LE CHÔMAGE DES JEUNES EN MILIEU RURAL

Inaccessibilité aux formations professionnelles

   À Thiadiaye, les jeunes chômeurs s’intéressent aux formations professionnelles dans le but d’obtenir une qualification pouvant leur faciliter un emploi suivant leurs domaines de compétences. Toutefois, l’accès aux formations demeure difficile, c’est ce que nous retenons d’ailleurs de nos quelques entretiens même si nous pouvons reconnaitre que le problème d’accès est situé à plusieurs niveaux et selon les différentes cibles. En effet, cette difficulté d’accès semble être causée par un problème administratif car le centre accueille un nombre d’élèves restreint. C’est d’ailleurs ce que nous comprenons de l’assertion d’une autorité locale qui affirme que : « Les formations ne peuvent pas couvrir tous les jeunes, il n’y a pas assez de places pour tous ». (Conseiller). Nous nous sommes rendues au centre à l’heure de la descente. Et bien que nous n’ayons pas eu beaucoup de temps, nous avons à travers l’outil de l’Observation, eu une idée sur l’effectif des élèves qui ne s’avère pas être un nombre important. Avec le profil historique, nous avons repéré une date renvoyant à l’installation du seul centre de formations professionnelles à Thiadiaye. Ceci, témoigne un manque de structures capables d’accueillir les jeunes voulant avoir une qualification professionnelle afin d’augmenter leurs chances pour la recherche d’emploi. (Voir annexe 9). Concernant le tracé du village (transect), il est aussi noté un manque de structures permettant aux jeunes de recourir à une qualification professionnelle. Ces derniers, suite aux échecs scolaires et à l’analphabétisme essaye de trouver refuge auprès du centre de formation qui, malheureusement ne peut pas accueillir un nombre important de jeunes. (Voir annexe 11). L’arbre à problème nous a renseigné sur certaines causes surtout lointaines de ce problème d’emploi. Pour l’essentiel, nous pouvons citer, les échecs scolaires, l’absence de diplômes et de qualification professionnelle de même que l’analphabétisme des jeunes qui, n’ont pas assez de centres de formation pour s’assurer une qualification professionnelle. Nous verrons que ces faits précités réduisent la chance des jeunes dans la recherche d’emploi. (Voir annexe 10). Toutefois, le manque de centres de formation et la faible capacité d’accueil du centre mentionnés par les autorités municipales, ce que nous retenons de manière générale dans les discours des jeunes chômeurs va au-delà. En effet, les difficultés d’accès aux formations professionnelles sont dues à une rétention d’informations par les responsables du centre. C’est comme qui dirait que les informations concernant celles-ci ne sont pas accessibles à tous et que tous les jeunes ne sont pas bien informés pour ce qui est des inscriptions et du déroulement des formations. Sur ce, un jeune chômeur déclare que : « Ah!, moi, je ne suis pas au courant des rentrées scolaires, parce que les dirigeants du centre ne nous disent jamais quand les cours commencent, ils me renvoient à chaque fois et je reste sans informations chaque année ». (F. D., 23ans, masculin, troisième, Ascan). Dans ce sillage, les données obtenues avec le grand public soulignent dans l’ensemble un accès difficile aux formations professionnelles. Une enseignante affirme que : «l’accès n’est vraiment pas facile, il y a beaucoup de jeunes qui veulent bien s’inscrire mais ils se découragent car à maintes reprises on leur dit que les places sont finies et chaque année c’est comme ça ». (M. M., 42ans, enseignante, féminin, Ascan). Au-delà de cette difficulté d’accès aux formations notifiée, nous pouvons en déduire une dimension politique. D’après les enquêtés, l’accès aux formations n’est possible qu’avec un soutien politique, ceci sous-entend une intervention des autorités municipales. C’est d’ailleurs ce que traduisent les propos de cette jeune fille à savoir qu’« il faut des relations avec les responsables de la mairie pour avoir une formation, et comme je n’ai pas ça, je ne me fatigue même plus ». (NG. ND. F., 22ans, quatrième, Xaxaam.). Ceci, peut aussi se lire des propos issus du grand public. Un maçon asserte qu’« On ne comprend même pas pourquoi, mais vraiment les formations personne ne peut y accéder, c’est difficile car les responsables politiques intègrent des jeunes, en majorité les jeunes qui font de la politique et qui sont avec le maire ». (ND. R., 31ans, masculin, Maçon, Xaxaam). Une enseignante asserte dans ce sens que : « C’est du «néxalâté » pour les services rendus parce qu’il y a un appui pour certains jeunes, tandis que les autres ne peuvent même pas faire des formations comme ils le veulent ». (M. M., 42ans, enseignante, féminin, Ascan). Vu de cet angle, nous pouvons aller plus loin en disant que l’accès aux formations professionnelles dépend donc de critères d’inclusion et d’exclusion en ce sens où certains jeunes y accèdent tandis que d’autres non. Ceci serait dû selon quelques enquêtés, au fait que les premiers sont des militants du maire et que les seconds ne sont pas politiquement avec le maire. Par conséquent, l’inaccessibilité de certains jeunes aux formations professionnelles serait à cause de leur appartenance politique et de leur statut d’opposant. C’est dans cette veine qu’une jeune fille issue du groupe de cibles des jeunes chômeurs affirme que : «Pour bénéficier de ces formations, il faut  être parmi les boys du maire ». (S.A., 26ans, féminin, analphabète, Xaxaam ». Un jeune chômeur abonde dans le même sens en disant qu’«Ici, si tu es opposant c’est difficile, moi je voulais bien ces formations mais je sais que c’est impossible, ah ! Je n’ai pas d’aide et jamais je ne serais avec le maire donc je n’aurais rien » (K. D., masculin, 29ans, Première, Santé). Cette situation peut être lue comme une discrimination d’abord administrative au moment où l’on note une rétention d’informations de la part des responsables du centre qui se traduit par une inégalité d’accès à l’information. Certains jeunes ne peuvent pas bénéficier de formations professionnelles alors que d’autres savent comment se passe la procédure pour obtenir une formation. De même, nous pouvons dire qu’il y a une implication des responsables politiques précisément ceux de la mairie qui trouvent des formations pour des jeunes mais seulement issus de leur parti. Ainsi, ils laissent en rade les jeunes qui sont des autres formations politiques, ce qui nous amène ensuite à une discrimination politique. Toutefois, nous pouvons retenir quelque part que les autorités soulignent une certaine paresse chez les jeunes si nous pouvons nous exprimer ainsi. Selon elles, ces derniers ne vont pas chercher l’information au niveau du centre pour ce qui est des formations professionnelles. Voire, ils ne sont pas intéressés par ces formations ce qui se traduit par ces propos d’une autorité municipale qui s’adressant aux jeunes asserte qu’« il faut que les jeunes se rapprochent du centre pour avoir des informations, l’effort doit venir des jeunes ». (Agent municipal). Dans ce sillage, un conseiller municipal asserte que : «Pour l’accès, je pense que les jeunes se rendent au centre tardivement ou seulement ils ne sont pas intéressés par les formations ». (Conseiller). Nous pouvons noter que ces idées traduisent un peu le sens de l’assertion d’un jeune chômeur qui montre à travers ses dires son désintéressement aux formations professionnelles en les sous-estimant au profit de l’emploi en tant que tel. Ce dernier asserte que : « Moi, je ne suis pas intéressé par les formations professionnelles, je veux un emploi plutôt parce que c’est ça qui donne de l’argent ». (D. W., Masculin, 28ans, analphabète, Ascan). À retenir aussi, que parmi tous les jeunes chômeurs interrogés c’est le seul à ne pas s’intéresser aux formations. Vu son âge (28ans), nous pouvons comprendre son empressement d’avoir une activité rentable et ainsi son désir de ne pas passer par une formation pour obtenir un emploi mais plutôt de trouver un emploi directement. Mis à part lui, les autres jeunes ont montré leur intérêt pour les formations mais soulignent un certain découragement vu qu’ils n’y accèdent pas. D’autre part, nous pouvons constater que les autorités adoptent une position défensive en rejetant la faute d’abord sur le centre en montrant que c’est une structure qui n’accueille pas un grand nombre. Ensuite, aux jeunes, en signifiant que ces derniers sont paresseux vu qu’ils ne vont pas chercher l’information au niveau du centre. En résumé, nous pouvons dire que les autorités reconnaissent quelques parts la difficulté d’accès aux formations. Toutefois, elles la mettent en relation avec l’insuffisance des places fournies par le centre, la paresse des jeunes voire leur désintéressement à l’égard des formations professionnelles. Elles n’ont pas mentionné que des responsables de la municipalité trouvaient des places pour leurs jeunes militants laissant en rade les autres. Les entretiens sur ce point relatif à l’inaccessibilité aux formations professionnelles reflètent plus de similitudes entre les cibles du grand public et celles des jeunes chômeurs. Nous en retenons globalement une intervention et une implication des autorités municipales. Les enquêtes effectuées avec ces deux groupes de cibles ont révélé un aspect politique du problème. En effet, les responsables municipaux insèrent leurs jeunes militants sachant que les places sont limitées au niveau du centre et ne peuvent pas couvrir tous les jeunes de Thiadiaye d’où leur implication dans l’accès aux formations professionnelles.

L’intérêt des jeunes pour les activités de transformation de produits agricoles

   Les activités de transformation des produits agricoles intéressent des jeunes à Thiadiaye. Certains d’entre eux ont eu l’occasion de suivre une formation en la matière au niveau du département de Mbour en accompagnant des membres d’un groupement de  femmes « Takkou liguéye » basé dans ce département. De plus, d’autres jeunes ont déjà participé à ce genre d’activité via un groupement de femmes dénommé « Dane doolé » à Fissél commune environnante de Thiadiaye. Ainsi, à travers des groupements de femmes, des jeunes ont connu cette activité à souligner que c’est en dehors de Thiadiaye. Dans ce sillage, cette jeune fille chômeur affirme que : « Oui, j’aime bien cette activité parce que j’ai beaucoup appris dans la transformation parce que j’ai accompagné un groupement qui s’appelle « Takkou liguéye » c’est ma cousine qui m’avait invité mais quand je suis venue à Thiadiaye j’ai arrêté ça». (NG., ND. F., Féminin, 22ans, quatrième, Xaxaam). Entre autres, certains jeunes s’y intéressent et font des démarches afin de recevoir un financement de la part des autorités en guise d’aide financière pour leur permettre de mettre en place un projet dans ce domaine. Dans ce sens, un jeune chômeur déclare que : « Oui, j’aime beaucoup même, car ici c’est une zone rurale et cela peut bien marcher, moi et mes copains avons rédigé un projet à travers la Délégation pour l’Entreprenariat Rapide (DER) mais nous ne sommes pas encore financés». (K. D, 29ans, Masculin, Première, Santé). Ainsi, face au chômage, les jeunes essayent de trouver un emploi ou une activité, l’essentiel pour eux, c’est d’avoir de l’argent et de gagner leur vie et si la transformation des produits agricoles est rentable, les jeunes pourront le faire. Toutefois, étant une activité retrouvée souvent chez les groupements de femmes, d’aucuns pensent que c’est une activité qui leur est destinée. Nous pouvons comprendre cela car en grande partie, la transformation des produits agricoles nécessite un financement et il est préférable de le donner à un groupe de personnes. Ceci, pousse souvent les groupements de femmes déjà structurés de s’orienter vers ce type d’activité et c’est ce qui fait penser à certains que c’est une activité de femmes et c’est peut-être ce qui pousse certains garçons à douter sur la possibilité de le faire. Dans ce sens, ce jeune garçon chômeur affirme que : « Ah! N’est-ce pas c’est une activité de femmes ou des filles, les hommes ne le font pas ah! Je ne l’ai jamais vu moi ». (D. W, 28ans, Masculin, analphabète, Ascan). Toutefois, la transformation des produits agricoles ne se limite pas seulement aux groupements de femmes. Au-delà de ces derniers, elle peut également être faite par les hommes ; elle demeure même l’activité économique de certains GIE (Groupement d’Intérêt Économique) qui sont parfois pilotés par des hommes. Bien vrai que l’activité de transformation ne soit pas uniquement réservée aux femmes, il n’en demeure pas moins vrai que beaucoup de personnes pensent que cela intéresse plus les filles que les garçons. En effet, selon les responsables municipaux, les filles sont plus motivées dans ce sens et cherchent plus de possibilités pour s’activer dans la transformation. Dans ce contexte, cette trésorière asserte que : « Les jeunes filles surtout s’y intéressent il y a d’ailleurs un groupe de filles qui ont fait des démarches auprès de la mairie pour obtenir un centre à Thiadiaye, nous en avons longuement parlé et discuté ». (Trésorière). Même si plusieurs entretiens ont révélé que les filles s’y intéressent plus que les garçons, nous pouvons dire que l’entretien avec un jeune chômeur de sexe masculin a révélé l’intérêt de certains garçons pour ladite activité. Ces derniers s’intéressent à la transformation et ont introduit une demande à travers le DER. Peut-être la différence se situe dans le fait que les filles sont allées jusqu’à manifester leur intérêt auprès des autorités pour bénéficier d’un appui tandis que les garçons eux, ont essayé de se trouver des stratégies personnelles. Toutefois, même si certains jeunes s’intéressent à la transformation, ils rencontrent des obstacles pour s’adonner à la pratique.

Délaissement des activités agricoles

   À Thiadiaye, les activités agricoles n’occupent pas les jeunes et certains d’entre eux, pensent que ce n’est plus à la mode. À l’exemple des jeunes filles qui pensent que même si à l’époque, les jeunes filles et même les femmes participaient aux activités agricoles, aujourd’hui, elles ne sont pas prêtes à effectuer ce genre d’activité. Ceci, est causé d’une part par le fait que l’agriculture soit un travail de forces. Elle est dure à pratiquer pour les filles donc de ce point, la non-pratique de ces activités est relative à une question de genre d’autant plus qu’elles sont réservées aux hommes. Au-delà des jeunes filles, nous pouvons aussi dire que les jeunes garçons ne sont pas accrochés à l’agriculture et au maraichage car ces activités sont jugées dépassées et sont en même temps laissées aux vieux et aux adultes. En résumé, à Thiadiaye, l’agriculture est considérée comme une activité qui n’est plus à la mode mais aussi, les filles ne veulent pas la pratiquer. Ces idées sont quasiment soutenues par tous les groupes de cibles. Parmi les entretiens, nous pouvons retenir le discours d’une jeune fille chômeur qui asserte que : « Ah ! Oui, des filles peuvent faire l’agriculture mais maintenant je n’en vois plus parce que c’était à l’époque, nous les filles nous n’avons plus à faire l’agriculture. Moi, je ne peux pas pratiquer l’agriculture car cela demande de la force c’est pour cela que presque seuls les hommes le font, c’est difficile ». (NG. ND. F., 22ans, féminin, quatrième, Xaxaam). Dans ce sillage, un conseiller municipal dit qu’il : « Faut savoir que l’agriculture ici, est considérée par les jeunes comme une activité dépassée c’est pour cela que les adultes et les vieux le font plus que les jeunes, ah ! Ces derniers sont des pères de famille ils ne peuvent en aucun cas croiser les bras donc ils pratiquent l’agriculture pour se nourrir ». (Conseiller). En plus de l’aspect genre, les entretiens ont montré quelques contraintes qui, d’après les jeunes chômeurs les empêchent à pratiquer les activités agricoles. Celles-ci renvoient d’abord à une absence d’appui de la part des autorités municipales, notamment un manque de matériels agricoles les conduirait à ne pas cultiver les champs. Dans ce sillage, les cibles du grand public ont aussi soutenu que la municipalité devrait mettre à la disposition des jeunes, des matériels nécessaires en guise d’aide afin de leur faciliter la pratique agricole. À cela s’ajoutent les mauvais rendements agricoles et la rareté des pluies qui découragent certains jeunes de même que la parcellisation des champs pour les besoins de lotissement et ou de construction. En outre, l’absence de terres destinées à l’agriculture constitue un frein d’autant plus que tous les jeunes n’ont pas hérité de champs de leurs ancêtres. Toutefois, au-delà de ces obstacles précités, nous pouvons aussi dire que les jeunes ne préfèrent pas s’adonner à la pratique agricole, ils aiment plus les activités sportives, comparés aux anciennes générations qui s’appuyaient sur cette activité typiquement rurale pour gagner leur vie. Aujourd’hui, les activités agricoles sont considérées comme dépassées et sont délaissées au détriment du sport mais aussi des études. Ce qui a été expliqué d’ailleurs par un vieil agriculteur parmi les cibles du grand public qui fustige en même temps la paresse des jeunes. Dans ce sillage, l’outil de l’observation nous a permis de constater au niveau des champs, une faible implication des jeunes dans les activités agricoles. Nous pouvons donc penser qu’à Thiadiaye, l’agriculture n’est plus à la mode, le football leur fait plus rêver et que certains jeunes bien qu’étant issus du milieu rural sont conscients de l’importance des études et s’égarent de plus en plus de l’agriculture comme activité principale. De ces idées, nous pouvons retenir les propos d’une autorité municipale qui affirme que : « L’agriculture est zappée, maintenant les jeunes s’activent surtout dans le football, c’est leur rêve mais, ils doivent savoir que tout le monde ne peut pas être un Sadio Mané ‘’nak’’ ». (Agent municipal). Un jeune chômeur aussi déclare dans ce sens que : « Ah ! Ce n’est pas facile parce que moi je n’ai pas de champ à cultiver et les gens commencent à construire leurs parcelles donc nous n’avons plus d’espace pour l’agriculture  ». (K. D, 29ans, masculin, Première, Santé). Nous pouvons ainsi dire que l’agriculture est dévalorisée par les jeunes pour plusieurs raisons et ils préfèrent s’activer dans le sport en attendant de trouver de l’emploi. De même que l’agriculture, l’élevage est aussi délaissé par les jeunes.

Possibilité de pratiquer l’artisanat en dehors de Thiadiaye

    En analysant toutes les raisons qui empêchent les jeunes de Thiadiaye à pratiquer les métiers artisanaux, nous en retenons une certaine influence du milieu, comme quoi certains jeunes refusent de s’adonner aux activités artisanales à Thiadiaye mais acceptent de les faire en dehors de cette localité. Ce choix est d’abord guidé par une cause économique dans le sens où pratiquer l’artisanat à Dakar ou à Mbour est plus rentable. Certains jeunes montrent qu’à Thiadiaye, ce type d’activité est susceptible de ne pas marcher comparé à la ville où dans certaines zones touristiques, les gens s’intéressent à la sculpture avec les œuvres d’art par exemple. En conséquence, concernant la sculpture, les jeunes pensent que cela marche plus dans la capitale Dakaroise ou encore dans le département de Mbour qui est aussi proche des zones touristiques comme Warang, Nianing et Saly car les objets d’arts sont chers et ne sont donc pas faciles à vendre à Thiadiaye. Ainsi, nous pouvons à travers ces idées extraites des entretiens, dire que certains jeunes de Thiadiaye ne pratiquent pas l’artisanat par peur que ces activités ne puissent marcher comme il faut ; c’est ce qui est souligné d’ailleurs par un jeune chômeur qui affirme qu’: « Ici, je ne suis pas sûr que l’artisanat va marcher. J’ai des amis qui sont des castes (laobé yatt) mais leur travail (la sculpture) est dur et pourtant, ils ne gagnent pas beaucoup d’argent parce qu’ici, ça ne marche pas très bien. Les gens n’achètent pas beaucoup, si c’était à Dakar ou à Mbour où il y a des touristes. Les blancs surtout aiment ça, là-bas d’accord, ils achètent mais à Thiadiaye, ce n’est pas sûr, c’est ce que je pense » (S.M, 23ans, Masculin, Santé). Dans ce sens, il montre que les activités artisanales ne marchent pas pour autant à Thiadiaye ; c’est ce qui les décourage aussi à ne pas s’y intéresser. Parmi les jeunes chômeurs, certains pensent que les produits locaux comme les chaussures « oudé » ne sont généralement pas préférées. En effet, lors des cérémonies ou des fêtes, beaucoup de personnes préfèrent du point de vue de l’habillement, aller à Dakar ou acheter dans les grandes boutiques à Thiadiaye afin de bénéficier d’articles (chaussures, sacs…) venant de l’étranger. Le tissage « rabbe » n’intéresse quasiment les femmes que lors des mariages et des baptêmes car à ces occasions, elles ont souvent besoin de pagnes « seurou deukeu ou rabal » et ceci, ne garantit en rien la marche de cette activité selon les jeunes. Toutefois, nous pensons que cela renvoie juste à une peur et n’exclue en rien la possibilité que l’activité artisanale puisse marcher si les jeunes y investissent et s’y concentrent sérieusement. À retenir que cette dimension économique n’a pas été soulevée par les autres cibles à savoir celles du grand public et des autorités municipales. Ces dernières ont plus insisté sur l’aspect social qui sous-tend le choix de certains jeunes à pratiquer l’artisanat en dehors de Thiadiaye. En effet, à partir des propos d’un artisan « laobé yaatt » issu des interrogés du grand public, nous pouvons retenir que les jeunes qui ont préféré ou qui pensent pratiquer l’artisanat en dehors de Thiadiaye se sentent plus à l’aise ailleurs. Selon lui, ils fuient les moqueries venant de leurs amis qui jugent ces activités de dépassées. Contrairement en ville, ces jeunes peuvent s’adonner à ces métiers sans pour autant que les gens se moquent d’eux car en ville, les gens se soucient moins des autres et valorisent aussi les pratiques artisanales d’autant plus qu’ils achètent les articles. Nous pouvons retenir ainsi, que les jeunes agissent suivant l’appréhension que les gens se fassent de ces métiers. Si à Thiadiaye ils subissent des moqueries en les pratiquant, ils préfèrent soit allé en ville à Dakar ou à Mbour, soit chômer en attendant de trouver mieux. C’est dans cette veine qu’un vieux artisan asserte que : « C’est normal qu’ils partent en ville, ou qu’ils laissent tout tomber pour chômer car ici, il y a leurs amis qui se moquent d’eux mais là-bas, les gens aiment bien l’artisanat. Donc, ils sont plus motivés et gagnent de l’argent mais ici l’artisanat est minimisé donc ils sont plus à l’aise en ville ». (M. L, 62ans, Masculin, Artisan, Ascan). Dans ce contexte précis, nous verrons que les jeunes ne pratiquent pas l’artisanat à Thiadiaye parce qu’ils subissent des moqueries et plus loin une catégorisation qui socialement les discrédite. Par conséquent, ils agissement suivant les interactions avec les autres. À Dakar ou à Mbour il y a bien des possibilités pour qu’ils s’adonnent à l’activité artisanale parce que les gens apprécient leur travail et ne s’occupent pas de leur appartenance sociale. Dans ce sillage, nous pouvons convoquer les pensées de Goffman qui, à travers les interactions, montre que si les normes changent, les comportements changent aussi. C’est aussi dans ce sens que nous pouvons ranger les propos de certains jeunes chômeurs qui n’excluent pas la possibilité d’aller à Dakar pour exercer le tissage « rabb ». Ils pensent non seulement qu’à Dakar, ces activités sont plus appréciées mais aussi les gens ne prêtent attention qu’au travail en tant que tel et non à leur appartenance sociale. De là, nous pouvons aussi dire que l’appréciation que les autres se font des activités artisanales peut soit motiver soit décourager les jeunes. Dans ce sillage, nous pouvons retenir cette affirmation d’un jeune chômeur qui asserte que : « Ah! Je pense qu’en ville les gens ne seront pas là à se poser des questions sur ta famille pour voir si tu es ‘’guéweul, teug’’ ou pas. Donc, ils ne connaîtront pas nos familles, ils vont juste apprécier le travail et ils ne nous calculeront même pas, parce que là-bas c’est comme ça, c’est diffèrent d’ici » (S.M, 23ans, Masculin, Santé). Cette situation peut être analysée suivant un principe interactionniste qui postule que : c’est dans un processus d’interprétation mis en œuvre par chacun dans le traitement des objets rencontrés, que le sens de actions est manipulé et modifié. Donc, le contact entre les jeunes et le milieu auquel ils évoluent crée une influence sur leurs actions. Ils répondent aux attentes des autres suivant les interprétations que ces derniers se font sur leur travail ou encore sur leur appartenance sociale. Le fait que les jeunes refusent de s’adonner aux métiers artisanaux relatifs à leur groupe social d’appartenance juste à cause de ce que les autres peuvent dire ou penser conduit certains à parler de complexe. Les autorités municipales dans ce sillage, montrent qu’en effet, les jeunes ne sont pas fiers de leur origine ou encore de leurs castes. Ceci, se mesure à travers la différence entre leur comportement et celui de leurs ancêtres. Ces derniers se réjouissaient de leur appartenance aux castes et ceci, ne créait pas en eux, un sentiment d’infériorité vis-àvis des autres (nobles). Une cible issue des autorités municipales affirme que : « Ce n’est rien d’autre que le complexe, ils ne sont pas fiers de ce qu’ils sont c’est diamétralement opposé avec leurs ancêtres, les vieux, ils adoraient leurs métiers et quel que soit leur origine, ils en étaient fiers et ils ne se considéraient pas comme inferieurs aux «gueer » hein, ‘’ xeebougnou wone seine bopeu, liga done soko bagné dafa fékeu ga gueune cé gnaaw ‘’». (Agent municipal). Nous pouvons ainsi considérer que les jeunes de Thiadiaye ne sont pas intéressés par les activités du secteur primaire et ceci dans la plupart du temps, suivant des raisons sociales, de genre, ou encore d’âge. Pourtant, certains reconnaissent que ces métiers peuvent servir d’emploi aux jeunes afin qu’ils aient une activité génératrice de revenu.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : LE CADRE THÉORIQUE
I. JUSTIFICATION DU SUJET
II. REVUE DE LITTÉRATURE
III. PROBLÉMATIQUE
1. QUESTIONS SECONDAIRES
2. OBJECTIFS DE RECHERCHE
a. Objectif principal
b. Objectifs secondaires
3. HYPOTHÉSES DE RECHERCHE
a. Hypothèse principale
b. Hypothèses secondaires
4. LE CONCEPT OPÉRATOIRE
5. DÉFINITION DES TERMES DU SUJET
IV. CADRE THÉORIQUE DE RÉFÉRENCE
DEUXIÉME PARTIE : LE CADRE MÈTHODOLOGIQUE
I. CADRE D’ÉTUDE
1. Délimitation du champ
2. Échantillonnage
a. Échantillon non probabiliste
b. Échantillon de convenance ou de commodité
II. Choix de la méthode
1. Les enquêtes exploratoires
2. La recherche documentaire
3. L’entretien semi-directif
4. L’observation
5. LA MARP
A. Le profil historique
B. L’arbre à problème
C. Le tracé du village (Transect)
D. La pyramide des contraintes et des solutions
III. Le rapport de l’enquête
1. Déroulement de l’enquête
2. Déroulement de la collecte
a. Phase observation
b. Phase de validation
c. Phase de rédaction
3. Difficultés rencontrées
TROISIÈME PARTIE : LE CADRE ANALYTIQUE
I. PRÉSENTATION DES DONNÉES
II. ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES
1. Inégalité d’accès aux opportunités d’emploi
2. Appréhension sur les activités de transformation, sur l’absence d’entreprises et l’influence de l’absence d’entreprise sur le chômage
3. Situation et appréhension des activités du secteur primaire
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE

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