Le concept des valeurs de référence en biologie médicale

Les dyslipidémies, des anomalies du métabolisme des lipoprotéines, sont de plus en plus fréquentes dans la population sénégalaise. L’âge, le sexe et l’hygiène de vie constituent plusieurs facteurs associés à ces pathologies. (1) Ces anomalies peuvent provoquer la formation lente et progressive de plaques d’athérome affectant les vaisseaux de gros et moyens calibres. La complication de cette pathologie peut se manifester par la maladie coronarienne jusqu’à l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral. L’athérosclérose est la première cause de mortalité et d’invalidité dans les pays développés. (2) Le suivi des patients au cours de leur traitement et l’appréciation de leur état pathologique nécessitent le dosage des différents paramètres lipidiques sériques à savoir le cholestérol total, le cholestérol HDL, le cholestérol LDL, et les triglycérides. Ces derniers constituent le bilan lipidique de base. L’interprétation des résultats d’analyse n’a de valeur que lorsqu’elles sont comparées à une série de valeurs dites « valeurs de référence » obtenues à partir d’individus sélectionnés selon des critères bien définis (population de référence) ou à défaut des valeurs usuelles. Le concept de valeurs de référence a été conçu et complété par de nombreux travaux de sociétés savantes nationales (française et espagnole)(3), ainsi qu’à l’échelon international, notamment au sein de l’IFCC-LM et du NCCLS aux États-Unis. Des documents issus d’organismes publics ou de normalisation ont institutionnalisé ces recommandations issues des sociétés savantes. Ainsi le GBEA(4) et la norme ISO 15189(5) pour les laboratoires de biologie médicale et la directive 98/79/CE(6) pour les industriels du diagnostic in vitro, prescrivent à des titres divers l’utilisation ou la mention de limites de référence sur les comptes rendus d’analyse et sur les notices des réactifs de laboratoire. Suivant la technique utilisée, même en absence de cause d’erreur de manipulation, les résultats pour les mêmes paramètres diffèrent parfois de façon notable ; on parle de variations analytiques. D’autres facteurs de variations tels que les variations intra et interindividuelles peuvent aussi influencer les résultats. La première tâche de tout biologiste est de déterminer les valeurs de référence propre à sa population. (7) Lors de l’interprétation des résultats, de nombreux cliniciens ne sont pas conscients que les valeurs de référence utilisées doivent provenir de la même population que celle d’où sont issus leurs patients. (8) Des études effectuées sur des individus de race noire et blanche de différents pays montrent qu’il existerait des différences relatives aux taux de lipides sériques dépendant de la race et/ ou du pays. (9) De ce fait, l’utilisation de valeurs de référence d’une population donnée pour une autre population fait courir le risque de diagnostics cliniques par excès ou par défaut. Au Sénégal, les valeurs de référence utilisées par les prescripteurs et les biologistes jusqu’ici sont celles des pays occidentaux (origine des réactifs et matériels de laboratoire d’analyse biomédicale). En effet, l’établissement des valeurs de référence est très codifié et repose sur certaines conditions qui parfois ne sont pas réalisables dans la pratique quotidienne. Produire des valeurs de référence constitue une tache longue, difficile coûteuse . Ces procédures n’étant pas à la portée de tous les laboratoires, il est quand même possible, à défaut, de déterminer les valeurs usuelles propres à chaque pays. C’est dans cette optique que la présente étude contribuera à l’élaboration des valeurs usuelles des paramètres lipidiques chez des sujets adultes Sénégalais. Les résultats obtenus permettront d’une part aux biologistes de disposer de leurs propres valeurs usuelles et d’autre part, aideront aussi les prescripteurs dans l’estimation des risques liés aux affections cardiovasculaires et métaboliques.

LE CONCEPT DES VALEURS DE RÉFÉRENCE EN BIOLOGIE MÉDICALE 

Définitions 

Le concept des valeurs de référence en biologie clinique a vu le jour à la fin des années soixante, c’est l’un des moyens incontournables pour décrire les différentes valeurs que peuvent prendre les résultats des tests de biologie médicale c’est-à-dire, la variabilité des constantes biologiques dans des populations de référence, exemptes de pathologies ou de traitements susceptibles de modifier ces paramètres. N’oublions pas que ces mêmes constantes sont physiologiquement variables selon l’âge, le sexe, l’origine géographique et autres modalités. Les valeurs de référence ont été introduites et élaborées afin de remplacer une multitude de termes ambigus qui sont utilisés par les cliniciens et biologistes mais aussi par la population tels que valeurs normales, valeurs usuelles … (11) Afin d’éviter une confusion entre valeur de référence, valeur normale et valeur usuelle, il importe de les définir.

Les valeurs de référence : ce sont des valeurs mesurées sur des individus en bonne santé se trouvant dans des conditions soigneusement décrites, en particulier du point de vue des facteurs de variations potentiels risquant d’introduire un biais dans la distribution de référence et permettant une interprétation en fonction des objectifs. (12)

Valeur observée : valeur d’une variable biologique ou d’un analyte obtenu par observation ou mesure sur un sujet à tester et qui doit être comparée à des valeurs de référence, une distribution de référence, des limites de référence ou un intervalle de référence. (13)

Valeur normale : c’est des valeurs établies à partir d’un groupe bien défini d’individus représentatifs de la population générale, non soumis à une sélection préalable ou à un changement de conditions de vie. (14)

Valeur usuelle : elles correspondent aux valeurs les plus souvent rencontrées avec les techniques les plus courantes. Elles sont obtenues à partir de population hétérogène pour lesquelles plusieurs facteurs de variation n’ont pas été suffisamment contrôlés. Ces populations sont souvent rassemblées pour des raisons de facilite. Exemple : groupe d’étudiants en pharmacie.

Individu de référence : une personne sélectionnée sur la base de critères bien définis (supposée en bonne santé, âge, sexe, conditions de vie décrits). (13)

Population de référence : rassemble tous les individus de référence. (13)

Échantillon de référence : c’est une partie de la population de référence, il est constitué d’un certain nombre d’individus de référence. (13)

Distribution de référence : c’est la représentation de la répartition des valeurs de référence, généralement sous forme d’un histogramme de valeurs obtenues chez des individus constituants l’échantillon de référence. (13)

L’intervalle de référence : il est défini par deux limites de référence (7,12); toutes les valeurs se trouvant entre ces deux limites ainsi que les valeurs des deux limites font partie de l’intervalle de référence.

Limite de référence : c’est une valeur dérivée de la distribution de référence, elle permet de comparer une valeur observée aux données de référence, elle est utilisée dans un but descriptif d’un état de santé donné d’une population de référence bien définie et contribue à la prise de décision médicale. (13) Les limites de référence sont l’image d’une population homogène, la plus proche possible du sujet observé, elles sont donc adaptées à l’âge, au sexe ou à un état physiologique particulier comme la grossesse. Pour quelques analytes, les limites de référence sont remplacées par des limites de décision établies le plus fréquemment par un consensus national ou international, par méthode statistique ou par les études épidémiologiques.

Limite de décision : c’est des valeurs utilisées par le clinicien comme un seuil en dessous ou au-dessus du quel une action médicale est envisagée, en tenant compte des spécificités propres à chaque personne. Elles sont donc utiles pour poser un diagnostic ou une thérapeutique et varient avec la clinique et l’objectif (13). Généralement, il existe deux limites de référence alors que le nombre de limites de décision est variable suivant l’examen de laboratoire concerné et le contexte clinique.

Intérêts des valeurs de référence

Les valeurs de référence sont mises à profit comme index dans de multiples circonstances.

Intérêts dans le diagnostic médical 

L’établissement des valeurs de référence pour chaque constituant biologique permet aux cliniciens (16) :
● de fixer une limite de décision adaptée à chaque cas particulier de patient ;
● de vérifier un état de santé chez un patient ;
● d’alerter le patient sur les risques encourus ;
● de confirmer ou conforter un diagnostic médical ;
● de dépister une affection cliniquement non décelable.

Intérêts dans le pronostic et le suivi thérapeutique 

Il s’agit d’évaluer l’effet thérapeutique, et/ou de surveiller un risque dû à la médication. Par exemple ; la surveillance biologique de l’activité anticoagulante des antivitamine K du fait de leur faible marge thérapeutique et de la grande variabilité inter-individuelle de la posologie. En effet, pour dire qu’un sujet est atteint d’un syndrome, il faut comparer la valeur mesurée à celle d’un groupe de référence atteint du même syndrome, afin d’avoir une vision clarifiée du pronostic clinique. L’étude comparative de populations saines et malades pour une variable biologique donnée, permet de classer les examens suivant leur pouvoir discriminant.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
1 – LE CONCEPT DES VALEURS DE RÉFÉRENCE EN BIOLOGIE MÉDICALE
1.1. Définitions
1.2. Intérêts des valeurs de référence
1.2.1. Intérêts dans le diagnostic médical
1.2.2. Intérêts dans le pronostic et le suivi thérapeutique
1.2.3. Intérêts en épidémiologie
1.3. Stratégie d’établissement des valeurs de référence
1.3.1. Sélection des individus de référence
1.3.2. Facteurs pré-analytiques
1.3.3. Facteurs analytiques
1.3.4. Traitements statistiques et analyses des données
1.3.5. Nombre minimum de valeurs de référence
1.3.6. Mise en évidence et élimination des valeurs aberrantes
1.3.7. Partition des valeurs de référence
1.3.8. Intervalle de confiance
2. RAPPELS SUR LES PARAMETRES DU BILAN LIPIDIQUE
2.1. Cholestérol Total
2.1.1. Définition
2.1.2. Métabolisme
2.1.3. Rôle physiologique
2.1.4. Intérêt clinique
2.1.5. Méthodes de dosage
2.1.6. Variations physiopathologiques
2.2. Triglycérides
2.2.1. Définition
2.2.2. Métabolisme
2.2.3. Rôle physiologique
2.2.4. Intérêt clinique
2.2.5. Méthodes de dosage
2.2.6. Variations physiopathologiques
2.3. Les lipoprotéines
2.4. Cholestérol HDL
2.4.1. Définition
2.4.2. Métabolisme
2.4.3. Rôle physiologique
2.4.4. Intérêt clinique
2.4.5. Méthodes de dosage
2.4.6. Variations physiopathologiques
2.4.6.1. Valeurs normales
2.4.6.2. Valeurs physiopathologiques
2.5. Cholestérol LDL
2.5.1. Définition
2.5.2. Métabolisme
2.5.3. Rôle physiologique
2.5.4. Intérêt clinique
2.5.5. Méthodes de dosage
2.5.6. Variations physiopathologiques
2.5.6.1. Valeurs normales
2.5.6.2. Valeurs physiopathologiques
2.6. Aspect du sérum
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
1. MATÉRIEL ET MÉTHODE D’ÉTUDE
1.1. Cadre et type d’étude étude
1.2. Population d’étude
1.3. Critères d’inclusion
1.4. Critères de non inclusion
1.5. Recueil et traitement des échantillons
1.6. Étape analytique
1.6.1. Paramètres retenus pour l’étude
1.6.2. Méthodes analytiques de dosage des paramètres de l’étude
1.6.3. Contrôle qualité et validation des méthodes analytiques
1.7. Validation des résultats
1.8. Recueil et analyse statistique des résultats
2. RÉSULTATS
2.1. Population d’étude
2.2. Répartition de la population en fonction du sexe
2.3. Répartition de la population en fonction de l’âge
2.4. Répartition de la population en fonction de l’âge et du sexe
2.5. Valeurs usuelles du bilan lipidique dans la population d’étude globale
2.6. Valeurs usuelles du bilan lipidique en fonction du sexe
2.7. Valeurs usuelles du bilan lipidique en fonction de l’âge
2.8. Valeurs usuelles du bilan lipidique en fonction de l’âge et du sexe
3. DISCUSSION
4. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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