LE CAS DE LA FILIERE RIZ DANS LES DISTRICTS DE BETAFO ET DE MANDOTO

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Les grands débats théoriques sur le rôle de l’éducation

Tout à l’opposé de la théorie du capital humain, celle du filtre ou du signal (Arrow, 197323 ; Spence, 197324) conteste l’hypothèse que l’éducation est synonyme d’accroissement de la productivité des individus : l’éducation produit principalement un classement, lequel révèle les aptitudes héritées par les individus.

La théorie du filtre (théorie de la sélection)

La théorie de la sélection met en doute le fait que l’éducation élève la productivité des salariés. Le rôle du niveau d’éducation serait de reconnaître plutôt que de produire, de sélectionner les salariés ayant a priori des aptitudes élevées, que ces aptitudes soient innées ou acquises par l’héritage culturel.
L’objection courante à la théorie de la sélection est que l’appareil scolaire constitue un mécanisme particulièrement coûteux ; que, si son seul rôle était bien de repérer les individus les plus aptes, le marché produirait des entreprises de « chasseurs de tête » à moindre coût.

La théorie du signal

La théorie du signal est une première réponse à cette objection : la productivité supérieure des diplômés n’est pas absente mais incertaine. On est donc dans un cas classique d’incertitude avec asymétrie d’informations. Les entreprises comme les salariés utilisent l’éducation comme un signal d’une aptitude élevée, les entreprises en proposant des salaires plus élevés pour les diplômés, les salariés en recherchant de tels diplômes.

Analyse critique sur quelques hypothèses de la théorie du capital humain

Cette hypothèse sous entend une homogénéité de l’éducation. Cette hypothèse n’est pas défendable car l’hypothèse de l’homogénéité de l’éducation dans le temps et dans l’espace ne l’est pas. En effet, le contenu et la qualité des études sont différents d’un pays à un autre et même à l’intérieur d’un pays, cette hétérogénéité n’est pas négligeable.
Bien que dans la théorie du capital humain, le terme éducation concerne surtout l’éducation formelle, l’éducation reste un concept flou. Pour Mincer (1958), le terme éducation s’apparente à une éducation formelle. Becker (1960) s’est surtout intéressé à l’éducation supérieure. Schultz (1961), quant à lui, considère l’éducation post obligatoire tout en accordant dans son évaluation, plus d’importance à l’éducation supérieure (car le coût d’opportunité est fonction positive du niveau d’éducation).
Enfin, la transmission des connaissances est le résultat d’efforts de deux parties : effort du côté de l’offre (les professeurs, le système d’enseignement, …) et effort du côté de la demande (les élèves, leurs familles). L’accroissement de l’effort d’une partie peut être annulé par la réduction de l’effort de l’autre27. Justement, selon David E. Broomhall & Thomas G. Jhonson 28, en milieu rural, les élèves qui sont moins disposés à quitter leur village et qui ont une faible perception sur l’opportunité de travail dans leur localité accordent peu de valeur à l’éducation. Par conséquent, ils ne sont pas motivés à fournir d’efforts. Dans ce cas, malgré une bonne qualité de l’éducation, elle n’est pas forcément traduite en acquisition de connaissances. Cette transmission de savoirs dépend en conséquence d’une multitude de facteurs qui diffèrent dans le temps et dans l’espace.

Les productivités individuelles sont observables et les entreprises rémunèrent les salariés à leur productivité marginale (H4+H5)

La fragilité de la théorie du capital humain provient en partie de l’hypothèse de la rémunération à la productivité marginale des facteurs (travail). En effet, cette hypothèse permet de contourner le problème d’inobservabilité de la productivité individuelle. A ce propos, Edouard Poulain écrit : Pour avoir une théorie vraiment explicative, il faudrait mesurer la productivité du capital humain en dehors de toute référence aux salaires (…) Or, et c’est là le talon d’Achille de cette théorie, il est totalement impossible d’isoler empiriquement le produit marginal du capital humain individuel sinon en faisant référence aux salaires. (Edouard Poulain, Op Cité, P.93).
Si la théorie du capital humain échappe à ce problème en se référant à la théorie néoclassique de la répartition, en contrepartie, elle doit passer par le salaire pour démontrer la contribution économique des investissements en capital humain. Par conséquent, la théorie du capital humain hérite ses faiblesses de la théorie néoclassique de la répartition. En analysant les théories alternatives du capital humain (théorie du filtre et du signal, théorie de l’incitation salariale par exemple), nous pouvons constater que ces théories tentent surtout de démontrer que le salaire n’est pas forcément fonction de la productivité, ce qui contredit surtout la thèse de la théorie néoclassique de la répartition et laisse en suspens la causalité capital humain → productivité.

Les modèles dans la seconde étape

Il s’agit maintenant d’expliquer le résidu par la qualité de l’éducation. C’est dans cette seconde étape que Barro met en exergue la fragilité du taux d’achèvement du secondaire et de celui du supérieur face à des mesures de qualité d’éducation. Pour ce faire, il estime huit modèles en combinant cinq variables explicatives. Ces variables sont :
– scores en sciences .
– scores en mathématiques .
– scores en lecture .
– scores globaux .
– la quantité d’éducation.

Proposition de méthode pour évaluer le capital humain

Pour mesurer ce capital intangible, il convient alors de se référer à la compétence réelle individuelle ou collective. Pour ce faire, nous pouvons nous inspirer de la méthodologie adoptée par les évaluations internationales des acquis des élèves, des travaux d’Hanushek et Kimko (2000) et celui de Barro (2001). Toutefois, comme nous l’avons mentionné dans le premier chapitre45, il se pourrait que certains secteurs d’activité requièrent peu de capital humain. Il conviendrait alors d’adopter une approche filière pour éviter ce problème.
Sommairement, la méthode consiste à évaluer le capital humain de façon analogue aux évaluations internationales, puis à combiner les scores de manière à mieux refléter la compétence par la mise en cohérence avec la productivité. Puis, il faut analyser quels types d’activités sont à considérer comme investissements en capital humain et enfin, construire à partir de la combinaison de ces investissements retenus un indicateur composite du capital humain. Cette démarche peut être résumée par le schéma suivant :

Formulation du test : privilégier le concept de compétence

Comme dans la théorie du signal, nous sommes en situation de sélection adverse car le capital humain n’est pas tangible. Nous traduisons alors nos croyances sur les compétences requises dans ces tests. La mesure du capital humain devrait en conséquence se baser sur les scores de test, ce qui fait que cette étape soit très importante. En raison de l’importance de la dimension « homme-producteur » dans le concept de capital humain, nous devons privilégier cette dimension en insistant sur le concept de compétence et orientant les items vers une relation directe avec la productivité. Comme dans les évaluations internationales des acquis, il serait intéressant de subdiviser les items par grands blocs (exemple : mathématiques, compréhension de l’écrit, culture scientifique, …) pour préciser quels types d’aptitudes sont les plus importants. S’inspirant toujours des évaluations internationales, il faut faciliter la compréhension des questions en traduisant le test dans la langue/dialecte de la population cible. Ceci évite les incompréhensions potentielles de la part des enquêtés.

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Table des matières

PARTIE I ANALYSE DE LA LITTERATURE SUR LA MESURE DU CAPITAL HUMAIN
CHAPITRE 1: FONDEMENT DE LA MESURE DU CAPITAL HUMAIN PAR LE NIVEAU D’INSTRUCTION
1.1 IMPORTANCE ACCORDEE A L’EDUCATION AUX ETATS-UNIS DANS LES ANNEES
1.1.1 Eléments de définition du capital humain
1.1.2 Genèse du concept de capital humain
1.2 LA THEORIE DU CAPITAL HUMAIN
1.2.1 Présentation
1.2.2 Méthodologie
1.2.3 Les principales hypothèses qui supportent la théorie du capital humain
CHAPITRE 2: NECESSITE D’UNE MESURE ALTERNATIVE
2.1 FAIBLESSES DE LA THEORIE DU CAPITAL HUMAIN
2.1.1 Les grands débats théoriques sur le rôle de l’éducation
2.1.2 Analyse critique sur quelques hypothèses de la théorie du capital humain
2.2 FRAGILITE DE LA MESURE DU CAPITAL HUMAIN
2.2.1 Evaluations internationales des acquis des élèves
2.2.2 Nombre moyen d’années de scolarité versus score moyen en mathématiques et sciences (Hanushek et Kimko, 2000)
2.2.3 Score en Mathématiques, en Sciences et en Lecture VS achèvement du secondaire et supérieur (Robert J. Barro, mai 2001)
CONCLUSION CHAPITRE 2
CHAPITRE 3: A LA RECHERCHE DE MESURES ALTERNATIVES DU CAPITAL HUMAIN
3.1 RECONFIGURATION DU FOND THEORIQUE
3.1.1 Brève synthèse du précédent chapitre
3.1.2 Base du raisonnement
3.1.3 Le concept de compétence
3.2 PROPOSITION DE METHODE POUR EVALUER LE CAPITAL HUMAIN
3.2.1 Formulation du test : privilégier le concept de compétence
3.2.2 Choisir la meilleure combinaison de bloc de scores pour refléter le capital humain
3.2.3 Repérer les différents types d’investissement en capital humain les plus significatifs
3.2.4 Construire un indicateur composite du capital humain à partir de la combinaison de ces différents types d’investissement
CONCLUSION CHAPITRE 3
PARTIE II MISE EN APPLICATION DE LA METHODE : LE CAS DE LA FILIERE RIZ DANS LES DISTRICTS DE BETAFO ET DE MANDOTO
CHAPITRE 4: CHOIX DE LA FILIERE, DU TERRAIN ET PRESENTATION DE LA METHODOLOGIE
4.1 JUSTIFICATIONS DU CHOIX DE LA FILIERE ET DU TERRAIN
4.1.1 Choix de la filière riz
4.1.2 Choix du terrain
4.2 PRESENTATION DE LA METHODOLOGIE
4.2.1 Objectifs de l’enquête
4.2.2 Démarche globale
4.2.3 Les scores obtenus lors de l’évaluation
CONCLUSION CHAPITRE 4
CHAPITRE 5: RESULTATS DE LA MISE EN APPLICATION DE LA METHODE POUR NOTRE ECHANTILLON
5.1 ETAPE 1 : FORMULATION DU TEST
5.1.1 Scores en application numérique
5.1.2 Scores en conversion
5.1.3 Scores sur les niveaux optima de l’eau
5.1.4 Scores en entretien des rizières
5.1.5 Scores en dosage des fertilisants et des semences améliorées
5.1.6 Scores en techniques de timing des activités
5.1.7 Scores en repiquage
5.2 ETAPE 2 : CHOIX DE LA MEILLEURE COMBINAISON DE BLOC DE SCORES
5.2.1 Analyse des corrélations entre les blocs de scores
5.2.2 Extraction de trois dimensions
5.3 ETAPE 3 : IDENTIFICATION DES DIFFERENTS TYPES D’INVESTISSEMENT EN CAPITAL HUMAIN LES PLUS SIGNIFICATIFS
5.3.1 Examen préliminaire sous forme de graphiques des relations scores ⇔ investissements en capital humain
5.3.2 Estimation des modèles
5.3.3 Interprétations
5.4 ETAPE 4 : CONSTRUCTION D’UN INDICATEUR COMPOSITE DU CAPITAL HUMAIN
5.5 ETUDE DE CAS : SIMULATION
5.5.1 Présentation du modèle pour l’analyse :
5.5.2 Démarche de l’analyse
5.5.3 Les hypothèses du modèle
5.5.4 Scénario de base
5.5.5 Scénario 1 : participation à des discussions sur les meilleures pratiques à partir de 2010
5.5.6 Scénario 2 : formation en agriculture en 2011, 2015 et 2018
CONCLUSION CHAPITRE 5
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
CONCLUSION

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