sereer : « du même père ». Il regroupe ainsi l’ensemble des descendants d’un ancêtre mâle plus proche. Il est pour le patriclan ce que le « Mbog yaay » est pour le matriclan. C’est donc un segment du patriclan qui se caractérise par la proximité des liens de parenté qui unissent ses membres. C’est au niveau du « Mbog faap » que les individus font l’expérience concrète de la parenté du côté agnatique. En tant que véritable cadre de solidarité parentale, le « Mbog faap » est parfois une unité de production. Toutefois, bien qu’ayant plusieurs ramifications, le patriclan garde tout de même sa cohérence interne qui se manifeste par des règles générales d’organisation et de fonctionnement qui s’imposent à tous ses membres.

L’endogamie de région

     L’expression sereer « Ngoo diohine, ndee diohine » résume éloquemment l’attachement encore vivant des sereer de Diohine à l’endogamie régionaliste. En effet l’appartenance à l’ethnie sereer ne suffit pas, le conjoint doit aussi être natif du village ou en être originaire. Selon S. Sagne, c’est un gage de succès du mariage du fait de l’appartenance des deux conjoints non seulement à une même culture (culture sereer ), mais aussi, et surtout à une même sous culture ( celle des sereer de Diohine ). Ainsi l’échanges de dons et de contre dons se feront sans difficulté. Qui plus est, même si le mariage réussit, les problèmes risquent de ressurgir lors des funérailles d’un des parents du conjoint appartenant à une autre culture, dans la mesure où les rites funéraires diffèrent.

« Labid yaay »

      C’est la contribution de la mère à la mise en œuvre du mariage de son fils ; bien que le montant soit rarement fourni par elle. Cette somme remise à la mère de la fille représente la contre partie qu’elle reçoit en échange de la main de sa fille. Le montant varie d’un quartier à l’autre, mais, à l’intérieur d’un même quartier, il est  fixe. Dans le quartier de Maroneem, il est de soixante quinze mille francs CFA (75 000). Le montant du « Labid yaay » est plus élevé que celui des autres pour deux raisons : premièrement, la mère de l’épouse aura à fournir de multiples contre dons le jour du mariage (ustensiles de cuisine, pagnes pour le mari, son père et sa mère …). Contre dons dont le montant des dépenses dépasse le plus souvent celui du « Labid » reçu ; deuxièmement, la femme joue un rôle primordial dans la famille et pour le devenir matrimonial de sa fille dans la mesure où le premier critère de choix de la conjointe est la stabilité du foyer de sa mère, les vertus dont elle a fait montre dans sa vie conjugale (obéissance à son mari, discrétion, endurance au travail…), au sein de son groupe de parenté et de son entourage. Compte tenu de tout cela, il est légitime qu’elle encaisse un montant plus élevé que celui perçu par le père et l’oncle maternel.

« La guerre des mots »

     En plus des échanges matériels dont nous avons parlé supra, des échanges verbaux, souvent provocateurs, se font entre les deux familles dont sont issus les époux. En effet, le mariage sereer est l’occasion (tout comme les funérailles) pour chaque groupe de faire ses propres éloges devant les autres. L’expression de ses valeurs par des dons matériels ne suffit pas, il faut dire ce qu’on a fait et ce qu’on est. C’est pourquoi, chaque groupe a un griot qui se charge non seulement de dire ce que le groupe a fait et ce qu’il est (ses vertus) mais de bien le dire, parfois de trop dire. Ainsi, de discours en discours, on se rend compte du véritable objet de ces échanges. En fait en disant ses bienfaits à l’autre groupe, on cherche à le rabaisser, à l’aplatir. On se livre ainsi à un échange de paroles que Mauss a appelé « la guerre des mots ». Même si l’échange est plus intense et plus manifeste lors de la cérémonie avant et durant le mariage, il ne se limite pas, pour autant à la célébration du mariage. Autrement dit, la réalisation totale du mariage ne met pas fin au processus d’échanges réciproques déclenché depuis le « May bu njeek ». Il continu donc sous d’autres formes après le mariage. L’alliance scellée entre deux groupes par un mariage se maintient et se consolide par des échanges post-mariages. Les dons post-mariage, contrairement à ceux d’avant et durant le mariage, ne sont pas obligatoires. Mais, ils ne sont pas sans importance car ils témoignent de la reconnaissance du mari ou de la femme à l’égard des parents qui ont autorisé le mariage et participé à sa réalisation. Ils ont donc pour fonction essentielle, non pas de conférer des droits, mais d’accomplir des devoirs. Les dons post mariage sont de diverses natures. Mais les plus importantes et fréquentes sont : les visitent et les travaux.

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Table des matières

Introduction
Première partie : Cadre général et méthodologique
Chapitre premier : Cadre général
Section I : Problématique
Section II : Objectifs de la recherche
Section III : Hypothèses
Section IV : Cadre théorique
§ 1 : Revue critique de la littérature
§ 2 : Approche conceptuelle
§ 3 : Modèle théorique
Chapitre II : Cadre méthodologique
Section I : Les Méthodes utilisées
§ 1 : L’enquête par sondage
§ 2 : La méthode biographique
§ 3 : Le focus group
§ 4 : La méthode ethnographique
Section II : Les techniques utilisées
§ 1 : Le questionnaire
§ 2 : L’entretien semi directif
§ 3 : L’entretien non directif ou libre
§ 4 : L’observation participante
Section III : Le déroulement de l’enquête
Section IV : Les difficultés rencontrées
§ 1 : Une documentation spécifique insuffisante
§ 2 : Le manque de moyens
§ 3 : Les obstacles rencontrés sur le terrain
Chapitre III : Présentation du lieu d’étude
Section I : Historique du village de Diohine
Section II : Situation géographique et découpage administratif
Section III : Situation démographique
Section IV : Les infrastructures et équipements
Deuxième partie : Les caractéristiques essentielles de la société sereer
Chapitre IV : le système de parenté et le système matrimonial
Section I : Le Matriclan ou « Tim »
§ I : Les structures de parenté matrilinéaires
a) « A Ndok »
b) Le segment de matrilignage « O Lus »
§ 2 : Organisation et fonctionnement
a) Les règles de transmission des biens
b) Les totems
Section II : Le Patriclan ou « Kurcala »
§ 1 : Le « Mbog faap »
§ 2 : Organisation et fonctionnement
a) Les règles de transmission des biens
b) Les totems
Section III : Les autres types de parenté
§ 1 : La parenté inter clanique
§ 2 : La parenté à plaisanteries
Section IV : L’endogamie
§ 1 : L’endogamie ethnique
§ 2 : L’endogamie de région
§ 3 : L’endogamie de caste
§ 4 : L’endogamie de parenté
Chapitre V : Le système de valeurs
Section I : Le culte du travail
Section II : Le sens de l’honneur et de la dignité
Section III : L’égalitarisme économique
Section IV : La générosité
Troisième partie : La circulation des dons à Diohine
Chapitre VI : les différents types de dons
Section I : La circulation des dons à l’occasion du mariage
§ 1 : Avant le mariage
a) « Ci’it mberaaan » ou « May u njeek » (le premier cadeau)
b) « A put a suxeer xa caf »
c) Les “labid”
d) Les travaux
§ 2 : Pendant le mariage
a) « Ndon »
b) « Naak batin »
c) « Cegel o maax »
d) “A Saxal”
e) “ O Moon”
f) “ A Ɓaater” ”
g) “A Ɓoxot””
h) “Ci’it””
i) La “guerre des mots”
§ 3 : Après le mariage
a) Les visites
b) Les travaux
Section II : La circulation des dons à l’occasion des funérailles
§ 1 : Les funérailles mouillées
a) « Naak Ĉacandin »
b) « Naak faap »
§ 2 : Les funérailles sèches
a) “A bikit”
b) « A Kooseer »
c) « Dam saan »
d) “O Roon”
Section III : La circulation des dons à l’occasion de l’initiation et du baptème
§ 1 : La circulation des dons à l’occasion de l’initiation
a) La séparation
b) La marginalisation
c) L’agrégation
§ 2 : La circulation des dons à l’occasion du baptême
a) Le choix du prénom
b) La première coiffure
c) La prière
Section IV : Les dons et contre dons dans la vie quotidienne
§ 1 : Les biens matériels
§ 2 : Les biens immatériels
Chapitre VII : La signification du don chez les sereer
Section I : Les fonctions sociologiques du don
§ 1 : Le don : un moyen de renforcement des rapports sociaux
§ 2 : La recherche du prestige
§ 3 : Les sanctions
Section II : Les fonctions économiques du don
§ 1 : Le caractère revendicatif et égalitaire de l’échange
§ 2 : La place de l’argent dans les échanges
§ 3 : Le mariage avec la cousine et son impact sur la circulation des dons
Section III : « La quatrième obligation » : les dons faits aux Pangool
Chapitre VIII :Le don face à la modernité
Section I : Don et rationalité économique : vers un potlatch sereer
Section II : La perception de la jeunesse
Section III : L’influence de l’Islam et du Christianisme
Section IV : La société sereer et la résistance au changement.
Conclusion
Bibliographi

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