Le développement de la pratique féminine des jeunes : un processus long et complexe 

Le football Aquitain féminin : vers une augmentation du football de masse

Alors que le nombre de licenciées pratiquantes ne cesse de croitre depuis 2010 avec une augmentation de plus de 76% pour les catégories de jeunes, les instances fédérales éprouvent des difficultés à fidéliser ce public. Le vivier de joueuses est bien présent et ce dès le plus jeune âge, mais les actions de proximité ne suffiront certainement pas à capter de nouvelles joueuses si l’offre de pratique proposée par les instances fédérales et les clubs sportifs n’évolue pas.

Une logique de développement renversée : une politique régionale orientée vers les jeunes pratiquantes

Les jeunes pratiquantes de moins de 18 ans représentent quasiment 60% des licenciées féminines de la L.F.A et pourtant elles peinent à évoluer dans des championnats trop contraignants, isolés, sans véritables intérêts sportifs pour les joueuses tant par + l’hétérogénéité du niveau de jeu que par la faible fréquence des rencontres. En effet, les compétitions seniors régionales (Promotion d’Honneur et Division d’Honneur) ont réussi à regrouper cette saison équipes mais pour le championnat U19F, seules 11 équipes d’Aquitaine (dont 2 forfaits) ont participé à cette compétition et le championnat U15F n’a recensé que 7 équipes (dont 1 forfait).
Au niveau local où l’organisation des compétitions reste à l’initiative des Districts, il n’y a aucun championnat sur toute l’Aquitaine. Tout ceci entraine de grandes difficultés à garder les joueuses jusqu’aux seniors. Des rassemblements inter départementaux toujours à l’initiative des représentants fédéraux sont organisés ponctuellement ainsi que des stages pour préparer des rencontres inter régionales ou nationales comme la coupe nationale U15F. Face à ces constats, la F.F.F a souhaité donner un nouvel élan au dynamisme de féminisation du football par la mise en place sur 4 ans d’un plan de féminisation. Brigitte Henriques, Secrétaire Générale à la F.F.F en charge de la féminisation du football français, a dévoilé un plan de développement étoffé et ambitieux en 2012. C’est un signe fort de l’engagement de la F.F.F pour la valorisation de la place des femmes dans le football et ainsi faire participer la fédération à l’évolution des mentalités faisant du football un sport pas uniquement masculin en France. Ce plan se décline au niveau des ligues régionales grâce à la création d’une commission régionale de féminisation. Michèle Chevalier, Vice Présidente de la L.F.A depuis 2012, est chargée de sa mise en application. Le premier axe concerne la valorisation de la place des femmes dans le football avec deux opérations d’envergure. La première opération, intitulée de manière habile « Mesdames franchissez la barrière », a rencontré un vif engouement au sein de certains districts de football. En effet, des réunions ont été organisées pour définir les différents modes de contribution, le fonctionnement et l’organisation d’un club mais également pour favoriser des échanges entre participantes aux parcours et vécus différents. Le District Gironde Est s’est particulièrement distingué dans cette opération puisqu’il est lauréat d’une remise de prix visant à récompenser les instances départementales pour leur investissement et la qualité de leur dossier. La deuxième opération est portée par la semaine du football féminin. Des journées portes ouvertes, des rassemblements interclubs ou interdistricts et des rencontres sont organisées sur l’ensemble du territoire afin de rendre plus visible la pratique féminine. Ces opérations réaffirment que les femmes ont un rôle à jouer dans l’organisation du football et dans la pratique.
Le deuxième axe du plan marque la volonté de renforcer les effectifs afin d’augmenter le nombre national de licenciées. L’objectif est d’atteindre 100 000 licenciées (contre 85 000
aujourd’hui). Il s’agit là d’accroitre le football de masse, le football des plus jeunes, de créer un vivier qui permettra de sortir le football féminin d’un cercle vicieux. En effet, les compétitions sont difficiles à organiser car il y a trop peu de licenciées pratiquantes réunies dans un même secteur et donc pas assez d’équipes féminines pour constituer un championnat avec suffisamment de rencontres.

Des clubs sportifs enclins à accueillir et renforcer la pratique féminine des jeunes : des enjeux variables

La valorisation des clubs qui souhaitent réellement promouvoir et développer le football féminin au sein de leur structure doit permettre une plus grande acceptation de la place du football féminin. En effet, les instances fédérales privilégient ce mode de soutien plutôt qu’un développement forcé par des contraintes réglementaires. Pour certains clubs, le football féminin apparaît comme une « cause noble à défendre », position qui va dans le sens de la politique nationale sur la parité. Pour d’autres, en répondant ainsi aux sollicitations des instances dirigeantes, cela permet de se donner bonne conscience ou d’engranger des subventions. Bien que l’argument financier reste à relativiser, les avantages réglementaires à retirer ne sont pas à négliger pour les clubs. En effet dans le but d’encourager le développement de la pratique féminine, la création d’équipe dans les catégories de jeunes (U13F et U15F) ou la labellisation (niveau argent) d’une école de football féminine permettra aux clubs de bénéficier d’un joueur (se) muté(e) supplémentaire(s) pour la saison suivante. Mais pour d’autres, il existe un véritable intérêt avec un certain nombre d’enjeux variés. Dans cette visée, ce sont les politiques sportives des clubs qui doivent être davantage tournées vers une pratique pour tous.
En fonction des secteurs géographiques (urbains/ruraux), certains clubs sont plus sensibles que d’autres à attirer et fidéliser des licenciés. Les clubs sportifs situés dans des zones rurales profondes et faiblement peuplées éprouvent des difficultés à pérenniser leur structure. Le fait de pouvoir accueillir un public de nouvelles pratiquantes peut permettre, outre que de donner une fonction de valorisation sociale au football, de renforcer les effectifs et ainsi pérenniser une structure. Sur l’Aquitaine, près de 9 clubs sur 10 possédant déjà une équipe senior féminine seraient favorables au développement du football des jeunes féminines de 12 à 15 ans. Cela leur permettrait de former des joueuses à un projet de jeu sportif et social, et ainsi constituer un réservoir de joueuses pour alimenter plus facilement leur équipe senior. Les clubs éviteraient de surcroit de perdre les quelques licenciées âgées de 15 ans pour qui l’écart d’âge avec les joueuses les « plus expérimentées » constitue une réelle démotivation.
A l’échelle locale, la concurrence entre les clubs sportifs de différentes disciplines est présente.
Quand un club perd un licencié, un autre en gagne. La concurrence s’exerce également entre clubs d’une même activité sur un même territoire. Ce phénomène s’observe surtout dans les zones rurales profondes où les bassins de population sont assez faibles et nettement moins dans le paysage urbain où l’offre de pratique est saturée. L’accueil de féminines peut se révéler être une source d’éclairage pour le club. Pour les gestionnaires de clubs tout l’intérêt repose sur la capacité de développer un avantage concurrentiel axé sur une compétence reconnue de leur organisation ou sur un positionnement correspondant à un facteur clé de succès dans leur activité. Pour certains clubs qui ne proposent pas une offre de pratique élitiste à leurs membres, l’intérêt serait de se positionner comme structure dominante dans un autre secteur peu ou pas développé par les clubs voisins. Afin d’attirer les joueuses, certains clubs ont opté pour une licence gratuite pour la première saison d’une jeune fille. Un système de parrainage qui pousse à encourager l’accès à la pratique par des réseaux personnels peut être à envisager.
Le club est amené à déplacer et à diversifier son coeur de métier19 face à une concurrence interne au mouvement sportif et au développement d’autres activités de loisirs. Pour les clubs qui ont déjà une section féminine, il s’agit d’analyser la chaine de valeur qui structure l’activité de leur organisation afin d’optimiser la qualité des services proposés20. Le club de l’ES Blanquefort, référent en matière de football féminin avec son équipe phare en 2ème Division du niveau national a obtenu en 2013 le label de son école de football qui reconnait son investissement en faveur des jeunes filles par la qualité de l’encadrement, la sensibilisation à l’arbitrage et la présence d’équipes féminines engagées en critérium départemental dans le District de football de Bordeaux. De plus, le site internet du club de football affiche clairement une forme de parité en termes de lisibilité sur l’offre de pratique qu’il propose à ses membres.

Des jeunes filles en Ecole de Football : un public à fidéliser

Alors que le nombre de licenciées U6F-U11F (catégorie correspondant à l’Ecole de Football Féminine) ne cesse de croitre depuis 10 ans, il subsiste un manque de continuité au sein des effectifs fédéraux. En effet, il y a un important renouvellement des effectifs d’une saison à l’autre. Beaucoup de jeunes filles rejoignent les clubs de football et s’en vont très rapidement parfois au bout d’une seule saison sportive. Il y a certes un pouvoir d’attractivité fort de l’activité contrasté par des difficultés à fidéliser ses membres. L’attractivité d’une pratique repose moins sur la nature même de la discipline que sur les services qui lui sont associés (accueil, animation, encadrement…).Il est donc important qu’un club soit en mesure de proposer plus qu’une discipline sportive.
Dans le cadre de la mixité, pour 10 filles qui essaient le football une seule reste. L’approche du public féminin et des jeunes filles n’est pas adaptée dans la plupart des clubs. Les leviers de motivation sont différents d’un individu et d’un genre à l’autre. L’accueil de la mixité dans les clubs doit se faire sans contraintes et sans préjugés. Les jeunes filles sont sensibles à l’ambiance et aux regards des autres et, au même titre qu’un garçon le niveau d’intégration est corrélé à son niveau de pratique ce qui rend parfois la cohabitation difficile avec les garçons pour ces jeunes filles. Le plaisir du jeu reste l’élément moteur de la motivation des jeunes filles pratiquantes de 5 à 15 ans. Elles sont 20% à préférer pratiquer le football pour se retrouver entre amies et 27% uniquement pour pratiquer un sport25. En tenant pour motif principal le plaisir du jeu, les pratiquantes recherchent très souvent une activité de loisir. Les jeunes filles préfèrent jouer dans une bonne ambiance et l’aspect de compétition est davantage occulté chez les filles que chez les garçons. 73% d’entre elles préféreraient une pratique exclusivement féminine pour une meilleure ambiance. Le rapport des motivations s’équilibre davantage pour les jeunes filles qui privilégient une pratique mixte : la raison du niveau de jeu est alors mise en avant car considéré comme meilleur en mixité, et des explications d’ancrage culturel tel que l’habitude de jouer avec des garçons.
Une des raisons qui expliquent le décalage entre le développement de la pratique  féminine entre la France et l’Allemagne, pays frontalier référent en matière de féminisation du football, est marquée par la recherche de performance symptomatique dans l’offre de pratique proposée aux jeunes fillettes dans notre système français. En Allemagne, une jeune fille peu talentueuse est prise en charge dans les clubs. C’est un pays qui a mis l’accent sur le lien et sur l’intégration des familles au sein des clubs. Les jeunes filles et la gente féminine de manière plus générale possèdent des attentes spécifiques en matière de pratique. La recherche de l’activité ludique liée au bien-être et au domaine récréatif est plus répandue chez les jeunes femmes. Ainsi les clubs devraient privilégier davantage un accueil familial en sortant d’une logique purement compétitive. En proposant une pratique familiale occasionnelle, cela renforcerait l’attachement à un club, les liens familiaux et in fine inciterait les jeunes filles à s’investir dans leur pratique.
La présence d’un éducateur attentif, une écoute personnalisée, un environnement sûr sont des éléments déterminants. Pour les plus jeunes pratiquantes, l’image d’une femme au bord des terrains rassure et entretient un lien de confiance plus difficile à observer chez les hommes.
Cependant, le genre de l’éducateur n’influence pas sur la présence des jeunes filles au football. 80% d’entre elles sont indifférentes au fait d’être entrainées par un homme ou une femme. Les compétences de l’éducateur importent davantage les joueuses soucieuses d’une plus grande écoute.
C’est un point important qui souligne qu’en France, la pratique d’une activité sportive de « loisir » est moins bien perçue qu’en Allemagne. Alors que la pratique du sport de compétition est de moins en moins importante pour les français, les instances fédérales doivent s’adapter à ces tendances et proposer pour les jeunes filles des programmes moins spécifiques et  moins tournés sur la compétition. Ces derniers doivent prendre en compte une pratique plus conviviale et familiale où la recherche de bien être serait appréciée des participants. Le club doit redevenir un lieu de rencontres, d’échanges et d’apprentissage où la logique de projet primerait sur celle de la compétition. Il est donc préconisé que les clubs et les instances fédérales locales chargées de l’organisation de la pratique, diversifient l’offre de pratique faite aux jeunes filles afin de continuer à les faire pratiquer compte tenu des problématiques précédemment citées. Le football doit progresser en sortant du stéréotype qu’il ne peut être assimilé qu’à une pratique fixe à 11 contre 11 avec des rencontres aller-retour, selon le Directeur Technique National (D.T.N) Monsieur Blaquart31. Il existe d’autres formes diversifiées qu’il faut proposer sous peine de laisser voir partir un bon nombre de licenciés vers de la pratique libre « indoor » moins contraignante avec des conditions de jeu très souvent supérieures proposées dans des structures privées. La diversification de la pratique tend à se formaliser pour les écoles de football masculines avec la possibilité pour les clubs de participer à des rencontres de futsal ou de beach soccer comme dans les Landes. Cependant, la diversification rencontre des freins comme la disponibilité des gymnases dont l’occupation par les autres disciplines sportives reste prioritaire (en plus de la saturation des installations). Dans ces conditions, la pratique du futsal pour les féminines sur des périodes hivernales est variable selon les territoires et l’utilisation de leur parc d’équipements.

Le développement de la pratique féminine des jeunes : un processus long et complexe

La pratique du football chez les jeunes filles est en constante progression depuis près de  ans. Une progression de l’on pourrait qualifiée de fulgurante puisque lors de la saison 2000- 2001 ce sont 7 600 licenciées U6F-U11F recensées au niveau national, pour quasiment 16 000 joueuses actuellement. La L.F.A a enregistré une augmentation de plus de 36% depuis le lancement du plan de féminisation. Cette évolution positive du nombre de licenciées est d’autant plus appréciable que la L.F.A a perdu près de 9% de licenciés. Cependant la pratique féminine n’est pas un phénomène naturel et des freins culturels,sociaux,politiques,organisationnels persistent et ralentissent ce développement.

L’émergence de la pratique féminine fédérale : une lente ascension dans un sport encore largement genré

Pour bien se rendre compte que l’acceptation des femmes dans le paysage footballistique français est encore loin d’être établie, il suffit de se reporter aux récentes déclarations lors d’un débat radiophonique du conseiller du Président de l’Olympique Lyonnais, dont l’équipe féminine est double championne d’Europe, une référence en matière de football féminin. Ce dernier a porté des propos machistes et sexistes condamnant les femmes à un simple rôle traditionnel au domicile familial. Ces propos ont fait grand bruit dans la sphère footballistique, sportive et politique plus généralement. Les résistances sont ancrées culturellement également au sein même des cellules familiales et l’évolution des mentalités est loin d’être évidente, malgré une prise de conscience du milieu fédéral sur l’importance d’ouvrir la pratique devant les enjeux du football féminin.
L’évolution du football féminin est liée à celle du sport et de la place des femmes dans la société. La naissance du football féminin coïncide avec l’essor des pratiques de plein air et des épreuves d’athlétisme pour les femmes34. En 1917, les femmes pratiquent le football pour la première fois officiellement au sein de l’association Fémina Sport, club omnisport précurseur en matière de pratique sportive féminine. En effet, antérieurement le football et plus généralement l’accessibilité aux pratiques sportives pour les femmes était quasi inexistante. Le premier essor du football féminin correspond donc à la période de la première Guerre Mondiale où les femmes commençaient à acquérir des responsabilités dans l’administration et dans les commerces. Ce mouvement dans l’espace public à l’égard des femmes s’était déclenché afin de palier à une main d’oeuvre masculine fortement diminuée par la grande guerre. La pratique du sport n’était toutefois seulement acceptée que dans la mesure où il devait s’agir « d’une pratique temporaire, tolérée car liée à leur mobilisation dans les activités professionnelles qui étaient réservées aux hommes avant le conflit ».

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Table des matières
INTRODUCTION 
I. Le football Aquitain féminin : vers une augmentation du football de masse
A. Une logique de développement renversée : une politique régionale orientée vers les
jeunes pratiquantes
B. Des clubs sportifs enclins à accueillir et renforcer la pratique féminine des jeunes : des
enjeux variables
C. Des jeunes filles en Ecole de Football : un public à fidéliser
II. Le développement de la pratique féminine des jeunes : un processus long et
complexe 
A. L’émergence de la pratique féminine fédérale : une lente ascension dans un sport encore largement genré
B. Une reconnaissance progressive des instances fédérales : la politique sportive
féminine difficile à décliner jusqu’au niveau local
C. Des clubs sportifs soumis à des difficultés supplémentaires pour faire face à des projets sportifs féminins
III. Des perspectives à construire pour une féminisation accrue du football régional
A. Une féminisation réussie : La ligue du Nord de Football : un exemple à suivre ?
B. Le projet régional de football féminin : vers une meilleure articulation de l’action fédérale par les acteurs territoriaux et un réseau de partenaires à mobiliser
C. La recomposition territoriale : un modèle à définir pour les clubs supports de jeunes
ANNEXE METHODOLOGIQUE 
PRESENTATIONS DES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 
ANNEXES

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