Le concept d’épuisement professionnel

Le concept d’épuisement professionnel

CADRE D’ANALYSE:

La complexité du contexte de travail social en soins palliatifs exige d’examiner plusieurs concepts et approches afin de faire une analyse systématique du phénomène. Premièrement, nous présenterons la philosophie des soins palliatifs qui est basée sur la notion d’accompagnement de la personne. Ensuite, nous aborderons les éléments clés des approches humaniste et existentielle et émotionnelle. Finalement, le concept d’épuisement professionnel sera abordé dans cette section.

Philosophie des soins palliatifs: La philosophie des soins palliatifs définit le cadre de travail d’intervention de tous professionnels travaillant auprès des personnes en fin de vie. Notamment, la politique en soins palliatifs de fin de vie du Québec réaffirme quelques valeurs devant guider la prestation de services dans ce domaine en soins palliatifs La valeur intrinsèque de chaque personne comme individu unique, la valeur de la vie et le caractère inéluctable de la mort; la nécessaire participation de l’usager à la prise de décision aidé par la règle du consentement libre et éclairé, le devoir de confidentialité des intervenants et finalement le droit à des services empreints de compassion de la part du personnel soignant. (Conseil de la santé et du bien-être, 2004, p.4) Beck (1996), illustre l’accompagnement de manière symbolique comme la fonction d’accompagner sur le quai celui qui va prendre le bateau ou le train : soulager le patient des valises de son incarnation et partager son apprentissage du détachement et de la séparation constituent l’essentiel de la compassion qui nous rend solidaires en de tels instants. Cela va au-delà de la relation soignant soignée.

Approche humaniste et existentielle : L’approche humaniste est utilisée, car elle permet d’aborder chaque être humain dans sa totalité en reconnaissant son interdépendance constante entre l’organisme et son milieu (Bouchard et Gingras, 2007). Selon l’approche humaniste, l’être humain est un être de relations utilisant ses ressources personnelles et sociales pour approfondir des stratégies d’adaptation (Potvin, 2001). Donc, si l’on prend en considération que le travail en soins palliatifs confronte régulièrement à des expériences de vie qui ne semblent pas toujours être porteur de sens et qui touchent tous les aspects biopsychosociaux de la personne, le travailleur social doit s’adapter dans son milieu de travail en utilisant toutes ses ressources personnelles. Alors dans le cas où l’intervenant n’arrive plus à gérer la situation de souffrance, différentes émotions risquent d’envahir le travailleur social. Selon les ressources internes et externes disponibles de chaque intervenant, la difficulté à faire face à une émotion peut provoquer de l’épuisement professionnel, mais aussi de façon plus positive, il peut être source de comportements résilients devant cette expérience de vie . 

Approche émotionnelle : De toute évidence, il est difficile de parler de soins palliatifs sans aborder la question des émotions. En effet, celles-ci imprègnent le quotidien de tous les travailleurs qui interviennent en soins palliatifs. En saisir la nature et le sens devient donc un enjeu important lorsque l’on veut comprendre le vécu des travailleurs sociaux exerçant dans ce domaine de soins. Dans ce contexte particulier de travail : « II est important que chacun apprenne à vivre son émotion, et surtout, celle de l’autre, sans être submergé. Il ne s’agit pas de magnifier l’émotion pour l’émotion, mais de la laisser venir pour lui donner un sens » (Feldman-Derousseaux, 2001b, p. 461). Cependant, il existe un risque pour l’intervenant à laisser monter en soi les émotions et à les exprimer. En effet, Parson (1983) cité par St-Arnaud (1968) spécifie que dans le domaine de l’intervention sociale, la neutralité affective est valorisée le plus souvent. Cette dernière est considérée comme une caractéristique centrale faisant état du professionnalisme de l’intervenant (StArnaud, 1968). En fait, contrôler ses émotions, c’est aussi répondre à certaines normes professionnelles et sociales (Caroly et Loriol, 2008). Évidemment, faire preuve d’empathie est essentiel pour le travailleur social en soins palliatifs dans le cadre de son rôle professionnel, car il lui permet de traiter la personne dans le respect de sa dignité (Caroly et Loriol, 2008). Le rôle de l’intervenant n’est pas d’exprimer ses émotions, mais bien de s’occuper de celle des autres.

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE :   

Cette partie du mémoire présente la méthodologie qui a été utilisée dans le cadre de notre recherche visant à identifier les difficultés et les défis que les travailleurs sociaux en soins palliatifs doivent relever et à mieux comprendre les besoins qui en découlent. Nous souhaitons ainsi trouver des pistes en ce qui concerne le meilleur moyen de les soutenir psychologiquement afin de diminuer les risques d’épuisement professionnel.

But, questions et objectifs de la recherche : Le chapitre consacré à la problématique a permis de mettre en contexte les soins palliatifs ainsi que les problèmes vécus par les professionnels qui interviennent avec cette clientèle. Dans ce contexte particulier de soins, notre intérêt se porte sur le vécu des travailleurs sociaux en soins palliatifs. En conséquence, le but de cette recherche vise à mieux comprendre les besoins spécifiques des travailleurs sociaux en soins palliatifs pour tenter d’identifier les meilleurs moyens de les soutenir afin de prévenir leur épuisement professionnel . 

L’approche méthodologique : La population à l’étude pour cette recherche sera les intervenants sociaux dans le domaines des soins palliatifs. Dans le cadre de cette étude, la recherche est de type qualitatif en utilisant l’approche phénoménologique. La stratégie de type qualitative est une approche permettant d’expliquer des phénomènes humains ou sociaux (Mongeau, 2008). En effet, elle privilégie le point de vue des acteurs sociaux dans l’appréhension des réalités sociales (Mayer et coll., 2000). Globalement, elle oriente l’ensemble des techniques utilisées pour la recherche dont le mode d’échantillonnage, la collecte des données et l’analyse. Comme nous voulions identifier les difficultés et les défis des travailleurs sociaux en soins palliatifs, ce type de recherche devenait pertinent dans la mesure où il permettait d’explorer certains phénomènes difficiles à quantifier (Mayer et coll., 2000) L’utilisation de cette stratégie permet également d’étudier les besoins des travailleurs sociaux en soins palliatifs, mais aussi, sous l’aspect plus phénoménologique, de comprendre la situation complexe de leur vécu. L’approche qualitative demeure la plus appropriée, car elle offre la possibilité de recueillir des données subjectives sur les perceptions du vécu des travailleurs sociaux en soins palliatifs. En effet, comme les travailleurs sociaux en soins palliatifs interviennent dans des situations complexes de tout ordre, ils ne réagissent pas nécessairement de la même façon à ces situations à risque émotionnel élevé. C’est pourquoi l’approche qualitative a permis l’approfondissement de certains thèmes, c’est-à-dire le cheminement professionnel et personnel, le rôle du travailleur social en soins palliatifs, les difficultés rencontrées, les besoins du travailleur social en soins palliatifs, les impacts sur le vécu affectif, la formation, le soutien formel ou informel et la santé physique et psychologique de ceux-ci. Finalement, l’approche qualitative accorde la possibilité aux participants de pouvoir aborder des éléments qu’ils estiment essentiels à souligner relativement à leur pratique (Mayer et coll., 2000). 

Formation : 

Les répondantes croient qu’une formation plus structurée les aiderait à être de meilleures intervenantes pour leur clientèle et contribuerait à faire baisser leur insécurité liée à une méconnaissance de certains savoirs utiles à l’intervention en soins palliatifs.

Les besoins de formation :
De manière générale, les répondantes révèlent manquer de formation spécifique dans le domaine des soins palliatifs relativement à leur profession de travailleur social. Elles ajoutent que cette formation devrait être donnée par des professionnelles dans le domaine des soins palliatifs et du travail social. De plus, la plupart affirment avoir besoin d’entendre parler de la pratique en travail social. Pour une répondante, la formation n’est pas seulement utile pour devenir une meilleure intervenante, elle doit servir aussi à démystifier les soins palliatifs et à encourager d’autres personnes à s’engager dans ce domaine d’intervention. Elle croit que cela pourrait prendre la forme d’une formation spécialisée au niveau de l’approche et qui mettrait l’accent au développement de l’intérêt pour une telle clientèle en essayant de démystifier certaines fausses croyances liées au contexte de l’intervention en soins palliatifs :
Oui et ça démystifie parce qu’on a beau avoir des outils, on se lance pas comme ça… On se lance pas comme ça et souvent le fait d’avoir une formation aussi ça peut nous encourager à faire de l’intervention, parce qu’il y a peut-être des gens qui se disent… moi je ne serais pas capable et je pense que… (Entrevue 7). Selon une intervenante, pour le travail effectué actuellement, elle considère que sa formation est suffisante. Cependant, elle souligne que si elle devait faire plus d’accompagnement en fin de vie dans son milieu de travail, elle aimerait beaucoup développer d’autres volets utiles à l’intervention comme l’art thérapie. De plus, comme l’éthique prend une place importante dans son rôle au sein du CHSLD, elle croit que de la formation dans ce domaine serait très pertinente pour son milieu de pratique.

Suggestions des travailleuses sociales :
Quelques intervenantes ayant participé à la recherche ont suggéré des solutions plutôt intéressantes afin de permettre une amélioration de leur travail avec la clientèle en soins palliatifs. L’une d’entre elles souhaite que les aidants puissent recevoir une formation en accompagnement. Elle espère également que les travailleurs sociaux puissent avoir l’opportunité de suivre une formation spécifique afin de pouvoir prendre une place plus grande dans les équipes multidisciplinaires de soins palliatifs et de favoriser le développement de leurs compétences dans ce domaine de pratique du travail social. De plus, elle croit qu’il serait nécessaire d’avoir dans l’organisation une formation générale pour tous les intervenants de l’équipe multidisciplinaire. Cette répondante ajoute qu’il faudrait répondre à leur besoin d’être avec les autres professionnelles pour aussi échanger sur les différences liées à la profession. Enfin, elle croit en la formation d’équipe pour favoriser une intervention cohérente auprès de la clientèle. D’autres répondantes font le souhait que les équipes dédiées de chaque secteur puissent se rencontrer. Dans ce sens, une intervenante suggère de pouvoir participer à des journées lac à l’épaule. Lors de ces rencontres, les intervenants pourraient échanger sur leur vécu de travailleurs sociaux en soins palliatifs. Elle suggère également la présence d’un expert qui viendrait rencontrer les professionnels qui œuvrent en soins palliatifs pour livrer son expertise.

Finalement, les intervenantes révèlent que, d’une façon générale, ce sont les situations inacceptables qui causent le plus d’inconfort et qui font qu’elles arrivent chez elle épuisées. Cependant, elles révèlent une grande lucidité relativement à tous les risques du travail d’intervenant social en soins palliatifs. Elles ont une grande compréhension de leur milieu et donnent leur opinion afin de faire évoluer le travail social en soins palliatifs. Dans cette optique, elles se permettent de faire divers commentaires d’ordre plus général .

CONCLUSION :

Les changements sociétaux et l’émergence de la philosophie des soins palliatifs dans notre société provoquent des changements dans la structure de travail des intervenants qui interagissent dans le système complexe des soins palliatifs. À l’heure où nous vivons les répercussions du virage ambulatoire amorcé en 1996, il est inquiétant de réaliser que les services de santé et les services sociaux vivent des changements importants qui risquent d’affecter la clientèle en soins palliatifs, mais aussi les intervenants. Force est de constater qu’encore peu de recherches ont abordé spécifiquement le vécu des travailleurs sociaux en soins palliatifs, d’où provient notre intérêt pour cette recherche. En effet, plusieurs recherches explorent effectivement le vécu des soignants en général, mais n’incluent pas forcément les intervenants psychosociaux.

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Table des matières

INTRODUCTION 1
PROBLÉMATIQUE ET RECENSION DES ÉCRITS 
Les soins palliatifs organisés : une discipline en émergence
Contexte, rôle, mission du travailleur social en soins palliatifs
Politiques sociales en soins palliatifs de fin de vie
L’expérience vécue par les travailleurs sociaux en soins palliatifs
Soutiens formel et informel
Le concept d’épuisement professionnel
Prévention de l’épuisement professionnel
CADRE D’ANALYSE 
Philosophie des soins palliatifs
Approche humaniste et existentielle
Approche émotionnelle
MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 
But, questions et objectifs de la recherche
L’approche méthodologique
L’échantillonnage
Description de l’échantillon
Méthode de recrutement des participantes
Stratégie de collecte de données
Analyse des données
Limites de la recherche
Considérations éthiques
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS 
Caractéristiques sociodémographiques des répondants
Cheminement professionnel et personnel
Rôle du travailleur social en soins palliatifs
Difficultés rencontrées
Difficultés dans le cadre de l’intervention auprès de la clientèle
Contexte actuel du réseau de la santé et des services sociaux
Difficultés émotionnelles
Les besoins du travailleur social en soins palliatifs
Impact sur le vécu affectif.
Émotions intenses
Émotions difficiles
Émotions agréables
Moyens pour gérer les émotions
Culpabilité
Impuissance
Formation
Les besoins de formation
Suggestions des travailleuses sociales
Soutien formel et informel
Perception des répondantes de leur santé physique et psychologique
Perception des travailleuses sociales de leur santé physique
Perception des travailleuses sociales de leur santé psychologique
Inconfort ressenti dans le cadre de l’intervention en soins palliatifs
Synthèse des résultats
ANALYSE DES DONNÉES ET DISCUSSION
CONCLUSION

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