Le concert métal, apogée du moment musical métal

Les raisons d’un goût musical pour le métal

Si l’étonnement est l’une des attitudes de base à l’émergence de la philosophie, du sentiment de la découverte puis de la fascination, c’est peut-être la « curiosité » qui serait le sentiment le plus lié au style métallique, un attrait pour l’étrange, l’inconnu, l’interdit, bref ce qui rebute habituellement les néophytes. Robert Culat traduit ce comportement  prometteur comme une « ouverture esthétique et culturelle » qui permet d’aller plus loin que la première impression et qui donne le goût d’en savoir davantage sur le métal.
La variété qui existe au sein de cette communauté permet à chacun d’y trouver quelque chose à son goût, que ce soit la virtuosité des mélodies, l’agressivité sonore la plus brutale qui soit ou encore la technique la plus travaillée jusqu’au son « sale », crasse et brut (un son « garage »). De plus, à l’instar du répondant no.507, un vrai fan de métal a plusieurs groupes cultes. Il faut entendre ici le mot « culte » dans le sens d’ancienneté, de vétéran, de fondateur, bref de professionnel et non d’amateur. Toutefois, il faut vraiment faire attention aux différentes « chapelles » du métal, car toutes ne sont pas compatibles entre elles. « Des fois la distinction peut se muer en opposition, voire en antagonisme : les fans de black et les fans de néo (ou nu métal), pour ne citer qu’un exemple, ne se fréquentent guère. Et généralement ils ne s’estiment pas davantage. »C’est pourquoi il est impossible de généraliser ici en raison d’une confusion éventuelle entre les critères musicaux et les critères idéologiques de classement. Si les métalleux sont unis et se rassemblent sous une même bannière, ils se montrent divisés par leurs goûts. En évitant de généraliser de manière abusive, on peut tout de même distinguer « d’un côté un métal plutôt accessible et mélodique, de l’autre un métal violent, agressif et sombre. »

Le rapport à la musique : de l’écoute à la pratique instrumentale

D’emblée, le neuroscientifique et auteur montréalais Daniel Levitin, de renommée internationale, «soutient dans ses recherches que la musique a précédé le langage dans notre évolution. Selon cette thèse qui ne fait pas consensus, l’homme serait donc programmé pour comprendre et apprécier la musique. » Il suppose que certaines réactions émotives à la musique seraient innées chez l’être humain, passionné des sons.
Avant 1880, le contact avec la musique était alors beaucoup moins fréquent que depuis le développement des différents supports et technologies reliées à notre perception et à la pratique instrumentale de cette forme d’art peut-être invisible mais très présente dans nos vies. Dans les anciennes civilisations, les traditions culturelles (artistiques, religieuses, musicales) reposaient sur la mémoire humaine et l’oralité. Après la révolution de la notation musicale qui se fixa entre le IXe et le XVIIe siècle, c’est l’apparition d’un support matériel pour le son à la fin du XIXe siècle qui va redéfinir complètement notre relation avec les œuvres musicales, une mutation encore perceptible de nos jours.
Lorsqu’on demande aux métalleux leurs supports musicaux préférés, 90% disent que c’est le disque/vinyle/K7, comparativement à 41,5% pour les concerts et 17,5% pour les vidéos/clips vidéos. Les vidéos seules sont citées 4 fois seulement (0,72%), alors que les concerts seuls sont cités 50 fois, ce qui fait 9,06% des participants. Ces derniers « sont eux qui suscite le plus de commentaires ou d’explications. C’est dire toute leur importance dans la mentalité des métalleux ».

Le rapport à la corporalité : l’élément capillaire

C’est bien connu, les métalleux ont une tendance à l’incarnation du style musical, notamment par le port des cheveux longs. Tradition héritée du romantisme, revalorisée par les Beatles, puis les hippies et les rockeurs excentriques des années 1960, les cheveux ont souvent eu dans l’histoire un rôle culturel très important dans la contestation du pouvoir politique. Par exemple, encore de nos jours, en Iran, les métalleux peuvent se faire raser les cheveux par les autorités, car cela est vu comme un signe de rébellion Afin de mieux comprendre les éléments et caractères attachés à la symbolique divine des cheveux longs et souvent à la barbe postiche, il est possible d’en dresser un bref historique, surtout que le port des cheveux longs était déjà présent et sacré par exemple chez les rois Mérovingiens, les pharaons en Égypte qui permet de différencier du commun des mortels, les guerriers Mayas/Incas en Amérique du Sud, les Maoris de la Nouvelle-Zélande ou bien encore les samouraïs au Japon . Cependant, depuis les années 1960, opposés au cheveu court imposé aux hommes dans la sphère militaire ou dans certains régimes dictatoriaux, les contestataires et rebelles issus de la contre-culture aiment bien afficher une chevelure délibérément longue. De nos jours, la culture métal culmine aussi vers cet aspect subversif par son choix capillaire assez hétérogène.

Regard sur l’esthétique vestimentaire

Les métalleux porte un look original et disons-le parfois provocateur. Il faut l’avouer, la provocation est souvent au centre des habitudes vestimentaires, car l’artiste métalleux ou son adepte préfère s’affirmer, parfois déranger, voire choquer. Pour mieux comprendre comment ils vivent la musique métal, il faut ainsi définir leur « éthos », c’est-à-dire la manière de dire qui renseigne sur la manière d’être.
Or, l’esthétique vestimentaire du métal tend généralement à fasciner ou devient plus souvent un effet de repoussoir sur la plupart des personnes extérieures à ce milieu artistique. Quoiqu’il existe des divisions et des dissensions à l’intérieur d’un style bien défini, comme le black métal et ses «chapelles internes » (Culat), c’est pourtant à cause de leur habillement que les adeptes de métal sont plus rapidement identifiés à des fous, des malades mentaux, des détraqués, des personnes violentes ou agressives, des anormaux, des inadaptés « Issue de la sphère familiale ou non, l’influence des aînés reste un élément particulièrement déterminant dans la carrière d’un amateur de métal », surtout dans les cas où les attitudes ou les « looks » singuliers peuvent jouer un rôle dans le processus de captation. Pour mieux comprendre ce phénomène, voyons en détails quelques résultats de l’enquête de Robert Culat à ce sujet. Chez 54% des répondants, le look métal n’est pas important. Sur le total, 35% en ont un habituellement, un autre 27% uniquement lors des occasions spéciales, et seulement 30% affirment ne pas l’adopter dans leur vie. Ainsi, 62% des participants tiennent au look car ils en portent un, à l’occasion ou tous les jours.

Le métal favorise la sociabilité

La musique vient littéralement changer la manière de vivre de l’adepte, tel un véritable hapax existentiel selon l’expression du philosophe normand Michel Onfray dans son ouvrage La sculpture de soi (1993), qui touche directement le corps et le submerge, telle une jouissance corporelle. Selon Fabien Hein, « la musique contient potentiellement le pouvoir de produire un choc esthétique ou plus prosaïquement, un coup de foudre, à son auditeur.On pénètre là dans le registre du choc, de la révélation et du basculement. »Après la découverte, l’existence ne peut être vécue de la même manière. Sorte de possession, de transe, par la musique, la passion du métal se manifeste ainsi forcément et inévitablement sur le corps et sur l’esprit : goûts musicaux, attitudes artistiques, habitudes vestimentaires, références culturelles, etc. Cependant, considérant l’importance du cercle d’amis, le métal a-t-il un effet sur ses relations interpersonnelles ?
Comme la force du choc esthétique repose selon Fabien Hein sur sa capacité à générer des sensations plaisantes, le néophyte va d’abord activer la mimesis du rockeur en essayant d’imiter son idole : bouger les doigts comme son guitariste préféré, fouetter la mesure comme un vrai batteur, faire semblant de crier les paroles à tue-tête, etc.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction – Le métal : la révolution musicale par le cri guttural
0.1 Littérature scientifique sur le sujet
0.2 L’expérience personnelle
0.3 Objectifs de ce mémoire
0.4 Méthode pour définir et comprendre l’esthétique métal
Chapitre 1 – Brève histoire de la musique dite métal
1.1 Un phénomène intergénérationnel
1.2 Ce qu’il faut retenir
Chapitre 2 – Portrait d’un métalleux : de la curiosité au culte!
2.1 Les raisons d’un goût musical pour le métal
2.2 « Fan un jour, fan toujours »
2.3 Le rapport à la musique : de l’écoute à la pratique instrumentale
2.4 Le rapport à la corporalité : l’élément capillaire
2.5 Regard sur l’esthétique vestimentaire
2.6 Le métal favorise la sociabilité
2.7 En résumé : le métal est un mode de vie
Chapitre 3 – Analyse d’un concert de type métal et sa fonction cathartique
3.1 Qu’est-ce que la catharsis ?
3.2 Vers une définition du concert à sonorité métallique
3.3 Le concert métal, apogée du moment musical métal
– Acte 1 : La préparation du spectacle
– Acte 2 : L’ouverture des portes et les acteurs en présence
– Acte 3 : Le concert métal comme expérience dionysiaque
– Acte 4 : L’adieu final par une catharsis achevée
3.4 Musique CLASSIQUE versus musique MÉTAL
3.5 Nouvelles manifestations gestuelles et corporelles face au son métal
x Catharsis chez le spectateur
x Catharsis en groupe
3.6 La philosophie au secours de la musicologie
3.7 Conclusion préliminaire
Chapitre 4 – L’artiste sur scène, la performance, l’œuvre en acte
4.1 Profil général de l’artiste-métalleux
4.2 L’artiste sur scène
a- De l’endurance à l’œuvre en acte
b- Costume et maquillage
c- Les femmes dans l’art métal
d- Performer sa vie
Chapitre 5 – Les valeurs du mouvement métal : combattre les préjugés pour sortir de la clandestinité et affirmer sa différence. Une marginalité assumée
5.1 Aperçu historique de la censure contre le rock/métal
5.2 Ce qu’en disent les métalleux
5.3 Les élites actuelles contre ou pour le rock/métal ?
5.4 L’héritage du rock comme fondement de la subversion
5.5 Le métal est à propos de la vie!
5.6 Le concert métal : un buffet de diversité musicale
5.7 Le paradoxe de l’immoralité dans l’art
5.8 Le métal versus la musique pop
5.9 Le métal et la culture en général
5.10 Nietzsche dans le métal, entre philosophie et politique
5.11 Le métal est-il un art romantique ?
5.12 Le métal dans la culture populaire !!!
5.13 Esquisse de conclusion
Chapitre « 666 » – Le rapport paradoxal des métalleux avec la religion
6.1 Révolte d’abord et avant tout contre le christianisme
6.2 Du satanisme carnavalesque à l’héroïsme chevaleresque
6.3 Le métal : rejet catégorique du dieu des monothéistes ?
6.4 La musique métal est-elle est une religion ?
6.5 Une spiritualité moderne : du silence au cri métallique
6.6 Dernière station : désenchantement du monde et postmodernisme
Conclusion : Vers une théorie philosophique du concert… et pour une meilleure science
de l’acoustique!

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *