Le cybercarnet : ouvrir la classe aux parents d’élèves

Le référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation établit les objectifs à maîtriser par tous les professionnels du monde éducatif. Dès le début de l’année scolaire, la douzième compétence du référentiel qui est « coopérer avec les parents d’élèves » a été mise à l’épreuve. Les parents étaient à la demande d’une coopération étroite et cherchaient à être rassurés. Afin de mieux cerner ce sentiment, j’ai rencontré les parents délégués de ma classe. Une inquiétude majeure a ainsi émergé : « Nous craignons que nos enfants ne travaillent pas assez ». Par la suite, mon accessibilité pour la prise de rendez-vous et ma disponibilité à la sortie de l’école n’ont pas suffi à soulager leur inquiétude car le problème était autre. Au fond, la crainte ressentie par les parents d’élèves est compréhensible. Ils ne savent pas ce que leur enfant fait en classe, ils n’ont que les cahiers qui sont loin de refléter tout le travail oral, la manipulation et les rituels faits en classe. De plus, lorsque les élèves rentrent à la maison, ils racontent très peu leur journée de classe. Ayant connaissance du site internet de l’école, j’ai ainsi eu l’idée de me servir de cette plateforme pour ouvrir notre classe aux parents d’élèves. Le but étant de leur donner la possibilité de voir le travail de leur enfant à la manière d’un blog et de mesurer ainsi l’impact positif dans la relation entre les parents d’élèves et l’enseignant. Cependant, la mise en place de ce projet nécessitera la mobilisation d’un certain nombre d’acteurs, et le temps forcera à se tourner vers une autre plateforme pour créer ce blog de classe : le cybercarnet. Mais l’intention restera la même, et les élèves seront plus facilement acteurs de ce projet. En effet, les élèves développeront en parallèle des compétences en production d’écrits, car ce seront eux qui posteront les activités faites en classe. Pour préparer les élèves à la publication, un travail sur l’éducation aux médias et à l’information sera réalisé en amont. La publication débutera ensuite par groupe, puis en individuel lorsque les élèves seront davantage familiarisés avec le cybercarnet.

Coopérer avec les parents d’élèves

La relation avec les parents d’élèves 

Qu’est-ce que la relation ? Elle se définit comme étant un lien à autrui, elle repose sur les similitudes et les différences qui nous enrichissent, sur le respect et sur une attention de l’autre. La relation exige d’être attentifs aux effets de nos messages. En psychologie sociale, GustaveNicolas Fischer la décrit comme une caractéristique de notre être, et « ce n’est pas un état, mais un ensemble de processus à travers lesquels la vie sociale et individuelle s’exprime » . Il parait ainsi important de ne pas craindre cette relation aux autres, au risque de l’altérer. Nous constatons pourtant bien souvent une crainte dans l’enseignement à l’égard de la relation avec les parents d’élèves. À l’échelle de mon école, qui se trouve dans un milieu socioculturel élevé, certains enseignants limitent la relation avec les parents d’élèves et sont très souvent sur leurs gardes lors d’un échange. Une méfiance, et même une défiance provenant des deux côtés semblent parfois palpable. Dans Communiquer avec les parents pour la réussite des élèves , Benjamin Chemouny cite un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation nationale, « La Place et le rôle des parents dans l’école » . La relation conflictuelle entre l’institution scolaire et les familles remonte à l’instauration de la IIIe République. Le rapport de l’inspection parle de l’Etat qui décide de prendre en charge l’éducation des enfants en les « arrachant à leur famille pour les conduire à la lumière ». Les familles plus populaires présentaient d’ores et déjà de nombreux « défauts ». A cette époque, les enfants de ces familles travaillaient plutôt que de suivre un enseignement à l’école, l’enseignement religieux prenait trop de place, et l’hygiène n’était pas toujours suffisamment respectée. Par conséquent, ces familles ont été mises de côté, une séparation s’est instaurée. Benjamin Chemouny parle d’une seconde rupture : la massification du système scolaire pendant les années 1960-1970. La poursuite des études s’ouvre à tous les milieux, l’orientation scolaire entre au cœur des questionnements et les parents sont les premiers concernés. Les parents, « premiers éducateurs », souhaitent agir pour la réussite scolaire de leur enfant. De ce fait, l’institution scolaire et les familles se trouvent de plus en plus face aux « déceptions, critiques » et « remises en cause ». Les responsabilités sont confrontées, cherchées, ce climat dégrade alors la relation entre les parents et l’école. Et, tout comme le précise Benjamin Chemouny, depuis, l’institution prend en compte cette relation et crée plusieurs lois, droits et référentiels qui visent à améliorer le climat avec les parents d’élèves. Du côté des enseignants, des obligations s’instaurent, notamment la prise en compte des nouvelles technologies pour faciliter la communication.

Nous pouvons ainsi questionner les attentes des parents et tenter de comprendre ce qu’ils espèrent réellement de nous. Sachant qu’il est difficile, voire impossible, de répondre aux attentes de chaque parent car tous sont différents. Mais, bien que souvent les souhaits de chacun entrent en confrontation et peinent à se réaliser, il semble possible de réunir tous les acteurs sur un point commun. Ce point commun permettrait d’entamer une approche positive qui serait bénéfique pour la relation entre les parents et les enseignants. En effet, l’enfant ne peut qu’être déstabilisé si les deux mondes dans lesquels il évolue s’opposent, s’ils ne se comprennent pas, et ce, encore plus si les discours deviennent contradictoires. Cependant, les enseignants et les parents d’élèves ont d’ores et déjà un but commun qui pourrait favoriser leur relation, celui de vouloir la réussite de l’enfant. Comment créer et entretenir cette relation de confiance tout en gardant la main sur notre enseignement et en préservant une certaine intimité de la classe ? Comment s’investir auprès des parents sans les craindre ? Comment ne pas redouter les rencontres avec les parents d’élèves et notamment avec les plus accusateurs ? Il apparaît nécessaire de poser un cadre strict et clair aux parents qui limite les inquiétudes et les envies de prises de contrôles, tout en instaurant un climat de confiance et en les intégrant dans la vie de classe.

Les différents moyens de communication à l’école : le blog pourrait-il être un atout ?

Au regard de plusieurs enquêtes, la situation est préoccupante : d’après deux enquêtes réalisées en 2013 par Georges Fotinos , 73% des personnels de direction et 56% des directeurs ont eu des différends avec des parents. Le lien école-parents est donc un point sensible sur lequel il faut se pencher. D’après l’enquête CVS (Cadre de vie et sécurité) publiée par l’INSEE en 2014 , chaque année en moyenne, 12 % des personnels de l’éducation sont confrontés aux menaces ou insultes dans le cadre de leur métier. Les plus exposés sont les professeurs des écoles, sept cas sur dix en école primaire sont du fait des adultes et principalement des parents. Il est ajouté que ce résultat est près de deux fois plus élevé que dans les autres métiers. La communication serait un des éléments pour renforcer le lien et l’améliorer.

Qu’est-ce que la communication ? En psychologie sociale, Gustave-Nicolas Fischer la définit comme étant un moyen d’expression d’une relation par lequel elle se construit, se développe. Il apparaît donc nécessaire d’entretenir la communication avec les parents d’élèves pour améliorer la relation. Mais, entretenir la communication n’est pas de toute évidence. Dans Communiquer avec les parents pour la réussite des élèves , Benjamin Chemouny confronte deux aspects de la communication. Selon lui, elle est naturelle car elle entre en jeu dès les premiers instants de vie. Pourtant, le caractère non linéaire de la communication la rend parfois bien plus compliquée. En effet, la réception du message, et plus particulièrement entre les parents et les enseignants, peut être influencée par de nombreux facteurs. Les échanges les plus simples peuvent ainsi amener à des situations très délicates. L’émission du message subit des interférences qui change la réception du message par le récepteur, qui lui-même subit des interférences (cf. annexe A). Pour limiter un maximum ces effets, Benjamin Chemouny souligne l’importance de prendre « un peu de recul » et parle d’une responsabilité commune. Au-delà de cette communication orale, l’auteur met également en avant l’importance de l’échange écrit. Il peut se manifester sous toutes formes de supports.

Des moyens dans les écoles sont à notre disposition pour favoriser cela : les cahiers de correspondance, la possibilité d’échanges téléphoniques avec les parents, se rendre disponible lors des sorties de classe, la réunion de rentrée avec les parents d’élèves, les conseils d’écoles, le livret scolaire unique, la possibilité de prise de rendez-vous, les sorties scolaires, la possibilité de faire intervenir les parents dans la classe. Ces moyens d’ores et déjà en place ne semblent pourtant pas suffisants. Peut-être serait-ce parce qu’ils ne permettent pas d’intégrer suffisamment et de prendre en compte la majorité des parents d’élèves ? Nous pouvons donc questionner leur suffisance et la façon de s’approprier ces différents moyens. Il est également possible de passer par d’autres moyens qui tendent à se développer et qui nous sont offerts par le numérique. Un blog de classe serait-il donc bénéfique à la relation entre les parents et les enseignants ? Benjamin Chemouny apporte des premiers éléments de réponses, il dit que le blog « ouvre ainsi l’école “à distance”, rendant la scolarité des enfants moins mystérieuse, moins inaccessible ». Voici un point commun sur lequel réunir les parents, il permet de répondre à une demande, une inquiétude commune, celle de ne pas savoir ce qu’il se passe dans la classe. Le questionnaire distribué en amont aux parents d’élèves a donné un état des lieux et se dessine en ce sens (cf. annexe B).

Renforcer le rapport des parents d’élèves à l’école par l’intermédiaire du cybercarnet 

Ce nouvel outil de communication que représente le cybercarnet serait-il un moyen de créer un nouveau rapport entre les parents d’élèves et l’école ou, tout du moins, de le renforcer ? Dans Ecoles, famille le malentendu, Bernard Charlot part du constat qui est que les parents d’élèves paraissent comme étant de plus en plus intrusifs. Et, il parle ainsi d’une rivalité autour de la « propriété de l’enfant » . Les enseignants éprouvent un sentiment d’impuissance face à la parole des parents parfois trop directive. Face aux parents, la parole de l’enfant semble même avoir plus de pouvoir que celle des enseignants. Nous pouvons nous demander pourquoi cette relation conflictuelle s’installe et marque un fossé de plus en plus grand entre les parents et l’école ; et comment œuvrer pour rapprocher les parents de l’école, sans pour autant les rendre trop intrusifs. Un des éléments qui complexifient la relation actuelle est que la confiance n’est pas une évidence. L’école n’apparaît plus comme une organisation publique qui assure l’avenir de l’enfant. Pourtant, une communication entretenue et une relation de confiance semble être essentielles pour la réussite des élèves. La compétence du référentiel réaffirme ce point capital, il s’agit de « coopérer avec les parents d’élèves ». Nous entendons ainsi parler de plus en plus de la coéducation. Jean-Louis Auduc, ancien directeur d’IUFM , questionne cette relation avec les parents d’élèves qui déstabilise de plus en plus les enseignants et crée un climat de méfiance. Selon lui, la situation actuelle marque une rupture profonde avec les deux siècles qui nous ont précédés. L’ascension sociale était un profond moteur, les parents voyaient dans l’école un moyen pour leur enfant de réussir mieux qu’eux dans la vie. Seulement, aujourd’hui, l’école « n’apparaît plus comme l’élément structurant d’un futur réussi ». L’accès à l’emploi n’est plus assuré par un diplôme et le monde du travail engendre des discriminations. De plus, l’école devient de moins en moins compréhensible et est rendue instable par les nombreux changements et crises qui l’agitent. Pour Jean-Louis Auduc, il ne se passe pas une année depuis l’année 1974 sans réformes importantes dans les différents niveaux scolaires. Il s’agit alors de rendre l’école plus accessible, plus compréhensible par les familles.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. Coopérer avec les parents d’élèves
1.1. La relation avec les parents d’élèves
1.2. Les différents moyens de communication à l’école : le blog, pourrait-il être un atout ?
1.3. Renforcer le rapport des parents d’élèves à l’école par l’intermédiaire du cybercarnet
2. Utiliser et mettre en place le numérique pour améliorer la relation avec les parents d’élèves
2.1. Le numérique au sein de l’éducation nationale
2.2. Comment mettre en place les usages du numérique au sein de la classe ?
2.3. Sécurité, droit et éthique de l’enseignant
3. Le cybercarnet comme outil pédagogique
3.1. L’écriture
3.2. Éducation aux médias et à internet : comment apprendre aux élèves une approche et une utilisation responsable du numérique ?
3.3. Communiquer avec les parents d’élèves
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE
ANNEXES

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